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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce roman n'est pas un polar mais est d'un autre genre que l'on appelle roman du crime.
Roman contemporain dont les actions se déroulent en 2001 dans la préfecture de Fukuoka, préfecture du Japon située au nord de l'île de Kyūshū.
Yoshino est étranglée au col de Mitsube, c'est la nuit, il neige. Au fil des pages, Yoshida Shuichi raconte les faits qui ont précédé et provoqué le meurtre de Yoshino ainsi que les vies bouleversées des personnages impliqués et de leur entourage.
J'ai grandement apprécié l'écriture de Yoshida Shuichi, je me suis immergée dans cette histoire habilement racontée. À lire par les amateurs de littérature japonaise !
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Etoiles Notabénistes : *****

Akunin
Traduction : Gérard Siary & Mieko Nakajima-Siary

ISBN : 9782809709995

Auteur atypique, Yoshida Shûichi n'est pas, à proprement parler, un auteur de polars. Disons qu'il est plutôt de ces romanciers qui s'appuient sur un genre bien précis (ici le policier) pour nous faire découvrir, plus qu'un assassin, toute une foule de gens et surtout les différentes nuances qui font de nous non pas des "bons" et des "mauvais" ou tout blancs, ou tout noirs, mais bien plus souvent, en fonction des aléas de notre existence et aussi de notre libre-arbitre, des êtres plus gris certes mais aussi bien plus complexes.

Déjà, si vous prenez le titre japonais, comme nous l'indique Gérard Siary dans sa postface, vous n'obtenez pas littéralement "Le" Mauvais mais "Les" Mauvais. A la limite, ne pourrait-on pas interpréter ce que nous voyons dans ce livre, et ce qu'y voient les personnages, comme "le" mauvais, au sens de "ce qui est mauvais", chez vous, chez lui, chez moi ? ...

Evidemment, il y a crime. L'assassinat, par strangulation, de Ishibashi Yoshino, une jeune fille plutôt mignonne qui, après un cycle universitaire court, est devenue agent d'assurances à Fukuoka. le corps est retrouvé au col de Mitsuse, un endroit qui, de l'avis général, de jour comme de nuit, à certains endroits, se signale par son caractère plutôt inquiétant. Seulement voilà, il est impossible que Yoshino ait fait à pied tout le chemin pour se rendre en pareil lieu. Quelqu'un l'y a amenée. En voiture. Et tout laisse supposer que ce conducteur est l'assassin.

En quatre parties bien distinctes et un épilogue, l'auteur nous invite à nous pencher tout d'abord sur la victime. La méthode a fait ses preuves : si l'on apprend tout - ou presque - sur la victime, on ne tarde pas, en principe, à arriver à son assassin. le lecteur réalise donc déjà assez vite que Yushino avait plutôt honte de ses origines - son père et sa mère tiennent un salon de coiffure, dans un petit village - et que son manque d'expérience dans le métier qu'elle avait choisi faute de mieux ne lui avait apporté pour l'instant que peu de contrats. Elle sortait avec des collègues de travail, Sari et Mako, mais celles-ci affirment que, depuis peu, elle avait pour boy-friend l'héritier d'une juteuse chaîne de "love-hotels" de luxe.

Ce que Sari et Mako ignorent, c'est que, si elle était bien amoureuse de ce garçon, Masuo, rencontré dans un bar tout à fait par hasard (à moins que ce ne fût de la fortune dont il était censé hériter un jour), Yushino ne faisait que lui envoyer des textos, auxquels il répondait poliment, sans plus. En revanche, elle s'était inscrite sur un site de rencontres et, bien que n'ayant en rien le statut d'une call-girl, se faisait donner "de l'argent de poche" par les malheureux qui tombaient sous son charme. Parmi eux, un certain Yûichi qui, lui aussi, va se retrouver mêlé à l'affaire tandis que Masuo, "blouson doré" d'une lâcheté exceptionnelle, prend la fuite avant même que l'enquête n'ait démarré, ce qui incite bien sûr la police et l'entourage de la victime à voir en lui l'assassin.

Mais est-ce bien lui, notre "Mauvais" ? ...

Plus qu'un policier, bien éloigné, à notre avis, du polar, classique ou pas, "Le Mauvais" tient surtout du roman psychologique qui déploie pour nous les fastes d'une galerie de miroirs déformants devant lesquels passent et repassent sans cesse les protagonistes. le tout sous une série labyrinthique et traîtresse de projecteurs dont la lumière oscille, change de couleur, baisse ou augmente, selon la volonté de l'auteur. Et je ne vous dis rien ni des ombres, ni des angles morts artistiquement semés çà et là pour prendre au piège le lecteur ...

A travers le drame du col de Mitsuse, c'est celui de l'Âme humaine qui est en jeu par le prisme de notre regard et en fonction de ce que nous savons, ou croyons savoir, des images reflétées par les miroirs. Yoshida Shûichi traque les zones d'ombres de chacun de ses personnages, nous renvoyant aux nôtres. Si, au départ, l'on a parfois un peu de peine à "accrocher", avec un petit effort, on se laisse embarquer dans cette barque étrange et fragile, qui nous emporte en principe vers la résolution d'un crime et la condamnation d'un meurtrier ignoble. Seulement, à la fin, tout se trouble à nouveau et les miroirs se fendillent, éclatent, explosent.

"Le Mauvais", quelque signification que nous donnions à ce titre, où est-il en fait ? Sommes-nous bien sûrs de l'avoir repéré et de ne pas avoir laissé passer, dans les mailles de notre filet dont nous étions pourtant si fiers, un ou deux, deux ou trois autres "Mauvais" ? D'un autre genre, peut-être mais profondément mauvais quand même ... Un en tous cas, c'est certain.

Bonne lecture. ;o)
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Au bout de trente pages, j'étais déjà plongée dans les affres de la jeunesse japonaise. le lecteur sait qui va être tué, où et comment – reste à savoir qui et pourquoi.
Nous rencontrons des jeunes filles qui se veulent indépendantes, avec des amours à vivre avant de trouver un mari. Elles ont fait des études médiocres, elles ont obtenu un travail tout aussi médiocre. Parfois, la société qui les emploie les aide financièrement pour se loger, ce qui leur permet d'être indépendantes de leur famille, tout en vivant, finalement, en vase clos. D'autres jeunes gens, au contraire, vivent toujours avec leur famille, parce qu'ils s'aident mutuellement, parce que les liens entre eux sont forts, parce qu'ils n'ont pas vraiment le choix, finalement.
La crise économique a aussi touché le Japon, même si l'on n'en est pas forcément conscient, en France. L'impact est partout, il faut compter, toujours, pour acheter ses légumes, son riz, pour se déplacer, ayant le choix entre un itinéraire en train bref mais onéreux, et un autre long mais moins coûteux. Des exemples parmi d'autres.
Les personnages ne sont pas désespérés, non, disons plutôt qu'ils ont appris à vivre sans espoir. Ils n'imaginent pas vraiment que leur situation puisse être meilleure, simplement qu'elle reste telle qu'elle est, en une routine supportable. A défaut d'avoir la vie que l'on veut, on peut rêver sa vie. Personne n'est dupe, ou pas vraiment, des vies que s'inventent ces jeunes femmes. La sexualité ? Elle se monnaie, parfois âprement, faisant payer à l'homme la moindre des dépenses. D'autres travaillent à plein temps dans ce domaine, parce que, finalement, elles ne savent faire que cela. Ce qu'en pensent leurs familles ? Elles ne le savent pas, puis, les familles ne semblent guère être unies. Désir d'indépendance des enfants, focalisation des parents sur le fils, le petit-fils, et non sur leurs filles – faut-il y voir là aussi une cause de ses errances ? Peut-être.
Au milieu de ce portrait très sombre du Japon, j'en viendrai presque à oublier l'enquête policière. Oui, le « mauvais » est arrêté, oui l'on saura dans l'épilogue qui lui donne la parole pourquoi il a agi ainsi – du moins, l'on saura pourquoi lui pense avoir agi ainsi, ce qui n'est pas exactement la même chose.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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Un magnifique roman noir ! le récit débute dans un style très factuel, presque dérangeant tant il est concret - les premières pages sont une description de route, avec la liste des grandes surfaces la bordant -, quelque part entre le rapport de police et la description naturaliste. Puis, très rapidement, l'auteur prend le point de vue des différents personnages, en respectant toujours ce parti pris d'écriture factuelle, qui cependant s'enrichit et s'étoffe de ces différentes perspectives. L'intrigue policière est assez légère : on sait dès la fin du premier chapitre qui est l'assassin, même si le doute subsiste jusqu'au milieu du roman. le récit est celui des circonstances qui ont mené au drame, la manière dont les rêves non assumés et les lâchetés des uns et des autres ont provoqué l'assassinat d'une jeune fille. Dans ce jeu de miroirs, le titre, énigmatique, pousse le lecteur à s'interroger : le mauvais, est-ce l'assassin, victime du traumatisme de son enfance ? L'homme qui a abandonné sur un col désert une jeune femme amoureuse de lui, par simple mépris ? La jeune femme tombée dans la prostitution ? le roman ne répond pas à ces questions, laissant ouverte plusieurs interprétations. Il dresse également un magnifique tableau d'une province japonaise contemporaine désenchantée et d'une société en manque de valeur.
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Apparences, mensonges et plus que tout, solitude. Voilà une histoire de fait divers tournant en fresque sociale glaçante qui laisse peu d'espoir pour tous les protagonistes. Ni personne d'autre d'ailleurs. J'avoue ne plus savoir ce qui est apparence, pur mensonge ou vérité à la fin de ma lecture...
Encore un roman japonais bien noir, comme je les aime. Excellent.
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Roman policier mêlant les points de vue d'une petite dizaine de personnages. L'ensemble se tient bien et est assez rythmé. La fin est très bien trouvée selon moi. L'écriture est simple mais efficace.
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Voici un autre roman japonais que j'avais trouvé au salon du livre. Yoshida est un auteur très connu au Japon puisqu'il a obtenu le prix Akutagawa pour son roman Park Life. le prix Akutagawa est une sorte de Goncourt pour lancer de nouveaux auteurs. le Mauvais est l'un des derniers romans qu'il a écrit parmi la dizaine à son actif.

Sur l'île de Kyushu, l'histoire commence par un meurtre au col de Mitsuse. Une jeune femme a été étranglée et abandonnée sur le bas côté. L'enquête policière se met en place doucement en étudiant les relations de la victime. Il apparaît bien vite qu'elle utilisait internet pour rencontrer des hommes et se faisait payer pour passer la soirée avec eux. de quoi arrondir ses fins de mois pour une employée dans les assurances...

C'est un roman un peu spécial, découpé en cinq chapitres, on adopte tout d'abord le point de vue de la victime et on suit l'enquête policière. La narration nous montre ensuite le point de vue d'un jeune homme Yuîchi Shimizu qu'on soupçonne avoir un rapport avec le meurtre. Par la suite, on repart un peu sur l'enquête policière pour finir sur une sorte de road-movie... D'une certaine manière, l'auteur essaye de nous montrer que le mauvais n'est pas celui qu'on pense. Une sorte de rejet de la vision noir et blanc du bien et du mal. de ce fait, le roman est à la fois dérangeant et plutôt prenant puisqu'on se demande bien comment tout cela va pouvoir finir. Ceci dit, je le réserverai malgré tout à des amateurs de littérature japonaise qui n'en sont pas à leur coup d'essai... le roman pourrait tout aussi bien vous décevoir et vous dégoûter de celle-ci. A vous d'essayer si le coeur vous en dit.
Lien : http://nekobus.wasabout.net/..
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J'ai aimé lire ce roman qui m'a tenue en haleine tout comme l'a fait un autre roman du même auteur, "Parade" (que je recommande).
J'apprécie le fait que l'auteur choisisse d'utiliser les points de vue de plusieurs personnages et qu'il essaie à chaque fois de le faire avec un style un peu différent pour donner de la personnalité à ses personnages (procédé qu'il a aussi utilisé dans "Parade").

Le personnages de Yûichi m'a plu par son ambiguïté et son érotisme, mais j'ai été très déçue par l'épilogue qui en voulant "résoudre" l'intrigue diminue justement l'opacité de ce personnage et lui retire donc sa particularité et son intérêt en tant que personnage insaisissable.
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