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🐚Chronique🐚

Elles me disent
Les couleurs du jour et de la nuit
Les nuances de femmes, leurs auréoles
Les senteurs, les saveurs, Les Échos
Les ombres, les vibrations, les tremblements

Elles me disent
Les silences, le O, le zéro, le cercle
La phrase, la poésie, les féminaires
Le chant, la voix, la répétition
La lune, les fleurs, les tambours

Elles me disent
L'histoire, les oppresseurs, le combat
Les efforts, la détermination, la vaillance
La colère, la rage, la prison, le piège
Les loups, les armes le chaos et la fureur

Elles me disent
Leurs prénoms de femmes
Précieux comme des talismans
Elles portent le mien, celui de ma fille
De ma cousine, de ma voisine, de mon amie
De toutes les Soeurs que je serai amenée
À connaître, à aimer, à invoquer, à aider
Dans le cercle émancipateur de la Sororité
Qu'elles imaginent, forgent, protègent
Défendent, espèrent, construisent…

Elles me disent
Et j'écoute avec attention
Les Guérillèrres, ces déesses
La violence qu'elles revendiquent
La poésie qu'elles soutiennent
La liberté qu'elles portent aux nues
La justice qu'elles conditionnent
Le féminin qu'elles incarnent
La force qu'elles possèdent
Les lendemains qu'elles travaillent
Le nouveau point zéro qui commence

Et mon coeur vibre, palpite, tambourine
S'éprend de tous leurs mots, leurs beautés
Leurs puissances, leurs possibles, leurs Chaleurs, leurs jouissances, leurs volontés
Et de tout coeur et âme, je chante avec Elles!

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"Les Guérillères" de Monique Wittig est un roman unique en son genre. Publié en 1969, il s'agit d'une épopée féministe qui raconte l'histoire d'un groupe de femmes en guerre contre un système patriarcal oppressif.

Le roman est écrit dans un style poétique et incantatoire. Wittig utilise un langage subversif et invente un pronom neutre, "elles", pour désigner les femmes. Ce choix linguistique radical vise à déconstruire les structures patriarcales du langage et à créer un nouvel espace de liberté pour les femmes.

L'histoire se déroule dans un univers symbolique et onirique. le camp des guerrières est une oasis de liberté et de sororité, où les femmes vivent en harmonie avec la nature. Elles s'entraînent au combat, chantent des poèmes et célèbrent leur puissance collective.

"Les Guérillères" est un livre révolutionnaire qui a marqué l'histoire du féminisme. Il propose une vision radicale de la libération des femmes et appelle à la destruction du système patriarcal.

En conclusion, "Les Guérillères" est un livre important et audacieux qui continue d'inspirer les féministes aujourd'hui. Il est un classique de la littérature française et un incontournable pour quiconque s'intéresse aux questions de genre et de pouvoir.
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Une communauté de femmes vit libre, autonome, heureuse. Leur sexualité est puissante, joyeuse et confiante. Utérus, vagin, vulve, nymphe et clitoris sont fêtés comme les merveilles qu'elles sont. « Elles disent qu'elles exposent leurs sexes afin que le soleil s'y réfléchisse comme dans un miroir. Elles disent qu'elles retiennent son éclat. » (p. 24) Ces femmes s'instruisent en lisant des féminaires et en se racontant de mythiques histoires de résistance et de libération. « Elles parlent ensemble du danger qu'elles ont été pour ce pouvoir, elles racontent comment on les a brûlées sur des bûchers pour les empêcher à l'avenir de s'assembler. » (p. 123) Hélas, une fois encore, elles doivent s'armer pour se défendre des hommes qui voudraient les asservir, les dominer, les contenir et les soumettre à leurs désirs et leurs règles.

Dans cette utopie où les femmes sont des amazones d'un nouveau temps, Monique Wittig en appelle à la sororité et à l'alliance des femmes dans un monde où jamais leurs droits et leur liberté ne sont définitivement acquis. Ce texte est un incontournable de la pensée féministe et il était temps que je le lise. L'amie qui me l'a offert y a ajouté un très beau message. À mon tour, je veux le faire circuler et ne jamais cesser de dire haut et fort les noms des femmes, qu'elles soient illustres ou anonymes.
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Les premières pages de ce livre m'ont un peu déconcertée: mise en page s'éloignant du canon du genre, manque de mise en place du récit, et puis les vilaines habitudes dans lesquelles on peut s'enkyster en tant que lecteur, à avoir l'habitude que l'auteur nous serve tout tout cru dans le bec!
Ceci passé, je suis devenue totalement fascinée par Les Guérillères, mélange de chant et de poésie épique, d'appel antique et de complaintes saphiques, de chants guerriers et d'ode à la construction d'un monde meilleur. C'est fort difficile, voire impossible à résumer, c'est un récit entremêlé de révolte et de cris de rage, et aussi de la beauté féroce du féminin qui se serait enfin libéré de millénaires de patriarcat. Peu à peu, à partir d'un premier noyau, les femmes se révoltent et partent en guerre, rejointes par de plus en plus de femmes et par quelques hommes jeunes, et elles en viennent à créer une société différente.
Un très beau texte que je recommande, mais que j'avoue déconcertant au premier abord. Sûrement un de ces textes que je relirais!
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Le grand Féminaire. Ce n'est pas un conte mais l' Épopée universelle. Lire Monique Wittig c'est toujours une expérience qui vous traverse. Incontournable !

Astrid Shriqui Garain
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Des femmes ont ensemble monté une communauté, sans hommes, un « féminaire » comme l'écrit la narratrice. Elles ont décidé de se passer de celui qu'elles nomment l'oppresseur. Plaisirs lesbiens, longues descriptions du sexe féminin. Évocations multiples de déesses, de nymphes, nombreuses allusions à l'antiquité. Parallèlement, préparation à la guerre contre le mâle agresseur, dominant, maniant le sexisme comme il a manié le racisme, son éradication est en vue, l'armée souveraine des femmes est prête et ne fera pas de quartiers.

Au coeur de ce texte très exigeant et de structure complexe, quelques cercles pleine page, ils peuvent à la fois représenter le zéro, mais aussi un périmètre dans lequel les hommes seront faits prisonniers. Il peut être vu également comme la lettre O, la première constituant les différents noms de troupes féminines combattantes. Toutes les cinq pages, des listes de noms de femmes tombées dans l'antiquité, comme un métronome incessant, un robinet qui goutte du sang.

Le combat contre l'homme dominateur et possessif va s'avérer violent, sans merci. La torture, la lutte, la guerre, la revanche tant attendue. Mais Monique WITTIG ne plaide pas pour le sanguinolent à tout crin, son texte est enrobé d'une poésie certes violente mais emplie d'allégories, de références, de beauté. Des micro-poèmes intégrés dans l'oeuvre peuvent représenter ce boomerang que le mâle prend en pleine tronche après des millénaires d'abus. Minutieusement mais avec hargne, l'auteure justifie l'acte à venir :

« Elles disent, ils t'ont décrite comme ils ont décrit les races qu'ils ont appelées inférieures. Elles disent, oui, ce sont les mêmes oppresseurs dominateurs, les mêmes maîtres qui ont dit que les nègres et les femelles n'ont pas le coeur la rate le foie à la même place qu'eux, que la différence de sexe, la différence de couleur signifient l'infériorité, droit pour eux à la domination et à l'appropriation. Elles disent, oui, ce sont les mêmes oppresseurs dominateurs qui ont écrit des nègres et des femelles qu'ils sont universellement fourbes hypocrites rusés menteurs superficiels gourmands pusillanimes, que leur pensée est intuitive et sans logique, que chez eux la nature est ce qui parle le plus fort et cætera ».

Il faut bien s'accrocher pour lire ce récit. Un roman ? Peut-être, mais j'y vois surtout un manifeste féministe très acéré et sans concessions, sorte de manuel de lutte armée contre le « mec ». En fin de volume, les références utilisées dans l'ouvrage sont listées, elles sont nombreuses, variées, il est difficile de les percevoir dans la lecture. Récit utopiste en même temps que combatif, il est lucide et plein d'à propos.

Ce texte écrit en 1969 fit du bruit à sa sortie aux éditions de Minuit. Puis il fut étudié, encensé. Devant les féminicides toujours plus nombreux, il est plus que jamais d'actualité pour que l'homme cesse de tout se permettre au nom de la virilité, de la pseudo-supériorité, du défilé de testostérones, de longueur de quéquette et d'épaisseur de muscles. « Les guérillères » (quel titre sublime !) vient d'être réédité en poche en septembre 2019, tout juste 50 ans après sa sortie, toujours aux éditions de Minuit, comme en guise de nouvel avertissement au machisme, à la misogynie. le propos signifie que s'il faut employer la violence contre la violence, alors elles ne s'en priveront pas. Il faudra frapper droit au coeur, c'est-à-dire entre les jambes, pour bien faire remonter les burnes jusqu'à la gorge et les voir jaillir de la bouche, dégueulées comme le comportement masculin peut être dégueulasse. Ce livre ô combien percutant devrait à nouveau laisser des traces.

https://deslivresrances.blogspot.fr

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Dans ce deuxième roman, Wittig nous invite à découvrir une communauté étonnante au travers de petites scènes a priori disparates. Sa plume est belle, les récits interpellent. L'incompréhension qu'on ressent au début cède la place à la curiosité tandis qu'on découvre des idées inhabituelles. C'est ce qui marque en le lisant : la nouveauté du sujet, la liberté de pensée de l'auteure.
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J'ai l'impression d'avoir lu une pensée, d'être comme une déesse qui observe la force et la combativité d'un groupe de femmes, elle nous met dans cette situation je trouve. Elle nous fait les respecter et les admirer, les comprendre, même si elles ne sont pas parfaites.
C'est beau, vraiment.
En revanche ça part en vrille a un moment, on sent bien que c'est une militante féministe lesbienne qui a vraiment pris part aux combats, elle est pas tendre.
Mais ça marche, parce qu'elle a une écriture hyper poétique.
Bref, pas simple à lire mais je le recommande chaudement quand même.
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Un texte assez beau sur le plan poétique avec une écriture originale dans la forme. Les guérillères est je pense volontairement flou, mais s'en dégage une épopée féministe qui appelle à la révolte et à l'anéantissement complet de la culture patriarcale existante pour reconstruire un culture matriarcale. Je n'ai malheureusement pas été emportée par la forme (et pourtant en général j'aime bien les trucs perchés), et je n'ai pas non plus été convaincue par le fonds. J'ai été déçue par la violence extrême. Même si au milieu il y a des fleurs, les guerillères recréent finalement une société avec les mêmes traits masculins: force, puissance, glorification du sexe. Pour moi le féminisme ce n'est pas seulement avoir des femmes fortes, c'est surtout donner une place, une reconnaissance, et du pouvoir à celles qui ne le sont pas: à la mère qui élève ses enfants, à l'aide-soignante, à la femme de ménage. le passage par la révolte collective est peut-être nécessaire, mais si par là on laisse tomber les valeurs de dévouement, d'altruisme, d'aide, qui sont traditionnellement des valeurs féminines, on n'aura rien gagné. Car une société où les femmes auraient le pouvoir mais l'exerceraient de la même manière que les hommes ne serait pas différente des sociétés qui l'ont précédée. Celà dit les Guérillères comportent quelques pages d'envolée épiques qui valent le coup, mais je ne suis pas sûre qu'il faille chercher là un pamphlet féministe.
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Objet d'accès un peu difficile pour le commun des mortels (moi) mais avec un peu de patience j'y ai trouvé une sorte d'impression étrange d'avoir été témoin de quelque chose d'important, sans vraiment trop savoir quoi ... à méditer, voire lire plusieurs fois.
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