Ce livre me fait penser au début de «
Vertige » de
Thilliez (là c'était une tente si je me souviens bien…). Un cube, une prison ? Aucune explication Raoul et Samantha se réveillent dans un lieu clos inconnu, une sorte de cage en verre et quasiment rien à leur disposition. Pourquoi ? telle est la question. Une expérience ? Un realityshow?
Deux personnes que tout oppose vont se côtoyer, s'affronter, s'allier en croyant pouvoir s'en sortir…Lui, est un chercheur (cartésien donc se dit-on ; quoi que…) qui soit-dit en passant fait des expériences sur les animaux pour le compte d'un laboratoire de cosmétologie. Elle, est une jeune dresseuse de tigres dans un cirque, qui, elle, se sert des animaux pour amuser la galerie. Un rapport ?
Aucune explication donc sur le pourquoi de leur présence, ce qui laisse libre court à leurs élucubrations et leurs supputations. Samantha se croit filmée pour une émission de téléréalité, du coup, elle prend des poses factices pour plaire à un hypothétique public. Lui, penche pour un stage de survie (médiatisé lui aussi ?) et cherche des combines pour sortir de cette cage de verre. Ils vont imaginer maintes explications sans jamais trouver la bonne.
Certain y ont vu une critique (au sens de questionnement) de la condition humaine. Ça aurait pu, c'est sans doute le but, malheureusement, pour moi, c'est raté. J'ai ressenti une amorce de réflexion mais on est si loin de la magie du « Miroir de Cassandre » ou du « Papillon des étoiles », des « fourmis » ou du cycle des Dieux.
L'idée en soi n'est pas inintéressante, mais c'est insuffisamment développé à mon goût. On ne fait qu'effleurer les sujets, l'auteur évoque quelques idées mais n'étaye pas son propos. On peut arguer que le propre de la philosophie est de poser des questions sans y répondre. Chacun y apporte le sens qu'il veut. Certes, certes, mais là, il y a une histoire à faire avancer. On n'est pas dans un « essai » mais dans un conte philosophique. Ici, le fantastique est prétexte à une réflexion.
Je trouve que le style de l'auteur se dilue J'ai trouvé ce livre assez « creux ». On n'a rien à se mettre sous la dent, on reste sur notre faim… une disette imposée. J'ai une impression indéfinissable mais désagréable d'inachevé. L'auteur est tombé dans la facilité. le style
Werber, si particulier, se délite au fil du temps, se dilue comme de l'aquarelle dans l'eau froide…Il n'offre plus qu'une fade redite de ces précédents opus.
Ce fait n'est pas sans me mettre à l'esprit qu'il a créé une école pour apprendre à écrire de « bons romans ». Monnayer ses soi-disant tuyaux d'écrivain me gêne énormément. Il semble d'ailleurs faire des émules car d'autres écrivains, que j'apprécie aussi, s'y sont mis. « Écrire des romans à succès, c'est facile », tel est le slogan. Cela doit lui prendre beaucoup de son temps j'imagine. Raison pour laquelle il prend moins de soins à élaborer ses histoires ? C'est comme s'il gardait son génie de conteur fantastique pour en distiller un peu dans le plus d'histoires possible. L'utilisation de son image est un choix certes et malgré moi je fais un procès d'intention. C'est à la mesure de ma déception.
Je ne vais pas entrer dans le détail de l'histoire. Ça casserait le peu de suspense qu'il y subsiste quoique même le résumé l'évente. Mais on peut dire qu'on assiste à une observation dans un milieu clos d'êtres doués de conscience et d'intelligence (au sens premier du terme) radicalement différent l'un de l'autre. Ceux qui observent le savent-ils ? non, car ce ne sont que des jouets qui sont là pour divertir comme des animaux de compagnie.
Nous qui passons notre temps (je parle des scientifiques) à étudier les différentes espèces habitant sur la planète (et même au-delà – c'est ça qui est drôle), les observer, les faire souffrir pour de sombres expériences ou pour une soi-disant bonne cause, les disséquer parfois. Pourquoi à notre tour ne serions-nous pas l'objet d'études pour d'autres, être observer comme des cobayes (on en revient aussi à la téléréalité : voyeurisme) ? Ce que nous faisons subir aux autres, peut nous être appliqué.
L'espèce humaine observée comme un phénomène de foire. C'est gros comme une maison et ça n'est pas nouveau. Ces deux-là enchainent les clichés et les lieux communs sans vergogne. C'est plat, c'est fade. C'est navrant. Les protagonistes ne présentent aucune qualité qui pourraient les rendre sympathiques aux yeux des lecteurs.
La chute est censée être amusante. Pour ce qui me concerne, c'est tombé à plat. Les humains qui se croient tellement « supérieurs » et finissent comme des jouets est en résonance avec ces animaux qu'ils considèrent eux-mêmes de la même façon, des animaux de foire ou de laboratoire. Expérience, expérience, tel est pris qui croyait prendre !
Le style est badin et fluide. Pas de pièges de constructions ou de sens cachés, sauf toute la fable en elle-même. Agréable à lire, mais vite lu justement et vite oublié… Pas de souvenir impérissable. Et surtout je vais devenir circonspecte quant aux futures publications de l'auteur. Déçue, je suis déçue. Je sais que je suis un peu dure... mais je vais y réfléchir à deux fois avant de me procurer ses futurs romans. C'est dommage.