Ah, vous autres, hommes faibles et merveilleux qui mettez tant de grâce à vous retirez du jeu ! Il faut qu'une main, posée sur votre épaule, vous pousse vers la vie .... Cette main tendre et légère...
Ah, vous autres, hommes faibles et merveilleux
Qui mettez tant de grâce à vous retirer du jeu
Il faut qu'une main posée sur votre épaule
Vous pousse vers la vie, cette main tendre et légère...
On a tous en nous quelque chose de Tennessee, de Johnny aussi...
BRICK
Tu disais quelque chose ?
MARGARET
J'"allais" dire quelque chose : que je me sens bien seule, Brick, affreusement seule !
BRICK
Comme tout le monde.
MARGARET
On est plus solitaire avec un homme qu'on aime et qui ne vous aime pas que si l'on vit toute seule.
Acte I
La mort commence trop tôt… On ne connaît rien à la vie, et la voilà déjà ! Oh ! comprenez donc qu’il n’y a que l’amour qui compte et que nous devons nous unir en face de cette chose noire qui vient de s’installer dans notre maison.
MARGARET, regarde Brick.
Dire qu'ils en ont cinq et un sixième en route. Et ils vous les exhibent comme des animaux de cirque : "Chéri, montre tes fossettes à Grand-père, mon trésor... Junior, montre à Grand-père comme tu fais ci, montre à Grand-père comme tu fais ça. Récite ta fable à Grand-père, fais voir à Grand-père comme tu sais te tenir à table." Un vrai feu d'artifice !... Sans oublier, bien sûr, quelques fines allusions au couple sans enfant, stérile donc inutile, que nous faisons, toi et moi.
Acte I
GRAND-MÈRE, portant le gâteau à Grand-père
Grand-père, je t'ai demandé de parler moins grossièrement. Un jour comme aujourd'hui...
GRAND-PERE
Un jour comme aujourd'hui et tous les autres jours, je parlerai comme je veux et ceux que ça dérange peuvent aller au diable !
GRAND-MERE
Tu ne dis pas ça sérieusement ?
GRAND-PERE
Qu'est-ce qui te le fait croire ?
GRAND-MERE
Je le sais.
GRAND-PERE
Tu ne sais rien. Tu n'as jamais rien su et ce n'est pas aujourd'hui que tu vas commencer !
Acte II
Un buveur, c'est quelqu'un qui tâche d'oublier qu'il a cessé d'être jeune et qu'il ne croit plus en rien.
BRICK, se redresse et reprend sa béquille.
Pour quoi une amitié, sincère, entre deux hommes, une profonde amitié, une vraie amitié ne peut-elle exister sans qu'aussitôt tout le monde se mette à ricaner ?
Acte II
Il faut être jeune pour être pauvre. Quant on vieillit, il faut de l’argent. Être vieux et pauvre, c’est un supplice épouvantable. C’est l’un ou l’autre, Brick. Jeune ou riche : pas de milieu. Voilà la vérité.
GRAND-PÈRE, arrêtant Brick
Oui, mon garçon, la bête humaine doit mourir et qu'est-ce qu'elle fait contre ça ? Je vais te le dire. Sitôt qu'elle a un peu d'argent, elle achète, achète et achète... Pourquoi ? tu demandes. Mais parce qu'elle se figure qu'au milieu de cette montagne de choses qu'elle a achetées, il y a la vie éternelle ! - en quoi elle se trompe !
Acte II