Peut-on jamais faire table rase du passé ?
Visiblement, non !
Un non rouge comme le sang, aussi violent pour les portugaises que le dernier
Céline Dion pourtant lucidement intitulé Courage. Y a des fois, on louerait presque le sable.
Et du courage, il en faut pour oser affronter son passé tout en subodorant le voyage sans retour.
Ce Zahler est une petite pépite de l'Ouest sauvage.
Chaque chapitre s'apparente à un tableau, à la fresque carnassière d'un monde brutal où repentance et pardon y semblent parfaitement bannis.
J'ai adoré chevaucher aux côtés de ces hommes à l'angélisme relatif mais au sens du sacrifice solidement chevillé au corps et aux âmes. Aux flingues, itou.
Ni héros, ni sauveurs, juste des êtres en quête de rédemption et de pardon qu'un vil salopiot se fera fort de mettre à mal, aidé en cela par une brochette de fumiers délicieusement vicelarde.
Car il faut le noter, les salopards, chez Zahler, font rarement dans la demi-mesure.
Quitte à aller dans l'horreur, autant y aller à fond et c'est ce que fait admirablement l'auteur en faisant bouillir la marmite pour une dégustation aussi savoureuse que paradoxalement indigeste. Les amateurs de bricolage goûteront goulûment la scène du marteau et des clous, à n'en point douter, Bob.
Cette assemblée de chacals s'inscrit dans la plus pure tradition des westerns crépusculaires.
Magnifiée par un sens du rythme remarquable et une dramaturgie au tempo exemplaire, elle devrait combler les amateurs du genre comme les plus curieux d'entre vous.
Véritable écrin cinématographique sur papier issu de forêts équitables, il est un régal de chaque instant qui n'appelle qu'une seule et unique conclusion :
Bang bang, you shot me down !