AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,92

sur 57 notes
5
6 avis
4
13 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis
Pour une BD lue 'simplement' parce qu'elle avait attirée mon attention à la médiathèque, c'est vraiment une belle surprise ! Et pas seulement grâce aux superbes planches de Thomas Campi qui apportent un regard moins racoleur que celui des caméras - en particulier dans les scènes avec les femmes afghanes.

Les larmes du seigneur afghan part d'un constat simple : en 10 ans, Pascale Bourgaux, reporter belge, a vue un village du nord de l'Afghanistan se radicaliser au point de voir des jeunes, qui autrefois s'étaient battus contre les Talibans, souhaiter leur retour. Ce triste constat en amène un autre : ce changement qui semble brutal n'est ni plus ni moins que la conséquence des diverses déceptions des gouvernements soit-disant démocratiques , qui à défaut d'amener aux Afghans ce dont ils avaient besoin, leur ont amené … la corruption , et avec elle, la hausse de la pauvreté et des inégalités. Bravo l'Occident !

Bien sûr, on sent bien que la journaliste est très impliquée émotionellement dans son sujet mais cela ne dessert en rien son ouvrage. de plus, il a le mérite - certes secondaire au regard de la gravité du sujet de fond - de mettre en scène le travail du journaliste en montrant comment une question en entraîne une autre, et comment des réponses surgissent de nouvelles questions.

En définitive, cette bande dessinée aide à une meilleure compréhension de cet "autre" qui n'a pas la même culture que nous. Elle donne aussi un exemple très concret de l'ethnocentrisme forcené dont a fait preuve l'Occident depuis les années 1990, ne tenant compte ni de la culture des pays qu'il dit vouloir aider, ni de sa propre histoire et du temps que sa civilisation à être au niveau qu'elle connaît aujourd'hui (sérieusement : dans quel pays est-on passé d'une société moyenne-âgeuse à une société moderne ???)

Un bon moment de lecture qui complète la vision de l'Afghanistan que j'avais jusqu'ici : entre l'écriture pudique et poétique d' Atiq Rahimi et la plume plus américanisée et sentimentale de Khaled Hosseini.
Commenter  J’apprécie          240
Une reporter belge se rend en Afghanistan pour la énième fois. Cette fois, elle a du mal a reconnaître ce village qu'elle connaît si bien. Ceux, qui avant, combattaient contre les Talibans, sont prêts aujourd'hui à les accueillir. La pauvreté côtoie la richesse grâce à la corruption et aux dons internationaux. Intéressant de voir le dur travail sur le terrain, d'entrer chez les gens, de ne parfois pas pouvoir diffuser une info importante que les médias refusent. Interpellée par la différence entre un sujet sérieux et certains propos au ras des pâquerettes.
Commenter  J’apprécie          220
De belles couleurs, chatoyantes pour un album au sujet pourtant sur fond de conflit, de guerre.
Pascale Bourgaux nous entraîne à sa suite, sur les traces de Mamour Hasan, seigneur de guerre afghan. Avec ce reportage elle souhaite montrer toute l'ambiguïté, les paradoxes, les contradictions, les tiraillements, les difficultés de la société afghane. Résistants contre les russes, puis les Talibans, certains sont déçus par la démocratie et voient dans les nouveaux Talibans une solution. La corruption sévit à tous les étages de l'administration, et le seigneur de guerre semble le dernier rempart contre à la fois les Talibans et la corruption. Les occidentaux sont focalisés sur l'aide humanitaire alors que celle-ci est détournée, ou sur la burqa alors que pour les femmes afghanes elles-mêmes la survie est d'abord prioritaire et la burqa très secondaire. Les soldats de l'OTAN sont censés pacifier la région et former les afghans, mais leurs bavures sont passées sous silence.
C'est tout cela qui nous est livré dans cette bande dessinée, à défaut d'un reportage qui n'a jamais trouvé preneur...
Commenter  J’apprécie          110
Les larmes du seigneur afghan est une BD sur l'Afghanistan, ce pays qui connait des troubles depuis plus d'une décennie. Après le 11 septembre 2001, il y a eu une riposte américaine qui a chassé les talibans et qui a détruit le commanditaire de cet affreux attentat.

Cependant, cette BD va plus loin. Elle apporte un autre regard sur les conséquences de l'intervention américaine. L'OTAN est restée près de 10 ans dans ce pays. Une journaliste qui connait bien la région est sous la protection d'un vieux sage qui a combattu les russes, puis les talibans. Cependant, même dans sa propre famille, l'idéologie de ce mouvement religieux a gagné du terrain. Ils reviennent plus forts que jamais. Il s'agira de comprendre les causes de cet affreux mécanisme.

On s'aperçoit finalement que les forces occidentales auraient mieux fait de rester chez soi sans se mêler des affaires internes de ce pays en proie à la guerre civile. Les bavures comme dans toutes les guerres sont légions. Elles ont contribué à l'augmentation des rancoeurs contre l'Occident. Ce retour en arrière a des conséquences certaines sur la place de la femme dans la société afghane sans vouloir créer de polémique.

Le regard de l'auteure est celui d'une journaliste qui nous livre des faits ainsi qu'une interprétation. C'est du bon travail puisque cela se situe jusqu'au moment où j'écris ces lignes. C'est d'actualité la plus fraîche. On va comprendre les larmes de ce seigneur afghan.
Commenter  J’apprécie          60
En 2012 la grand-reporter belge Pascale Bourgaux sort son documentaire sur un seigneur de guerre afghan, compagnon d'arme du commandant Massoud et baron local du nord de l'Afghanistan. Tournant depuis dix ans dans ce territoire, la journaliste a connu les évolutions de la situation depuis l'intervention américaine de 2001. le documentaire témoigne de la nouvelle situation tragique qui voit une population désabusée et prête à rendre les rennes aux Talibans pour peu qu'ils garantissent la sécurité et l'éducation... En 2014 sort la BD du même titre: il s'agit d'une sorte de making-of, de transposition illustrée (certains plans sont repris du film), en bref ce qu'on appelle une adaptation.

"Les occidentaux, vous êtes obsédés par la Burqa! Si cela pouvait être le seul problème des afghanes je serais ravie, Pascale."

Il est probable que peu de personnes aient vu le film (diffusé une fois sur canal+) et la BD est l'occasion de s'immerger dans ce formidable récit, d'en ressentir la tension. Elle permet aussi de voir l'envers du décors. Les réactions de la journaliste quand elle craque, ses interrogations, les images tournées mais non retenues ou les séquences intégrales avant montage qui nous donnent à voir des discussions qui n'étaient pas montrables. Bien sur, il y a toujours une part de fiction (dans un film comme dans une BD) mais le projet d'adaptation, outre de très belles illustrations (et quelles couleurs!) est vraiment pertinent et donne à lire une oeuvre à part entière. Je trouve simplement regrettable qu'aucune information ne soit donnée sur l'origine du projet, sur le film, sur l'auteur. Plus que toute autre BD, une BD-docu nécessite à mon sens un avant propos et des annexes permettant d'élargir son périmètre, de mieux appréhender ce que l'on vient de lire et de faire la part des choses entre le réel et le récit. L'album y perd beaucoup, en se terminant brutalement sur une page blanche de garde, c'est dommage.

Après une entrée en matière classique qui m'a fait craindre un énième reportage illustré, j'ai été surpris par le stress ressenti dès lors que les personnages commencent leur voyage vers la région tribale de Mamour Hassan (le chef). Sans le son d'un reportage vidéo, sans le réel des images, le seul contexte rappelé, les dialogues des personnages, nous font ressentir à la fois l'urgence, le danger permanent et le fait d'être au bord du monde que l'on connaît. L'écart de culture, même chez cet ami puissant, respecté, adversaire radical des talibans, fait que l'incident peut survenir à tout moment. Un geste, une phrase déplacée peut jeter la honte sur un sage observé de tous, le contraindre par honneur à des gestes, des décisions qu'il ne souhaite pas et qui fragilisent l'équilibre entre la guerre civile et le retour à la civilisation de ce pays.

"Le chauffeur était prêt à nous trahir. Mais quand il réalise que le prix de cette trahison risque d'être plus élevé que prévu il renonce."

Sans appuyer, par le seul témoignage, l'on a le sentiment de comprendre la réalité du pays de 2014: un pays rural, pauvre, peuplé de personnes pour qui la seule éducation est celle des mollah. Là le rôle du seigneur de guerre Mamour Hassan devient plus fondamental encore que celui du gouvernement central: c'est lui qui construit les écoles, qui nomme les instituteurs. Des instituteurs qui ont pour partie basculé dans le camp des talibans alors qu'ils sont fonctionnaires de l'Etat... Car l'Etat est Mamour Hasan dans cette province reculée. Les Talibans sont déjà dans les têtes de populations qui ne voient pas arriver les milliards de l'aide occidentale, détournée par la corruption de Kaboul. Une population qui vit depuis des décennies dans une version obscurantiste de l'Islam. Et seule l'autorité morale de Hasan maintient sa ville sur le chemin des Lumières. Dans cet environnement insidieux, caché, collaborationniste, la journaliste occidentale n'est acceptée que par-ce qu'elle est l'invitée du chef. Elle et son cameraman savent qu'à l'instant où le chef est parti ils sont en danger de mort.

Les larmes du seigneur Afghan est une BD très forte pour qui s'intéresse à l'actualité, au difficile sujet de la cohabitation entre deux cultures, l'Islam et l'Occident, à un pays probablement unique dans l'histoire du monde. Un pays qui cristallise depuis si longtemps les soubresauts du monde et dans lequel des habitants ne demandent qu'à sortir des projecteurs.

Lire sur le blog:
Lien : https://etagereimaginaire.wo..
Commenter  J’apprécie          40
Nous suivons Pascale dans la préparation, les démarches, son voyage en Afghanistan afin de rencontrer Mamour Hasam, seigneur de guerre qu'elle a déjà rencontré à plusieurs reprises. Elle veut comprendre pourquoi ce pays est près à basculer vers les talibans et leur politique extrémiste.
Les différents interlocuteurs nous permettent de mieux comprendre pourquoi ce pays n'arrive pas à sortir du tourment : sortir des talibans pour entrer dans les abus de leur gouvernement (les aides empochées par les personnes haut placées etc...). Dessins soignés, clairs, nets, compréhensifs sans explication pour certains.
Commenter  J’apprécie          40
Je remercie Babelio et les éditions Dupuis pour cette très belle bande-dessinée!
Une magnifique bande-dessinée qui reflète les bouleversements politiques et économiques du pays à travers un récit émouvant et réaliste de la journaliste Pascale Bourgaux.
On s'attache vite aux personnages qui revendiquent leurs droits de vivre en paix et librement . On observe les dessins avec attention pour capter tous les petits détails qui ne sont pas décrits dans les dialogues, on devient sensible aux couleurs et aux paysages de ce pays et on tourne les pages avec un intérêt et des interrogations sur la situation .
Je souligne le courage et la capacité d'adaptation de Pascale.B aux pressions culturelles, militaires et politiques de ce pays. Elle décide de repartir dans ce pays, qu'elle explore et redécouvre depuis 10 ans, pour revoir son ami Mamour Hasan et son village Dash-e-Queleh avec un budget cofinancé.
Elle se rend compte que le pays n'est plus le même depuis sa dernière visite. Son ami Mamour Hasan considéré comme un resistant et un seigneur de guerre très respecté dans son village et aux alentours semble différent. En effet, la situation est devenue dramatique depuis sa dernière visite: corruption, manque de nourriture, manque d'antibiotiques, bavures militaires et vide politique. Les afghans ne veulent plus de la présence militaire étrangère.La priorité pour les afghans restent la reconstruction du pays. le soutien militaire et l'aide humanitaire depuis 10 ans n'ont pas permis de combattre le retour des talibans au pouvoir. le conflit s'est étendu dans la famille de Mamour Hasan : entre son fils Attah Ullah et son neveu Hafez qui revendiquent l'arrivée des talibans dans le village, tandis que le seigneur afghan peine à asseoir son autorité et ses convictions même si son autorité morale et son esprit de résistance freinent les talibans. le village s'est radicalisé depuis deux ans: le détournement de l'aide humanitaire, la pauvreté et la colère servent les talibans dans leur plan de reconquête du pays. Après un mois de tournage, Pascale.B s'est servi de ce reportage pour alerter les médias et le monde politique. On finit par se poser les bonnes questions: qui se souciera de ce pays dans les années à venir? Que va-t-il se passer une fois que le pays sera livré à lui-même?
Commenter  J’apprécie          40
Afghanistan, 2010. La journaliste reporter Pascale Bourgaux est en reportage dans un village du nord de l'Afghanistan, à la rencontre de Mamour Hasan, héros de la résistance anti-talibane. Accompagnée d'un cameraman et des contacts chargés de sa protection, elle veut comprendre la situation du pays, coincé entre la libération de l'ancien joug taliban, la corruption née de l'aide humanitaire déversée dans le pays, les mécontentements liés à la présence militaire afghane et étrangère, et le spectre des fondamentalistes, tapis dans l'ombre...

Sur la forme, Les larmes du seigneur afghan nous offre des planches flamboyantes. J'ai beaucoup aimé le travail des couleurs, et encore plus celui de la lumière et des ombres. J'ai moins apprécié le dessin, aux traits un peu statiques et gentiment crayonnés.
Sur le fond, l'album est instructif sur la situation passée (qui apparaît en filigrane des récits et des souvenirs de la journaliste qui s'y est rendu en 2001) et le présent (des années 2010) qui nous est révélé par le quotidien parfois délicat de la journaliste et les interviews. Pendant 10 ans, Pascale Bourgaux a suivi Mamour Hasan et sa famille, pour les besoins d'un film documentaire. Dans la bande dessinée, apparaissent certaines captures - dessinées - du film, et l'avantage de la BD est justement de disposer de scènes absentes du film, pour des raisons de contexte ou de non autorisation.

Au fil des jours, on navigue entre désarroi, hantise, crainte. L'espoir de démocratie semble à présent rejeté par les populations, déçue de la corruption, déçue des bavures militaires tues, déçues de l'indifférence internationale. Les "nouveaux" talibans font miroiter un avenir meilleur. Les burqas ont déjà fait leur retour, la scolarisation des filles est tantôt soutenue par les talibans, tantôt menacée. Mais l'essentiel n'est pas là pour les femmes comme pour tous : le pays a faim, les infrastructures sont menacées, l'isolement des régions reculées est sensible, et la tension est partout. L'opposition aux talibans, même chez ce grand combattant de Mamour Hasan et son entourage proche, semble plus timorée. L'enclave (nord) où il réside ne semble résister que grâce à l'aura et l'autorité légendaire du personnage. Jusqu'à quand ?

On peut regretter un peu de narcissisme pour cette journaliste (auto)-décrite comme téméraire, courageuse, autoritaire, respectueuse. Héroïne protégée, vertu ambulante. Mais l'album a le mérite de mettre en lumière un métier essentiel, ici exercé au coeur d'un pays sublime et sacrifié.
Lien : http://chezlorraine.blogspot..
Commenter  J’apprécie          40
2 bonnes raisons de se pencher sur cet album de 2014 : le sujet évidemment… et le dessin de Thomas Campi que j'ai découvert sur Instagram et que je voulais voir de plus près en attendant « Autopsie d'un imposteur » à paraître bientôt.

Le sujet donc, que Pascale Bourgaux connait bien et ça se voit.. elle nous apporte un éclairage particulièrement humain sur la situation afghane en 2010. La corruption, la montée des idées pro-talibans, le rejet des forces de l'OTAN et des occidentaux, la vie des femmes… Des sujets abordés habilement par des interviews, des enquêtes sur place... beaucoup d'infos à mettre en perspective avec les évènements récents …

Pas facile de mettre en dessin la vie d'une reporter … Thomas Campi y parvient sans s'être déplacé sur place (à partir du film j'imagine) et il le fait avec délicatesse apportant lumière et chaleur à un climat délicat voire hostile pour Pascale et son caméraman.

Au final, une BD fine et intelligente qui aborde le sujet délicat de l'Afghanistan et de l'occupation Talibane par le biais du reportage TV… le tout joliment illustré par Thomas Campi que je veux découvrir davantage !
Commenter  J’apprécie          30
Un reportage sur l'Afghanistan dix ans après.
On perçoit toute la dangerosité du métier de journaliste et sa complexité. Pour recueillir des infos il faut passer beaucoup de temps et rencontrer beaucoup de personnes. Depuis 10 ans les relations ont changé : entre les hommes et les femmes, au sein des familles également. On nous explique la radicalisation des afghans liés à des problèmes politiques, à la corruption, la vie très rude et difficile de ce peuple auquel la journaliste est très attachée.
Une BD documentaire à conseiller
Commenter  J’apprécie          30




Lecteurs (99) Voir plus



Quiz Voir plus

Les personnages de Tintin

Je suis un physicien tête-en-l'air et un peu dur d'oreille. J'apparais pour la première fois dans "Le Trésor de Rackham le Rouge". Mon personnage est inspiré d'Auguste Piccard (un physicien suisse concepteur du bathyscaphe) à qui je ressemble physiquement, mais j'ai fait mieux que mon modèle : je suis à l'origine d'un ambitieux programme d'exploration lunaire.

Tintin
Milou
Le Capitaine Haddock
Le Professeur Tournesol
Dupond et Dupont
Le Général Alcazar
L'émir Ben Kalish Ezab
La Castafiore
Oliveira da Figueira
Séraphin Lampion
Le docteur Müller
Nestor
Rastapopoulos
Le colonel Sponsz
Tchang

15 questions
5241 lecteurs ont répondu
Thèmes : bd franco-belge , bande dessinée , bd jeunesse , bd belge , bande dessinée aventure , aventure jeunesse , tintinophile , ligne claire , personnages , Personnages fictifsCréer un quiz sur ce livre

{* *}