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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le grand incident est une BD satyrique qui nous interroge sur le regard que porte les hommes sur la nudité des femmes dans l'art.

En effet, le nu féminin dans l'art est fréquemment cantonné aux poses de soumission et d'humiliation. Au contraire, celui des hommes est montré comme un signe de courage et de force virile.

La mythologie grecque ou encore la religion chrétienne ont été souvent le prétexte à la nudité des femmes afin de les rendre encore plus vulnérables. Parfois, on montre une attitude volontairement provocante pour les fustiger davantage. Bref, il y a une véritable inégalité de traitement dans l'histoire de l'art.

Or, ces femmes représentées dans des sculptures ou des tableaux vont se rebeller face à des actes d'incivilités et des regards plutôt lubriques dans un total manque de respect. Elles vont tout simplement disparaître dans ce que la direction du Louvre va appeler le « grand incident ».

Pour y remédier, il faudra que tous les visiteurs hommes soient entièrement nus lors de la visite ce qui provoque un grand remous dans la population sous le regard plutôt amusés des femmes. Ainsi, justice leur est rendue.

Pour autant, le final va tenter de dépasser cette approche un peu féministe. A noter que le dessin de Zelba est absolument magnifique pour représenter non seulement les différents personnages mais également les oeuvres présentes au Louvre.

Sous un ton volontairement très humoristique, c'est une démonstration de force quant à la représentation de l'art. Evidemment, cela nous interpelle et cela nous interroge.

On ne verra plus jamais la Joconde de la même façon après cette lecture, je peux vous le garantir !
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Rébellion au musée du Louvre : les femmes représentées nues en peinture ou sculpture ne supportent plus les regards libidineux des visiteurs, leurs réflexions graveleuses et leurs gestes mimant des attouchements.
Les hommes sont des p*rcs (pardon à la famille des Suidae) ?
Oui, mais... que celle qui ne s'est jamais gaussée du zizi rikiki d'une statue grecque de mâle leur jette le premier éclat de marbre. Idem pour celles qui redimensionnaient les choses dans leurs manuels de latin, au collège, pour tromper l'ennui et fanfaronner, en gloussant avec leur voisine...
.
Les nues du Louvre vont protester à leur façon, d'abord en se soustrayant aux regards, puis en posant leurs conditions pour réapparaître.
.
Le début de cet album 'fantasticomique' peut surprendre, voire rebuter. Pourquoi ce long nez dégueu des Darlin ? A la Pinocchio pour la duperie ? ou symbole érectile ?
Les réflexions sur le nu dans l'art sont ensuite très intéressantes, notamment les explications sur 'Suzanne au bain', épisode biblique de voyeurisme et tentative d'agression sexuelle interprété par des dizaines/centaines de peintres.
Tout cela interroge également notre propre rapport aux représentations de la nudité : gêne pudique (qui peut susciter des plaisanteries idiotes pour masquer l'embarras), ou colère face à ces corps féminins livrés en pâture aux mâles. Ils sont beaux, mais ils ont tellement été érotisés avec la publicité des dernières décennies... comment sont-ils perçus ? comme de la chair, de la viande à classer dans le registre érotique/porno ?
La présence du veilleur de nuit étudiant en sociologie est particulièrement pertinente, qui rappelle la nécessité d'inscrire toute oeuvre dans son contexte.
Alors vive l'Histoire de l'Art, et tous les moyens sont bons pour y plonger avec gourmandise : ♥ revue Dada, pastilles sur Arte, podcasts France Culture, ouvrages de Michel Pastoureau... ♥
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Rébellion au Louvres, les femmes nues de l'art en ont assez de se faire reluquer, palper, injurier. Alors elles disparaissent...
Pendant ce temps, le directeur et sa soeur (qui se fait passer pour lui quand il faut prendre la parole) tentent de trouver une solution. Au départ plutôt contraire et dans la négation, Monsieur Darlin - le directeur - réalise en quoi il est désagréable d'être soumise à la pression et au regard des hommes et se fait l'oreille des requêtes des nues de l'art.
Et c'est là que, pour moi, cette BD découvre son principal intérêt : elle met en avant la façon dont la femme a été utilisée dans l'art pour assouvir la façon dont l'homme voulait la voir : nue, soumise. A travers quelques exemples très concrets et bien documentés, on nous expose les alibis culturels et religieux qui permettaient de placer la nudité féminine dans la pierre ou sur la toile.
Le parallèle avec le traitement du nu masculin est également très intéressante.
Pour le reste, l'histoire du directeur et sa soeur ainsi que la chute, j'ai trouvé ça un peu tarte à la crème et beaucoup moins intéressant.
Le dessin est dynamique et assez sympa avec une utilisation sympathique de la couleur.
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Dès la préhistoire, les artistes ont dessiné ou façonné des nus, féminins et masculins. Mais les manières de les représenter ont varié dans le temps. Les degrés de réalisme sont divers (eh non, dans la vraie vie, la taille des pénis humains ne varie pas, en fonction des individus, des dimensions d'un asticot à celle d'un énorme butternut !). L'esthétique des modèles choisis, leurs poses, et les contextes de leurs représentations changent aussi selon les époques.

Il semble cependant y avoir une constante. Alors que sur le plan esthétique les femmes ont la part belle (c'est mon point de vue), la place que leur assignent les artistes est en revanche moins flatteuse : de l'allumeuse à la femme soumise, en passant par la naïve totale.
Et la manière dont les hommes les observent est à l'unisson.

C'est la raison pour laquelle des oeuvres de femmes nues du Louvre décident ici de se révolter, pour le grand plaisir du lecteur.

Cette bande dessinée invite à réfléchir sur la place des femmes dans les arts, et donc dans la société. Elle le fait sur un ton loufoque mais habile et amusant.
Le propos est intéressant mais le graphisme trop inégal, avec quelques personnages peu agréables au regard (à la direction et au secrétariat de Musée du Louvre).
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Comme d'habitude, une interminable file s'étire devant la pyramide du Louvre. Mais, contrairement à l'habitude, le préposé à l'entrée propose aux visiteurs masculins un bac pour déposer leurs vêtements. Qu'est-ce que cela veut dire ?
Quelques pages plus loin, on est plongé dans une rétrospective. Une classe d'adolescents boutonneux suit le professeur. Pas tous. Trois garçons se sont éloignés et se comportent comme de vrais porcs : ils tripotent une statue de femme, se prennent en photo dans des poses licencieuses, émettent des remarques obscènes. Cette attitude devient banale, courante. Elle ne va pas rester impunie. le « grand incident » se prépare.
Vous le savez, j'aime beaucoup les émissions littéraires. Hélas ! Car elles me poussent toujours à augmenter la taille de ma PAL qui monte déjà jusqu'aux étoiles et au-delà.
J'ai eu l'occasion d'écouter l'interview de Zelba, une auteure de bandes dessinées que je ne connaissais pas. Elle venait de sortir un album dans la collection que les éditions Futuropolis consacrent au Louvre. le musée propose à des dessinateurs de s'approprier leurs oeuvres et de leur consacrer une histoire de leur cru. J'en ai déjà quelques unes (« Les chats du Louvre », « Le chien qui louche », « Période glaciaire »...) J'étais curieuse de découvrir celle-ci.
J'avoue que j'ai été quelque peu déstabilisée en voyant la couverture. Et j'ai hésité. Couleur flashy rose fluo. Au centre, le groupe des trois Grâces dont l'expression du visage est mécontente ou lasse. Autour de la sculpture, deux femmes, une grande et une petite, accompagnées de deux hommes des mêmes tailles. Mais ceux-ci sont... nus ? Va-t-on nous bassiner avec cette nouvelle mode de visites naturistes dans divers musées ?
Eh bien non. le propos de l'auteure est différent. Elle a choisi un mode d'expression original. Pas de noir et blanc, mais pas de colorisation non plus. Seulement les contours des personnages, des oeuvres, des bâtiments. Tantôt en rouge, en noir, en bleu. Quelques toiles ou statues sont reproduites, en couleurs celles-là, et parfois avec un amusant clin d'oeil, comme ces « Deux soeurs » de Chasseriau.
Le problème abordé est important : le respect. Pourquoi les jeunes gens se permettent-ils gestes et propos déplacés à l'égard des oeuvres d'art ? Pourquoi le directeur n'écoute-t-il pas Teresa, bien au contraire, puisqu'il la met à la porte. Pourquoi, « en deux cent trente ans d'histoire du Louvre, jamais aucune femme n'a[t-elle] eu la direction du musée ? » Et pourquoi les artistes féminines sont-elles aussi peu représentées ?
Lorsqu'on feuillette l'album, on constate que Zelba n'a pas respecté les conventions du neuvième art : aucune case pour délimiter les dessins, des personnages qui en auraient dépassé les frontières, des angles de vue surprenants : des plongées, notamment, qui rendent Teresa, qui est déjà minuscule, encore plus petite, surtout face aux hommes qui la dominent de tout leur prétendu pouvoir.
Lorsqu'on ne les voit pas, les statues parlent. Ainsi, La Fontaine et Racine échangent-ils des propos carrément machistes, le tout en élégants vers. Leurs paroles font écho à celles de certains contemporains : un vieux monsieur interpelle Teresa en lui donnant du « ma biche », le directeur lui hurle : « J'ignore si vous êtes juste ivre ou complètement folle », une attitude qu'il ne se serait certainement pas permise face à ses collaborateurs masculins.
Les thèmes abordés, l'humour, l'originalité du traitement, tout cela m'a beaucoup plu. En revanche, j'ai détesté les personnages avec des nez démesurés et pointus.
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Zelba, dont j'ai énormément apprécié Mes mauvaises filles, nous propose une farce burlesque déjantée et décomplexée sur les questions de genre.

Au Louvre, les nus féminins se révoltent. D'abord, les statues représentant des nus de femmes disparaissent... en fait, elles sont toujours là mais elles deviennent invisibles. Puis les nus dans les tableaux itou. Il faut faire quelque chose mais quoi? Je n'en dis pas davantage.

C'est là que Zelba part dans un grand nimportenawak foutraque jouissif et militant. Oui, on jouit intellectuellement. Et oui-oui (et son bonnet bleu) on est dans le militantisme intelligent, érudit, construit, afin d'ouvrir les yeux sur la représentation des femmes dans l'Art depuis la nuit des temps (ou presque). Et c'est nécessaire.

J'ai apprécié le Grand Incident. Je pense qu'il faut être difficile pour ne pas apprécier, rire, s'indigner, réfléchir à soi, etc. Mais il y a quelques mais... D'une part, cela tire un peu dans tous les sens (et parfois en longueur), et parfois "qui trop embrasse, mal étreint", comme on dit. Cela fuse, comme si les idées sortaient en flux continu et que la main ne suivait pas pour tout dessiner. D'autre part, la postface arrive un peu tard, à mon avis. Une partie devrait se trouver en préface. C'est assez courant, mais pas grave. Enfin, au-delà de la gaudriole rocambolesque, il n'y a que trop peu d'éléments de contenu. Zelba prend comme exemple de soa thèse les représentations dans l'art de Suzanne et les vieillards. Suzanne, donc, est épiée par deux vicelards qui envisagent de consommer hic et nunc les charmes de la belle. Ils finiront lapidés. On se rend compte (en googlant) que les tableaux montrent Suzanne nue et jamais les deux vieux copains à Depardieu lapidés. Même quand elle se protège, un sein est bien visible entre ses bras (chez Fabre, ou Chasseriau). Pire... parfois elle sourit.

Seule exception notable, Albrecht Altdorfer produit un Suzanne au Bain de toute beauté et pudique, qui reste un de mes préférés. C'est grandiose, pudique et avec (je pense) une touche d'humour bienvenu eu égard à la position des vieillards planqués dans les fourrés. Sebastiano Ricci va peindre le bain et la présentation des vieillards devant Daniel. Véronèse fait aussi un chouette travail pudique, mais il traîne quand même une flopée de femmes nues (souvent Vénus,mais quand même).

L'intérêt principal, à mes yeux, de la BD est d'ouvrir les yeux sur une injustice flagrante, et sur un traitement inégale de la nudité masculine et féminine dans l'Art. Et rien que pour cela, il faut lire Zelba.
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L'auteure allemande Zelba propose une fable féministe empreinte d'humour pour parler de la condition de la femme dans l'art et la société.

Un vent de révolte souffle dans les salles du musée du Louvre : d'abord au département des sculptures avant de toucher celui des peintures.

Toutes les femmes représentées disparaissent des oeuvres et des tableaux. La raison ? Elles se révoltent contre le comportement déplacé de certains visiteurs qui les touchent ou les salissent avec leurs mots.

Le grand incident fait écho aux questions sur le corps des femmes objectivé dans l'espace public et sur celle du consentement mais pour garder de la légèreté et pour rendre aussi hommage au musée du Louvre qui lui a demandé d'imaginer une bande dessinée traditionnelle (comprendre à l'encre et à l'aquarelle). Zelba a mis une bonne dose d'humour dans son histoire à travers son uchronie et dresse une farce féministe située au Musée du Louvre.

Au delà des enjeux actuels, elle interroge la place de la femme artiste dans les musées, longtemps invisible (l'est-elle d'ailleurs beaucoup plus aujourd'hui ?), le regard des artistes sur la femme (souvent soumise) et celui du spectateur.

Je vous laisse découvrir comment les statues et les femmes ont accepté de reprendre du service
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Que se passe-t-il au Musée du Louvre ? Pourquoi les hommes, et eux seuls, sont-ils tenus de se déshabiller avant d'entrer au musée ? Pour comprendre quel est ce grand incident qui touche Le Louvre, il faut remonter six mois en arrière....

Teresa fait le ménage dans le musée depuis 30 ans. Elle les entend se plaindre : celles qui sont statufiées, celles qui sont peintes, les femmes que l'on vient voir au Louvre n'en peuvent plus: remarques sexistes, regards lubriques, contacts marqués... La colère les pousse à prendre une décision forte.

Zelba a arpenté les couloirs du Musée du Louvre pour imaginer cette fable burlesque, drôle et finement grinçante. C'est par cette pirouette narrative qu'elle parvient à nous faire réfléchir sur l'image sexualisée de la femme dans l'art et plus largement, elle pointe l'hypocrisie de notre regard sur le corps de la femme.

On retrouve avec plaisir le trait acéré de Zelba. Entre pages épurées où le noir s'associe à une autre couleur, et représentations stylées des oeuvres d'art, Zelba nous régale avec son style bien à elle !

Le grand incident est un des albums les plus attendus de cette pré-rentrée BD... Et il répond à l'attente ! Fonce vite à la librairie, ça sort aujourd'hui !
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Cette fable fantasmagorique nous fait voyager à travers les siècles et décortiquer le regard masculin dans l'art. C'est également l'occasion d'en apprendre plus sur la façon dont les moeurs de la société ont influencé les oeuvres. Une même légende ou scène biblique va prendre des tournures plus chastes ou plus lubriques selon l'air du temps.
Le dénouement est profondément optimiste et les sujets soulevés par l'histoire méritent que l'on y réfléchisse, peu importe notre sexe.
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Une jolie BD par son sujet, son texte, ses dessins ainsi que par sa colorisation. C'est toujours un plaisir de se plonger dans un récit réunissant l'art et un autre sujet. J'en retire une expérience positive avec la guerre civile espagnole et la peinture dans Les filles au Lion, de Jessie Burton.

Comme expliqué dans sa superbe postface décryptant son cheminement créatif, Zelba s'inspire de l'effroi que lui a suscité le confinement, les remarques ainsi que des autres gestes honteux que les hommes tendent malheureusement à pratiquer, encore et encore.

Queue dire du Grand Incident (vous l'avez ?) ? C'est un melting pot de tous les éléments précédemment cités. Une fable féministe où les statues conversent de leur condition en vers et les peintures dans la langue commune si ce n'est en argot.

C'est finalement, un ras le bol du patriarcat, encré si profondément dans les moeurs, qu'il ressurgit violemment si bien au quotidien que dans les oeuvres d'art dont nous avons héritées. le nu a une fâcheuse habitude à rabaisser la femme par sa mise en scène dans l'oeuvre en question ou par sa sexualisation. A contrario, elle glorifie généralement les hommes.

L'autrice, constate, remet en question et dénonce, mais ne jette pas tout pour autant. Pour la citer, aimer quelque chose n'empêche pas d'avoir un aspect critique. Cela ne peut au contraire que l'améliorer.

Les faits sont parfois si dérisoires qu'ils en deviennent ridicules et de facto, drôles. Cela allège donc les propos qui n'ont pas vocation à tenir un procès de l'Art et des musées, mais qui revendiquent, encore une fois l'équité.
Ce concept est par ailleurs poussé à son paroxysme lors des derniéres pages, provocant un happy ending pour le moins singulier.

Je remercie donc Zelba pour cette lecture forte de sens et très originale par son approche.
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