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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Une lecture ancienne dont je me souviens encore un peu : l'atmosphère étouffante de la campagne, avec la rumeur qui obsède tout le monde ou presque ; le huis clos, plus étouffant encore, dans la maison de Frome, où chaque détail se remarque presque immédiatement ; la maladie : tout le monde est malade à la fin du roman, à l'exception de Zeena, qui croit toutefois l'être ; le duel entre Ethan et Zeena, qui se doute peut-être de quelque chose, mais prend finalement le pouvoir.
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C'est l'hiver dans cette campagne perdue du Massachusetts, un hiver au climat redoutable, ponctué de tempêtes de neige. C'est à la suite de l'une d'elles que le narrateur va faire plus ample connaissance avec Ethan Frome en étant hébergé chez lui.
Cet homme l'intriguait depuis qu'il le voyait. Un homme encore jeune, même si les séquelles d'un grave accident l'avait vieilli avant l'âge. Quel accident, que s'était-il passé ? Curieusement, les habitants du village renaclaient à donner plus d'information.
Et l'histoire que l'homme va nous raconter est bien triste.

Même si la nature dans toute sa majesté, son indifférence glaciale au sort des humains, son âpreté est omniprésente, on a presque l'impression d'être enfermé en lisant ce court roman.
Enfermé parce que le récit se déroule quasiment toujours en hiver, et que l'hiver dans ces contrées est rude et n'incite pas à flâner a l'extérieur.
Enfermé parce que le cadre est un petit village où il ne faut pas bon sortir des clous, ne pas se conformer aux règles de la communauté, aimer qui on ne doit pas pas.
Enfermé dans la maison des Frome où la maladie, la rancoeur, les non dits règnent en maître, ou l'atmosphère pesante empêche le bonheur de se faufiler, même si le temps d'une soirée trop rapide, on aurait pu en avoir une idée.
Enfermé enfin par la pauvreté qui isole, coupe les ailes, limite les possibilités, ne laisse a une jeune fille orpheline que l'alternative de vivre hébergée chez des cousins, rend la fuite impossible car le coût du trajet est trop élevé.

J'ai beaucoup aimé l'atmosphère de ce roman, très bien mise en valeur par le ton du narrateur, qui donnait toute leur beauté aux mots de l'autrice. J'ai ressenti le froid de l'hiver, le regard soupçonneux des villageois, la méchanceté de Zeena, la femme d'Ethan

J'ai moins aimé les deux personnages principaux, que j'ai trouvés un peu velléitaires, un peu trop soumis.

Mais cette première découverte de l'univers d'Édith Wharton m'invite à ne pas en rester là.
N'hésitez pas à me laisser vos conseils :-)

Edith_Wharton_-_Sous_la_neige_V2
Daniel Luttringer
Lien : https://www.litteratureaudio..
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Pour moi Edith Wharton est vraiment l'archétype de l'écrivaine new-yorkaise, bourgeoise de la fin du XIXème siècle. Alors quand je rencontre ce court roman et que je vois rapidement qu'il se déroule dans la campagne profonde du Massachussets, je me dis qu'on va pouvoir assister à un dépaysement intéressant.

Mme Wharton ne perd pas une graine de son talent dans ce déménagement. L'édition que j'ai lue est précédé d'une préface de la main même de l'auteure où elle explique surtout ses choix de narration (l'histoire dans l'histoire, le narrateur "sophistiqué" comme elle le désigne, pour raconter l'histoire de gens simples, le saut dans le temps) et l'option de la forme courte plutôt que du long roman. Ce sont les préfaces les plus intéressantes, notamment car elles sont les rares qui peuvent être lues en premier car l'auteur, conscient du caractère précieux de la découverte, n'y dévoile pas toute l'intrigue comme un préfacier moderne le fait souvent. Ici, on a donc d'autant plus conscience que les différents choix stylistiques sont parfaitement calculés dans le but d'un rendu particulier.

L'histoire dans l'histoire est un procédé qui renforce je trouve la connivence avec les personnages puisque nous sommes placés aux côtés du narrateur découvrant en même temps que lui les faits. le choix d'un narrateur sophistiqué parmi des gens simples rapproche ici le récit de son auteure (même si elle a choisi un narrateur homme) puisqu'Edith Wharton pourrait parfaitement être elle-même ce passeur d'histoire. le saut dans le temps et l'annonce partielle et anticipée d'un drame inéluctable dont on ne connait pas réellement la nature, nous place dans une attente assez insoutenable alors même que les évènements décrits sont ceux de la vie courante. Cette proximité narrateur-auteur-lecteur-personnages nous place donc presque dans une promiscuité, celle-même subie par les personnages principaux eux-même dans leur petite maison souvent réduite pour l'action à la petite cuisine et qui ne trouve son oxygène que dans les sorties vers la nature, les ballades en traineau, le pique-nique près de l'étang, les glissades en luge dans la neige... Une sorte de huis-clos avec sas réguliers pour ne pas étouffer, et nous sommes tout aussi étouffés que les personnages, solidaires de leurs souffrance comme de leurs joies.

Au delà de ces choix narratifs réussis, Wharton déploie son histoire et nous intéresse à cet Ethan Frome perdu dans sa propre vie qu'il n'a jamais pu choisir, lui dont la passion pour la science et l'intelligence auraient pu l'amener loin de son milieu d'origine mais que les drames familiaux successifs ont obligés à s'enfermer dans son village natal. Alors quand la nouveauté et l'éveil aux sentiments se présente à lui, il est touchant de le voir se débattre entre ses émotions et son devoir, entre ce que la vie lui a toujours imposé et ce qu'elle vient maintenant lui offrir...

L'histoire se déroule donc inévitablement vers le drame annoncé dès les premières pages alors même que le talent de l'auteur nous a de plus en plus attaché à ses protagonistes. Comme l'auteur l'avait senti elle-même, la concision du récit était nécessaire pour maintenir la tension dramatique à son comble et évite ainsi la dilution dans une forme romanesque au plus long court que l'auteure a pourtant déjà montré maîtriser parfaitement.

Un roman plus méconnu qui est pourtant essentiel pour confirmer tout le talent de cette auteure qui aura choisi la France pour l'écrire, elle qui s'y était installée depuis 1907 , qui a fait le choix de le commencer en langue française. Elle n'a pas quitté le pays même pendant la première guerre mondiale et repose dans un cimetière versaillais après avoir passé en France les 30 dernières années de sa vie. Elle n'était donc pas si bourgeoise et new-yorkaise que cela puisque je finirais presque par la dire française !
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C'est un roman à désespérer de l'amour, pessimiste, où les égoïsmes et les conventions prennent une place prépondérante. C'est un roman où les silences sont plus éloquents que les paroles.
Une sorte de huis-clos où edith Wharton entre les lignes, semble dénoncer de son écriture précise, les moeurs et les conditions sociales de son époque.
Elle nous fait plonger dans une littérature d'un autre âge, où le talent était un préambule nécessaire à l'écriture.
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Tout était pourtant là pour me permettre d'entamer ce roman sous les meilleures auspices : vacances, calme, temps à disposition, soleil...
Et pourtant, le début de lecture a été très laborieux. J'ai hésité maintes fois à abandonner ou en différer sa lecture. Mais j'ai tenu bon et j'ai bien fait.

Comme pour Ethan Frome et sa vie de misère, il faut de la patience, du courage, de la persévérance pour entrer dans cette histoire.

Car dans ce livre la pauvreté, la maladie, le travail tel l'esclave, le mauvais sort, la souffrance, la malveillance règnent en maîtres dans cette région du Massachusetts. Et rien ne semble pouvoir sortir Ethan Frome de ce tourbillon de noirceurs.
Et voilà qu'arrive Mattie dans ce lieu de misère. Petit à petit, elle va allumer les veilleuses de la bienveillance, de la tendresse et de l'amour dans cette ferme isolée.
Et là, tout s'éclaire. La lecture devient plus facile, voire agréable. On peut enfin ouvrir les yeux sur les paysages exceptionnels de ce coin de terre reculé, découvrir les reflets scintillants et colorés de la neige sur les arbres et les sentiers, humer l'odeur du feu de cheminée un soir d'hiver. Ce lieu en devient attachant,

Mattie a fait des miracles auprès d'Ethan. Mais elle a produit des étincelles d'émotions positives auprès de moi également.
Grâce à elle se révèle une histoire d'amour de toute beauté, de toute simplicité. Là où le plaisir n'a pas de place, où le devoir est la seule chose qui compte, la proximité d'Ethan et de Mattie s'épanouit comme une fleur au soleil et répand sa beauté alentours.

La plume descriptrice d'Edith Wharton est toujours aussi belle et sensuelle. Elle a le don de transformer un flocon de neige en merveilleuse apparition, un vieux cheval en meilleur compagnon et une « bonne à rien faire » en la plus belle des amoureuses.

Une lecture exigeante qui révèle ses secrets et ses charmes au fil des pages.
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«Il était trop jeune, trop robuste, trop bouillonnant de sève pour assister sans révolte à l'écroulement de ses espérances.» p 67

Le récit se déroule à Starkfield dans le Massachussetts, pays rural désolé et enseveli sous la neige une bonne partie de l'hiver. le narrateur est contraint par son travail d'y demeurer alors que sévit une tempête de neige. Il s'intéresse à l'histoire mystérieuse d'Ethan Frome dont personne ne souhaite se souvenir. Par le plus grand des hasard, il va être logé une nuit chez Ethan et il va percer son secret.
Ce récit est celui d'une vie de labeur et de souffrance où les rêves sont bien vite oubliés. Jusqu'au jour où une jeune personne entre dans cette vie monotone et apporte de la joie et du réconfort. Naît alors une tension amoureuse en crescendo bien que platonique, qui va pourtant mener au drame.

Ecrit en 1912, ce court roman est assez intense en émotions et sait habilement mettre le lecteur en attente de la suite, bien qu'il ne se passe pas grand-chose au fond. L'action est surtout psychologique si je puis le formuler ainsi. L'auteur offre de splendides descriptions du décor naturel embelli par la neige, ou encore les couleurs du couchant. le style est fluide, l'écriture est pleine d'empathie pour les personnages.
Un agréable moment de lecture pour un auteur que je découvre.
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J'ai beaucoup aimé ce court roman et tout particulièrement la plume élégante et épurée d'Edith Wharton.

L'auteur rend palpable l'âpreté du quotidien dans un village isolé soumis à un climat rude auquel s'ajoutent les difficultés financières et la dureté d'une épouse obnubilée par sa santé. Et au milieu de toute cette rudesse éclosent des sentiments tendres, et interdits, entre Ethan et Mattie. Des sentiments qu'ils taisent d'abord, puis finissent par s'avouer alors qu'il est déjà trop tard. C'est bouleversant de voir le héros prendre conscience qu'il est complètement pris au piège et qu'il n'a aucune possibilité de reprendre sa liberté pour vivre son amour sans y perdre son honneur.

Le dénouement est particulièrement cruel : le destin accorde finalement à Ethan Frome ce qu'il désirait le plus, garder auprès de lui Mattie, mais dans de telles conditions que cela ressemble plus à une punition pour avoir osé braver la mort.

Un très beau texte riche en émotions contenues.
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Ethan Frome publié en 1911 , fin du XIXème , Massachusetts .Starkfield , une petite communauté y vit ou plutôt essaye de survivre . Les hivers sont longs et rudes , les ressources bien maigres.
Notre narrateur est un ingénieur en mission à la grosse centrale électrique de Corbury Junction. Suite à une grève le chantier est retardé , il se retrouve bloqué dans cette petite ville. Très vite il remarque cet homme émacié à la jambe trainante et au visage lugubre. Commentaire d'un local "M'est avis qu'il a passé trop d'hivers à Starkfield . Ceux qui sont malins, la plupart , ils s'en vont"
Le décor est planté . Edith Wharton n'a plus qu'à affuter sa plume et le drame défile sous nos yeux. C'est lourd, gluant, étouffant , l'envie de crier , de hurler m'a saisie ...
C''est un roman magnifique pour ceux qui aiment ces atmosphères lugubres, quant à moi je ne suis pas une adepte inconditionnelle de ces tragédies rurales loin s'en faut je leurs préfère de loin les ambiances créées par Wharton à Boston ou ailleurs .Ceci n'est bien sur que mon modeste avis .
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Quel conte beau et cruel ! Plus je lis Edith Wharton, plus je l'apprécie et l'admire, cette finesse, cette lucidité tragique !
Ethan Frome est un homme physiquement brisé, silhouette entr'aperçue par le narrateur qui devine aussi d'incurables blessures morales. Sa curiosité attisée, il se rapproche de l'homme et, au coeur d'un hiver épais et ténébreux comme le destin, finit par apprendre son histoire.
C'est l'histoire triste d'une vie sans amour brutalement illuminée par l'arrivée d'une jeune fille, Mattie, cousine de sa femme, aussi légère, souriante, aimable et pleine de vie que sa femme est une mégère acariâtre, égoïste et déjà allongée dans sa tombe. Mais dans cette tombe, elle ne veut pas être seule. Elle souhaite entraîner son époux. Et celui-ci résiste, au soleil de Mattie, dans un dernier effort.
Zénobia, cependant, la légitime épouse, a plus d'un tour dans son sac pour empêcher le bonheur d'avoir lieu.
Tout concourt à la tragédie, les volontés vacillent, puis se redressent. Mais en vain. Et finalement c'est un piège qui se referme sans espoir, et la nuit qui retombe sur le bref soleil d'Ethan Frome.
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Une lecture que je n'aurais certainement jamais envisagée si Cricri124 ne m'en avait pas parlé avec autant d'enthousiasme. Fallait donc que je lise cet « Ethan Frome » de Edith Wharton

Si je n'ai pas eu son enthousiasme (vous savez les goûts et les couleurs…), j'ai cependant été largement happée par le récit de la vie du personnage éponyme de ce court roman, écrit en 1912.

A la mort de son père, le jeune Ethan se voit obligé d'interrompre ses études pour reprendre la ferme familiale. Il engage Zeena pour assister sa mère malade. La peur de la solitude l'incite à l'épouser lorsque sa mère décède à son tour. Mais au fil des années, alors qu'Ethan a du mal à maintenir un équilibre financier dans son exploitation, il doit en plus gérer une épouse qui devient acariâtre, hypocondriaque et dépensière. L'arrivée de la jeune Mattie, petite cousine de son épouse venue aider à l'entretien de la maison, va alors peu à peu sortir Ethan de sa morosité quotidienne…

Le sujet est somme toute assez classique (le maître de la maison qui s'éprend de la jeune servante), même si la fin m'a relativement surprise. L'intérêt du livre réside surtout dans le traitement du thème, la description de ces personnages apathiques, emprisonnés dans des moeurs rigides, conditionnés par des attentes sociales, désillusionnés sur un autre avenir… Vont-ils se résigner à faire ce que l'on attend d'eux, à subir le poids de la pression sociale et des « qu'en dira-t-on ? » ou au contraire se rebeller et suivre leurs inclinations ?

Cela n'a pas l'air très joyeux tout ça, en effet, mais c'est bien écrit, on se laisse prendre par le récit, et c'est justement cette atmosphère oppressante qui nous pousse à aller plus loin. C'est un bouquin assez étonnant car l'envie de comprendre et de connaître l'issue de la tragédie, qui se construit au fil des pages, est en totale opposition au rythme monotone et ritualisé de la vie quotidienne des protagonistes de cette histoire.

Je suis plutôt contente de cette lecture, j'ai trouvé intéressant les réflexions qu'elle génère. Et puis cela m'a donné l'occasion de découvrir la plume délicate d'Edith Wharton. Merci Cricri !
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