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Gabrielle Wittkop, née Ménardeau (1920/2002) fut une auteure parfois sulfureuse ; voir "Le nécrophile", "La marchande d'enfants", influencée par des écrivains tels que Sade, Lautréamont ou Edgar Poe.

A l'occasion du centenaire de sa naissance, les éditions Bourgois ont la bonne idée de publier en manière d'hommage ce roman inédit : "Les héritages".

Les héritages dont il est ici question sont ceux d'une villa : "Séléné", bâtie à la fin du dix-neuvième siècle, elle verra défiler après le suicide par pendaison de son premier propriétaire, une suite de locataires aux destinées tragicomiques, alors que le fantôme du pendu se manifestera de loin en loin, d'une manière inattendue que je ne vous révèle pas !

L'écriture de Gabrielle Wittkop est un vrai bonheur ! Soignée et élégante, fluide cependant,et quand le macabre ou le scabreux émergent cela n'est jamais gratuit ni vulgaire.

De la Littérature francophone comme je l'aime, je me suis d'ailleurs régalé en dévorant ce roman !

Livre reçu dans le cadre de Masse critique ; merci à Babelio et aux éditions Christian Bourgois.
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Relativement déçue par ce roman. J'aime beaucoup la ligne éditoriale des éditions Christian Bourgois, qui publient Lobo Antunes, Peter Stamm, Brautigan et tant d'autres.

Je ne connaissais par cet auteur. Certes, elle écrit bien, correctement, l'on va dire, mais cette histoire de maison qui, parce qu'un premier propriétaire, dépassé par le coût des travaux d'aménagement finit par se suicider, serait hantée, m'a laissée de marbre. C'est évidemment un truc d'écriture permettant à l'auteur de juxtaposer une foultitudes d'histoires différentes concernant les gens aussi divers que variés qui vont se succéder comme habitants de cette maison. Ah mais voilà peut-être un motif pour mon manque d'enthousiasme : je n'aime pas le genre de la nouvelle et ce "roman", s'apparente justement davantage à un recueil de nouvelles même s'il y a le fil conducteur de la maison.

Bref. Ceci ne doit pas vous décourager, ni surtout le côté "hanté" qui ne fait absolument pas peur. L'auteur s'est bien gardé de mettre le moindre élément d'épouvante. Aucun stress à avoir.

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Gabrielle Wittkop née Gabrielle Ménardeau (1920-2002), est une femme de lettres française et traductrice. Elle est l'auteure d'une littérature dérangeante, macabre, bien souvent au-delà de toute morale. Son style, ainsi que ses centres d'intérêt (thanatos, sexe, identité de genre, étrangeté) apparentent son oeuvre à celles du Marquis de Sade, de Villiers de L'Isle Adam, De Lautréamont ou d'Edgar Allan Poe. Elle rencontre dans le Paris sous occupation nazie un déserteur allemand homosexuel du nom de Justus Wittkop, âgé de vingt ans de plus qu'elle. Ils se marient à la fin de la guerre, union qu'elle qualifiera d'« alliance intellectuelle », elle-même affichant à diverses reprises son homosexualité. le couple s'installe en Allemagne où Gabrielle Wittkop vivra jusqu'à sa mort d'un probable suicide ( ?) atteinte d'un cancer au poumon. Les Héritages, roman inédit, vient de paraître.
En 1895, Célestin Mercier fait construire une villa – Séléné - en bord de Marne et finit par s'y pendre ! La maison désormais hantée, connaitra plusieurs propriétaires et de multiples locataires durant un siècle, jusqu'en 1995, date à laquelle elle sera détruite, devenue insalubre, mais laissant place à un vaste terrain riche en profit immobilier.
Le roman est assez mince, pourtant Gabrielle Wittkop réussit à en faire une sorte de mini « comédie humaine » en y casant une ribambelle de personnages – dont beaucoup vont mourir - de toutes les catégories sociales qui traverseront le siècle et ses remous. Pour ne citer que quelques figures par ordre d'entrée en scène, vous y trouverez un amateur de roulette russe, une artiste qui peint ses visions, un inspecteur de police accordéoniste frustré, un couple homosexuel avec un corbeau, un pharmacien exhibitionniste, un égyptologue britannique, le rat Astérix etc.
Pour les époques et donc l'Histoire, la Grande guerre, la Seconde avec l'Occupation et une famille Juive cachée dans le sous-sol, les années Sida. L'écrivaine n'oublie pas les amours homosexuelles, le féminisme et un chouya de fantastique mineur avec le « petit sac de moleskine noire » qui apparaît et disparaît tout du long du roman, vestige du pendu d'origine.
Tout ceci vous semble disparate ou hétéroclite, sachez pourtant que l'intérêt principal de ce bouquin réside dans son écriture. Un style extrêmement personnel, qui marie quelque chose du style XIXème avec des phrases alambiquées mais ciselées, un vocabulaire recherché, mêlé à un ton très moderne qui n'exclut pas l'humour (« Joachim Soupé ferma définitivement ses yeux de cygne, à l'âge de quatre-vingt-sept ans, se disant peut-être qu'il partait pour le ciel, puisque là les potes iront. »)
J'ai trouvé ce livre particulièrement intrigant. Si pour vous la lecture va au-delà de la simple histoire/intrigue d'un roman, goûtez cette écrivaine à la saveur originale ; quant à moi, je me promets d'en reprendre une lampée avec un ouvrage plus corsé puisque aux dires de sa biographie elle a écrit des romans plus musclés ( ?).
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Le personnage principal de ce roman est une maison, Séléné, construite sur les bords de Marne à la fin du XIXème siècle. Une maison dont on va suivre l'évolution au fil des ans et des arrivées et des départs de ses différents propriétaires ou locataires. On va donc y croiser le premier propriétaire Célestin Mercier, retrouvé pendu. Félix Méry-Chandeau, joueur de roulette russe qui finira empoisonné par sa domestique. Claire Pons, peintre inspirée par des visions. Un déserteur allemand et des émigrés juifs. Un couple homosexuel propriétaire d'un perroquet. Des soeurs féministes et un exhibitionniste. Un égyptologue et un jeune homme atteint du SIDA. Au total cent ans d'une histoire hantée par le fantôme du premier propriétaire, ou plutôt par les apparitions de sa mallette qui semble chaque fois annoncer un nouveau drame. le temps de traverser deux guerres et les bouleversements du monde vus depuis cette propriété qui semble se délabrer au fur et à mesure des ans et du désintérêt de ses habitants.

Ce qu'il y a de fabuleux dans une vie de lecteur c'est qu'on n'en a jamais fini de faire des découvertes. Alors que 2020 marquait la date du centenaire de sa naissance, je n'avais jamais lu aucun des livres de Gabrielle Wittkop. Voilà qui est réparé avec ce roman jusque-là inédit et publié chez Christian Bourgois Editeur.

Je vais l'avouer tout de suite je me suis demandé, à la lecture des premières pages, dans quel univers étrange j'avais été catapultée. Avant de me laisser totalement envoûter par cette histoire pleine d'un humour noir et d'une ironie mordante. Chaque personnage semble être pour Gabrielle Wittkop l'occasion de mettre le doigt sur les petits et grands défauts des êtres humains. Prenant le prétexte d'une malédiction liée à la mort de Célestin, l'auteure nous raconte des vies gâchées, perdues et l'inexorabilité du temps qui passe. Mais tout cela avec une certaine jubilation et avec une causticité tout à fait délectable.

Et que dire de cette écriture à la fois très belle mais aussi très exigeante, une écriture tout en élégance, d'une grande précision, extrêmement travaillée qui décrit avec une profonde acuité l'histoire humaine et celle des pierres. C'est parfois dur, à la limite du supportable, souvent féroce et sarcastique mais toujours très juste et assez drôle même si on peut être amené à rire légèrement jaune. Un excellent moment de lecture en ce qui me concerne. On dit que ce roman est un des plus “légers” de l'auteure, je suis curieuse de voir ce que peut donner un texte encore plus intense.
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Elle s'appelle « Séléné ».
Baptisée dans les eaux sombres et troubles de la Marne sous le signe de la Lune, elle est auréolée d'un soleil noir, reflet en négatif de l'astre céleste.
Née sous le signe du ciel, qu'elle observe en miroir depuis les profondeurs des Limbes.
Elle règne sur les rivages du Styx, dont les flots infernaux charrient malheur et mauvais sort.
Elle est le théâtre permanent d'une éternelle comédie inhumaine aux murs exsudant de tristesse, dont les actes se succèdent comme les âges, éternelle reprise d'une partition funèbre.
Le rideau est ouvert sur les Enfers, quand sa corde noire est tirée par son premier occupant ; serpent soudain allongé en une verticale abomination. Responsable du péché originel, il est celui qui la frappera du sceau de la malédiction.
Elle est un Parnasse peuplé de muses infernales, dont l'héritage maudit se transmet comme un petit sac noir en moleskine, prophétie d'un malheur inévitable, venin fantomatique, spectre maléfique.
Elle est une maison hantée par le suicide par pendaison de son premier propriétaire qui verra se succéder de nombreux habitants pendant un siècle ; « cent ans et quelques destinées dans la vie d'une maison. »
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Coup de projecteur dans l'actualité littéraire sur l'oeuvre de Gabrielle Wittkop pour le centenaire de sa naissance, alors qu'elle s'est éteinte en 2002, avec notamment deux textes (ré)édités ce mois-ci, chez Christian Bourgois et chez Quidam.

Les héritages, un roman encore inédit, en apparence plus soft que ce qu'a pu écrire Gabrielle Wittkop par ailleurs, mais dans lequel réside toute sa force de caractère, et les thèmes qui revêtaient un intérêt majeur pour elle, la mort, le genre humain, la sexualité, la part d'ombre.

A travers l'histoire de la villa Séléné, bâtie à la fin dix-neuvième siècle en bord de Marne, l'auteur (Gabrielle Wittkop revendiquait son statut d'homme libre) brosse un siècle d'histoire, marqué par deux guerres, des enjeux sociaux et des tournants sociétaux.

La villa Séléné donc, construite par un certain Célestin Mercier, un homme bien gentil mais un peu trop benêt, qui ne trouvera d'échappatoire qu'au bout d'une corde. Une entrée en matière perturbante pour la bâtisse qui n'aura de cesse d'insuffler cette évocation à ceux qui y résideront par la suite. Félix Méry-Chandeau, Constance Azaïs, les époux Vandelieu, l'inspecteur Mausoléo, Maxime Lavallée, Claude-Henri Herviaux et autres soeurs Moine, nous entrons dans les vies de ses habitants successifs, tantôt joueur de roulette russe, émigré juif, déserteur allemand, inspecteur corse, pharmacien exhibitionniste, féministe, fossoyeur ou malade du SIDA. Des portraits qui se croisent au fil du temps, des époques et des moeurs, et dans lesquels Gabrielle Wittkop s'est en fait beaucoup donnée, avec des références à son propre vécu.

L'écriture est très littéraire, et un poil exigeante. Un peu à la manière d'un Faulkner, un certain lâcher-prise à la lecture peut sauver la mise, pour ensuite reprendre le fil et se replonger avec délectation dans des tournures uniques, capables de mettre en lumière, en beauté et en humour l'immonde, la perte ou la médiocrité.

Un roman qu'il est très plaisant de découvrir enfin, et qui peut être une bonne entrée en matière dans l'univers de l'écrivaine. Un texte moins subversif et tout aussi fort, portrait d'un siècle et de ses gens, sous les traits acides de Gabrielle Wittkop, qui démontre encore une fois une puissance littéraire folle.
Lien : http://casentlebook.fr/les-h..
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