La vie est comme un train qui roule depuis la station de notre naissance jusqu’au terminus où notre vie prend fin. De temps à autre, il s’arrête dans des endroits agités, troubles, voire dangereux, et nous nous demandons alors, incertains, s’il faut continuer le voyage. Mais pour aller où, avec qui ?
Un nombre incalculable de livres, romans ou récits, racontent un premier amour. Cette jeunesse, cette naïveté affective, cette fraîcheur de corps et de confidences - combien tout cela nous émeut ! Nous, les lecteurs, nous aimerions tant éviter à ces jeunes la souffrance de la première séparation. Et qu'en est-il de l'amour ultime : si insensé, si inesthétique ? Quelle image pathétique : un vieil homme bedonnant, l'air béat, vêtu d'un élégant costume, le sourire dévoilant un dentier flambant neuf (résultat de tortures physiques et d'un gros effort financier) ; à son bras, une jolie jeune femme aux ongles d'un rouge carnassier.
Je sens la présence du passé. Des visages familiers et des visages anonymes me regardent, sans la moindre tendresse.
En vérité, il se parlait à lui-même, comme si je n'avais pas été là. J'avais le sentiment qu'il éprouvait une envie irrépressible de confier son secret à quelqu'un, même à une parfaite inconnue rencontrée par hasard dans le train. (p. 25)