Les communications, les inventions, la radio, la télévision, le cinéma, l'énegie atomique, en annulant la distance et l'espace, [...], créent les conditions favorables à la naissance d'organismes qui réfléchissent le totalitaire et l'absolu dans la vie moderne.
- Eteignez le gaz dans deux ou trois minutes, voulez-vous ?
Elle lui lança un coup d'oeil de travers.
- Vous devriez être capable de faire au moins cela maintenant.
- Allez au diable, grommela-t-il.
- Bien volontiers, si seulement je peux vous emmener avec moi, repartit-elle, claquant si violemment la porte derrière elle qu'on aurait dit un coup de fusil.
Quand il était enfant, il pensait que la vie était une affaire solidement organisée, mais en grandissant il s'était aperçu qu'elle avait le caractère de désorganisation d'un cauchemar.
Au début je me sentais inférieur. Maintenant, il faut que je lutte avec moi-même pour ne pas me sentir supérieur aux gens que je rencontre.
La rancune s'élevait en lui tandis qu'il réalisait qu'il avait fait moins d'impression sur les sens de Jenny que s'il avait craché dans les eaux rugissantes des Chutes du Niagara...
Toute sa vie avait été infestée par des relations auxquelles il s'était laissé prendre et dans lesquelles les autres avaient essayé de profiter de lui parce qu'ils pensaient qu'il était faible et naïf.
- Ecoutez, dit-elle, ça m'est égal ce que vous faites dans votre chambre, mais je ne veux pas d'histoires, z'avez compris ? Il y des gens qui se saoulent et qui blessent les autres.
- Madame, je n'ai jamais de ma vie vraiment blessé personne que moi-même, lui dit-il avant d'avoir réalisé ce qu'il disait.
On gouverne les hommes plus facilement et à meilleur marché quand ils ont peur des fantômes plus que des canons ! Les vrais esclaves du vingtième siècle ne sont pas ces métayers qui grimacent de douleur sous le coup de fouet brûlant d'un patron à cheval. Les esclaves d'aujourd'hui sont ceux qui ont une frayeur congénitale du nouveau et de l'inessayé, qui tombent à genoux et sont trempés de sueur quand on les met en face de l'horrible vérité qu'est la nature incertaine et énigmatique de la vie...
Je ne suis pas même un athée. Pour moi, il est seulement dommage qu'il y ait des gens pour s'appuyer sur des dieux imaginaires, c'est tout. Pourtant je ne voudrais pas qu'il en fût autrement. Ils ont besoin de la religion. Très bien : laissez-la leur. Quel mal cela fait-il ? Et cela crée une plus grande stabilité sociale. Mais je proteste si quelqu'un m'empoigne, alors que je ne suis qu'un enfant sans défense, et m'injecte un sédatif - dont l'action dure une vie entière ! - dont personne ne pourra jamais dire si j'en avais besoin ou non !
- Un homme qui serait le retour de l'homme antique, de l'homme pré-chrétien ? Voyez-vous ce que je veux dire ? […] C'est un homme qui vit dans nos modernes cités industrielles, mais qui est dépourvu de toutes les influences morales du christianisme. Il a tous les avantages incomparables d'être familier avec nos connaissances : mais il a rejeté celles-ci, ou a en quelque sorte échappé à leur influence. Cela va sans dire qu'il est athée, mais il est quelque chose de plus qu'un athée. Il est quelque manière de païen, mais un païen qui n'éprouverait pas le besoin d'adorer… Et, par la force des choses, un tel type d'homme tôt ou tard se doit d'apparaître. L'homme moderne est endormi dans les mythes des Grecs ou des Juifs. Ces mythes sont en train de mourir dans sa tête et dans son cœur. Ils ne peuvent plus lui servir. Quand ils auront vraiment disparu, ces mythes, l'homme reviendra. L'homme antique… Et que restera-t-il pour le guider ? Rien du tout, sinon ses propres désirs, qui seront ses seules valeurs.