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Citations sur Naufrages (42)

Quand elle eut fini de transporter les sacs, elle but de l'eau, essuya sa transpiration et se reposa un moment. Puis elle remplit un bol de riz afin de le déposer sur l'autel domestique. Comme elle, Isaku s'inclina en joignant les mains. Le soir même, elle fit cuire du riz. Isaku ne quittait pas des yeux le liquide blanc qui bouillonnait sur le feu, d'où s'échappait l'odeur du riz en train de cuire qui lui rappelait de vieux souvenirs. Les grains qui gonflaient dansaient dans la marmite. Sa mère lui en servit un bol. Il y goûta et fut transporté de bonheur. C'était un goût riche et raffiné, et il sentait qu'il apportait de l'énergie à son corps. Son frère et sa soeur mangeaient en silence, mais la surprise brillait dans leur yeux.
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Isaku avait entendu parler des terribles châtiments qu'ils encouraient. Ils risquaient d'être ligotés et promenés, puis crucifiés la tête en bas et éviscérés à coups de lance. On disait aussi qu'on était crucifié après avoir eu les membres sciés. Si on apprenait qu'ils avaient pillé la cargaison d'un navire et battu à mort des matelots, on leur ferait certainement subir le même sort.
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[...] ... La visite des bateaux, en évitant aux villageois de mourir de faim, était l'événement le plus heureux qui pouvait arriver, au même titre qu'une campagne de pêche exceptionnelle ou une bonne récolte de champignons ou autres végétaux dans la montagne, mais ailleurs, pour les gens des autres villages, c'était un crime passible des châtiments les plus extrêmes. Sans ces naufrages, le village aurait disparu depuis longtemps, laissant la place à une côte inhospitalière semée de rochers. Les naufrages avaient permis à leurs ancêtres de survivre sur cette terre, et les villageois se devaient de perpétuer la tradition.

Ils croyaient que l'âme des défunts partait loin dans la mer, et qu'après un certain temps, comme elle n'avait aucun autre endroit pour aller, elle revenait s'installer dans le ventre d'une femme enceinte. Isaku était bien décidé à quitter le village le moins possible quand il serait marié, et à perpétuer la tradition afin que les âmes ne soient pas désorientées.

Il pensait de temps en temps à sa propre mort. Son corps serait incinéré, ses cendres enterrées. Son âme quitterait le village pour s'en aller vers le large. Puis, après un long voyage, il arriverait enfin à l'endroit de la mer où se rassemblaient les âmes des villageois. Elles constituaient un village au fond de la mer, où tout était clair et transparent. Les plantes aquatiques y formaient une forêt ondulante, et les rochers étaient couverts de coquillages nacrés.

Des bancs de petits poissons phosphorescents aux reflets mordorés nageaient qui, lorsque le poisson de tête faisait volte-face, faisaient demi-tour d'un seul coup. Cela ressemblait au spectacle des flocons de neige tombant dru.

Le fond de la mer était toujours calme, et la température de l'eau constante. Les âmes étaient habillées de vêtements transparents comme des méduses, et leurs cheveux étaient lumineux. Leur visage brillait d'un éternel sourire et elles ne parlaient pas. Elles étaient aussi livrées au profond sommeil de la mort. Parmi elles se trouvaient sa grand-mère dont il n'avait qu'un vague souvenir, et sa petite soeur Teru qui était morte un an plus tôt, un peu avant le Nouvel An. Les autres qui se tenaient derrière étaient sans aucun doute celles des ancêtres. ... [...]
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[...] ... Le jour se leva, la lumière matinale s'étendit sur la mer. Des éclaboussures jaillissaient sans relâche autour du bateau naufragé. On jetait des morceaux de bois et des planches par dessus bord.

- Ils sont en train de démolir le bateau ?

Isaku regardait de tous ses yeux.

- Ils sont construits avec du bon matériel, tu sais. On peut même récupérer les clous et les crochets. Et puis, dans les cuisines, on trouve des marmites, des fourneaux, des couteaux, des seaux et des baquets, et parfois même des meubles, ajouta Kensuke, d'une voix où pointait l'excitation.

Isaku comprenait pourquoi, sur les indications du vieil homme, les villageois avaient pris des haches, des scies et des maillets. Le bateau était démonté et on jetait les débris à la mer.

Les morceaux étaient chargés sur de petits bateaux pour être ramenés à la plage. De là, ils étaient transportés à dos d'homme dans la montagne, derrière le village, à l'abri des arbres.

La mer était d'huile. Isaku et Kensuke la parcoururent du regard, mais ils ne distinguèrent pas l'ombre d'une voile. Les flocons de neige qu'ils croyaient apercevoir à l'est n'étaient autres qu'un groupe d'oiseaux de mer attirés par un banc de poissons évoluant à la surface de l'eau qui, réverbérant la lumière du soleil, étincelait. Sur le Nez-de-la-Marée, qui fermait la baie en face, il n'y avait pas de fumée non plus.

Deux petits bateaux s'éloignaient de l'épave pour se diriger vers le cap.

- Ils transportent les corps, dit Kensuke. ... [...]
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Sa mère alla aux champs récolter une petite quantité de céréales qu'elle rapporta à la maison où elle les pila dans un mortier de pierre afin de les réduire en farine.Elle partit avec les autres femmes du village vendre les encornets séchés au village voisin et revint chargée de haricots.Elle avait l'air de s'inquiéter des réserves de nourriture à faire en prévision de l'hiver.
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Isaku avait les yeux grands ouverts dans l'obscurité. On disait que les cargaisons étaient distribuées à parts égales entre les familles sous la direction du chef du village. Il s'agissait principalement de sacs de riz, et il avait du mal à contenir sa joie à l'idée qu'il allait pouvoir en manger. Son petit frère et sa petite sœur, bien sûr, n'avaient aucune idée de ce qu'était le riz, et il imaginait leur tête lorsqu'ils y goûteraient pour la première fois. Ils seraient certainement transportés par la douceur de ces grains blancs. Kensuke avait raison, le chargement remonté sur la plage était important, et ils pouvaient s'attendre à recevoir pas mal de nourriture et d'objets. Les maquereaux ne s'étaient pas vendus, la pêche au poulpe n'avait pas beaucoup donné, et ils n'avaient pas ramassé de grandes quantités de coquillages, aussi l'arrivée providentielle du bateau mettrait-elle les villageois à l'abri du besoin pour deux ou trois ans peut-être. Ils allaient pouvoir vivre quelque temps tranquilles, et personne ne serait obligé de se vendre. Tami pourrait rester chez elle, et Takichi, bientôt père d'un enfant, pourrait continuer à pêcher. Isaku joignit les mains sur sa poitrine. C'était grâce à l'intervention des bouddhas qu'ils avaient eu la visite du bateau, et il tenait à les reme rcier.Le grondement des vagues déferlant au pied du cap semblait surgir des profondeurs de la terre. Bercé par le bruit, Isaku finit par s'endormir.
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C’est à partir de ce sommet que les feuilles rouges, comme les autres années, faisaient leur apparition avant de s’étendre progressivement aux autres le long des crêtes et de déferler soudain, avec la rapidité d’une avalanche, sur les pentes qui se coloraient en vermillon. Et la vague franchissait ensuite les profondes vallées pour parcourir les collines et arriver enfin à la montagne derrière le village. A ce moment-là, d’habitude, les feuilles mortes avaient déjà fait leur apparition sur les sommets dans le lointain.
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Le mort, un homme de plus de cinquante ans du nom de Kinzo, était nu, simplement couvert d'un linge autour des reins. Après une mauvaise chute, il s'était couché, et depuis quelques jours sa famille ne lui donnait plus que de l'eau. On n'avait pas l'habitude au village de nourrir les mourants.
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[...] Quand quelqu'un mourait au cours de sa période de travail, l'intermédiaire était obligé de dédommager l'employeur. C'est pourquoi il choisissait des gens en bonne santé et, considérant la perte que cela pouvait représenter, il prenait à l'employeur une somme plus importante que celle qui revenait à la famille. le village d'Isaku semblait constituer pour lui une bonne source de revenus quant à la qualité de ceux qui se vendaient pour travailler.
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[...] - Tu sais pourquoi on cuit le sel sur la plage ?

L'œil de Kichizo était tourné vers lui.

Isaku savait que la quantité de sel récoltée, nécessaire à la consommation du village pendant un an, était répartie équitablement entre les familles. Il pensa que si Kichizo lui posait cette question, c'était pour savoir s'il connaissait l'autre raison.

- C'est pour faire venir les bateaux, n'est-ce pas ? répondit-il en le regardant.
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