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sur 523 notes
Pourquoi sur des thèmes similaires certains auteurs arrivent-ils à nous émouvoir et pas d'autres ? Où se situe la frontière entre sensibilité délicate et pathos voyeuriste ? Quelle alchimie permet de véhiculer des émotions si fortes à travers une feuille de papier couverte d'encre ? Pas de réponse de ma part à toutes ces interrogations, juste des ressentis. Comme celui, magnifique, qui suit cette lecture de Vigile, de Hyam Zeytoun.

Je n'ai d'ailleurs pas envie d'en dire ou écrire beaucoup sur cette lecture où le drame frappe dès la première page, quand Hyam découvre puis gère l'arrêt cardiaque de son mari. C'est douloureux, angoissant, stressant. Tout comme les journées d'attentes en soins intensifs qui suivront. Quelques minutes pour qu'une vie bascule, et si peu de temps pour y faire face, s'organiser, trouver sa nouvelle place… Et aussi lutter, prier, se battre. Et se retrouver vigile, en veille, avec espoir et vigilance.

À certains égards et sur des thèmes parallèles, Vigile n'est pas sans rappeler La guerre est déclarée de Valérie Donzelli. Car ce qui étonne dans Vigile, c'est la simplicité du style et des mots employés, renforcés par une sincérité qui touche juste au fil des pages. Et nul besoin d'en faire des tonnes pour cela : la réalité suffit, quand elle est racontée avec tant de lâcher prise et d'émotion. Un livre à offrir dans bien des circonstances…
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Hyam Zaytoun est comédienne. "Vigile" est son premier roman. Elle y livre la dramatique expérience qu'elle a vécu il y a cinq ans, la nuit où son compagnon a fait un arrêt cardiaque. Il lui a fallu cinq années pour mettre des mots sur son traumatisme. Elle décrit avec tout son amour, son ressenti, sa peur irréelle de perdre son homme, ce sentiment de vide qui frappe, celui où tout s'écroule. Puis vient le diagnostic, l'acceptation de l'inacceptable, le désir de comprendre, la crainte du lendemain. Il y a le sentiment d'échec et le besoin de se relever.

C'est la nuit. Ils sont au lit. La lumière est éteinte. Elle se réveille brusquement et lui dit d'arrêter le vrombissement qu'il fait avec sa bouche. Se moque-t-il d'elle ? Ce n'est pas drôle. Ce soir, elle est fatiguée, elle a besoin de dormir. Elle le touche. Son front est trempé. Elle allume la lumière. Une secousse, puis une autre. Il n'est plus là.
Antoine fait un arrêt cardiaque. Hyam bondit du lit. Son coeur bat la chamade, ses mains tremblent. Elle appelle les secours. En attendant, elle lui masse la poitrine. Les enfants sont là. Ils ne comprennent pas. Les secondes et les minutes sont interminables. Les pompiers finissent par arriver. C'est ensuite l'hôpital, les appareils et les médecins. Puis c'est le moment des doutes, de la peur, et de l'espoir.

Cet ouvrage fait partie de la rentrée littéraire de 2019. Il s'agit de mon premier coup de coeur de l'année. le titre du livre est bien choisi. Dès la première page, une définition en est donné : "Vigile" comme un office, une personne qui exerce une surveillance ou un état de veille. Car il s'agit bien de vigilance durant les heures, et les jours qui suivent. Antoine est dans le coma. Il faut qu'il se réveille. Hyam reste auprès de lui. Elle lui parle, lui chuchote des mots à l'oreille, lui tient la main, lui fait écouter ses chansons préférés. Il n'est jamais seul.

L'autrice nous évoque toute la vague de sentiments qui l'a parcouru cette nuit-là, puis les jours qui ont suivi : a-t-elle pris les bonnes décisions, fait les bons gestes ? Il a fallu agir vite sans paniquer, tout tenter pour qu'il reste. Il doit rester. Il ne peut pas en être autrement.
Arrive les secours et l'attente : l'interminable attente, celle qui dure à peine quelques minutes, les plus fatidiques, puis celle qui dure plus longtemps avec le coma et l'attente du réveil. Quels seront les séquelles ? On imagine le pire. On craque. Tout défile à une vitesse folle. Pourront-ils à nouveau se parler ? Se dire des mots d'amour ?
Un témoignage terrifiant. Une histoire qui peut nous arriver à toutes et à tous. C'est un combat pour la vie et la survie.
Le récit est court, fort et profond. Hyam Zaytoun a mis tout son coeur à définir cette douleur, à confier son amour et à partager une expérience traumatisante. J'ai lu ce livre d'une traite, en retenant mon souffle à chaque instant.
Lien : http://labibliothequedemarjo..
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Avec «Vigile» Hyam Zaytoun réussit une entrée d'autant plus remarquable en littérature qu'elle s'attaque à un sujet difficile, celui d'une femme confrontée à l'infarctus de son mari.

«La lumière. Ton visage, tes yeux fixes. Tu n'es plus là. Une secousse encore.
Tu n'es plus là. Je t'appelle, t'appelle, Antoine, Antoine. Monstrueux sentiment d'abandon. Tu ne peux pas me faire ça. Mon coeur bat la chamade. Mes mains tremblent. Je me lève, essaye de rassembler mes pensées, juste agir, faire les bons gestes dans le bon ordre. La peur, elle est là, mais je dois agir. Arriver à descendre les escaliers jusqu'au salon. Attraper mon téléphone, composer le 18.»
Cette scène-choc dans les premières pages de ce roman aussi court qu'intense, aussi essentiel qu'émouvant, donne le ton du livre, celui de l'urgence, toujours sur le fil du rasoir.
Il n'y aura aucun mot de trop dans cette déclaration d'amour, il n'y aura aucun artifice dans ce combat contre la mort. Déjà la dispute qui a conduit Antoine à ne pas s'installer dans le lit conjugal est oublié. Désormais, ce sont les gestes qui sauvent, qui doivent sauver ce mari et ce père, qui sont essentiels. C'est avec l'énergie du désespoir qu'elle effectue le massage cardiaque, presque dans un état second.
Quand les brancardiers emmènent Victor pour le service de cardiologie de l'hôpital Mondor à Créteil, c'est une très longue attente qui commence. C'est aussi le temps des questions, de l'incompréhension mêlée à cette idée de faute: «Pourquoi cette blessure? Pourquoi cette façon que tu as eue de ne pas sentir alors que tu sens si bien? Ceux qui te connaissent savent. On ne peut qu'être stupéfait. Tu sembles si solide. le temps n'a pas de prise sur toi. Tu fais si jeune et les seize ans qui nous séparent l'un de l'autre ne se devinent pas. Tu portes tes deux enfants dans les bras sans ciller. Tu vas aider les copains à déménager, à bricoler. Tu n'es jamais malade. Et c'est arrivé, comme cela, d'un coup. le coeur. Je me sens tellement coupable.»
Puis il faut rassurer les enfants, Victor trois ans, et Margot, six ans. Puis il faut prévenir la famille et les amis. Puis il faut s'installer dans cette non vie.
Avec Charles, l'ami de longue date, elle s'autorise à parler. Y compris de cette hypothèse inimaginable quelques heures plus tôt. S'il ne revenait pas.
Car le temps qui passe sans aucun signe d'amélioration fait mal, creuse la douleur. Alors on se rattrape à chaque parole, à chaque encouragement, aux mots des enfants qui ne doutent pas.
Même quand les médecins viennent lui annoncer qu'il ne s'est pas réveillé. «Ce que nous avons fait n'a pas suffi à le sauver.»
Hyam Zaytoun, on l'aura compris, a réussi son pari, y compris dans son lumineux épilogue que je vous laisse découvrir. C'est magnifique de retenue, c'est intense dans l'amour, c'est merveilleux dans la soif de vie. Après le Manifesto de Léonor de Récondo, c'est mon second coup de coeur pour un livre qui refuse de laisser la grande faucheuse triompher.

Lien : https://collectiondelivres.w..
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« Vigile » est un premier roman haletant, dont la coloration mythologique vient éclairer le témoignage suffocant d'une femme piégée dans une situation interdite, suspendue. L'auteure plonge dans ses entrailles vertigineuses, et parcourt son propre Enfer pour y reconquérir son amour, son Eurydice, à qui l'on a fait la sentence d'une mort certaine. C'est à l'aide d'une plume singulière et très prudente que Hyam Zaytoun confesse l'histoire d'une détresse et un état d'urgence qui ne compromettra pas sa détermination et sa fidélité envers l'homme qu'elle aime. le récit, pudique, narre un temps figé dans lequel le·a lecteur·rice est capturé·e, captivé·e. Chaque mot lacère et coordonne une pulsation sur laquelle le coeur du·de la lecteur·rice se greffe et dont la respiration est convulsive. Pourtant pétri de doute, « Vigile » est un roman qui rattrape l'espoir et expose une tessiture de l'amour inébranlable. Pour autant, si la maîtrise émotionnelle dont fait preuve la narratrice permet d'échapper au narcissisme, elle freine, selon moi, un véritable mouvement vers le·a lecteur·rice dont l'éclosion totale dans l'histoire peut parfois être mise en péril.
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C'est un premier roman dont je n'avais pas entendu parlé lors de sa sortie. Dommage car ce roman est très fort en sentiments et ressentiments. Il m'a été recommandé par une Babeliote, AnneClaire29, que je connais et j'avoue qu'il m'a beaucoup plu. Hyam Zaytoun, l'auteure a raconté cet événement qui lui est arrivée cinq ans auparavant.
Durant la nuit, elle entend son compagnon respirer difficilement, se plaint d'une douleur à la poitrine mais la minimise. le silence revient et c'est là qu'elle s'inquiète. ..Elle découvre que son compagnon est en arrêt cardiaque. ..En peu de temps, elle appelle les secours et en attendant les pompiers elle lui fait un massage cardiaque...
Ce petit livre très court est d'une intensité folle. En le lisant, tout nos sens sont en alerte. On est avec elle, ses enfants et toute la grande famille pour le sauver. On se surprend à croiser les doigts. J'ai eu la chair de poule pendant tout le roman. Il réveille les moments difficiles que l'on a vécu avec nos proches.
Il est magnifiquement écrit et très accessible à tous. C'est un livre qui peut être éprouvant si ces deuils ou moments difficiles sont récents. Mais je le conseille tout de même, c'est un très joli récit.
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un récit poignant une course vers la résurrection, rester dans le 0.01 % de cas qui échappe aux chiffres de la médecine. Il faut toujours se battre, y croire jusqu'au bout. Preuve en est par ce récit conté avec beaucoup de brio, en mêlant les souvenirs, la douleur, l'avenir entre parenthèse, car seul compte le présent là. Accompagner celui qui est sur une route incertaine, entre la vie et la mort, comment le retire, comment le maintenir en vie, le tirer dans l'autre sens. C'est fort, émouvant. Etre là pour dire : il faut que tu résiste, que tu vives.
Un très beau message de courage, d'amour, de dévouement, et d'espoir. Ne jamais lâcher la main de l'autre. Jusqu'au bout tant qu'il y a de la vie il y a de l'espoir.
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Le récit d'un drame domestique, d'une frayeur sans pareille quand l'accident cardiaque s'impose au coeur de la nuit. Et quand il faut vivre les jours interminables de l'entre « vie et mort » possible, voire probable, du conjoint, comme un temps arrêté de peur et de douleur.

Une lecture éprouvante par notre capacité à se l'approprier, remarquable de sensibilité et d'intensité, violente dans les faits. C'est très fort, très généreux de partage et écrit sur le fil du rasoir pour dire l'amour et l'intime.

Une auteure qui s'impose dans un premier livre très réussi. En lui souhaitant des thématiques plus douces dans ses prochains écrits.
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Dans ce récit, Hyam Zaytoun nous retrace le drame qu'elle a vécu il y a cinq années. Réveillée au milieu de la nuit par le bruit étrange de la respiration de son mari Antoine, après avoir cru à une mauvaise blague de sa part, elle comprend très vite qu'il s'agit d'un malaise cardiaque. En attente des secours qui trainent à venir, elle effectue un massage cardiaque pour tenter de le sauver.
Dès sa prise en charge aux urgences de Créteil, plongé dans un coma artificiel, sa femme qui ne le quitte pas nous brosse ce qu'elle traverse et les questions qui la minent. Va t-il survivre et si tel est le cas, quelles seront les séquelles dues au laps de temps dont son cerveau n'a pu être irrigué ?
Dans l'attente de connaître le verdict de son mari Antoine, par sa présence, elle va devenir son garde du corps, son Vigile.

Avec une grande pudeur Hyam Zaytoun nous livre un récit bouleversant, fluide sur sa vie de couple, de ses aspirations passées, présentes et futures si tant est qu'il puisse encore y en avoir.
Tout est analysé avec une justesse et les mots ne manquent pas pour nous livrer le combat qu'elle va mener tambour battant pour sauver l'homme qu'elle aime.
Poignant, certes, mais au delà de ce récit, Hyam Zaytoun nous ramène à la nécessité de connaître les gestes de premiers secours qui peuvent sauver une vie.
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Raconter la douleur est délicat. On tombe vite dans le pathos et les situations décrites ressemblent souvent à de mauvaises scènes de la série Urgence. Raconter l'amour est encore plus difficile. La mièvrerie est latente. Dans les deux cas, ça dégouline et ça poisse. Ce sont deux obstacles qu'Hyam Zaytoun évite avec talent. Sans doute parce qu'elle écrit avec sincérité. Il n'y a pas de faux-semblant, juste la nécessité d'exprimer l'indicible. Mais si son récit m'a touchée, il ne m'a pas émue comme je pouvais l'imaginer. Pour deux raisons. La première, c'est que depuis « le Lambeau », tout livre en milieu hospitalier paraîtra fade. La deuxième, c'est que j'ai vécu une expérience similaire à celle de l'auteure. L'intensité, la profondeur, la gravité de ce que j'ai traversé sera toujours plus fort que l'expérience d'un(e) autre ; sa façon de le raconter me semblera toujours inexacte, incomplète, inachevée. On dit souvent qu'un livre change avec les yeux du lecteur, que chacun y cherche son propre vécu. Vigile en est l'exemple parfait, en ce qui me concerne. La greffe n'a pas pris, le réveil n'a pas eu lieu. D'ailleurs, je n'ai pas aimé les scènes en hôpital, j'ai préféré les allusions à la vie passée, les souvenirs heureux, les voyages (ex : Inde), tous ces moments qui m'ont sortie du bloc opératoire, comme si je ne voulais pas y retourner. Je range ce livre au rayon des « témoignages de ceux que la vie a cabossés ». Ni plus, ni moins. Dans le même genre, j'avais lu « le cancer n'est pas une mauvaise grippe » dont la lucidité et l'humanité m'avait davantage convaincue. Dernier point : mais qu'est-ce que c'est que cette couverture papier peint ? Un petit effort, toute de même, chers amis du Tripod.
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Commencer la nouvelle année en beauté avec un coup de coeur, moi, je suis joie. Joie parce que ce petit livre m'a permis de découvrir la plume de l'auteure, Hyam Zaytoun que je connaissais déjà à travers les médias. Un talent inné pour l'écriture ça c'est certain. Joie, également, car cette histoire m'a totalement touchée, véritablement émue et mise face à mes propres inquiétudes. Cette peur de ne pas savoir comment réagir ou plutôt avoir les bons réflexes quand le drame frappe et bascule la vie en une fraction de seconde de l'autre côté... Un malaise, une crise cardiaque et j'en passe. C'est donc ce que va vivre l'auteure, quand son compagnon et père de ses deux enfants, couché auprès d'elle, fait un arrêt cardiaque.

On se met facilement à sa place, puisque personne n'est épargné, n'est-ce pas ? Puis on regarde notre moitié avec tendresse... et si c'était lui ? Les questions fusent, la tremblote est là, le coeur se serre. Et si c'était lui ? Et si c'était moi ? Nous ne sommes à l'abri de rien. le sport, l'alimentation, fumer... nous ne sommes à l'abri de rien, finalement.

Chaque ligne, chaque mot, chaque page, la respiration est en suspens, comme figé. On stresse, frissonne pour elle dans l'attente d'une amélioration, d'une étincelle de vie. Une lueur. On la voit courir, être forte, affaiblie, épuisée, parfois, l'ombre d'elle-même, mais l'espoir reste intact, solide. Confiant. Son homme est plongé dans un coma artificiel, entre la vie et la mort, rien ne s'arrange, tout s'aggrave. Il se bat si difficilement. Que c'est difficile ne pouvoir rien faire. Même un non-croyant se mettrait à prier Dieu, les anges, le ciel. Qu'il revienne parmi nous... il est si jeune. Pas lui. Pas nous.

Ce récit est d'une grande force, une preuve d'amour pour l'autre, l'espérance tout simplement. Bouleversant est le mot. Magique. Mieux encore : un miracle, mais, surtout, un récit pour ne pas oublier que la vie n'est rien.
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