Après New York et son bûcher des vanités,
Tom Wolfe croque à belles dents Miami, cette ville bouillonnante si particulière car dominée par une population émigrée.
Voici l'agent Nestor Camacho, fils d'immigré cubain fier d'avoir intégré une des unités d'élite de la police de Miami, la patrouille maritime. Appelé sur un sauvetage – un homme, probablement un clandestin, s'est réfugié au sommet du mat d'un voilier à 25 mètres de hauteur et refuse de descendre –, il devient du jour au lendemain un héros pour les uns, un traître pour les autres (sa famille et les siens). C'est le début, pour le jeune Nestor, d'un long chemin de croix où se croiseront (et s'entrechoqueront) son ex-petite amie latina, infirmière embauchée comme assistante très personnelle d'un médecin spécialisé dans le traitement des addictions pornographiques, un jeune journaliste Wasp à la timidité maladive persuadé d'avoir découvert l'affaire de sa vie, un chef de la police représentant bien malgré lui la portion communautaire afro-américaine d'une population au bord de l'implosion, d'étranges Russes aux activités pour le moins étonnantes, un professeur soucieux de gommer ses origines haïtiennes, un rédacteur de journal Anglo nostalgique des charmes de la grande bourgeoisie blanche… Et tout ce petit monde se retrouve ballotté d'un retournement à l'autre dans une succession de scènes qui nous mèneront des arcanes gratinés du monde de l'art contemporain aux orgies débridées de la haute société, en passant par les maisons de retraite et les cabanes à crack.
Le contenu de ce foisonnant
Bloody Miami est explosif. Tout un chacun en prend pour son grade, par un
Tom Wolfe qui, malgré ses 82 ans, garde son sens de l'observation de la société américaine et de ses travers. Avec un regard toujours aussi acéré, il met au jour l'âme de Miami, révélant, entre autres, les tensions latentes entre les différentes communautés (notamment entre Cubains et Noirs américains) et au sein des mêmes communautés. Et tout cela est très drôle mais…
Tom Wolfe en fait trop. Alors il y a des longueurs, des répétitions, des descriptions superfétatoires sans parler du style qui multiplie les ellipses , les points d'exclamation, de suspension, les italiques, les capitales, les onomatopées invraisemblables. Ce qui devient exaspérant car tout ceci court sur plus de 600 pages. Long, c'est bien trop long ! Dommage ! de bons moments de lecture pourtant mais on est loin du bûcher des vanités…