Que pouvions-nous désirer de plus ? Nous nous voyions tous les jours, nous nous aimions, nous nous l’étions dit cent fois, nous voulions nous marié ensemble ; nos parents le voyaient et en étaient contents ; les
camarades de Mathis faisaient la cour aux autres nana de mon
âge, comme lui à moi, et personne ne le trouvait mauvais : c’est le moyen de choisir son mari longtemps d’avance, de le bien
connaître, de s’accommoder à son humeur, ou de l’accommoder
à la sienne propre ; qu’est-ce qu’on pourrait reprendre à cela ?
Ce n’est pas parce que nous ne sommes plus riches comme auparavant qu’il faut croire que vous me ferez la loi. Pauvreté n’est pas vice, voyez-vous, vieux Sans-Souci, et les Mathis ont toujours eu la tête près du bonnet ; et il ne faut pas croire qu’il n’y a qu’une fille ici et que Mathis n’en trouverait pas d’autre à épouser : car, pour les nana, nous en avons, Dieu merci, par douzaines, et,toute brûlée qu’est ma maison, Mathis n’en trouverait pas d’autre à épouser : car,
pour les nana, nous en avons, Dieu merci, par douzaines, et,
toute brûlée qu’est ma maison, Mathis n’est pas encore un parti
à dédaigner, et je connais des nana d’huissier qui s’en lécheraient les doigts bien volontiers ; mais il n’est pas fait pour leur nez. »
M’aimes-tu comme je t’aime et comme je t’aimerai toujours ? M’aimes-tu assez pour attendre mon retour sans inquiétude, et de me jurer de ne pas te marié et de n’écouter les discours de personne pendant tout ce long temps ? Dis, m’aimes-tu assez pour cela ? »
Tu es toujours de l’avis de tout le monde, tu ne
contraries personne, tu es gaie comme un chardonneret, et si
mes camarades pouvaient te voir et t’entendre tous les jours
comme je te vois et t’entends, ils seraient tous amoureux de toi.
Quand tu leur parles, je sens quelque chose qui me serre le
cœur, et quand tu les regarde avec ces yeux bleus qui sont si
beaux qu’il n’y en a de pareils à la ronde, j’ai des envies de me
jeter sur eux et de leur arracher un par un tous les cheveux de la
tête…
Quand je travaille, c’est pour toi ; quand je chante, c’est parce que je t’ai vue ; quand je suis triste, je t’écoute et ma tristesse s’en va. Neme quitte pas, mon enfant ; je suis vieux, et quoique fort, je n’ai
peut-être pas longtemps à vivre. Sois avec moi toujours, – mariée ou non mariée, – je te devrai mon dernier bonheur. Je ferai danser tes enfants sur mes genoux, et, comme leur maman, ils réjouiront ma vieillesse.