Au Japon, en 1945, le jeune Takuya est recherché par les alliés pour avoir décapité un pilote de B29, un américain parmi tous ceux qui ont tué des milliers de civils japonais pendant des raids. Commence alors une longue fuite pour Takuya qui garde tout son sens de l'honneur en pensant avoir fait son devoir, mais est poursuivi et menacé de pendaison.
Le fonds historique nous rappelle, mais l'avons-nous oublié avec les conflits actuels, que la guerre frappe d'abord et surtout des civils. Et les "crimes" de Tekuya lui semblent bien peu de choses face aux milliers de personnes innocentes tuées par ces B29.
Yoshimura réussit à mêler la vie de Tekuya, ses angoisses, ses sentiments, son errance, aux événements de l'Histoire. le bombardement d'Hiroshima est perçu par lui comme « un curieux bruit, comme si on déchirait du papier, aussitôt suivi d'un choc étrange qui fit vibrer l'air autour de lui […] le bruit était différent d'une bombe qui explose. Il pensa qu'il s'agissait d'un lointain coup de tonnerre ». (p. 81)
Je cite un critique littéraire qui écrit : "Le livre pose la question, toujours d'actualité : tuer sous les ordres fait-il d'un soldat un criminel, « un ennemi de l'humanité, un détestable monstre de violence » (p. 150) ? Takuya n'a fait qu'obéir, il éprouve ni colère ni peur devant ce paradoxe qu'il ne comprend pas : « du côté des forces alliées, les soldats qui avaient tué des civils japonais étaient considérés comme des héros, alors que l'on voulait une mort offensante pour eux, les vaincus » (p. 32). C'est toute la question des partis pris, comme aujourd'hui encore malheureusement avec les morts de quelques Occidents en Irak ou en Israël, masquant celles de centaines de civils Irakiens et Palestiniens…"