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Citations sur Les Rougon-Macquart, tome 1 : La fortune des Rougon (460)

A cette époque, il s'occupait beaucoup d'histoire naturelle comparée, ramenant à la race humaine les observations qu'il lui était permise de faire sur la façon dont l'hérédité se comporte chez les animaux. Aussi, en se trouvant dans le salon jaune, s'amusa-t-il à se croire tombé dans une ménagerie. Il établit des ressemblances entre chacun de ces grotesques et quelque animal de sa connaissance. Le marquis lui rappela exactement une grande sauterelle verte, avec sa maigreur, sa tête mince et futée. Vuillet lui fit l'impression blême et visqueuse d'un crapaud. Il fut plus doux pour Roudier, un mouton gras, et pour le commandant, un vieux dogue édenté. Mais son continuel étonnement était le prodigieux Granoux. Il passa une soirée à mesurer son angle facial. Quand il l'écoutait bégayer quelque vague injure contre les républicains, ces buveurs de sang, il s'attendait toujours à l'entendre geindre comme un veau ; et il ne pouvait le voir se lever, sans s'imaginer qu'il allait se mettre à quatre pattes pour sortir du salon.
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Il était de taille moyenne, légèrement trapu. Au bout de ses bras trop développés, des mains d'ouvrier, que le travail avait durcies, s'emmanchaient solidement ; ses pieds, chaussés de gros souliers lacés, paraissaient forts, carrés au bout. Par les attaches et les extrémités, par l'attitude alourdie des membres, il était peuple ; mais il y avait en lui, dans le redressement du cou et dans les lueurs pensantes des yeux, comme une révolte sourde contre l'abrutissement du métier manuel qui commençait à le courber vers la terre. Ce devait être une nature intelligente noyée au fond de la pesanteur de sa race et de sa classe, un de ces esprits tendres et exquis logés en pleine chair, et qui souffrent de ne pouvoir sortir rayonnants de leur épaisse enveloppe. Aussi, dans sa force, paraissait-il timide et inquiet, ayant honte à son insu de se sentir incomplet et de ne savoir comment se compléter. Brave enfant, dont les ignorances étaient devenus des enthousiasmes, cœur d'homme servi par une raison de petit garçon, capable d'abandons comme une femme et de courage comme un héros.
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Abandonné, l'ancien cimetière s'était épuré à chaque printemps, en se couvrant d'une végétation noire et drue. Ce sol gras, dans lequel les fossoyeurs ne pouvaient plus donner un coup de bêche sans arracher quelque lambeau humain, eut une fertilité formidable. De la route, après les pluies de mai et les soleils de juin, on apercevait les pointes des herbes qui débordaient les murs ; c'était une mer d'un vert sombre, profonde, piquée de fleurs larges, d'un éclat singulier. On sentait dessous, dans l'ombre des tiges pressées, le terreau humide qui bouillait et suintait la sève.
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Quand la vieille femme eut terminé sa lecture , elle était convaincue.Toute la pensée
d 'Eugène lui apparut clairement .IL comptait faire sa fortune politique dans la bagarre
et ,du coup ,payer à ses parents la dette de son instruction en leur jetant un lambeau.
de la proie ,à l 'heure de la curée .Pour peu que son père l 'aidât ,se rendit utile à la
cause ,il lui serait facile de le faire nommer receveur particulier .On ne pourrait rien lui
refuser ,à lui qui aurait mis les deux mains dans les plus secrètes besognes .Ses
lettres étaient une simple prévenance de sa part ,une façon d 'éviter bien des
sottises aux Rougon .Aussi Félicité éprouva-t-elle une vive reconnaissance .
Elle relut certains passages des lettres ,ceux dans lesquels Eugéne parlait en termes vagues de la catastrophe finale .Cette catastrophe ,dont elle ne devinait pas bien le genre ni la portée ,devint pour elle une sorte de fin de monde : Dieu
rangerait les élus à sa droite et les damnés à sa gauche ,et elle mettrait parmi les
élus .
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Ces luttes secrètes d'hommes qui veulent avant tout éviter le bruit, demandent une finesse particulière, une aptitude aux petites choses, une patience de gens privés de passions. Et c'est ainsi que les lenteurs provinciales, dont on se moque volontiers à Paris, sont pleines de traîtrises, d'égorgillements sournois, de défaites et de victoires cachées. Ces bonshommes, surtout quand leurs intérêts sont en jeu, tuent à domicile, à coups de chiquenaudes, comme nous tuons à coups de canon, en place publique.
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Quand à Pierre Rougon, il avait pris du ventre ; il était devenu un très respectable bourgeois, auquel il ne manquait que de grosses rentes pour paraître tout à fait digne. Sa face empâtée et blafarde, sa lourdeur, son air assoupi, semblaient suer l'argent. Il avait entendu dire un jour à un paysan qui ne le connaissait pas : "C'est quelque richard, ce gros-là ; allez, il n'est pas inquiet de son dîner ! " réflexion qui l'avait frappé au coeur, car il regardait comme une atroce moquerie d'être resté un pauvre diable, tout en prenant la graisse et la gravité satisfaisante d'un millionnaire.
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C'est comme cette petite vipère d'Aristide, disait-il, c'est un faux frère, un traître. Est-ce que tu te laisses prendre à ses articles de l'Indépendant, toi, Silvère? Tu serais un fameux niais. Ils ne sont même pas écrits en français ses articles. J'ai toujours dit que ce républicain de contrebande s'entendait avec son digne père pour se moquer de nous. Tu verras comme il retournera sa veste... Et son frère, l'illustre Eugène, ce gros bêta dont les Rougon font tant d'embarras! Est-ce qu'ils n'ont pas le toupet de prétendre qu'il a à Paris une belle position! Je la connais, moi, sa position. Il est employé à la rue de Jérusalem ; c'est un mouchard...
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A cette heure, le sous-préfet ayant quitté le pays, Rougon se trouvait naturellement, par la force des circonstances, le maître unique et absolu de la ville ; crise étonnante, qui mettait le pouvoir entre les mains d'un homme taré, auquel, la veille, pas un de ses concitoyens n'aurait prêté cent francs.
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Ce qu'il but de demi-tasses, à cette époque, fut incalculable ; il invitait parfois les amis, et pendant des heures, il criait que le peuple mourait de faim et que les riches devaient partager. Lui n'aurait pas donné un sou à un pauvre.
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Quand Sylvère fut rentré, elle ferma la porte à double tour et jeta la clef dans le puits. Elle était certaine, de cette façon, que la porte ne la rendrait plus complice. Elle revint l'examiner un instant, heureuse de lui voir reprendre son air sombre et immuable. La tombe était refermée, la trouée blanche se trouvait à jamais bouchée par ces quelques planches noires d'humidité, vertes de mousse, sur lesquelles les escargots avaient pleuré des larmes d'argent.
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