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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
L'incendie du Arbor Dance Hall survenu en 1929 ne s'est jamais réellement éteint pour cette petite communauté isolée de miséreux et de petits bourgeois du Mid West. Trente ans après, nourrie de questions demeurées sans réponse, cette tragédie laisse une empreinte indélébile dans les mémoires. Mais aussi dans le marbre d'une stèle commémorative surmontée d'un ange noir qui ravive les obsessions et la rancoeur affichées de la vieille Alma lorsqu'elle se promène dans le cimetière.
Recueillant Alek son petit-fils pendant les vacances d'été, Alma DeGeer Dunahew, retrace alors une histoire douloureuse entre rumeurs persistantes, détails connus, convictions accusatoires que les souvenirs agitent sous forme d'un désordre d'images confuses.
Pas de récit linéaire, le présent est comme hanté par le passé avec des témoignages, des portraits, des souvenirs tous éclatés qui, une fois reconstitués, donnent à lire un roman mince par le nombre de pages mais fort par la capacité de l'auteur à décrire une réalité impitoyable, désespérément humaine que chacun des habitants connaît mais que beaucoup souhaitent oublier.

Avec une langue grave et subtile, Daniel Woodrell signe un superbe roman qui revêt toute la force des drames muets, digne des plus grands romans sombres américains. Il laisse résonner tout au long de l'histoire les cris de ceux qui sont restés coincés dans l'incendie du dancing ainsi que la voix de cette famille Dunahew embourbée dans la misère. Habité par une forme insaisissable de désespoir, le récit laisse flotter entre les lignes un profond sentiment d'abandon et d'abnégation mêlés…comme si chacun des personnages appartenaient à un monde oublié ou en voie de disparition. Un monde rural clivé où les pauvres étaient très pauvres et les riches très riches mais que la tragédie avaient unis dans une sorte compassion mutuelle.
Magistral. Malheureusement trop court.

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" Un feu d'origine inconnue " est, selon Newsweek , "le couronnement splendide d'un grand maître américain ".

"Couronnement", je ne sais pas, un bon Woodrell, c'est sûr.

C'est autour d'un drame , l'incendie d'un dancing en 1929, que se construit le récit au fil des souvenirs d'Alma , la grand-mère d'Alek, le conteur.
Ainsi,apparaissent portraits et pans de vie de l'entourage d'Alma ou d'autres habitants d'une petite bourgade du Missouri.

Incendie criminel ou accidentel ?
Une explosion qui fut un tel traumatisme que trente ans plus tard, elle est toujours présente dans les mémoires.
Et, autour de ce drame, bien des mystères, bien des non-dits, des secrets d'alcôves...

C'est avec subtilité et finesse que l'auteur va faire de son récit tantôt une chronique sociale, tantôt une enquête criminelle en se livrant pour cela à des études psychologiques fouillées permettant au lecteur de jouer au fin limier .
Mais, rien n'est affirmé, tout est suggéré ,jusqu'à la fin !

Et, c'est aussi l'occasion pour l'auteur de mettre en lumière le quotidien des petites gens, dénonçant les inégalités sociales en ce début du vingtième siècle.
Ce qui d'ailleurs semble être une constante chez Woodrell.
Mais, comme toujours, ce sont la sensibilité et la pudeur qui donnent au récit un impact humanitaire , intemporel hélas!

A la délicatesse du style, vient s'ajouter l'originalité.
Le récit est construit comme une mosaïque.
Les chapitres, souvent courts, suivent la pensée d'Alma sans ordre chronologique ,sans lien évident avec le précédent, un va et vient mental qui attache moins d'importance à l'ordre qu'à la précision ou à l'émotion .

Et pourtant, le tout constitue bien un ensemble harmonieux, une sorte de puzzle savamment reconstitué.
Un effet qui ne doit sa réussite qu'à de la force d'un talent.

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Un soir de 1929, un dancing du Missouri explosa et le bruit s'entendit jusqu'au comté voisin : 42 morts carbonisés, pulvérisés, écrasés par l'effondrement, méconnaissables...un fait resté inexpliqué qui provoque colère et douleur dans toute une région.

Qui avait des raisons de faire sauter le Arbor Dance Hall? Un règlement de compte de mafieux? Un jugement divin? Une vengeance en affaire de moeurs? Des peines de coeur qui laissent des cicatrices?

La vieille Alma à la tête un peu folle, a partagé ses souvenirs avec Alek, son petit-fils de 12 ans, rabâchant des vieilles rancunes recuites: une jeunesse de miséreuse sous l'emprise de l'alcoolisme et de la violence paternels, une vie indigente d'employée de maison, un mari pochard, trois enfants à élever seule. Et la douleur de la perte de sa jeune soeur Ruby dans le grand incendie.
La vieille Alma a vécu le reste de sa vie avec une colère noire, cherchant justice.

Voici ce que je classe dans les romans à Ford T.
"Cambrousse et bouseux"dit un malfrat de passage.

Un livre de plus, pourrait on dire, dans le contexte de la pauvreté rurale des Etats Unis du début du 20eme siècle.
Un livre sombre, à la construction un peu elliptique, au ton original, qui peut dérouter au premier abord, mais qui reste très agréable à lire par ses chapitres entrecroisés dans les faits et les époques. La plume est vivante, alerte, effrontée parfois. L'auteur, avec une maitrise de la concision remarquable dit tout en moins de 200 pages, ses digressions sont éclairantes pour l'intrigue, ses personnages forts et fouillés.
La narration façon puzzle, en récit social proche du reportage d'enquête et de faits divers, remet en situation une population faite de petites gens modestes, de banquiers à gros cigare, de prédicateurs vindicatifs, d'hommes de main à borsalino. Toute une petite ville du Middle West faite de compromissions et de secrets.

La tragédie de l'explosion du dancing, en 1928 à West Planes/Missouri a réellement existé, faisant 36 morts et 18 blessés.
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Le Missouri, entre 2 guerres, une petite ville de province, plus ou moins 5000 âmes. Voilà où nous sommes. Et survient une tragédie qui touchera tous les membres de cette petite communauté de West Table: l'explosion de la salle de danse faisant près d'un trentaine de morts et des dizaines de blessés. Que des victimes sans coupables, sans réelles explications.
L'auteur relate le récit de cette tragédie et donc, de cette petite communauté, avec les mots d'Alma racontant cette histoire à son petit fils 30 ans plus tard. En racontant l'explosion, Alma nous brosse le parcours de sa famille, de ses employeurs, de sa vie...C'est prétexte pour Woodrell à dénoncer les velléités des uns, les vertus des autres, l'hypocrisie régnante et surtout et toujours la main mise des mieux nantis imposant morale, code de conduite et décidant pratiquement de l'avenir des plus démunis. Ces acteurs sont tous plus ou moins désenchantés par les belles grandes valeurs américaines et l'auteur ne se gêne pas pour en faire un portrait des plus critiques. Une excellente lecture.
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Un récit intéressant plus pour la chronique sociale que pour l'affaire de l'incendie elle-même.
On y croise beaucoup de personnages pittoresques, des relations secrètes, des amours impossibles, des confrontations de classe sociales.
La construction du récit, hors chronologie, les longues phrases qu'il faut parfois relire peuvent rebuter au début, mais en font l'originalité et la force.
Ce livre m'a un peu rappelé "le seigneur des porcheries".
Belle découverte.
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Celles qui avaient chantonné ♫ Ce soir je serai la plus belle, pour aller danser, danser ♪ ne pensaient pas qu'elles finiraient carbonisées ou grièvement brûlées…

Du moins, pour celles (et ceux) qui en réchappèrent, à ce brasier.

C'est ce qui s'appelle mettre le feu au dance-floor, dans le sens premier du terme.

En 1929, je vous l'accorde, Sylvie Vartan était encore loin de pousser la chansonnette, mais qu'à cela ne tienne…

Le ♫ Allumer le feu ♪ de Johnny me semblait si cynique dans ces circonstances.

Ce roman noir explore la face noire d'une petite ville et de ses habitants, entre la Grande Dépression et la chasse aux sorcières (les communistes), le tout sur trois générations, la grand-mère paternelle étant celle qui racontera le plus, avec son petit-fils Alek.

Qui a foutu le feu au dancing ? le prédicateur zélé qui les menaçait d'enfer ? Un gosse ? Un ancien gangster ? Un des richards du coin ? Personne ne le sait, on a même demandé au shérif de laisser dormir tout ça, que connaître l'identité du responsable ne ferait pas revenir les morts.

Ah, ces petites villes américaines où la dichotomie entre les riches et les pauvres est si marquée, où les indigents ne doivent pas trop mal-dire des notables car c'est tout de même eux qui donnent le travail, plus tard.

Aux travers des souvenirs d'Alma, c'est toute une société que l'auteur va décrire, autopsier, juger, portraitiser et c'est assez cynique. Son regard n'est pas tendre, mais il est plus acide sur les riches que sur les pauvres gens.

Le constat est un portrait assez noir de cette société donnée, qui résume, à elle seule, une grande partie des rapports qui régissent les gens en société, que ces sociétés soient d'hier ou d'aujourd'hui (hormis quelques détails). L'auteur a une plume qui est trempée dans du vitriol et si on pourrait sourire de certains portraits, c'est tout de même doux-amer.

L'auteur ne sombre pas dans la mièvrerie ou dans le fait que tous les riches sont des salauds et les pauvres des braves gens, les portraits sont plus nuancés, les salauds moins prononcés, bref, nous sommes face à des humains normaux, réalistes, un jour ange et le lendemain, ou l'heure d'après, un peu démon ou très égoïste car en proie à la panique.

Ce feu, il n'est pas à l'origine d'une seule personne, c'est aussi la somme de tout un tas de petits détails, qui, pris un par un, ne semblent pas importants, mais qui donnent, en les additionnant, une bombe à retardement. le doigt est pris dans l'engrenage et plus moyen de faire marche-arrière. Une seule personne craqua l'allumette mais d'autres l'ont aidé à en arriver là.

Un roman noir qui oscille entre une enquête, une chronique sociale, une autopsie des petites gens (les sans-dents), une dénonciation des inégalités sociales, des lourds secrets que l'on lève progressivement, de l'analyse assez caustique d'une société bien définie, dans un petit patelin où les chances de s'élever dans la société sont maigres, surtout si vous êtes né dans la poussière.

C'est court, c'est rythmé sans être trépidant, mais une fois entamé le récit, plus possible de l'arrêter, on veut savoir, on a envie de secouer Alma pour qu'elle accouche plus vite de son récit, on veut savoir qui, si ses soupçons sont vrais ou fantasmagoriques…

Et puis, on se laisse bercer par l'écriture de Woodrell, du bon Woodrell (je n'ai pas encore lu du mauvais) et on grince des dents devant ces damnés de la terre, devant ces inégalités sociales qui feraient se relever de terre tous les vrais socialistes.

Au temps pour moi, on vient de me dire dans l'oreillette qu'il n'y en avait presque plus…

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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