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4,15

sur 1314 notes
Champagne millésimé
Plutôt que de faire une longue critique qui n'ajouterait pas grand chose à la liste, déjà bien longue, de celles publiées, je me contenterai de ce parallèle. Pour moi, à l'inverse de tant de livre lourds, poussifs, qui pourraient évoquer un pétillant (catalan à bas prix ?) légèrement trop chaud et éventé, il me semble qu'avec ce Tom Wolfe, on a plutôt à faire à un Dom Pérignon millésimé (mais peut-être le sont-ils tous) : humour, vivacité, plaisir constant !
Un pur bonheur, et pour moi un vrai chef-d'oeuvre. (En revanche, étonnamment on peut se dispenser de l'adaptation médiocre par le pourtant génial et brillantissime Brian de Palma...)
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Une oeuvre unique en son genre . le portrait d'une société à l'agonie , qui se berce d'illusions et qu'un drame vient ébranler trés fortement . Wolfe ne force pas le trait, il met à bas les conventions et dévoile le vrai visage d'une socièté qui a perdue ces masques . Cette oeuvre est essentielle pour comprendre les tenants et les aboutissants d'un monde dont l'on entend parler , mais que l'on ne connait pas : celui des nantis américains . La confrontation avec le commun des mortels fait trés mal , les mots sont "assassins" , Wolfe n'èpargne personne et livre un livre majeur qui reste longtemps en mémoire et s'impose comme un classique immédiat . Il faut lire ce livre au moins une fois dans sa vie de lecteur ! Culte !
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Ce livre est, à mon avis, un des meilleurs de la littérature contemporaine. Avec ses descriptions précises qui partent dans tous les sens, Tom Wolfe nous présente au fil des pages les personnages mis en situation, mais pas seulement. L'auteur nous livre aussi et surtout un tour d'horizon complet des milieux professionnels tels qu'ils apparaissent dans la pratique, vus de l'intérieur. On suit les activités professionnelles du personnage principal, Sherman Mac Coy, vendeur d'obligations de Wall Street, les journées professionnelles des juges, des avocats, des policiers, des journalistes, des hommes politiques… Tout y passe, la description de leurs faits et gestes, mais aussi et surtout la cuisine interne, le pourquoi de leurs décisions, les petits arrangements entre « amis » qui alimentent la « Banque des services rendus » sans laquelle le système judiciaire se gripperait. À la manière De Balzac ou de Zola, Tom Wolfe nous décrit aussi les manières de s'habiller et surtout de parler – les accents – de tout ce petit monde selon qu'il soit de telle ou telle origine ou classe sociale.

Au début du livre, on vit avec Sherman Mac Coy dans son appartement de Park Avenue et l'on rit de sa maladresse. La description de sa gaffe commise dans une cabine téléphonique, en bas de chez lui, alors que la pluie redouble d'intensité et que son chien tire comme un forcené sur sa laisse nous arrache des éclats de rire. Puis, peu à peu, on est attendri par cet homme engoncé dans sa petite vie bourgeoise qui essaie à la fois d'être un père modèle et d'exister aux yeux de son épouse et de sa maîtresse. Il s'est fabriqué un petit monde et ses mouvements sont réglés comme sur du papier à musique.

Oui, mais voilà, par ambition, des hommes politiques, des acteurs du monde judiciaire et journalistique vont l'attraper dans leurs filets et le broyer sans complaisance. Et au fil des pages on se demande si Sherman Mac Coy le mérite vraiment ? Evidemment non. Et c'est pourquoi on souffre avec lui. le seul crime qu'il ait commis est de s'être perdu dans le bronx un jour qu'il revenait de chercher sa maîtresse de l'aéroport. Et, sous l'effet de la peur, de la peur panique, il saute de sa voiture, sa maîtresse prend le volant et dans un geste désespéré pour se sortir d'un mauvais pas imaginaire, sa maîtresse percute un jeune noir qui tombe dans le coma le lendemain. C'est elle qui conduisait. Oui, mais la victime a eu le temps de retenir une partie du numéro de la plaque minéralogique et c'est sa voiture à lui, Sherman Mac Coy.

Et, à nouveau, on le voit s'empêtrer dans sa maladresse. Les Mercedes avec ce bout de numéro de plaque minéralogique se comptent par centaines à New York. Les policiers qui mènent l'enquête viennent le voir par routine. Mais Sherman Mc Coy les reçoit sur la défensive et cela éveille les soupçons des flics. Ensuite, tout s'enchaîne. La victime est un noir du bronx, un brave étudiant et le « coupable » un millionnaire de Wall Street qui l'a écrabouillé avec sa Mercedes et s'est enfui, le laissant sur le carreau. L'occasion est trop belle. L'affaire se transforme en un combat de classes, un combat de races. Et tout le monde va y trouver son compte : le prêtre local, les politiques, les juges, les avocats, tout le monde sauf Sherman Mac Coy qui, humilié dans un monde judiciaire trop féroce pour lui, cherche désespérément une marque de sympathie, un appui parmi tous ces gens qui ne pensent qu'au bénéfice qu'ils pourront tirer d'une affaire si emblématique. Même son avocat le dépouillera en lui faisant croire qu'il va l'aider à s'en sortir…

On s'identifie pleinement à ce personnage parce que l'on n'a aucun mal à se mettre à sa place. N'importe qui, au volant de sa voiture, dans un moment de panique, dans une rue sombre, peut accélérer sans mesurer ni même être conscient des conséquences de ses actes. Et au fil des pages on se souvient de cette gaucherie de la cabine téléphonique du début. On le voit répéter encore et encore les erreurs d'un homme foncièrement bon, empêtré dans une situation qui le dépasse, abandonné par ses proches, criant au secours à sa manière en attendant toujours de voir la fin de ce cauchemar, comme si tout ceci ne pouvait pas vraiment lui survenir, lui le « Maître du monde » comme il aimait à se qualifier au début du livre, lui qui fait gagner des millions à sa banque d'un simple clic de souris d'ordinateur.

Evidemment, tous ces événements personnels vont avoir des conséquences néfastes sur son activité professionnelle. Il va multiplier les erreurs et finalement tout avouer à ses supérieurs avant que le scandale n'éclate, attendant de voir ses « amis », ceux pour qui il a mobilisé tous ses efforts, le réconforter, l'appuyer, lui dire « tu peux compter sur nous ». Mais ces mots ne viendront pas. Et, à l'instar du milieu judiciaire, présenté comme fait d'atomes égoïstes et cruels, son mode professionnel le décevra aussi.

Cette descente aux enfers prend du temps. Il faut tourner beaucoup de pages. D'aucuns diront que c'est trop lent et fermeront le livre. Paradoxalement, pour moi qui ai adoré le livre, cette lenteur m'a aussi été pénible. Et non pas parce qu'il ne se passait rien. Au contraire, il se passait trop de choses ! Et, m'ayant identifié totalement au personnage, j'ai souffert tous ces petits affronts, toutes ces humiliations, ce harcèlement constant des journalistes… Et c'est cette avalanche d'épreuves vécues en même temps par Sherman Mac Coy et par le lecteur qui fait, à mon sens, tout le caractère insoutenable mais magnifique de cette oeuvre.

On a aussi l'impression que Sherman souffre plus que nous ne souffrions nous même confrontés à la même situation. Parce que Sherman Mac Coy cumule les circonstances aggravantes : sa gaucherie, sa situation confortable, son destin qui s'est déroulé jusque là sans accroc et qui ne l'a pas préparé à se battre dans cette jungle impitoyable qu'il découvre dans la situation la plus incommode que l'on puisse imaginer. Il apparait comme le parfait coupable, riche et insouciant, coupable d'un fait qui sera exagéré pour en faire un exemple, pour démontrer qu'un homme blanc et riche ne peut pas impunément écraser un noir pauvre, l'abandonner à son sort, puis s'enfuir en toute impunité, comme si rien ne s'était passé.

Et c'est ce qui est le plus paradoxal et le plus intéressant dans ce livre. C'est au nom de valeurs supérieures d'égalité et de justice que tous ces petits magouilleurs du monde judiciaire, politique, et journalistique le cloueront au pilori, lui qui finalement est le plus innocent, lui qui n'était même pas au volant de cette Mercedes noire, une nuit dans le bronx…



Mon explication du titre :« le bûcher des vanités », traduction littérale de « The bonfire of the vanities ».


Sherman Mac Coy est cloué au pilori, il est brûlé en place publique. À mon sens, ce sont les vanités des acteurs du monde judiciaire, politique et journalistique qui alimentent le feu du bûcher. Cet excellent titre est donc des plus appropriés.


Les plus :


- Descriptions des lieux, des professions vues de l'intérieur, des travers de tel ou tel groupe social (habillement, façon de parler, de se comporter, de penser).
- Descriptions des personnages qui permettent au lecteur de s'y identifier totalement.
- En une phrase, Tom Wolfe résume le paradoxe des situations. Exemple : « Donc, Sherman qui était venu pour virer son avocat lui signa un chèque de 75 000 $ ».
- Beaucoup d'humour, on trouve même une blague !


Les moins :


- Des récapitulatifs de ce qui s'est passé jusque là présentés sous forme d'articles de journaux. Ils alourdissent le récit inutilement.
- Après tant de pages, la répétition des expressions propres à l'auteur que l'on trouvait géniales en début de lecture finissent par lasser.
- Quelques expressions galvaudées. Un problème de traduction ?


Ma note : 10/10 Gros coup de coeur !
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"Le bûcher des vanités" est maintenant un classique dans la description du New-York des années 80.
La chute d'un trader est le prétexte pour faire côtoyer des classes sociales qui s'ignorent habituellement. Des riches indécents, des afro-américains du Bronx, des flics, des avocats, un juge, un journaliste, un substitut du procureur, le maire, le révérend Jackson.. tous vont vivre cette histoire en défendant leurs propres intérêts au mépris de la vérité. Personne n'est épargné.
Il y a de l'énergie dans l'écriture, des détails dans les descriptions, des dialogues enlevés, des fautes de syntaxes des personnages soulignées par l'auteur, une représentation d'un monde impitoyable et un final haletant.
900 pages remarquables et un tableau d'une époque.
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L'histoire ayant été résumée à maintes reprises, je ne m'étendrai pas sur ce point. Si le thème principal de ce roman me repoussait au premier abord, d'autant plus que c'est un bon pavé (917 pages!!!!), les critiques positives de Babelio m'ont convaincue de le mettre dans ma pal, el le club de lecture pioche dans ma pal m'a permis de l'en sortir (merci à Sallyrose).

L'écriture est vive, il n'y a étonnamment pas de longueurs, et c'est complètement immergé que l'on suit cette critique acerbe non seulement de la finance, mais plus généralement de notre société moderne, du poids des apparences et de la superficialité qui en découle.

Le "Bûcher des vanités" a pour moi mérité son statut de grand classique de la littérature moderne américaine et m'a forcé à sortir de mes habitudes, et pour ça chapeau bas.

Club de lecture pioche dans ma pal
Challenge multi-défis 2018
Challenge pavés 2018
Challenge Globe-Trotteur 2018-2019
Challenge mauvais genre 2018-2019
Challenge USA
Challenge Deductions Elementaires
Challenge Monopoly
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A l'approche de la quarantaine, Sherman Mac Coy est un homme comblé, un grand de ce monde, un « Maitre de l'Univers » ! Il possède tout ce qu'un homme de son âge pourrait désirer : un poste prestigieux dans une banque privée, un appartement obscènement luxueux sur Park Avenue, une femme décorative, une maitresse splendide, une petite fille adorable… Mais un jour, Sherman Mac Coy fait un faux pas et tout déraille. Egaré accidentellement dans le Bronx – cet antre de perdition au sol jonché d'ordures et peuplé de jeunes délinquants assoiffés de sang ! – alors qu'il ramenait sa maitresse de l'aéroport il renverse un jeune noir avec sa mercedes, perd les pédales et prend la fuite sans songer aux conséquences.

Cet accident, somme toute d'une banalité affligeante, déclenchera une suite d'événements aussi dramatiques qu'hilarants qui entraineront le pauvre trader de postes de police en tribunaux sous les hurlements des médias surexcités, jusqu'au l'ignominie finale : le procès.

« le bûcher des vanités » c'est le carnaval des imbéciles, la ronde des médiocres ! Noirs et blancs, américains et britanniques, avocats et journalistes, pauvres et riches, tous se confondent et se mêlent dans le climat d'idiotie et d'hypocrisie ambiant. du procureur imbu de lui-même et obsédé par sa musculature au journaliste veule et alcoolique, il n'y en a pas un pour rattraper les autres. Au milieu de ce zoo hystérique, le personnage principal – financier fat et pathétique mais dépourvu de la moindre étincelle de malveillance – finirait presque par attirer la sympathie.

A travers les mésaventures tragi-comiques de Mac Coy, Tom Wolfe démolit avec un enthousiasme communicatif et aussi peu politiquement correct que possible les grandes institutions américaines : les médias, les finances, la justice… Ce joyeux jeu de massacre est des plus réjouissants ! On rit beaucoup et on ricane encore plus souvent, car si le roman de Wolfe date des années 80, force est de reconnaître qu'il est toujours cruellement d'actualité. En conclusion, un roman satirique férocement drôle qui a bien mérité sa place parmi les piliers de la littérature américaine. Je recommande chaleureusement !
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Un petit vent d'Amérique moins provocateur qu'American psycho, mais plus efficace, du moins à mon avis. C'est Zola revisité façon Bronx 20ème siècle. Avec le style en moins, plombé par de trop nombreuses transcriptions phonétiques et un nombre impressionnant de « putains », « ... de merde » ou autres « trouduc … ». Sans doute pour que cela fasse plus vrai. le livre, écrit à la façon d'un journaliste, illustre très bien les perversions de notre société, tyrannisée par des médias qui ont depuis longtemps oublié le vrai sens de déontologie, et gangrénée par une inégalité des chances scandaleuse ainsi que par le clientélisme politique. Pour cela, c'est un livre qu'il faut lire. La morale n'est pas une surprise:
1) il faut mieux naitre wasp ( protestant anglo-saxon blanc) riche à Manhattan, que noir et pauvre dans le Bronx,
2) il faut mieux que vos intérêts aillent dans le sens du vent si vous voulez avoir une chance d'être entendus,
3) ne comptez pas trop sur les autres pour se mettre à votre place lorsqu'elle n'est pas enviable.
On pourrait cependant reprocher à l'auteur d'avoir eu besoin de 900 pages pour défoncer ces portes déjà ouvertes, il y a longtemps, par La Fontaine. Néanmoins, c'est très bien fait, avec tous les points sur les « i », l'ensemble est passionnant et se lit agréablement.
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Prenez un type assez peu sympathique qui habite Park Avenue dans un appartement à2,6 Millions de $, gagne 1M$ par an (il y a trente ans, donc vous pouvez tout multiplier par quatre ou cinq), roule en coupé Mercedes et trompe sa femme. Circonstance aggravante : il ne sait même pas faire semblant de promener le chien de sa femme quand il a envie de sortir pour téléphoner à sa maîtresse (eh oui, les jeunes, il y a trente ans pas de smartphone, ni de mobile, vous imaginez la vie qu'on a eue ?). Pas de GPS non plus, alors le type va chercher sa maîtresse à JFK et rate la sortie pour Manhattan. Les voici de nuit en plein Bronx où ils n'ont jamais mis les pieds. La suite,…va falloir la mériter mais ça en vaut vraiment la peine. Tout ce que je peux vous dire c'est qu'il se fait agresser, réussit à prendre la fuite en renversant l'un des deux assaillants. Alors, à vous de jouer, et je vous parie que, bien avant la fin, le type pas sympa du début, vous n'aurez plus envie de l'accabler. Vous aurez juste envie qu'il s'en sorte tellement il a déjà morflé au-delà de ce qu'il méritait.
Pourquoi ça ? Parce qu'il va servir d'alibi et d'exutoire à une société complètement pourrie dont le fonctionnement justifie à lui tout seul le titre du roman. Tout est vain, à commencer par lui et son train de vie délirant (sa femme lui donne un sérieux coup de main pour claquer tout ce qu'il gagne), par ses relations mondaines, amitiés factices qui s'envolent au premier coup de vent et par les pauvres mensonges qu'il sert sans conviction à sa femme.
Il va se trouver sur le chemin de différents personnages dont la caractéristique principale est de ne concevoir la fonction ou l'emploi qu'ils occupent que comme le moyen d'assouvir leurs ambitions personnelles, les dites ambitions n'étant pas toujours très présentables.
Le maire qui vient justement, sous les caméras de télé (ah ! la télé), de se faire éjecter d'une réunion électorale qu'il avait osé organiser dans le Bronx. Il a besoin des voix du Bronx pour se faire réélire, alors, s'il pouvait se refaire une virginité à bon compte... le procureur du tribunal est dans la même situation, il est prêt à tout pour satisfaire les électeurs du Bronx car lui n'a affaire qu'à eux, alors s'il pouvait leur démontrer qu'il est avec eux. Ajoutons le chef des agitateurs, mi-maffieux mi-évangéliste dont l'objectif principal est, en maniant la menace d'émeutes et en manipulant les médias, de ramasser le maximum de fric possible (ça ne vous fait penser à rien de ce côté-ci de l'Atlantique ?). Un journaliste alcoolique, bon à rien si ce n'est à diffuser les révélations qui lui sont apportées sur un plateau par l'avocat d'un plaignant, qui, bien sûr, le manipule ; un substitut au procureur dont l'ambition ultime est de séduire une des jurées ; un milliardaire de soixante et onze ans qui s'est « offert » une beauté de vingt-cinq ans et s'étonne d'être cocu. Tom Wolfe décrit une société devenue folle avec en point d'orgue la machine judiciaire dont l'objectif n'est pas, n'est plus, n'a jamais été, de faire baisser la délinquance ou de rendre justice aux victimes. Non, l'objectif de cette machine est juste de fonctionner, de nourrir son armée de juges, de procureurs, d'avocats, de greffiers, de secrétaires, de gardes, d'experts, de psychiatres, de travailleurs sociaux, de journalistes, d'éditorialistes et de commentateurs de la marche du temps ou des nuages. A tel point que les deux-cent-cinquante nouveaux délinquants pris en charge chaque début de semaine par le tribunal du Bronx sont appelés par le personnel judiciaire « la bouffe ». Et on cuisine la « bouffe » avec comme seul objectif de continuer à passer à table. Et pour passer à table, il faut faire très attention à ce que la marmite n'explose pas (traduction en français, acheter par de grandes ou de petites compromissions, de grands ou petits renoncements, la paix sociale, ce que le révérant Bacon appelle contrôler la pression). Alors, vous comprenez bien que dans une telle cuisine, la Justice impartiale est un mythe qui fait doucement rigoler les convives. Sherman, le yuppie au coupé Mercedes, va prendre cher.
Au-delà du New York des années 80 et des personnages si savoureux de Tom Wolfe (quel talent de conteur !), c'est notre société qui est magistralement autopsiée et on ne peut qu'être effrayé par ce que « le contrôle de la pression » amène comme concessions et renoncements sans jamais pouvoir prendre pour acquis que la pression soit effectivement sous contrôle. Tout cela ne sert à rien, tout est vain, sans espoir, parce que le pouvoir a été abandonné aux exécutants et que les exécutants ne pensent qu'à passer à table, avec leurs misérables petits appétits.
« C'était une question de principe. Plus le métro devenait sinistre, plus les wagons se peinturluraient des graffitis de ces gens, plus ces gens arrachaient de chaînettes au cou des filles, plus ils agressaient de vieillards sans défense, plus ils poussaient de femmes devant les trains, plus John Campbell McCoy était déterminé à ne pas se faire virer du métro de New York. Mais pour la nouvelle génération, la jeune génération, celle de la puissance, celle de Sherman, il n'existait pas de tels principes. Isolation! Tel était le mot d'ordre ». Difficile de ne pas penser, à la lumière de cette citation, à un ex-ancien homme politique ayant occupé l'Elysée et confiant à ses amis journalistes que la situation est devenue telle qu'il faudrait envisager « la partition ».
Impossible d'oublier ce roman magistral qui donne envie de continuer à « bouffer » du Tom Wolfe !
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Quel roman ! Cruel, drôle, foisonnant, énergique, vif, ..souvent cynique mais pas sarcastique quoique parfois... j'ai ri, ai eu de la peine, ai été touchée, agacée... que demander de plus à un roman lu en vacances ! Avec des scènes extraordinaires, d'un réalisme et d'une drôlerie incroyable, les plus tristes sont souvent les plus drôles....*
New-York au temps des années fric, particulièrement deux quartiers que tout oppose : Park Avenue, les beaux immeubles avec portier, entrée en marbre, duplex, ascenseur privé et le Bronx, populaire, dégradé, sale, violent et dangereux. Une frontière entre les deux, la même ville mais rien en commun.
Riches, voire très riches ou pauvres, délinquants, les uns en mocassins et costumes sur mesure, les autres en baskets blancs, comme sortis de la boîte et pantalon informe noir. Il est question de quel groupe on appartient : on est juif, irlandais, ou italien, et la solidarité qui va avec dans chaque groupe. On est noir ou blanc, et l'opposition qui va avec.
Et puis y a les WASP, blancs, anglais et protestants, l'aristocratie d'un pays neuf.
Il est question d'argent, qu'il y en ait beaucoup ou qu'il manque.
Il est question aussi de New-york et de son énergie fantastique, de celle qui les anime tous, celle de devenir riche ou plus riche, d'être réélu, de gagner, d'être meilleur ou pire, d'être à la lumière, d'être reconnu.
C'est l'histoire de la descente aux enfers d'un tradder de Park Avenue qui par erreur se perd dans le Bronx, un soir et percute un jeune noir.
De maître du monde, il devient coupable parfait, paria. Toute sa vie, si parfaite en apparence explose aux yeux de tous.
C'est aussi l'histoire d'un juge en réélection, d'un jeune procureur ambitieux mais libidineux, d'un journaliste anglais, ivrogne, fauché, arrogant et méprisant, d'un avocat ambitieux et malin - j'ai adoré ce personnage, tout va de mal en pis mais ça va aller...- d'un leader noir retors, manipulateur et pas très honnête.... et plein de personnages secondaires, les flics, les juges, avocats, patrons de cabinets financiers, d'avocats ou de presse, le maire, un chanteur d'opéra, de la famille, d'épouse et maîtresses.
C'est là mon principal bémol. Livre d'hommes écrit par un homme, peu de places aux femmes, assignées à des rôles, épouse, maîtresse, mère, bonne, secrétaire...., jolie ou moche, ..Dommage.
Regret personnel de ne pas tout comprendre dans le système judiciaire US, pourtant si présent dans les séries....
1000 pages qui, une fois entrée dans l'histoire furent très agréables à lire.

* l'arrestation, la mort du milliardaire...
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Je renâcle toujours devant les pavés. Celui-ci, 900 pages !, était là dans ma pile à lire depuis bien des années et je procrastinais régulièrement : plus tard !. Et j'ai enfin fait le saut ! Mais comment ai-je pu attendre si longtemps ? pourquoi avoir repoussé stupidement ce plaisir de lecture depuis 1987 l'année de parution en France ?
Voilà, c'est fait, avalé en quelques jours, un régal à chaque page. Un livre méchant, sinistre, sensuel, drôle, burlesque et tellement juste.
Un trader, Maître de l'Univers selon lui-même, s'égare en compagnie de sa maîtresse sur l'autoroute, se retrouve perdu dans le Bronx, quartier pourri, renverse un jeune Noir, et disparaît. Le voilà donc coupable de blessure sinon d'homicide involontaire et de délit de fuite.
Puis tout s'enchaîne à ses dépends. L'auteur se livre ici à un portrait sans concession de New York, à un tableau acéré et cruel du monde des affaires, de la justice, de la police, de la jet set, avec quelques scènes d'anthologie dont l'interrogatoire d'un "Wasp", un dîner dans la haute société, un procès du menu fretin du Bronx, la mort d'un magnat dans un grand restaurant au grand scandale de la clientèle huppée, j'en passe. Voilà le sombre tableau d'une humanité assoiffée de pouvoir et d'argent, malade d'un immense et excessif besoin de reconnaissance.
Et c'est toujours actuel.
J'emploie très rarement l'expression : c'est un grand livre !
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