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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un homme tout de rouge vêtu, aidé d'une femme voilée et d'un petit singe, dans un monastère, s'affairent autour d'un corps inanimé et attendent une grande tempête. Leur objectif est de faire passer inaperçue l'utilisation d'une machine électronique qui sera à même de ramener l'âme et la conscience de "Sam", le Maitreya, Seigneur de Lumière, Kalkin le lieur de démon, bref, le Champion qui s'est battu contre les Dieux, âme envoyée par ces derniers, lors de la dernière guerre, dans le nuage électro-magnétique de la planète.
Mais Sam n'est pas forcément ravi d'avoir quitté le Nirvana pour reprendre la lutte contre le panthéon hindou, composé de ses anciens compagnons d'exil avec lesquels il a colonisé la planète. Il a besoin de temps, pour reprendre gout à la vie, à la lutte, trouver une stratégie inattendue pour jeter à bas les dieux du firmaments et donner à tous l'accès à toutes les technologies, comme l'imprimerie ou les toilettes, considérées comme impies par les Dieux et détruites dès que découvertes. D'abord, il doit se souvenir, et après, il le promet : " J'arracherai ces étoiles au ciel et les jetterai à la face des dieux, si c'est nécessaire. Je blasphèmerai dans chaque temple du pays. Je prendrai les vies au filet comme le pêcheur, s'il le faut. Je remonterai dans la Cité Céleste, si même chaque marche est une flamme ou une épée nue, si même le chemin est gardé par des tigres. Un jour les dieux regarderont du haut du Ciel et me verront sur l'escalier, leur apportant le don qu'ils craignent le plus au monde. Ce jour-là commencera le nouveau Yuga. Mais d'abord, il me faut méditer."

J'ai découvert Zelazny il y a un peu plus de 25 ans, et jusqu'à il y a quelques petites années, Seigneur de lumière était pour moi SON chef d'oeuvre. Je pourrais essayer d'être objective. de dire par exemple que ce livre à reçu le prix Hugo en 1968. Qu'il reprend des thèmes chers à l'auteur, comme une certaine forme d'immortalité (de l'âme, se transmettant de corps en corps via des machines), l'exploitation très réussie, comme toujours, d'une "mythologie" (hindoue) pour en faire une "fiction" (SF ? Fantasy ? je n'en sais rien, et franchement, l'étiquette, je m'en contrefiche comme de ma première liquette !). Ce livre évoque également le pouvoir, que l'on a, que l'on développe, que l'on utilise. Bref, je pourrais écrire une looooooongue critique sur tous ces aspects très rationnels de ce livre.
Mais ce n'est pas vraiment ce que j'ai envie d'en dire ! Moi, ce que j'aime par exemple, dans ce Seigneur de lumière, c'est la problématique du choix (être ou ne pas être un dieu, telle est la question !), et de ses conséquences, de l'éthique, de la responsabilité que l'on porte lorsque l'on dispose d'un peu plus de connaissance ou de forces que les autres. J'aime cette façon qu'à Zelazny de nous parler de ce que c'est qu'être humain, en proie au doute, à l'égoïsme, au côté sombre de chacun, à la latitude que l'on a d'y succomber ou pas (que la force soit avec vous !). Les échanges sur ce sujet entre Sam et Yama, ou entre Sam et les Rakashas sont passionnants à cet égard.
J'aime également ce passage au cours duquel Sam se rend compte qu'en prêchant une vieille doctrine à laquelle il ne croit pas vraiment, il amène Rild l'assassin à devenir le premier et le vrai "Eveillé". J'aime la façon dont Sam, pour "effacer" des souvenirs de prêtres safran, souvenirs qui ne devront pas apparaitre lors du sondage sur les machines à Kharma, choisit de présenter l'esthétisme comme valeur primordiale au sein de la vacuité, de l'illusion du réel, démontrant ainsi que la réalité de chacun n'est pas la même que celle des autres.
Il y a un peu d'humour dans ce Seigneur de Lumière, et certains paradoxes bien ciblés peuvent faire naitre une certaine ironie dans l'esprit du lecteur : par exemple, Nirriti, ancien aumônier, choisissant de représenter la religion catholique, marche à la guerre à la tête d'une armée de zombies (pour une religion "de la résurrection", ça me parait un comble !). Ou encore, et bien sur, pour mener à bien sa destruction du panthéon, Sam choisit d'incarner la "religion" la plus inattendue : le bouddhisme.
Mais Seigneur de Lumière, ce n'est pas que des dialogues bien sentis ou des blablas mystiques ; les scènes de combats sont magnifiques, il y a des morts, des vols, des possessions, des exécutions, des factions secrètes, et une ligne téléphonique directe vers Brahma, qui ne peut être qu'un homme (car si ceux qui jouent aux dieux sont interchangeables, ce qu'ils représentent est en revanche immuable).
Bref, Seigneur de Lumière est un texte magnifique qui nous donne envie de mieux connaitre l'hindouisme et son panthéon. Plutôt accessible pour un Zelazny (qui n'est pas un auteur facile, loin s'en faut !), les "incipits" des 7 chapitres de cette histoire permettent d'amorcer le contenu du chapitre qui va suivre et de se positionner "dans le temps" (certains chapitres relatent la lutte menée par Sam avant son exécution, les autres évoquent les actions menées après que Yama, Ratki et Tak la Lance étincelante (personnage magnifique !) l'ont ramené du nuage électro-magnétique). Et puis, c'est un livre qui "nourrit", qui amène à réfléchir parfois, qui nous rappelle que chacun, à sa propre échelle, doit faire ses propres choix et en assumer les conséquences. Et aussi, que le merveilleux est en ce monde. "Mais regardez autour de vous... La Mort et la Lumière sont partout éternellement, et elles commencent, finissent, luttent, veillent dans le Rêve de l'Etre Sans Nom qu'est le monde, mots brûlants en le Samsara, pour créer peut-être de la beauté."
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Un pouvoir infini corrompt infiniment. Tels sont les dieux de Seigneur de Lumière: infiniment puissants et infiniment corrompus. Ces migrants de la Terre d'un futur très éloigné possèdent des technologies si avancées qu'elles se confondent avec la puissance divine. Sur leur nouvelle planète, ils ont apporté leurs différentes croyances et développé un mode de vie qui soumet leur descendance au joug de la religion. Mais ils sont très susceptibles et querelleurs. Il arrive que certains d'entre eux ne connaissent pas le bout de leur éternité. On doit les remplacer. de nouveaux avatars avec les mêmes pouvoirs sont donc choisis à partir d'un système de promotion basé sur le karma et la réincarnation qui permet une certaine ascension "sociale".
Un des premiers colons, qui connait les classiques de l'ancienne Terre, finit par se lasser de cette société figée qui n'évolue plus et ressuscite le bouddhisme pour lancer une révolte. Vaincu, il n'est pas anéanti mais libéré de son enveloppe charnelle. le livre commence quand ses anciens associés le ramènent parmi les vivants. Pour ma part, j'ai trouvé les personnages très attachants même s'ils n'étaient pas toujours tout blancs. En particulier, les amants terribles : Yama Darma et Kali, respectivement le dieu de la mort et la déesse de la destruction dans le panthéon indou, leur relation chaotique finit dramatiquement.
A mon humble avis, le meilleur roman de Zelazny, juste un peu devant ceux consacrés à Francis Sandow ( L'île des morts et le Sérum de la déesse bleue).
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Pour moi, là où Dick est un producteur de philosophie, Zelasny est un faiseur de mystique. Cette histoire touche aux fondements de la mystique hindoue, s'en amuse et donne une distance au lecteur lui permettant un questionnement loin de l'éblouissement premier.

Le personnage principal, Sam, appelé aussi Bouddha, est un être pouvant revêtir de nombreux aspects dans sa psyché, parfois roublard ou manipulateur il apparait aussi comme un réel éveillé. Mais n'est-il pas le seul éveillé ? Aux réalités historiques et politiques du monde qui nous est présenté, certainement.. Mais peu importe le porteur du message et sa volonté, car celui-ci s'autonomise et crée sa propre vérité !

Le détachement de Sam, qui, à l'image de Rama prend tout ceci pour un jeu, n'est il pas le signe qu'il a compris la réelle vacuité des choses ?
Zelasny n'est il pas, d'une certaine manière, Sam lui même, nous proposant une vision au travers d'une autre réalité ?

Ce bouquin, vous l'aurez compris, a le mérite d'avoir mis mes neurones en ébullition, dans un jeu intellectuel auquel j'ai participé avec plaisir...
Un livre dont vous êtes le lecteur ? Non, un livre dont vous êtes le bouddha !
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[...]Un livre palpitant, foisonnant, riche en citations tirées des grands ouvrages fondateurs de la culture indienne, où l'on ne peut que prendre fait et cause pour ce héros particulier, ancien conquérant sous le nom de Siddharta, respecté sous le nom du Bouddha, adoré sous celui de Mahasamatman mais qui préfère désormais se faire appeler Sam. A la manière d'un Prométhée équivoque, il va provoquer le Panthéon, persuadé que sa chute sera la condition pour qu'une vie meilleure s'installe chez les humains. Certains vont le suivre, mais il lui faudra déployer des trésors d'ingéniosité et de persévérance pour espérer vaincre ses anciens pairs qui tiennent toujours à leur statut de dieux, enfermés dans le vaisseau qui leur sert d'Olympe inviolable. Intrigues retorses, alliances contre-nature, combats dantesques où les pouvoirs divins des Attributs se déchaînent, ce roman de fantasy sur fond de SF est une fresque baroque et passionnante qui demande tout de même un gros appétit de lecture (Zelazny, spécialiste des mythologies, n'est pas avare de phrases alambiquées). Mais le tout procure des moments d'une rare intensité, où les amours et les haines de ces super-héros cosmiques servent de toile de fond à une épopée élégante et maîtrisée. Sam, à l'instar du Richard Francis Burton dépeint par Farmer dans le Monde du Fleuve, devient instantanément un héros moderne, puissant mais vulnérable, mû par une volonté inébranlable et doué d'un charme irrésistible. Prix Hugo en 1968.[...]
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Zelazny a vraiment le chic pour mêler des choses de prime abord très différentes et vous les servir avec une sauce cocasse des plus délicieuses. Ainsi dans Seigneur de lumière, fidèle à son habitude d'exploiter les mythes et religions non occidentaux, il reprend à son compte bouddhisme et hindouisme.
Sur une planète lointaine, des colons terriens ont monopolisé les secrets de l'immortalité et de la science, se faisant passer pour des Dieux à l'égard des autres. Quand je dis qu'ils se font passer pour des dieux, c'est véritablement le cas. Ils s'en octroient les attributs, les avatars, les pouvoirs. Il y a donc Vishnu, Kali, Shiva, Yama, etc.
Comme ils se doit, ces dieux intriguent et se disputent. Ils ont confisqué la technologie du changement de corps et grâce à des psycho-sondes, quiconque n'a pas le bond karma est réincarné en animal. Évidemment, cela leur permet de régner en dictateur, mais les Dieux, c'est rarement démocrate.
L'un de ces premiers colons, Sam, qui aurait pu devenir l'égal de l'un d'eux, charmeur, voleur , bref un héros astucieux à la Zelazny, refuse ce système et pour contrecarrer les dieux a lancé le bouddhisme, de manière à faire profiter à tous des machines à changer de corps, et non seulement aux dieux auto-proclamés.
Zelazny s'en sort comme d'habitude à merveille, les thèmes éthiques côtoient l'épique avec une virtuosité rarement égalée. Ces héros sont tout sauf monolithiques, et si vous voulez suivre les pas du Seigneur de lumière, revêtez la robe safran et n'hésitez plus !
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1. le Hibook a relu : « Seigneur de lumière » de Roger Zelazny .L'équipage d'un vaisseau spatial humain après avoir conquis militairement une planète y a établi sa domination grâce à la technologie mais aussi des mutations qui ont doté l'équipage originel de pouvoirs quasi divin . Ils composent un panthéon inspiré des divinités hindouistes et maintiennent la population dans une arriération moyenâgeuse . Mais Sam , l'un des Premiers va se dresser contre eux pour offrir à la population le progrès et l'émancipation . Pour cela il va se transformer en avatar du Bouddah et déclencher plusieurs révoltes contre les despotes divins. L'histoire se déroule sur plusieurs niveaux temporels et je lui trouve un charme infini . Zelazny est génial dans sa capacité à jongler avec les mythologies . Sans compter la réflexion sur la corruption qu'engendre le pouvoir et l'humour paradoxal de ces dieux qui se savent être des usurpateurs .
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"Ses disciples l'appelaient Mahasamatman et disaient qu'il était un Dieu. Il préférait cependant supprimer de son nom Maha- et -atman et se faire appeler Sam. Il ne prétendit jamais être un dieu. Comme jamais il ne prétendit ne pas en être un. Les circonstances étant ce qu'elles étaient, admettre l'un ou l'autre n'eût été d'aucun profit. A la différence du silence.
Il était entouré de mystère...."

Cette première phrase est à l'image du roman lui-même, mystique, historique, humoristique et mystérieux.
Sur une planète lointaine dirigée par les figures du panthéon hindou, ou la technologie semble figée dans un éternel moyen-age, si l'on excepte les machines à prière et les centres de réincarnation, Sam, un nouveau Prométhée prépare le renversement des dieux tout au long de ses réincarnations.
Incarnant Bouddha il prépare les esprits à l'abandon des croyances, prônant l'illumination et la non-violence.
Après avoir converti un assassin lancé à ses trousses et qui périra lors d'un duel épique avec Yama, dieu de la mort, Sam devient chef de guerre levant une armée hétéroclite, alliance d'humains de démons et de dieux déchus pour affronter les dieux célestes.
Au fil du roman on découvre qui sont les dieux, les démons et les habitants de la planète, avec en toile de fond, l'utilisation de la religion comme instrument de contrôle. Sans manichéisme et non sans une auto-dérision teintée de cynisme, Sam va utiliser la spiritualité du Bouddhisme et les connaissances de la science pour combattre la main-mise des dieux.
Roman de science fantasy, érudit, poétique, épique ou l'action va de pair avec la réflexion, Seigneur de Lumière prix Hugo en 1968 est un classique de la SF.
Lien : https://mediotopia.com/bibli..
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