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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
15 août 1945, suite aux pertes considérables de l'armée japonaise, des attaques incessantes des forces américaines et à l'explosion des bombes sur Hiroshima et Nagasaki, l'empereur Hirohito annonce la capitulation du Japon. Au même moment, sur l'île de Kyushu au sud de l'archipel, au quartier général du commandement de l'armée de l'Ouest, le jeune lieutenant Kiyahana Takuya, écoute sidéré l'annonce radiodiffusée de la reddition. Dans les mêmes bâtiments où il se trouve, plusieurs membres d'équipages de B29 américains sont détenus. Ordre est donné de les exécuter tous. Takuya décide de se porter volontaire pour la décapitation… Quelques semaines plus tard, les autorités américaines en place décident d'établir les responsabilités sur la mise à mort des soldats américains faits prisonniers. Alors que les arrestations, les procès et les exécutions débutent, Takuya est obligé de s'enfuir.

"Toi hi no senso" (La guerre des jours lointains) paraît au Japon en 1978. Dans ce roman Akira Yoshimura décrit avec une grande précision une période qui reste encore trouble dans la conscience collective du peuple japonais, celui qui a connu la défaite puis l'occupation par les autorités américaines.
Au travers de son personnage central l'officier Kiyahana Takuya, l'auteur ne tente pas de réécrire l'histoire, il se garde de tout jugement simple et définitif sur la période et sur tous ceux qui l'ont vécue. Même s'il conserve une vraie rigueur dans la description des évènements qui ont précédé et suivi la capitulation du Japon, Akira Yoshimura ne dresse pas à proprement parler un réquisitoire contre la guerre. Tout au long de son récit, il conserve une certaine distance pour mieux décrire l'histoire des hommes et des femmes, l'histoire de plusieurs destins qui se sont croisés, rencontrés, éloignés, perdus.

C'est entre les lignes et au travers des personnages du roman, qu'il faut chercher et trouver le vrai propos d'Akira Yoshimura.
La guerre des jours lointains interroge sans cesse sur les valeurs morales qui animent les individus et toute une société en temps de guerre : il y a la terreur ressentie face à la faculté qu'a la nature humaine, non seulement à oublier, mais pire encore, à reproduire ses erreurs. le portrait et le parcours de Takuya sont saisissants et agissent comme un révélateur des consciences égarées des individus, des peuples touchés par la guerre. La peur, la lâcheté, la culpabilité, l'impunité, l'oubli, la solitude, l'angoisse, l'espoir et le pardon aussi.

Avec La Guerre des jours lointains, Akira Yoshimura a écrit un roman remarquable dans son contenu, sa construction mais aussi dans son style. Un roman inoubliable qui, de bout en bout, éveille la conscience et la sensibilité du lecteur.
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Takuya, officier dans l'armée de l'ouest s'est porté volontaire pour l'exécution de prisonniers militaires, mais cette exécution a lieu après la reddition du Japon. Plusieurs mois plus tard, dans un Japon dévasté, où pénurie, marché noir et inflation sévissent et s'entretiennent mutuellement, Takuya doit prendre la fuite, les autorités américaines vainqueures, déclenchant des recherches pour punir les crimes de guerre. Va s'ensuivre une fuite pendant laquelle Takuya va éprouver la sincérité des sentiments de ses parents, la lâcheté, le courage, le désintérêt ou l'entraide de la part d'inconnus.
Au delà de cette fuite, Akira Yoshimura nous relate avec La guerre des jours lointains, la situation post-guerre où les vaincus se voient dépossédés et humiliés, où le Japon voit ses villes ravagées par les bombes incendiaires qui font des milliers de victimes, puis deux bombes atomiques, qui tombe sous la coupe de la justice américaine qui réprime sévèrement les crimes de guerre mais qui au fil du jeu des alliances politiques va adoucir sa politique de répression. Dans ce jeu politique faussé, Takuya analysera, à son échelle, les évènements pour tenter de survivre et surtout comprendre comment vivre dans ce nouvel équilibre.
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Amis lecteurs amateurs de romans primesautiers, de bluettes sentimentales ou de comédies légères,… passez votre chemin ! La guerre des jours lointains est un roman sombre qui parle de guerre, comme son nom l'indique, mais aussi de culpabilité et d'honneur, un roman grave.
Au lendemain de la capitulation de l'empereur, les héros d'hier, les valeureux officiers nippons imprégnés de l'honneur de servir leur pays, se retrouvent tout à coup catalogués « criminels de guerre ». Sous prétexte qu'ils n'ont pas hésité à décapiter les aviateurs américains prisonniers, les mêmes que ceux qui avaient largué leurs bombes sur Hiroshima et Nagasaki, les voici traqués par l'armée d'occupation américaine et condamnés à la pendaison.
C'est en substance ce qui arrive à Takura Kiyohara, obligé de fuir et de se cacher après qu'il a sur ordre exécuté un aviateur américain prisonnier de son régiment.
Dans un Japon exsangue dont les ressources ont été épuisées par la guerre, la famine fait rage, les habitants souffrent, les anciens officiers se cachent, désavoués par leur hiérarchie, et Takuya espère échapper à ses poursuivants.
C'est tout le thème de la culpabilité en temps de guerre qui est ici soulevé : est-il plus grave d'exécuter des officiers coupables de crimes ou de massacrer des populations civiles, des femmes et des enfants… ?
Il n'est pas question dans ce livre d'une préséance dans l'atrocité : l'auteur décrit et analyse de façon clinique les faits et gestes des belligérants, et livre une réflexion froide et détachée sur le crime en temps de guerre ainsi qu' une description saisissante d'un pays exsangue qui n'en peut plus.
La guerre est en général racontée par les vainqueurs et prend un autre sens lorsqu'elle est racontée par les vaincus.
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Livre qui m'a beaucoup plu car nous place dans la position d'un officier japonais à la fin de la 2ème guerre mondiale au moment de la défaite du Japon. Il n'est en effet pas courant que nous soyons placés du côté du vaincu japonais.

L'histoire traite d'un officier pourchassé pour crime de guerre après la guerre. Il est coupable d'avoir décapité un aviateur américain à la demande de ses supérieurs, tout en étant volontaire pour le faire.

Le livre est un débat ouvert sur la culpabilité des soldats durant une guerre. Doivent-ils être jugés responsables de leurs actes alors qu'ils tuent par ordre de leur officiers supérieurs? le débat reste ouvert mais est intéressant tant au niveau pénal que philosophique.

L'auteur réussit le tour de force de nous rendre ce 'criminel' humain et j'ai même éprouvé une certaine empathie pour lui (sans aller jusqu'à m'acheter un sabre de samouraï toutefois..).

Un vrai plaisir littéraire et de conscience que je vous conseille sans retenue.

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Ce roman débute à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Takuya, ancien officier dans la défense anti-aérienne se rend au quartier général à la demande d'un lieutenant. La carte qu'il lui a envoyée, quelques mots à peine, ne laisse rien présager de bon. Et effectivement, Shirasaka lui annonce que les Américains traquent sans relâche les criminels de guerre et qu'il doit fuir au plus vite sans quoi c'est la pendaison qui l'attend. Takuya a en effet participé à la décapitation au sabre de pilotes ayant bombardé les régions habitées par des civils...
L'officier ne peut plus compter que sur lui-même et traverse un Japon en ruines sous l'oppression de MacCarthur.

L'écriture est belle, poétique. La vision de la guerre vue par les militaires japonais, la surprise de ces bombes d'un caractère "nouveau", la réalité de la vie après guerre, la question des crimes de guerre : ces thématiques sont autant de raisons pour lesquelles j'ai trouvé ce livre passionnant.
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Défi ABC 2020-2021

Peut-on quantifier l'horreur? Comment rendre justice? Un roman palpitant, tout en retenue, d'une absolue pudeur et pourtant d'une violence parfois difficile à soutenir: ambiguïté magistrale, le personnage principal est un criminel de guerre en fuite, passé du statut de soldat modèle à celui de fugitif , sur fond de Japon après-guerre, de rationnement, de jugements et d'humiliations.


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Toi hi no senso
Traduction : Rose-Marie Makino-Fayolle

Hou ! là, c'est du lourd ! Ami lecteur, il te faudra t'accrocher fort, très, très fort même, si tu ne veux pas renoncer dès le deuxième ou troisième chapitre. Là, peut-être auras-tu l'impression d'avoir réussi un improbable marathon mais au moins auras-tu fait connaissance avec l'univers, sans complaisance et sans humour, de Yoshimura Akira. Cela ne signifie pas pour autant que tu seras tenté de le relire mais sait-on jamais ? ...

Quand il parut, à la fin des années soixante-dix, "La Guerre des Jours Lointains" fit un certain bruit dans le monde littéraire japonais parce que, pour la première fois, un auteur reconnu évoquait les crimes de guerre commis par l'armée nippone. le discours de Yoshimura vise à se montrer aussi précis que possible : à quel moment l'exécution de prisonniers devient-elle un crime ? si aucun officier ne donne d'ordre formel ? s'il en donne après un bombardement ennemi ? si l'exécuteur obéit à un sentiment personnel comme la colère ou le sadisme ? mais, s'il reste neutre en se contentant d'obéir à l'ordre donné, cela change-t-il quelque chose ? doit-il se sentir coupable ? doit-il se sentir fier ? doit-il ...

Pour illustrer ce propos aussi vaste que délicat et qu'il maintient tout de même dans la sphère des prisonniers exclusivement militaires, l'auteur nous fait partager la longue fuite de l'ex-officier Takuya Kiyohara. Certes, celui-ci fait preuve d'introspection - retourner tout ça dans sa tête, on parierait volontiers qu'il le fait même en rêve - mais d'où vient alors que le lecteur a tant de mal à s'attacher à son errance ? Ce n'est pas parce qu'on le trouve répugnant ou indigne, non. A réfléchir honnêtement, Takuya a agi en soldat et non en sadique. Evidemment, en tant que soldat japonais, il a usé du sabre traditionnel pou décapiter le soldat américain mais il n'a cherché en rien à ajouter à la souffrance de celui-ci en le torturant de quelque manière que ce soit. Qu'on le veuille ou non, l'ancien officier est un homme droit, et même rigide. Et c'est pour finir parce qu'on ne parvient pas, en dépit de tout, à percer la carapace qui est la sienne, cette tentation de s'absorber dans le silence, de se mettre en marge d'un univers qui, après tout, l'a laissé tomber après la défaite, qu'on considère ses états d'âme avec une relative indifférence.

Pour couronner le tout, le style de Yoshimura, à une précision quasi chirurgicale, ajoute une obsession du détail qui frise la grande névrose. Avant lui, j'ignorais comment, à la fin des années quarante, on fabriquait les allumettes ; mais maintenant, après avoir lu je ne sais plus combien de pages sur la question, je vous assure que je sais ! Et que vient faire la fabrication des allumettes dans cette histoire ? vous demanderez-vous sans doute. Eh ! bien, quand on vient l'arrêter, Takuya travaille depuis déjà quelques années dans une petite fabrique, voilà, voilà.

Que dire en conclusion ? Qu'il y a peu de dialogues et beaucoup de silences, que la note sentimentale est inexistante et que les personnages semblent souvent agir comme des marionnettes trop raides. A part cela, c'est vrai que les questions posées et les réponses éventuelles - que l'auteur ne présente jamais comme des vérités indiscutables, d'ailleurs - sont des plus intéressantes. Donc, à vous de voir. Je vous avouerai que, malgré tout le mal que j'ai eu à aller ici jusqu'au bout, je relirai certainement Yoshimura. Et comme je ne crois pas être plus maso que la moyenne, je pense que "La Guerre des Jours Lointains" signifie par conséquent quelque chose pour mon inconscient de lectrice boulimique. Mais quoi ? Pour l'instant, je ne l'ai peut-être pas encore compris ...
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Je savais avant de commencer la lecture de ce livre que s'atteler à la littérature japonaise et la guerre 40-45 de surcroit ne serait pas facile. "La guerre des pays lointains" est le premier livre, paru en 1978, traitant des crimes de guerre au Japon c'est à dire des exécutions de militaires américains prisonniers par des officiers japonais à la fin de la 2è guerre mondiale côté Pacifique (août 1945)..
Pendant toute l'histoire nous suivons l'officier Takuya KIYAHARA, chargé du contrôle des incursions aériennes ennemies y compris le lancer des deux bombes atomiques. L'Etat major japonais donne l'ordre d'exécuter dans une clairière lumineuse tous les aviateurs US récemment capturés . Sans trop trahir le récit, commence alors une longue fuite de l'officier à travers tout le Japon occupé par les Américains et une réflexion sur le sens de ce geste.
Mes craintes du début se sont rapidement estompées et j'ai été passionnée par cet ouvrage rude mais au style emmené qui traduit la vie au Japon juste après la guerre jusqu'en 1949. (lu en 2016)
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Au poste de commandement de l'Armée de l'ouest, Takuya Kiyohara est l'officier chargé de coordonner les informations des attaques aériennes.Il suit une à une les vagues de bombardier qui écrasent les villes sous un tonnerre de feu. "Le 28, trois mille deux cent dix appareils au total attaquèrent diverses régions du pays". Et témoin il comptabilise les villes détruites, les morts. "Il avait souvent entendu dire que telle ou telle ville avait été détruite par les bombes incendiaires, mais le spectacle horrible auquel il était confronté dépassait de loin tout ce qu'il aurait pu imaginer. Les flammes innombrables se pressaient en une immense déferlante en pleine tempête sur une mer démontée. Son visage était chaud comme s'il avait été brûlé." p73. Puis au matin du 6 août a plus de deux mille kilomètres il va ressentir l'onde de choc de la première bombe atomique.Le 15 août 1945, jour de la capitulation du Japon, il a, sur ordre de ses supérieurs, d'exécuter les pilotes de B29 prisonniers. Quelques semaines plus tard il apprend qu'il figure pour cette raison sur une liste de criminels de guerre menacés de pendaison. Il essaye de légitimer son geste : les pilotes de B29 ont lancé des bombes incendiaires sur les villes tuant la population, les ordres de ses supérieurs, il peut se rendre mais il choisit de fuir. Va-t-iil fuir toute sa vie ?

On suit la population qui survit dans les décombres de la guerre, la famine et le marché noir, l'occupant omniprésent. Puis la lente reconstruction pièce par pièce de la vie et de l'économie (la fabrique d'allumettes), le comportement des japonais qui se modifie face à la guerre perdue. Les enfants qui courent après les confiseries jetés par les soldats, les femmes qui sortent avec les occupants. Une incompréhension grandissante de Takuya grandit, témoin des horreurs. Il est dépassé par toutes les transformations auquel il assiste témoin impuissant.

Takuya va continuer fuir, la peur au ventre. Peur de ne pas mourir dans l'honneur de la patrie tel les samouraïs, prêt à se suicider au dernier moment. Il suit jour après jour les procès des criminels de guette de classe A qui seront jugés et pendus. Il apprend que ses supérieurs nient les ordres, et rejettent la faute sur les soldats , puis on apprend que des prisonniers ont subi des vivisections... Tout est dur, froid voire brutal, dans ce récit de la défaite racontée par un soldat vaincu. "L'écriture de l'histoire appartient à celui qui a gagné la guerre."

Akira Yoshimura nous conte froidement l'après guerre vécut par un lieutenant vaincu devenu fugitif. On retrouve le style simple, poétique froid de l'horreur de la guerre
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Fin de la seconde guerre mondial, le Japon est occupé par l'armée américaine, un ancien officier, Takuya Kiyohara, doit fuir les repressions contre les membres de l'armée Japonaise ayant commis des crimes de guerres.
Tour à tour lâché par sa famille, ses anciens camarades, sa hiérarchie, Takuya se sentira même, chose plus grave encore, lâché par la nation Japonaise.
Akira Yoshimura fidèle à sa réputation maîtrise son roman de bout en bout avec une précision chirurgical et bien que assez gros pour un roman Japonnais, il n'y à pas de longueurs ni quoi que soit de superflu.
Ce livre nous démontre que la frontière entre bourreaux et victimes est parfois plus que ténu dans un contexte de guerre. Surtout il nous laisse imaginer le terrible sentiment d'humiliation qui fut perçu par le peuple Japonnais au sortir de seconde guerre mondial.
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