En écrivant cet essai, au demeurant bien construit et argumenté, Éric Zemmour avait-il conscience de sa portée qui, de mon point de vue, va bien au-delà du sujet annoncé : la place toujours croissante de la femme dans nos sociétés occidentales modernes ?
En dénonçant leur féminisation globale, tel un « cocooning » maternel qui se serait abattu sur nos pays « développés » comme une chape de plomb sous prétexte d'hyper-protection, au final castratrice, n'explique-t-il pas, a priori, le désintérêt et la fuite qui se sont emparés de leurs ressortissants toujours plus jeunes et plus nombreux qui prennent le parti de l'émigration ? Retraité en Thaïlande, une société aux valeurs beaucoup plus traditionnelles, je le constate tous les jours.
Pour ne prendre que cette région du monde pour exemple, ce mouvement s'exprime de plus en plus largement et ouvertement dans la littérature qui y est consacrée, qu'il en soit le thème principal ou qu'il marque simplement en demi-teinte la trame romanesque des ouvrages.
On connaît, bien sûr, «
Plateforme », de
Michel Houellebecq, qui ne prend en compte que la liberté sexuelle, mais dont c'est le propos essentiel. En revanche, on peut aussi citer
John Burdett, auteur d'excellents polars comme «
Bangkok 8 », qui émaille ses enquêtes à rebondissements des mêmes constats sociétaux. Ou encore le « roman gay » d'
Eric Miné, «
le garçon de Vientiane », paru récemment, qui dénonce au passage le « totalitarisme précautionneux » de l'Occident en opposition à une liberté supposée qui s'imposerait d'elle-même dans des pays moins touchés par la « mondialisation égalitaire » et qui auraient conservé un ordre naturel et ancien malgré les épreuves de l'Histoire. D'autres titres, sûrement, tournent autour de cette idée dans l'air du temps, mais je ne les connais pas tous.
Alors, prémonitoire, le livre d'Éric Zemmour ?
En fait, à mes yeux, un livre majeur de notre époque.