AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,9

sur 86 notes
J'ai particulièrement aimé ce livre : cela peut vous paraître indécent d'écrire « aimer » un livre qui fait le récit effroyable du calvaire du peuple syrien. Je me suis immergée dans l'enfer avec Samar Yazbek pas par voyeurisme, ni par mauvaise conscience, (encore que), non, mais pour tenter de mieux comprendre la situation de la Syrie grâce au témoignage du peuple syrien et non des occidentaux.
Samar Yazbek est née en 1970 à Jableh près de Lattaquié, sur la côte nord de la Syrie. Dans cette région, se concentre la majorité des alaouites : branche minoritaire du chiisme dont le clan Assad est lui-même issu.
Alaouite et opposante à Bachar, ayant rejoint les manifestations de Damas, elle sera arrêtée et interrogée cinq fois par les services secrets en 2011. Elle ne cèdera pas et sera menacée de mort. Elle devra alors s'exilée avec sa fille.
Cette lecture permet d'admirer le courage de cette femme rebelle à toutes les traditions qu'elles soient confessionnelles ou sociales qui bravant tous les périls, va effectuer trois passages clandestins successifs en Syrie (les portes) afin de nous rapporter la voix de tous ceux qui n'en ont pas.
Déracinée et vivant son exil à Paris, elle sent que sa place est auprès de ceux qui luttent au quotidien contre la faim, la pénurie d'eau, les coupures d'électricité, les bombardements incessants, la peur, les cadavres mutilés, les enfants amputés, les monstruosités perpétrées par les milices djihadistes, en un mot la barbarie d'une guerre civile avec toutes les exactions que cela suppose !
Je la remercie d'avoir risqué sa vie et de nous livrer un récit au plus près de la vérité.
En parcourant tous ces témoignages, j'ai eu le sentiment qu'elle me permettait de me rapprocher de ce peuple, comme une façon de leur tendre une toute petite main en leur prêtant un peu d'attention, un peu d'écoute. J'ai aimé les dialogues qui s'installent entre elle et les rebelles, il y a des moments d'une grande émotion, d'une très grande richesse! Elle dresse des portraits de femmes admirables de courage. Elle a une très belle écriture et malgré sa pudeur, j'ai ressenti sa souffrance, les fêlures qui la traversaient, bien qu'elle bénéficiât d'une grande capacité de résilience !
A chaque passage clandestin, le récit démontre très bien la détérioration de la situation. La réalité décrite permet de réaliser le chaos qui s'installe petit à petit. Les syriens se retrouvent spoliés de leur révolution populaire qui se voulait pacifique contre un dictateur et qui se transforme en guerre civile voire de religion, et que dire de l'avenir de la femme…….. C'est monstrueux !
Là où j'ai tremblé avec elle, c'est au cours de la réalisation de l'interview d'Abou Ahmad, émir de la branche Ahrar-al-Cham, mouvement salafiste, (page 240) au cours duquel, elle sentait la sueur perlée sous son abaya d'autant que ce djihadiste, ignorant son identité, lui martelait « les alaouites sont des apostats, ils méritent la mort ».
Je termine avec un passage de Samar « Ecrire est une voie vers la conscience à travers ses relations complexes avec la mort. C'est une reproduction de la vie, un défi courageux à la mort. Mais aussi une défaite car, pour finir, la mort, avec toutes ses questions difficiles, représente à la fois l'impulsion de l'écriture et sa source. C'est une défaite courageuse. »

Commenter  J’apprécie          4312
Attention, coup de coeur, mais un coup de coeur bouleversant, difficile. Âmes sensibles s'abstenir ! Si vous êtes plutôt, en ce moment, à la recherche d'une lecture plaisir, passez votre chemin.

Une lecture éprouvante, douloureuse, bouleversante, c'est certain, mais une lecture nécessaire, attachante aussi... J'ai eu l'impression d'écouter Christina Lamb, co-auteur de Nujeen et correspondante de guerre, que j'ai eu la chance de rencontrer grâce à Babelio, et qui nous raconté l'horreur des événements syriens.
L'horreur est dans ces pages, sensibles, presque insoutenables, formidablement bien écrites, émouvantes et empreintes d'une rude vérité, de détails et d'une analyse très poussée sur ce qui se passe en Syrie. le printemps arabe n'a pas fonctionné en Syrie, et c'est une pluie de violences qui s'est abattue sur ce pays. Samar Yazbek est en exil à Paris depuis juin 2011. Dans ce récit, elle nous raconte ces trois retours en Syrie, de 2012 à 2015, clandestine dans son propre pays, trois retours pour lesquels elles risquent sa vie, trois retours qu'elle affronte courageusement, dans le but de reporter ce qu'il advient de son pays, de mener ses missions humanitaires auprès des femmes syriennes, de soutenir les radios locales pour que les choses continuent, parce que la vie continue, doit continuer, trois retours qui témoignent d'une montée en puissance dans l'horreur.
L'émotion est présente dans chaque page.
C'est une très belle leçon de courage, de force et de résilience que nous offre Samar Yazbek, pour révéler au monde ce qui se passe là-bas, où les morts se comptent par milliers et dénoncer l'absurdité et la douleur de la guerre. Elle écrit «au nom d'un peuple fantôme, d'un pays défunt», elle nous décrit de véritables champs de guerre, met à jour toutes les atrocités dont l'homme est capable en temps de guerre. Elle recueille des témoignages tous aussi difficiles à lire les uns que les autres, tous empreints d'une vive émotion, elle relate la tragédie que les syriens affronte chaque jour et de récits en récits, c'est en enfer que nous nous retrouvons, elle raconte le combat contre l'injustice et le despotisme d'Assad, les combats menés par les rebelles pour revendiquer un soupçon de libertés et de paix, pour que leur dignité ne soit pas écrasée, elle évoque les déserteurs des "unités spéciales", ceux qui refusent de violer, massacrer, pilonner, torturer ... elle raconte la vraie vie, celle de ceux qui ne veulent pas quitter leur pays et qui tentent d'y survivre...ce n'est pas un roman, la mort fait partie intégrante de la vie...là-bas «Il n'y a qu'un seul vainqueur en Syrie, la mort.»

«J'entrevis un nouveau cercle de l'enfer. Pas seulement un purgatoire où erraient des sans-abris, mais un endroit maudit créé par le diable en personne. [...] Des maisons détruites, rasées. Une volonté de destruction totale, telle une machine à remonter le temps, venait de renvoyer à l'âge de pierre.»

Son but est aussi de nous faire comprendre la situation d'injustice et de violence dans laquelle se trouve la Syrie aujourd'hui.

«On préférerait nous considérer comme des sauvages, sans le moindre entendement. Ils ramenaient tout à l'extrémisme islamiste. La conséquence, c'est que tous les gouvernements et les peuples laissaient se poursuivre ce conflit d'une dangereuse sauvagerie. [...] Je revenais [en Syrie] et chaque fois j'étais saisie d'un sentiment de colère et de découragement face à l'immense injustice dont notre cause et nous-mêmes étions victimes.»

«L'ignorance est le fondement de l'extrémisme.»

Bravo Samar Yazbek pour votre engagement, votre témoignage.

Face à ces récits, à cette violence décrite, à ces meurtres quotidiens, il est difficile d'imaginer un futur optimiste pour ce pays en perdition.

Je remercie la "surprise" du café gourmand de décembre, organisé par ma ville, qui m'a permis de découvrir ce douloureux témoignage.

Lien : https://seriallectrice.blogs..
Commenter  J’apprécie          205
Svetlana Alexeievitch, Asli Erdogan, Samar Yazbek. Un fil les relie. Elles sont des écrivaines qui touchent au coeur, elles des témoins directs ou indirects. Et elles ont un regard de femmes.
J'aurais plutôt tendance à considérer que les créateurs, et les humains en général, ne sont pas forcément marqués par le genre, qu'avant d'être homme ou femme, homme et femme, ils ou elles sont avant tout humains.
Mais ici, dans les conditions limites qui sont décrites, le fait d'être une femme détermine fortement la position à partir de laquelle le témoignage va pouvoir être prononcé. Très concrètement. Pour Samar Yazbek, cela se marque par la simple possibilité de se déplacer, de rencontrer qui elle veut rencontrer. Il faut dire que les récits et les témoignages qu'elle rapporte datent de 2012 et 2013 en Syrie, au moment où la révolution syrienne commence à être confisquée par les groupes djihadistes. Journaliste syrienne, alaouite, réfugiée à Paris, elle effectue trois séjours successifs qui sont autant de portes du néant. La lecture de ces récits et témoignages est éprouvante. L'horreur, la cruauté, l'insécurité permanente, et par dessus le désespoir, mais un désespoir qui pousse paradoxalement à agir. On ne voit plus les reportages télévisés sur la Syrie du même oeil après cette lecture. On a touché une autre réalité, que l'on voudrait ne pas faire partie de notre humanité mais qui en fait partie pourtant. Car les trois écrivaines sont par dessus tout des écrivaines. Oh combien!
Commenter  J’apprécie          180
A plusieurs reprises, j'ai failli abandonner : trop de scènes insoutenables. Enfants écrasés sous des décombres, femmes violées, enlevées, assassinées, cadavres d'hommes jonchant les rues des villes et chaque jour la même chose. Chaque jour, un ciel qui s'assombrit et lâche sur les civils barils d'explosifs, obus, roquettes, bombes à fragmentation… Au sol, c'est le carnage, le fin du monde, les cris, le sang, les larmes, la peur, la mort. Et chaque jour, le ciel s'assombrit de nouveau. Chaque jour.
A plusieurs reprises, j'ai failli abandonner. Mais j'ai poursuivi parce que je me suis dit que si Samar Yazbek avait risqué sa vie pour décrire ce qu'elle a vu, je me devais de lire son témoignage, je me devais de savoir ce qui se passait là-bas, d'ouvrir les yeux pour comprendre l'enfer d'où venaient les réfugiés qui épuisent leurs dernières forces le long des routes.
Si nous tous nous savions cela, peut-être n'oserions-nous même pas penser une seule seconde ériger un mur entre eux et nous, peut-être au contraire ferions-nous tout notre possible pour les accueillir, le mieux possible. Si nous tous savions ce qu'ils ont vécu, alors notre regard serait différent.
Là-bas. Là-bas, il y avait un beau pays qui s'appelait la Syrie. Samar Yazbek y est née en 1970 dans la ville de Jableh mais elle a dû le quitter en juin 2011. Elle a dû s'exiler.
Loin de son pays et de son peuple, elle s'est sentie déracinée, inutile, comme morte. Alors, elle a préféré y retourner, risquer sa vie pour témoigner, dire au monde ce qu'elle a vu, entendu, senti. Lorsqu'elle a pris son crayon, elle s'est dit que les mots ne seraient pas à la hauteur, qu'ils ne pourraient en aucun cas traduire l'horreur absolue : « Évoquer ce qui se passait semblait absurde et frivole. Mes doigts se paralysaient, mon esprit se figeait. Ce blocage, cette paralysie, m'empêchait de reprendre mes notes, de plonger dans mes entretiens. Impossible de me débarrasser de ce sentiment de futilité. L'énormité de l'injustice, les massacres quotidiens m'avaient laissée sans voix. Je crus qu'il me faudrait une éternité pour retrouver ma capacité à écrire. »
Samar retourne clandestinement trois fois en Syrie en passant sous les barbelés de la frontière turque : en août 2012, février 2013, juillet-août 2013.
J'ai une admiration absolue pour cette femme qui repart sans cesse, risque à tout moment de mourir, en a parfaitement conscience mais repart quand même car elle a l'intime conviction que son rôle, sa mission est d'être là-bas, parmi les combattants, parmi les Syriens afin de les aider à faire face en mettant en place des projets humanitaires et en prenant des notes, comme un greffier de la guerre, pour dire au monde ce qu'elle a vu, ce qu'on lui a raconté. Elle a promis de dire, elle le fera. le monde entier connaîtra la tragédie syrienne.
Au départ, au mois de mars 2011, éclate une révolte populaire pacifique, un souffle démocratique s'empare du pays : « Nous étions convaincus de pouvoir faire tomber le régime grâce aux grèves et aux manifestations. Nous n'avions pas prévu la suite des événements… et nous avons pris les armes. » expliquera Raed. Puis, c'est l'engrenage, la lutte de ce qui deviendra l'Armée Syrienne Libre contre les troupes de Bachar al-Assad et les groupes djihadistes extrémistes qui en profitent pour occuper le territoire. Un conflit compliqué qui se transforme vite en guerre religieuse, une espèce de monstre incontrôlable à deux têtes. Et au fond, le sentiment terrible d'une révolution volée, détournée, détruite, confisquée. Un rêve avorté.
Pour des civils peu armés, la tâche est insurmontable.
Alors, le quotidien devient vite un enfer : pénurie alimentaire, coupure d'eau, d'électricité, absence de médicaments, de médecins, pillages, bombardements à répétition, enlèvements, tortures, blessés et morts en grand nombre. Vivre caché. Un enfer sans fond, un trou noir proche de la mort. L'insoutenable. « Comment vais-je pouvoir écrire toute cette dévastation ? » se demande Samar. « Lire que des barils d'explosifs et des obus sont tombés pendant dix jours sans interruption dans la ville où vous avez vécu n'a rien à voir avec la vraie vie sous les bombardements. Depuis un an, Saraqeb est pilonnée tous les jours. Voir les cadavres amoncelés sous les décombres, ce n'est pas les toucher. L'odeur de la terre après l'explosion d'une bombe à fragmentation ne se transmet pas par le biais des photos et des vidéos diffusées par les militants qui sont en vie et capturent les événements par l'image. Où est la puanteur ? La panique dans les yeux des mères ? Ce bref moment de silence et de choc après chaque déflagration ? »
Et malgré les bombes qui tombent, Samar se déplace, interroge les gens sans cesse, sans relâche, bravant la mort qui la guette à chaque coin de rue.
Elle donne la parole à ceux qui n'ont pas de voix, elle se fait la voix des autres, de ceux qui sont restés là-bas, vivants ou morts, de ceux dont on ne parle pas, refusant par là même de les laisser tomber dans l'oubli.
Dans la terre rouge et brûlante de Syrie, entre un olivier un peu tordu et un vieux cyprès, le texte de Samar Yazbek est la petite fleur jaune qui pousse parmi les ruines et la rocaille.
Cette fleur s'appelle l'espoir...
Des gens comme Samar Yazbek l'arrosent un peu chaque jour…

Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
Commenter  J’apprécie          160
Ce livre ne fut pas facile à lire, il n'est pas facile à chroniquer. Ce n'est rien par rapport aux difficultés rencontrées par Samar Yaznek non seulement pour écrire, mais aussi pour témoigner de ce qui se passe en Syrie.
Samar Yaznek est une opposante au régime de Bachar El-Assad. Elle a dû quitter son pays, pas seulement pour se protéger, mais aussi pour protéger sa fille. Seulement, pour témoigner de ce qui se passait dans son pays, elle y retourna, clandestinement, et écrivit ce témoignage.
Il se compose de trois parties, pour trois voyages clandestins. La dernière partie est la plus longue, celle qui comporte plus de témoignages étendus non seulement des habitants de Syrie, mais aussi des combattants. Toutes sont cependant aussi importantes à lire, parce qu'elles montrent l'évolution, ou plutôt la dégradation de la situation en Syrie. le mot « précarité » me paraît trop faible pour désigner la situation des femmes, des enfants.
L'auteure parle, oui, apparaît dans le récit, fait part de ses émotions, mais toujours elle s'efface devant la parole, brute, des personnes qu'elle rencontre. Peu de descriptions, sinon celles des destructions, des bombardements. Des portraits, celles de figures fortes qui l'accompagnèrent dans son périple, ou au contraire des personnes qu'elle ne croisa qu'une fois et dont elle montre les douleurs, les blessures, les mutilations. La mort est omniprésente, et peut survenir n'importe quand.
Les portes du néant ou l'oeuvre d'une écrivain engagée pour la cause des habitants de son pays.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
Commenter  J’apprécie          130
Ce livre est dur, très dur, parfois à la limite du supportable... et pourtant il ne fait que raconter et rapporter ce que subit le peuple syrien depuis de nombreuses années. L'auteur apporte un éclairage intéressant à cette guerre fratricide et donne voix à ces milliers de rebelles assoiffée de liberté et de démocratie. Leur tentative de créer un état libre et laïc dans les zones libérées est remplie d'espoir.

Une belle leçon et un témoignage poignant de cette guerre qui se déroule sous nos yeux impuissants.
Commenter  J’apprécie          100
Les portes de néant est un témoignage. Celui de Samar Yazbek, une syrienne ayant quitté son pays en 2011 après sa participation au mouvement d'opposition contre Bachar al-Assad, mais qui y est retournée clandestinement à trois reprises dans les deux années qui ont suivi. Son témoignage est poignant et il montre comment les combattants pour une Syrie démocratique se sont vu voler leur révolution par les mouvements islamistes. Lors de ses retours en Syrie pour y aider les femmes à participer à la démocratisation et à la renaissance du pays, Samar Yazbek s'est retrouvée au coeur des combats, des bombardements, et a interrogé différents intervenants. Dans son livre, elle rend compte de ce qu'est devenu le nord de la Syrie et de l'absence totale d'espoir pour ceux qui voulaient seulement vivre dans un pays démocratique… Ce livre est bouleversant, non seulement par les témoignages des personnes restées sur place, mais également par le désarroi de cette journaliste qui n'a plus sa place nulle part, ni dans son pays d'origine, ni dans son pays d'exil qu'elle a quitté trois fois pour retourner dans l'enfer syrien.
Commenter  J’apprécie          100
Samar Yazbek nous délivre un témoignage puissant et riche sur la réalité de la guerre en Syrie et l'enfer vécu par ses habitants.

Cependant, je reconnais ne pas avoir été totalement emballée.
J'ai ressenti une froideur de l'autrice qui, tout en décrivant objectivement les scènes auxquelles elle a assisté, a gardé une distance qui transparaît à travers certains détails sur lesquels elle s'arrête, le physique des rebelles par exemple.
Par ailleurs, je me suis parfois perdue entre les différents groupes en action, les différents intervenants l'accompagnant. le glossaire en fin d'ouvrage, que je n'ai découvert qu'après avoir terminé ma lecture, est loin d'être suffisant pour maîtriser la complexité de la réalité, les liens entre les rebelles, les factions islamistes et l'EI, la position des Alaouites, dont elle fait partie.
Enfin, la répétition de situations similaires à chaque voyage finit par banaliser l'horreur vécue par chacun que l'on perd de vue.

Un livre utile, certes, mais il m'a manqué quelque chose qui fait que je suis passée à côté.

Challenge ABC 2020/2021
Commenter  J’apprécie          90
Challenge ABC 2017-2018
16/26

En exil en France, pour se protéger et protéger sa fille, Samar Yazbek ne se résout pas à vivre loin de son pays en guerre, la Syrie. Elle y retournera 3 fois, au début du conflit, avant que cela ne devienne trop dangereux pour elle parce que femme, alaouite et journaliste (tiercé gagnant, ordre ou désordre, je ne sais pas).
Néanmoins, les évolutions sont flagrantes en 1 an : intensification de la répression des civils avec des armes extrêmement destructrices (les fameux barils d'explosifs), amoindrissement du soutien envers les premiers rebelles, souvent pacifiques, et surtout apparitions des groupes extrémistes étrangers.
Son essai montre de manière claire les différentes évolutions qu'a connu la guerre en Syrie au début des affrontements, du risque que cela faisait courir aux populations civiles. Elle recontextualise le début des affrontements, des manifestations pacifiques à la prise des armes, événements qui nous ont parfois échappé, tant nous pensions que cela se passerait comme en Egypte ou en Tunisie. Et surtout, elle parle bien non pas de notre aveuglement mais bien du fiat que le régime est soutenu par des grandes puissances, qui se servent de la Syrie comme terrain d'affrontement (Guerre Froide quand tu nous tient...)
Et enfin, elle pense aux victimes, et notamment les femmes. Car si la grande majorité savent lire et écrire, certaines sont diplômées mais ne travaillent, surtout les régions rurales du nord. Mais avec le veuvage ou les maris au front, la question de la subsistance se pose. Elle vient aider à la mise en place d'atelier, d'écoles pour les enfants pour aider ses femmes. Mais elle reste lucide : il faut à la fois respecter les traditions (pas de travail en dehors de la maison) et s'inquiète de la montée des extrémistes, dont elle connait les premières victimes. Un commandant ne lui dit-il pas que le plus important est que les femmes portent le hidjab ?
Un essai et un témoignage au plus près de la Syrie quotidienne, parfois difficile à lire à cause de certaines situations. Elle se met en danger, volontairement ou non, pour porter les voix de ces hommes et femmes qui se battent pour un idéal démocratique et laïc.
Commenter  J’apprécie          70
J'ai voulu lire jusqu'à la dernière ligne. Mais c'était une lecture fractionnée, quelques pages, avant de reprendre le lendemain. Chaque page est terrible, mais ce témoignage qui décrit une situation insoutenable, est indispensable pour comprendre ce que fuient des millions de Syriens. Samar Yazbek, journaliste syrienne en exil, retourne par trois fois en 2012 et 2013 dans le nord de son pays pour témoigner, elle partage le quotidien de civils, elle rencontre des hommes qui combattent dans les différents camps, et elle soutient les associations de femmes qui se battent pour nourrir et éduquer leurs enfants. Elle rend palpable dans toute sa violence et son absurdité cette guerre meurtrière. Une population prise en otage entre les bombardements de l'armée régulière qui tuent et mutilent ses co-citoyens, et la colonisation par des djihadistes souvent étrangers qui imposent la charia et se comportent en barbares. Samar Yazbek pose des mots sur l'indicible, et sur les conditions de survie d'hommes et de femmes confrontés au quotidien à la barbarie.
Commenter  J’apprécie          61




Lecteurs (226) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3205 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}