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Challenge ABC 2013/2014 1/26 Les romans de Gabrielle Wittkop sont assez difficiles à se procurer et cela fait quelques temps déjà que je cherchais à mettre la main sur celui-ci. Je n'ai pas été déçue. Venise au XVIIIème siècle. Dès l'incipit, le ton est donné. Faisant de ses personnages des marionnettes dont elle agite elle-même les ficelles, Gabrielle Wittkop montre qu'elle mène la danse et fait de Venise la scène de son théâtre. La pièce qui s'y joue est sombre, funèbre puisqu'il s'agit de la mort successive par empoisonnement - mais en est-on certain ? - des quatre épouses d'Alvise Lanzi. Néanmoins, l'écriture est flamboyante, incroyablement colorée et suggestive. Baroque. Par sa plume, l'auteure fait surgir une Venise décadente, grimaçante, déjà vérolée sous ses belles façades. Elle ne nous épargne aucune description macabre et c'est avec un humour tout autant glacé que jouissif qu'elle nous relate les empoisonnement successifs, la putréfaction en marche des corps. L'intrigue "policière" passe finalement au second plan, supplantée par la peinture d'une Venise à l'ambiance carnavalesque et morbide, avec ses canaux pleins de brume, ces ombres fuyant dans la nuit (et qui correspond entièrement à l'image que je me faisais de la cité lorsque je jouais à "Intrigues à Venise"). Un vrai régal. + Lire la suite |