Citations sur Les Affinités (16)
Et à vrai dire, coucher avec une femme mariée me gênait un peu. Non pour des questions de moralité, mais parce que c'était franchement asymétrique.
Mon dernier type régulier, c'était le père de Suze. Il a pris un boulot de monteur sur un pipeline dans l'Alberta à peu près au moment où je suis tombée enceinte. Mais c'était quelqu'un d'assez distrait. Il a oublié de laisser une adresse en partant.
Nous sommes l’espèce la plus coopérative de la planète... possédez-vous un seul objet que vous ayez entièrement fabriqué de vos mains avec des matériaux extraits par vos soins de la nature ? Et sans ce réseau de collaboration, nous sommes aussi vulnérables que des antilopes à trois pattes au milieu du territoire des lions. Mais en même temps, quel talent nous avons pour la cupidité, pour l’indifférence morale, pour des guerres de conquête à tous niveaux, du jardin d’enfants jusqu’aux Nations unies. Qui n’a pas souhaité pouvoir sortir de ce piège ? C’est comme si nous étions faits pour vivre dans une espèce de famille de conte de fées, dans une maison où les portes ne sont jamais fermées à clé et n’ont jamais besoin de l’être. Toutes les utopies à la manque sont un rêve de cette maison. On en a tellement envie qu’on refuse de croire que ça n’existe pas et ne peut pas exister.
Je suis désolé pour mon père. Vraiment. Mais je n’ai jamais été beaucoup plus pour lui qu’une pensée après coup et une distraction. Il m’a nourri, toléré, et offert une place dans sa demeure. Ce pour quoi il mérite d’être remercié, j’imagine. Mais ça n’est absolument pas de l’amour et je ne peux pas dire que je l’aie vraiment aimé un jour.
Ce ne sont que de vieux bouquins, ai-je voulu dire. Mais ç’aurait été hypocrite. Certaines de ces histoires étaient bonnes. Assez grandes pour se cacher à l’intérieur.
Saluer le drapeau. Prier Dieu. Honorer son père et sa mère. Ces grandes abstractions... Dieu, la patrie, la famille. Ils avaient du pouvoir sur moi, comme s’ils étaient réels et importants. Sauf qu’ils ne sont ni l’un ni l’autre. Ce ne sont que des mots dont les gens se servent pour te contrôler. C’est des conneries. Je n’ai pas besoin d’une famille, d’un pays ou d’une Église.
Dans l'histoire de notre espèce, les buts vers lesquels nous nous sommes projetés ont très longtemps été simples. De la nourriture pour nous-mêmes, nos familles et nos tribus. Un abri pour nous-mêmes, nos familles et nos tribus. Les impératifs de l'amour et de la reproduction.
Mais dans le monde moderne, pour une grande partie des êtres humains, ces besoins essentiels sont satisfaits, ne serait-ce que de manière incomplète, inadéquate et injuste. Que signifie se projeter, dans de telles circonstances ?
Dieu, la patrie, la famille. Ils avaient du pouvoir sur moi, comme s’ils étaient réels et importants. Sauf qu’ils ne sont ni l’un ni l’autre. Ce ne sont que des mots dont les gens se servent pour te contrôler. C’est des conneries. Je n’ai pas besoin d’une famille, d’un pays ou d’une Église
Comme toi, Jenny, je me suis toujours imaginé qu’il devait y avoir une place pour moi dans le monde. Tu sais de quoi je parle. Tu marches dans la rue par une nuit d’hiver si froide que tes pas sur le trottoir plein de neige font un bruit de verre pilé, de la lumière jaune s’échappe des fenêtres des maisons inconnues et tu surprends un moment d’une banalité exquise — une petite fille qui met la table, une femme qui fait la vaisselle, un homme qui tourne les pages d’un journal ; il te vient alors l’idée qu’en franchissant la porte d’entrée de cette maison, tu pourrais avoir une existence flambant neuve, les gens à l’intérieur te reconnaîtraient et te feraient bon accueil, tu t’apercevrais que tu connaissais depuis toujours cet endroit et que tu n’en étais jamais vraiment parti. […]
Il se trouve, Jenny, qu’il existe bel et bien une porte de ce genre. Il existe bel et bien une maison pleine de voix aimables et généreuses. Cette maison existe et j’ai eu la chance de la trouver.
C'est six ans après la voir lu que je poste cette critique. Tant l'impression que le livre m'a laissé est forte.
Wilson n'avait un coup d'avance avec cette fable qui joue avec ce qu'on pourrait devenir avec les réseaux dit sociaux.
Vraiment ce que je préfère comme SF, on est comme chez nous seulement un petit pas de côté nous fait découvrir un monde totalement différent. À dévorer sans hésiter.