Le Premier Sexe

Zemmour projette sur les relations homme-femme une vision très sombre qui tient plus du combat que de l'union. L'objectif de chaque partie du couple est pour lui l'asservissement, l'assujettissement, la soumission de l'autre. Il ne voit le couple que par une lutte d'intérêts contradictoires.

Il rapporte tout ce qui n'entre pas dans sa vision du Don Juan à de l'efféminisation, de la faiblesse. N'a-t-il jamais entendu parler de l'amour courtois ? le noble chevalier était dévoué à sa douce, honnête, vaillant, personne ne songerait à se moquer de sa fidélité en lui affirmant qu'un homme, un vrai, ça trompe, ça couche sans aimer. Zemmour contre le féminisme, c'est la décadence contre la décadence. Il n'oppose à la féminisation des hommes qu'un modèle ridiculement viriliste et certainement pas enviable, certainement pas louable, certainement pas exemplaire.

Pour le reste, noyées dans une masse de réflexions souvent peu recherchées, et parfois même lourdingues, on trouve quelques fines observations. Ainsi en est-il de la tentation que l'homme et la femme ont de se ressembler, de ne plus chercher dans leur union l'altérité mais l'analogie, une sorte de grande tentation homosexuelle. C'est très bien vu en effet.

En tant que femme féminine, attirée par le viril, le masculin, j'ai trouvé cet ouvrage rafraîchissant. Des vérités que l'on n'entend plus nul part, quelques clichés misogynes aussi, mais en définitive ; j'ai pris plaisir à lire ce très court essai.