Pour ce roman, Howells fut fort critiqué: on a dit que ses personnages étaient ennuyeux, qu'on avait du mal à voir où il voulait en venir. Ce à quoi il répondait qu'il lui semblait assez, voire trop, évident qu'il voulait dire que l'amour seul ne suffit pas à rendre heureux en mariage, qu'il en faut plus et qu'on lui prêtait trop souvent des intentions cachées.
Nous avons donc deux personnages principaux: Dan Mavering et Alice Pasmer. Dan est le fils d'Elbridge Mavering, un industriel américain qui possède une usine de papier peint à Ponkwasset Falls. Il termine ses études à Harvard et son père lui demande de choisir entre une carrière dans le droit ou travailler dans l'entreprise familiale. Les Pasmer reviennent à peine d'Europe (entre autres parce qu'Alice n'aurait jamais été en mesure d'épouser un lord). Ils s'installent à Boston, un peu désargentés. Lors du "Class Day" à Harvard, Dan tombe amoureux d'Alice et lui présente toutes les sections: il est fort sociable et très populaire, Alice est assez renfermée. Malgré ses parents unitariens, elle est très versée dans le rite anglican et s'est attirée la sympathie d'un certain nombre de dames âgées à l'île de Campobello où les Pasmer se sont installés, en particulier l'obèse et sarcastique Mrs. Brinkley. Elle a aussi une amie, Miss Julia Anderson, au nez tordu et à la voix masculine. Un jour, Dan Mavering débarque à Campobello et demande sa main: elle refuse après une soirée théâtre, où il a joué avec Miss Anderson le rôle de Jupiter et elle Junon. Il revient à la charge, ils se fiancent puis rompent. Il passe à Washington pour l'entreprise familiale et une histoire de brevet. Il y rencontre Julia et Mrs. Brinkley qui favorise leurs retrouvailles. Il lui écrit plus tard mais elle se fiance à un militaire. Il retrouve Alice en avril sans rien lui dire de ce qui s'est passé avec Julia et ils se marient.
Anatomie du mariage où Howells s'écarte significativement de la psychologie complexe à la James et fait simple et long pour l'intrigue. La conversation est sophistiquée avec énormément d'allusions et de "double-entendre". Mrs. Brinkley, avec ses paradoxes et son intervention finale en faveur des époux voués au malheur conjugal contribue beaucoup à une satire extrêmement pessimiste. En avril, il y a encore des espoirs, en juin, lorsqu'on se marie, il n'y en a plus. En chemin, la religion, la richesse et l'émancipation féminine en prennent également pour leur grade et plus encore l'art, bien impuissant, voire trompeur, surtout la littérature, bien sentimentale. le laconique Boardman, presque fataliste et d'origine modeste, peu versé dans la rhétorique (bien creuse au demeurant) s'avère en outre le personnage le plus clairvoyant, ironie cruelle: pauvres jeunes hommes riches.
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Elbridge Mavering kept lookinng at the faces of the young men as if he expected to see a certain one ; then he turned his eyes patiently upon. He had been introduced to a good many persons, but he had come to that time of life when an introduction ; unless charged with some special interest, only adds the pain of doubt to the wearisome encounter of unfamiliar people.