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3,9

sur 86 notes
Ouvrage très complexe sur la question syrienne. D'une révolution pacifiste, de « l'échec de la révolution arabe », le joug de la dictature exercé par Bachar Al-Assad ont conduit à l'émergence des groupuscules religieux extrémistes. Samar Yazbek est le témoin d'un pays en souffrance. Les portes du Néant sont les voix des disparues ou oubliées d'une contrée lointaine… La Syrie était un pays multiculturel et multiethnique. Samar Yazbek se place comme témoin d'un peuple qui n'a pas eu le droit à la parole, à un état de droit. La Syrie est tombée de Charybde en Scylla. Nous espérons pour ce peuple une renaissance comme le Phénix.
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Bien qu'exilée en France depuis la guerre, la journaliste-auteure alaouite Samar Yazbek retourne clandestinement dans le nord de la Syrie, zone hors contrôle d'El-Assad, à trois reprises, entre août 2012 et août 2013. Elle a deux motivations : remporter un témoignage de la situation actuelle du conflit, à l'instar du journal de la révolution syrienne qu'elle avait précédemment publié (chez Buchet Chastel en 2012 sous le titre : Feux croisés) ; contribuer, auprès de révoltés anti-régime, à la mise en place de réseaux média locaux ainsi qu'à la coordination de femmes pour assurer aux veuves leur indépendance financière par des micro-projets d'économie de survie et pour tenter de leur faire prendre la relève de l'instruction des enfants en temps de guerre.
Mais le récit prend surtout la forme du journal de sa propre survie, avec et auprès de ses hôtes, dans un quotidien fait de bombardements incessants, d'embuscades, de déplacements sur la ligne du front, de promiscuité avec la mort et les meurtrissures, des privations les plus radicales (d'eau, de nourriture, d'électricité) qui caractérisent le lot des humains qui se trouvent sous le feu guerrier. Puis, au fur et à mesure que s'accumulent les entretiens recueillis, la réflexion avance en elle sur sa condition de l'exil et l'urgence du retour et de la sauvegarde de la mémoire. de même, apparaissent aussi les métamorphoses de la société syrienne : comment la révolution pacifique, citoyenne et unitaire, ayant pour seul but la démocratisation qui passerait éventuellement par l'éloignement du clan Assad se transforme en résistance armée, puis en guerre de religion entre sunnites et alaouites, en radicalisation islamiste des combattants – de l'Armée Syrienne Libre au Front al-Nosra et bientôt, à cause de l'arrivée massive des guerriers étrangers de l'État islamique, comment elle devient enfin, de plus en plus, le champ de bataille des puissances extérieures, l'Iran et la Russie d'une part, et d'autre part les milices de l'internationale djihadiste ; comment, insidieusement, cette modification des belligérants atteint au plus intime le tissu social qui oscille entre sentiment d'invasion sur deux fronts - Assad et les islamistes – et acceptation des haines religieuses, de pactiser avec ces derniers et d'envisager un conflit de plusieurs décennies.
Cette métamorphose concerne personnellement la reporter : en effet, de militante anti-régime, son identité attribuée – et les risques qu'elle encourt, avec ses protecteurs – se mue en celle de femme, illégitime à toute activité extra-domestique, de journaliste avec des liens occidentaux – susceptible d'enlèvement pour rançon – et surtout d'Alaouite, donc d'ennemie.

La lecture est ardue : nous sommes en présence d'un matériau brut de reportage de guerre tel qu'on n'a plus l'occasion d'en lire, malgré la prolifération des conflits ces dernières années ; l'implication personnelle de l'auteure, de plus, tend à altérer l'équilibre coutumier entre le cognitif d'un reporteur étranger et l'émotionnel d'une activiste et citoyenne du pays. Souvent, j'ai souhaité un peu plus de recul, ou au moins de distance, d'explication destinée à l'étranger que je suis aussi, au lieu de me trouver submergé par un catalogue d'horreurs. Mais je comprends aussi l'urgence de la démarche de la journaliste, confrontée sans doute à tant d'incompréhension en Occident sur la situation de son pays, une urgence d'archiviste avant même que de documentariste – les analyses et les explications peuvent attendre –, une prise sur le vif et dans la chair vive.
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"Les portes du néant" de Samar Yazbek (306p)
Ed. Stock

Bonjour les fous de lectures....

Voici le récit d'une journaliste alaouite qui a quitté la Syrie en 2011 pour être réfugiée politique à Paris.
Ce livre est le témoignage de ses trois retours "chez elle" sous les bombes entre 2012 et 2013.

Vive opposante au régime de Bachar al- Assad, elle a participé au printemps arabe et a fait de la prison en voulant défendre la liberté de son pays.

Par trois fois, clandestinement, au mépris du danger, elle va passer la frontière turque et retrouver la Syrie.
La Syrie, pays tant aimé, qu'elle retrouve de plus en plus ravagé, anéanti, exsangue.
Trois retour en enfer où elle voit la violence monter crescendo au mépris de la population complètement déboussolée et livrée à elle-même.
Trois retours où à chaque fois partir est de plus en plus dur, où à chaque fois, elle se dit qu'elle reviendra...

Elle veut témoigner pour tous ces civils qui subissent la folie du tyran et de ses alliés.
Témoigner pour tous ces combattants de l'opposition.
Témoigner pour tous ces hommes qui espèrent encore retrouver un pays libre
Témoigner pour ces femmes qui continuent à maintenir la famille debout.
Témoigner pour ces enfants souffrant de l'absurdité des adultes et qui continent à sourire et avoir dans leurs yeux des paillettes d'espoir.

Et surtout témoigner pour que le reste du monde civilisé se rende compte de cette tragédie où il y a tant d'enjeux politiques et économiques que personne ne bouge et éviter qu'il tombe dans l'oubli.

Un récit au coeur de l'horreur, de l'insoutenable à lire absolument pour mieux comprendre.
C'est bouleversant mais indispensable.
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Dur, très dur, la torture, les viols les stratégies impitoyables du régime Syrien. La vie au quotidien qu'a partagé l'auteur avec les civils, la terreur, journalistique et excellement documenté. A lire. Ames sensibles s'abstenir
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Après « Feux croisés », Samar Yazbek témoigne une nouvelle fois sur la tragédie que vit son pays d'origine la Syrie. C'est une une romancière et journaliste syrienne qui a pris part dès 2011 au soulèvement populaire contre la dictature de Bachar al-Assad en Syrie. Elle a trouvé asile en France où elle vit aujourd'hui avec sa fille. Dans ce livre, elle revient clandestinement dans son pays pour témoigner et aider les siens en fondant une association d'aide aux femmes syriennes pour mettre en place des écoles et des centres de formation dans le contexte tragique d'un pays en proie à la guerre.

J'ai eu un choc en lisant ce livre témoin. J'étais à mille lieues d'imaginer l'insensé et l'ampleur de ce désastre. Sa lecture est loin d'être aisée, non pas à cause de l'écrit mais des mots qui décrivent une réalité parfois insoutenable en racontant au quotidien cette tragédie humaine.

Samar ne nous cache rien, elle ne prend pas de gants pour décrire les horreurs que subit ce peuple au quotidien. La mort est là qui rode, insidieuse, prête à bondir et à dévorer tout ce qui est à sa portée. Entre les lignes, on la voit triompher, on ne sait jamais où elle va frapper et Samar décrit toutes ces minutes qui précèdent ou suivent cet instant de mort, de solitude et de grande souffrance. Samar est au plus proche des combats et pourtant la vie continue malgré tout. Les habitants qu'elle rencontre lui offrent tout ce qu'ils possèdent à la hauteur de la légendaire tradition d'hospitalité du peuple syrien qui là pourtant manque de tout.

Samar est « une femme laïque, démocrate et alaouite. Tout la désigne comme cible » et pourtant elle fait preuve d'un grand courage, d'une force et d'une foi inébranlables, d'une résistance et d'une force interne capable de tout voir, de tout entendre, de tout dire, de tout supporter malgré la douleur de ce qu'elle décrit avec des mots de journaliste.

Dans ce livre, j'ai beaucoup appris sur la géopolitique de ce coin de terre dévasté par 4 ans de guerre. Il confirme ce que je pensais au plus profond à savoir que l'ignorance est la base fondatrice de l'extrémisme.
Lien : https://wordpress.com/stats/..
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Samar Yazbek, journaliste syrienne en exil, revient dans son pays pour témoigner du quotidien de ses compatriotes, de la guerre civile entre révolutionnaires et pouvoir en place avec aussi le rôle de plus en plus important de l'Etat Islamique dans ce désastre sans nom.
Courageuse, elle n'hésite pas à aller là où les bombes explosent, où les combattants se battent, où les familles survivent, où les Syriens se meurent. Elle discute, se confronte, parlemente pour donner un tableau aussi exact que possible de la situation actuelle dans son pays déchiré.
Tragique et bouleversant.
Lien : http://puchkinalit.tumblr.com/
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Achat et lecture : mars 2019.
Honnêtement, je savais que ce serait dur, c'est pourquoi j'ai bien mis un mois avant de "plonger" c'est le bon mot dans Les portes du néant.
Sans doute parce-que j'ai des amis là-bas, j'ai eu envie de pousser un peu l'investigation sur le conflit syrien, mais la lecture des Portes de Damas ne m'avait pas préparée à celui-ci.
Samar Yazbek quitte son pays avec sa fille pour fuir l'horreur et elle y retourne trois fois, trois portes, pour témoigner. Quel témoignage et quel courage !
Madame ça force le respect, mais c'est presque insoutenable de tension et de peur, de trsitesse et d'impuissance.
J'ai eu du mal à finir. On a du mal à croire que tout cela et réel, comment des hommes peuvent-ils infliger ça à d'autres ? Je l'ai lu, il le fallait, vous l'avez vécu. Puisse l'avenir se révéler meilleur pour la Syrie...
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En plein débat sur la nécessité de la presse de diffuser ou pas des images transmises par les civils syriens quant aux exactions commises par les bombardements sur la Ghouta orientale, cette lecture tombe plutôt bien puisque Samar Yasbek témoigne avec beaucoup d'objectivité, dans Les portes du néant, de l'évolution du conflit, de plus en plus meurtrier au fil des années, mais aussi de l'importance que prend, dans le pays, au fil de ces mêmes années, l'OEI. Elle n'hésite pas à aller sur le terrain pour être au plus près des violences perpétrées, les décrivant sans prendre de gants : état des villes et villages, état d'esprit des combattants rebelles, mais aussi des civils qui doivent subir la guerre civile… Son récit est vraiment éclairant sur la situation et m'a permis de cerner encore davantage sa complexité, notamment religieuse.

L'on sent très vite, malgré tout, qu'en tant que Syrienne qui a dû fuir son pays, étant une figure importante de l'opposition au régime, elle a du mal à rester neutre face à toute cette violence, l'indignation prenant de plus en plus souvent le pas sur la neutralité première au fur et à mesure du témoignage. Cette indignation se ressent d'ailleurs le plus souvent lorsqu'il est question de son statut de femme : en effet, pour beaucoup, elle n'a rien à faire sur le champ de bataille, ce n'est pas à elle d'aller interroger les rebelles, ou encore de témoigner sur ce conflit.

Voici donc une lecture que j'ai trouvée passionnante, même si particulièrement éprouvante : l'on a vraiment l'impression de suivre Samar Yazbek au plus près du franchissement des trois portes du néant que ce sont ses trois incursions successives dans la guerre syrienne.
Lien : http://lartetletreblog.fr/20..
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Comme j'ai mis longtemps à lire ce livre ! Pas parce qu'il est mauvais et inintéressant, bien au contraire. Simplement parce qu'un documentaire de l'intérieur de la Syrie en guerre, même sans les photos, ce n'est pas un roman qu'on lit avant de dormir ou pour voyager dans la journée...
C'est un livre important, qui explique combien c'est un bordel (dans le sens très grand désordre) compliqué, cette guerre fratricide entre clans, religions, révolutionnaires, pouvoir en place, emmêlés avec les profiteurs et les puissances étrangères. Et combien c'est triste, un pays dévasté ainsi...
C'est un livre qui mérite le respect au-delà d'une critique de lecture : les personnes dedans ne sont pas des personnages fictifs, les souffrances décrites sont réelles, les mots sont une trace pour l' Histoire.
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Ce livre est un très bon documentaire sur la Syrie. Il est très facile à lire mais que de violences on ne peut s'attendre à moins dans cette partie du globe.
Un bon documentaire écrit avec beaucoup de sincérité
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