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Citations sur Les Charités d'Alcippe (22)

Vous ne saurez jamais que votre âme voyage
Comme au fond de mon cœur un doux cœur adopté
Et que rien, ni le temps, d'autres amours, ni l'âge
N'empêcheront jamais que vous ayez été;

Que la beauté du monde a pris votre visage,
Vit de votre douceur, luit de votre clarté,
Et que le lac pensif au fond du paysage
Me redit seulement votre sérénité.

Vous ne saurez jamais que j'emporte votre âme
Comme une lampe d'or qui m'éclaire en marchant;
Qu'un peu de votre voix a passé dans mon chant.

Doux flambeau, vos rayons, doux brasier, votre flamme
M'instruisent des sentiers que vous avez suivis,
Et vous vivez un peu puisque je vous survis.
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Voici que le silence
     
Voici que le silence a les seules paroles
Qu’on puisse, près de vous, dire sans vous blesser ;
Laissons pleuvoir sur vous les larmes des corolles ;
Il ne faut que sourire à ce qui doit passer.
     
À l’heure où fatigués nous déposons nos rôles,
Au même lit secret les dormeurs vont glisser ;
Par chaque doigt tremblant des herbes qui nous frôlent,
Vous pouvez me bénir et moi vous caresser.
     
C’est à votre douceur que mon sentier m’amène.
De ce sol lentement imprégné d’âme humaine,
L’oubli, lent jardinier, extirpe les remords.
     
L’impérissable amour erre de veine en veine ;
Je ne veux pas troubler par une plainte vaine
L’éternel rendez-vous de la terre et des morts.
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Le verger des cyprès a pour fruit les étoiles,
Balancés lentement au fond des nuits d'été ;
La vie, unique et nue, à travers ses cent voiles ,
Pour la répandre en tout reprend votre beauté. (...)
Le flot sans lendemain nous laisse et nous emporte.
Nous passons endormis sous une immense porte;
Nous nous perdons en tout pour nous y retrouver.
Mais les lèvres des coeurs restent inassouvies;
Et l'amour et l'espoir s'efforcent de rêver
Que le soleil des morts fait mûrir d'autres vies.
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ÉROTIQUE



Toi le frelon et moi la rose,
Toi l’écume et moi le rocher ;
Dans l’étrange métamorphose,
Toi le Phénix, moi le bûcher.

Toi, le Narcisse, et moi la source ;
Mes yeux reflétant ton émoi ;
Toi le trésor et moi la bourse ;
Moi l’onde et le nageur en moi.

Et toi, la lèvre sur la lèvre,
Toi la langueur berçant la fièvre,
La vague aux vagues se mêlant.

Mais quel que soit le tendre jeu,
Toujours l’âme en feu s’envolant,
Bel oiseau d’or, en plein ciel bleu.
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VOUS NE SEREZ JAMAIS

Vous ne serez jamais
Comme au fond de mon coeur
Un doux coeur adopté;
Et que rien, ni le temps ni d'autres amours, ni l'âge,
N'empêchera jamais que vous avez été

Que la beauté du monde
a pris notre visage, vit de votre douceur, luit votre clarté
Et que le lac pensif au fond du paysage.
Me redit seulement votre sérénité

Vous ne serez jamais
Que j'emporte votre âme.
Comme une lampe d'or qui m'éclair en marchant
Qu'un peu de votre voix à passé dans mon chant.

Doux flambeaux de vos rayons, doux brasier de votre flamme,
M'instruisent des sentiers que vous avez suivis.
Et vous vivez un peu puisque je vous survis.
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Les maisons et les mondes


Yeux ouverts des maisons clignant dans l'ombre claire,
Bouge aux yeux avinés, hospice aux yeux jaunis,
Maisons pleines d'horreur, de douceur, de colère,
Où le crime a sa bauge, où le rêve a ses nids.

Sous le fardeau d'un ciel qui n'est plus tutélaire,
Maisons des poings levés, maisons des doigts unis;
Les globes froids des nuits sous l'orbite polaire
Roulent moins de secrets dans leurs yeux infinis.

Emportés çà et là au gré des vents contraires,
Vous vivez, vous mourrez; je pense à vous, mes frères,
Le pauvre, le malade, ou l'amant, ou l'ami.

Vos cœurs ont leurs typhons, leurs monstres, leurs algèbres,
Mais nul, en se penchant, ne voit dans vos ténèbres
Graviter sourdement tout un monde endormi.

                                 1930
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UNE CANTILÈNE DE PENTAOUR



La mort est près de moi, la mort est près de toi
Ainsi qu’un doux sommeil à l’ombre d’un doux toit,
Comme un vin qu’on répand, comme un lotus qui fleure ;
La mort est près de toi comme un roseau qui pleure.
À l’épuisé repos, au fiévreux guérison,
La mort est un doux lac au poudreux horizon.
Comme un doux vent du soir soufflant sa lente haleine,
La mort derrière toi gonfle la voile pleine.
Vous naviguez, amants, vers le pays lointain.
Comme un doux convié, la mort est au festin.
L’été te fane, fleur; l’été te boit, rosée ;
Comme un doux oiseleur, la mort étend ses rets.
La seule ombre qui reste est celle du cyprès
Où dormiront bientôt l’époux et l’épousée.
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LE LUNATIQUE



Le soleil amorti s’absorbe dans la brume ;
Ainsi qu’un astre mort mon amour s’est couché.
Le long des quais salis l’aveugle nuit s’allume ;
Mon cœur est aussi vieux qu’Hérode et son péché.

Chaque vivant, moyeu d’un univers caché,
Bat, victime et bourreau, son malheur sur l’enclume ;
Et les visages gris sont des flocons d’écume
Dans le noir flot humain sur l’asphalte épanché.

Amour, où sommes-nous? Est-il sûr que nous sommes ? La
lune qui pâlit d’avoir pitié des hommes
Au bord des toits déserts verse un sanglot d’argent.

Et l’œil fou des cités regarde sans envie,
Froidement lumineux et fixement changeant,
Cet astre déjà mort et plus pur que la vie.
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HOSPES COMESQUE



Corps, portefaix de l’âme, en qui peut-être croire
Serait plus vain, cher corps, que de ne t’aimer pas ;
Cœur sans fin transmuté dans ce vivant ciboire ;
Bouche toujours tendue aux plus récents appâts.

Mers où l’on peut voguer, sources où l’on peut boire ;
Froment et vin mêlés au rituel repas ;
Alibi du sommeil, douce cavité noire ;
Inséparable terre offerte à tous nos pas.

Air qui m’emplis d’espace et m’emplis d’équilibre ;
Frissons au long des nerfs ; spasmes de fibre en fibre ;
Yeux sur l’immense vide un peu de temps ouverts.

Corps, mon vieux compagnon, nous périrons ensemble.
Comment ne pas t’aimer, forme à qui je ressemble,
Puisque c’est dans tes bras que j’étreins l’univers ?
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Vers orphiques

Sur le seuil de la porte noire,
À droite, au pied d'un peuplier,
Coule l'eau qui fait oublier.

À gauche sourd l'eau de Mémoire;
Cristal glacé, froide liqueur,
L'eau de Mémoire est dans mon cœur.

La joie et la peine y vont boire;
Des sages siègent sur son bord;
Je leur dirai : « Je crains la mort.

«Je suis fils de la terre noire,
« Mais aussi du ciel étoilé;
« Ouvrez-moi la porte de gloire!

« L’image du temps écoulé
« Se réfléchit dans ma mémoire ;
« Le beau miroir n’est pas fêlé.

« Ouvrez-moi le gouffre de gloire… »
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