J'ai acheté il y a déjà longtemps ce petit opus, et en attendant de lire le nouvel ouvrage d'Eric qui va paraître le 16 mars 2023, je veux juste ajouter mon avis et mon ressenti d'il y a quelques années, à la lecture de l'ouvrage. Je précise que j'ai lu pratiquement tous les bouquins de Zemmour. Allons-y gaiment !
Sur le style, sur la documentation, sur le traitement, sur tout ce qui a servi comme base et référence à la rédaction du livre, rien à dire : Zemmour n'est pas un débutant, il sait écrire et réfléchir, convaincre s'il le faut.
Qui commande, dans un couple ? Avant qui commandait ? Avant, c'était l'homme. le maître. Et la femme le regardait, ne se posant guère de question. Elle l'aimait ou ne l'aimait pas ; quant à lui, s'il était fidèle et sage, tout allait bien. S'il commettait quelque infidélité, la femme fermait les yeux. S'il devenait plus qu'odieux, alors la femme pouvait demander le divorce, et l'obtenait. Point. Aujourd'hui (ou il y a six ans), à l'époque où Zemmour écrit son livre, il apparaît que ce sont les femmes qui demandent le divorce, plus rarement les hommes. Zemmour se fonde sur des statistiques. Mais les statistiques ne diront jamais ce qui se passe réellement dans la tête des femmes qui demandent le divorce, et pour quelles raisons elles le demandent(l'auteur dit ensuite qu'elles regrettent d'avoir divorcé, car c'est toujours la même chose, évidemment tout se répète..).
Or, il n'est pas rare qu'un homme demande le divorce (ce que ne dit pas Zemmour dans son livre ou si peu, à la fin de son essai, car il fallait tout de même qu'il regardât la vérité en face, pas complètement stupide, notre bon Eric) accablant sa femme de tous les défauts, voulant refaire sa vie à la quarantaine, souvent, parfois influencé par des amis plus ou moins pervers. Evidemment, comme ces hommes-là sont sans reproche, ils annoncent cette bonne nouvelle à leur épouse qui, elle, n'attendait pas que ça (contrairement à ce que pense Zemmour, car selon lui, les femmes seraient toutes des Emma Bovary) et se retrouve alors au comble du désespoir.
Ce n'est pas l'influence du féminisme primaire ou des féministes "new age" qui est à l'origine de tous ces bouleversements qui font qu'un couple, aujourd'hui, bat de l'aile et n'est plus capable de reprendre son envol. Mais plus exactement la perte des valeurs fondamentales qui se sont peu à peu diluées à cause de la libération des moeurs (les chanteurs anglais et américains qui n'avaient d'ailleurs rien à voir avec "le féminisme", bien qu'ils fussent pour la plupart chevelus et couverts de bijoux) et de l'entrée des femmes dans le travail : or, jadis, elles travaillaient, d'une façon ou d'une autre, comme le développe d'ailleurs Eric. Mais pour l'homme macho (et ils sont nombreux, qu'ils le veuillent ou non), la femme devait être la femme forte de l'Evangile, levée dès l'aube pour aller au travail, s'occupant aussi des enfants, et ne s'arrêtant qu'à la tombée du jour, obéissante et gentille. Bref, une petite marionnette qui disait "amen" à tout.
Si elle ne correspondait point à cette image, l'homme alors, "légitimement", prenait la décision de prendre une autre femme, ou d'autres femmes, et larguait l'épouse en chemin, sans se soucier des dégâts causés dans un psychisme pour qui le mariage était "sacré" et devait durer jusqu'à la mort. Mais cet homme macho se parait des plumes du paon, bien habillé, coquet, parfumé, et cherchait à "refaire sa vie", un rien dandy, offrant fleurs et bijoux et restaurant à ses nouvelles conquêtes, tandis que la femme, au foyer, se demandait ce qui se passait dans la tête de son mari.
Eric Zemmour n'aborde pas ce problème dans son essai ou plutôt il l'aborde dans le sens qui l'arrange le mieux pour ne pas voir sa thèse tomber dans le précipice. En effet, la dimension psychologique y est absente, à cause du parti-pris initial : l'homme est un sentimental, il est devenu tellement féminin qu'il subit les affres du féminisme et des femmes sans moustache. de sa femme. La victime, c'est lui. Alors, il est largué : normal, il n'était pas à la hauteur des espérances de ces demoiselles, qui rêvaient toutes d'un autre Prince Charmant.
Mais, écrit Zemmour, "les hommes défendent jalousement leur domination comme un trésor et refusent, qu'ils soient musulmans, hindous ou bouddhistes, d'aligner le statut de leurs femmes sur celui des Européennes". Partout ailleurs, en Chine, en Amérique, en Asie, ou en Russie, "c'est la force, la violence, la mort,la guerre qui sont les attributs des hommes". Zemmour cite enfin l'anthropologue et philosophe
Malek Chebel qui explique que Jésus incarne la douceur, la bonté, la compassion et le pardon (qualités propres aux femmes) alors que l'Islam propose "un renforcement du patriarcat", tout en respectant la femme.
Cela dit, tout en maintenant mon point de vue, je peux dire que le livre se relit avec plaisir, tant il fourmille de détails de toutes sortes, tellement les propos sont clairs et bien argumentés. le journaliste a du talent et ne s'en prive pas. Pour moi il reste l'un des meilleurs et plus brillants polémistes. Et il y a longtemps qu'il a raison sur la,plupart des sujets politiques. On voit aujourd'hui les dégâts des politiques gauchistes et ultra gauchistes.