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EAN : 9782020530576
121 pages
Seuil (17/02/2002)
3.74/5   35 notes
Résumé :
En littérature, Venise semble fort bien se prêter au mal et aux maladies. Juan Manuel de Prada, avec La Tempête en avait déjà fait l'éclatante démonstration. Gabrielle Wittkop ajoute une pierre à l'édifice érigé en l'honneur d'une Venise pestiférée et maléfique avec ce court roman aux relents de poison mortel où la cruauté, la délation et le mensonge se baignent dans la même eau sombre. L'auteur, dissimulée derrière les traits d'un marionnettiste omniscient, s'évert... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Challenge ABC 2013/2014
1/26

Les romans de Gabrielle Wittkop sont assez difficiles à se procurer et cela fait quelques temps déjà que je cherchais à mettre la main sur celui-ci. Je n'ai pas été déçue.

Venise au XVIIIème siècle.
Dès l'incipit, le ton est donné. Faisant de ses personnages des marionnettes dont elle agite elle-même les ficelles, Gabrielle Wittkop montre qu'elle mène la danse et fait de Venise la scène de son théâtre. La pièce qui s'y joue est sombre, funèbre puisqu'il s'agit de la mort successive par empoisonnement - mais en est-on certain ? - des quatre épouses d'Alvise Lanzi. Néanmoins, l'écriture est flamboyante, incroyablement colorée et suggestive. Baroque.
Par sa plume, l'auteure fait surgir une Venise décadente, grimaçante, déjà vérolée sous ses belles façades. Elle ne nous épargne aucune description macabre et c'est avec un humour tout autant glacé que jouissif qu'elle nous relate les empoisonnement successifs, la putréfaction en marche des corps.
L'intrigue "policière" passe finalement au second plan, supplantée par la peinture d'une Venise à l'ambiance carnavalesque et morbide, avec ses canaux pleins de brume, ces ombres fuyant dans la nuit (et qui correspond entièrement à l'image que je me faisais de la cité lorsque je jouais à "Intrigues à Venise").
Un vrai régal.
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Venise au XVIII, une plongée dans ses eaux grises où parfois remontent à la surface les vestiges des débauches et des crimes.
Dans ce carnavalesque défilé de notables et nobles décadents et parfois décatis, le dénommé Alvise partage sa vie avec sa mère, et ne sort de sa bibliothèque que pour convoler en courtes noces, ses multiples épouses s'éteignant rapidement dans de suspectes convulsions...
G. Wittkop nous soumet son écriture singulière, ampoulée et trash à la fois, à la lecture parfois ardue. Parfait pour enrichir son vocabulaire !
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Alvise Lanzi est un mari peu chanceux. Ses femmes décèdent tour à tour dans d'atroces souffrances et apparemment empoisonnées …
Qu'à cela ne tienne, il se remarie encore et encore !

Ce roman nous fait plonger dans la Venise sordide du 18ème siècle, en ressentir les relents, en visualiser les étoffes rarement chatoyantes, et y danser la sarabande. Certains paragraphes inspirés directement de tableaux d'illustres peintres vénitiens donnent le décor d'un drame se déroulant sous nos yeux.
Mais attention, au milieu d'un carnaval constant où chacun avance masqué, l'on assiste à de véritables scènes d'effroi et si, comme l'avait annoncé l'auteure dans le prologue, les marionnettes nous mènent à la solution… il semblerait bien que quelqu'un tire nos propres ficelles !

Je ne m'explique pas vraiment ce qui m'a plu dans ce court roman de 122 pages mais sa lecture totalement subjuguante m'a empêchée de le refermer avant de l'avoir fini.
Le style y est excentrique, l'écriture érudite force l'ouverture du dictionnaire et le ton particulièrement morbide lance un regard volontairement froid sur la mort, mais le tout forme un récit ensorcelant.

Attention tout de même, les âmes sensibles devraient peut-être rester à distance de ce texte, certaines descriptions (notamment une autopsie et un accouchement) sont abominablement plus vraies que nature ..

Première découverte littéraire pour moi de cette auteure dont une apparition chez Bernard Pivot il y a bien des années m'avait fortement marquée au point de ne pas oser la lire !
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L'action de ce court roman (121 pages) se situe dans la Venise du XVIIIeme.

Une atmosphère sulfureuse, glauque, malsaine s'y dégage. Celle-çi est
entretenue par différents narrateurs.
Ces derniers racontent, chacun à leur façon, les décès s'accumulant dans la demeure d'Alvise Lanzi.

En effet, ces différentes épouses (4 au total) meurent mystérieusement chacune à leur tour.
On comprend assez vite qu'il s'agit de meurtres, et, notamment d'empoisonnements. Qui est le coupable ??? L'entourage, la famille soupçonnent rapidement le mari. le doute subsiste jusqu'à la fin avec la révélation d”un tout un autre coupable auquel on ne s'attendait pas !!!!!

Il s'agit d'un drame familial centré autour de la jalousie que peut éprouver une mère possessive envers les épouses successives de son fils. Refusant que ce dernier quitte le giron maternel afin de fonder un foyer, elle n'a d'autres solutions que le meurtre !!!!

C'est aussi une féroce critique de la petite/moyenne/haute bourgeoisie où les membres d'une même famille, leurs divers relations passent leur journée à se surveiller les uns les autres.
En effet, les paroles échangées, les comportements sont commentés dans les moindres détails... On remarque également que l'argent, la respectabilité sociale rythme la vie de la bourgeoisie, essayant d'égaler ainsi la noblesse. L'incompétence des médecins est aussi dénoncée d'une manière flagrante.

Cet ouvrage n'est pas déplaisant à lire même s'il ne laisse pas un souvenir impérissable.

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Étrange roman qui dormait dans ma PAL depuis au moins 7 ans. Je découvre cet auteur à la plume généreuse, gourmande et picturale qui nous entraîne de tableaux en tableaux dans une Venise fantasmagorique de masques et d'oripeaux. Poisons, faux-semblants, bonne chair et détails olfactifs entraînent le lecteur dans une ivresse de mots et de meurtres. A la fois jubilatoire, étourdissant et désarçonnant comme expérience de lecture. Personnellement, il ne m'en fallait pas plus!
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
On reste jusqu'à l'heure où le Canal Grande prend une couleur plombée avant de disparaître sous les barques des maraîchers. Cependant, au détour des jardins secrets où crèvent des mouches à ventre blanc, à l'angle de palais que flanquent des lions galeux, un Styx sans saules ni roseaux, un flot d'encre clapote lugubrement. Peut-être la ville va-t-elle s'engloutir en un instant. La nuit apporte toujours quelque chose quand les miroirs s'abreuvent de ténèbres. Des lanternes passent vite sur un pont. Des chants sinistres et obscènes viennent on ne sait d'où. Un long cri résonne. Un fanal de galère brûle dans la cour d'un palais. On peut se rencontrer secrètement à l'Uomo Selvaggio, auberge mal famée où les servantes tiennent compagnie aux clients et qui sert une piquette nommée Alfabeto, à cinq soldi le gobelet. C'est un perfide breuvage qui verse du vitriol dans le sang, pose un salpêtre sur la langue, un philtre sale et vif qui fait parler. Elle et lui sont là en masques. De l'index, elle trace sur la table des figures dans une flaque de vin.
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Quelqu'un lit un billet qu'on ne lui destinait pas. On rince hâtivement un verre dans le cabinet de toilette. On chuchote dans une oreille penchée. On compte des ducats. On cachette une enveloppe. On empoche prestement l'éventail posé sur un guéridon. On épie le va-et-vient dans l'escalier. On étudie une oraison funèbre. On brûle une paire de gants. On entre dans un salon. On sort en masque. On contrefait sa voix pour donner des ordres au gondolier. On contrefait son écriture. On contrefait sa démarche. On veut d'abord faire goûter tout ce qu'on boit ou mange. On fait un compliment. On sait où se procurer le nécessaire, la jusquiame noire qui croît dans les décombres, la digitale des terrains siliceux, la mandragore debout dans l'ombre des halliers. On peut administrer tout ce qui vient des plantes dans la nourriture, les confiseries, les breuvages et, plus facilement encore, dans le clystère ou l'hostie.
Quelqu'un distille quelque chose dans le silence d'une cuisine nocturne. Quelqu'un montre un petit morceau de soie rongé par les rats et dit qu'ils en ont ainsi dévoré dix balles. Quelqu'un, dans un galetas des Fondamente Nuove, écrit à la lueur d'une chandelle.
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Les figures respirent, marchent, tremblent et mentent, s'aiment ou s'entretuent, rient ou gémissent, mais jamais ne mangent sinon quelque poison. Qu'il en soit donc ainsi : je demeure présente, masquée par convention, tandis que dans une Venise à la veille de sa chute, des femmes gorgées de venin vont en crever comme des outres. Je me plais à les donner en spectacle, cependant qu'elles forment aussi le mien.
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Le ventre, plein de gluantes agates, de courges bleues et pourpres, est une tique énorme, une coque chargée de rougeâtres voilures, de liquides gloussants, de toute une fressure aux sanglants replis, d'eaux bourbeuses, de cartilages, de masses vitreuses s'opalisant en jaune verdâtre, de spongieux foisonnements tassés les uns sur les autres comme des ordures dans un sac.
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Ne peut-on lire sans être dérangé à tout bout de champ?
Debout devant lui, la Rosetta tortille son tablier:
_ c'est que, Signor...Votre femme est morte...
_ Encore?!
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Video de Gabrielle Wittkop-Ménardeau (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gabrielle Wittkop-Ménardeau
Soirée spéciale Gabrielle Wittkop.
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