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sur 5739 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Septième Rougon-Macquart. Cette fois-ci c'est l'histoire de Gervaise, fille d'Antoine et Joséphine Macquart.

Elevée très vite sous les coups paternels et initiée à l'alcoolisme maternel dans l'enfance, elle va se retrouver enceinte à 14 ans du jeune Lantier. A la mort de sa mère, et avec son petit héritage, celui-ci l'emmène à Paris avec de grands projets mais il l'abandonne avec leurs deux garçons après quelques semaines seulement.
Rien ne semble sourire à Gervaise, ni lui simplifier la vie. Et pourtant! Ses ambitions modestes - travailler tranquille, manger toujours du pain, avoir un trou un peu propre pour dormir, élever ses enfants et ne pas être battue - la rendent terriblement attachante et elle réussira à obtenir tout cela pour un temps. Elle aura même sa propre blanchisserie et l'on pourra penser qu'elle n'est pas loin d'obtenir la même réussite sociale que sa soeur Lisa (Le ventre de Paris).
Mais Gervaise n'est pas destinée à s'en sortir… Victime de son milieu social? Victime des hommes qui la choisissent? Elle n'a jamais réellement choisi ses amants. Elle subit Lantier à 14ans. Elle cède à Coupeau après de longues semaines de tentatives de séduction assidues. Elle refusera jusqu'au bout le seul pour lequel elle semble avoir des sentiments sincères, alors même qu'il semble le seul capable de la sortir de son inextricable situation.

Et derrière cette terrible destinée, pèse la lourde présence de l'Alambic de l'Assommoir, présence terrible et omniprésente, tel l'oeil de Sauron sur la terre du milieu… ;-)

Zola a été très critiqué pour ce 7ème roman, jugé vulgaire par les conservateurs et méprisant par les républicains, il signe pourtant le début du réel succès de la saga.

Ce roman est toujours d'actualité en cela qu'il dénonce toute la difficulté de s'extraire d'une situation sociale peu enviable et les inégalités inhérentes au système de classes. Aujourd'hui, il existe bien heureusement des aides qui limitent ces situations d'engrenage terribles, mais il faut garder en tête que les oubliés du système sont toujours là. L'histoire de Gervaise n'est pas une fiction.
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Immense choc qu'a été pour moi L'Assommoir, lu au lycée, jamais oublié depuis. Quand on a compris où on avait mis les yeux, on n'est qu'au début de la descente aux enfers si injuste que subira Gervaise. Je ne bois jamais. Parfois je me demande si Zola n'y est pas pour quelque chose...
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On ne sort pas indemne après avoir lu ce roman et j'en suis encore bouleversée… Je l'ai lu presque d'une traite, ayant du mal à le lâcher tant les vies de Gervaise et d'Auguste Coupeau sont aussi déconcertantes que dramatiques.

Emile Zola utilise un vocabulaire populaire afin de restituer le plus fidèlement possible l'existence misérable et laborieuse du milieu ouvrier de son époque. Il met donc un point d'honneur à employer le langage du peuple dont le style prête parfois à sourire, égayant ainsi la trame mélo dramatique et la sombre noirceur de l'histoire. le lecteur assistera à une véritable descente aux enfers des deux protagonistes du livre, victimes de l'alcool et de la misère, ces deux fléaux qui précipiteront leur chute et leur fin funeste.
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(Ce titre, l'assommoir, fait référence à l'outil utilisé dans les abattoirs pour assommer les bovidés, et par extension nom donné aux tripots où l'on sert de l'eau de vie conçue sur place, produit si délétère qu'il rend fou et tue les hommes)


En fermant l'assommoir, on comprend mieux pourquoi Hugo s'est montré aussi agressif s'agissant de cette peinture sans concession et surtout ultra réaliste du monde des ouvriers  : l'assommoir, c'est la démonstration des limites du grand maître Hugo, ses ignorances de la réalité, de ce que « les mis érables », oeuvre romantique à la limite du conte fées, a de définitivement naïf et manichéen. Et surtout : un passage historique dans une ère de pensée plus moderne : Zola n'a pas juste écrit un roman, il a inauguré une nouvelle ère dont Hugo ne fait pas partie.
Hugo, grand écrivain et penseur, certainement sait-il déjà que l'histoire donnera raison à Zola.
Derrière un apparent combat idéologique, politique - la défense ce ce peuple qui serait malmené dans l'assommoir - il y a la part qui donne de l'intérêt à chaque grand homme : sa petitesse ; Hugo, oh combien homme orgueilleux, est jaloux . Lui qui se fait plaisir, à lui et à ses lecteurs, quand il écrit "les misérables", se retrouve face à un roman où l'auteur s'est départi de cette manie narcissique.
Participant d'une curée, un aveuglement des élites « humanistes » qui prétendent être « du côté du peuple », et qui s'explique par l'ignorance d'un monde qu'elles ne côtoient pas, de fait conçoivent dans leurs oeuvres ce peuple dans une iconographie simpliste : le peuple ne peut être alors qu'idéalisé, ne peut donc être tel que Zola le décrit : avec son parlé ordurier, ses comportements misérables, ses bassesses infinies, son alcoolisme, sa violence…
Posture, au passage, qui place ces « élites» d'office au dessus de ce peuple. En se basant sur une logique primitive : si l'on voit, décrit le peuple sans complaisance, alors on est du côté des oppresseurs. Nulle critique n'étant possible, nulle nuance.



Sur l'un plus particulièrement de ces nombreux reproches faits à l'assommoir : le langage du peuple, de ce coin de Paris du 19ème siècle, la Goutte D'or : comment ne pas y voir toute la poésie de cette grivoiserie, la créativité de ces insultes et obscénités ? Un remarquable travail journalistique, historique ? Là aussi l'histoire a donné raison à Zola : il existe des livres dédiés juste à ce langage utilisé dans l'assommoir.

Hugo ici me fait furieusement penser à Sartre : l'un et l'autre n'ont jamais compris ce "peuple" pour la simple et bonne raison qu'ils n'en ont jamais fait partie et n'ont pas cherché à partager (il n'y a qu'à entendre ce Sartre lamentable qui fait peine à voir face à des ouvriers en grève)
Comme en parallèle d'un Hugo, Sartre, fourvoyé jusqu'à l'aveuglement criminel, s'étrangle en découvrant le premier texte critique de son « ami » Camus, ce plus jeune, plus beau, plus talentueux, ce génie… Sartre est trop cultivé, intelligent pour ne pas déjà savoir lui aussi que l'histoire donnera raison à son cadet. Hugo est trop savant pour ne pas savoir que l'assommoir, ce travail quasi journalistique, sociologique, accule définitivement « les misérables » au rang de plaisanterie romantique.
Ces deux « grands hommes » n'ont pas su comprendre ce qu'un enfant de primaire peut appréhender sans effort : on peut mener un combat juste et se fourvoyer.
A trop vouloir plaire au peuple, on ne le respecte plus.



Le roman :
Le livre s'ouvre sur une scène d'anthologie dans un lavoir géant quelque part dans Paris. Encore du grand cinéma façon Zola ! Autre grand moment du même tonneau, plus loin, la scène de la forge. Ou de la blanchisserie (comme dans Nana la scène du repas, des coulisses du théâtre...)
Zola est fasciné par les humains au travail, la précision de leur savoir-faire, leurs gestes d'orfèvrerie, par leurs conditions de travail et d'existence, notamment face à la Machine dévorante.
Les gens meurent de gagner leur vie, crèvent dans ce monde où le malheur guette, prêt à se jeter sur la moindre timide parcelle de bonheur qui aurait l'audace de pointer le bout de son nez : chez Zola, on sait que le bonheur ne dure jamais bien longtemps.


Au départ, Étienne a 4 ans quand sa mère, Gervaise, est quittée par le père de l'enfant. Gervaise réussit à recréer une famille, à force de travail, ouvre sa propre boutique et met au monde une enfant auquel on donne le prénom de… Nana ! Je ne m'y attendais pas (pourtant, forcément en lisant Zola dans le désordre…) J'en ai eu un pincement au coeur en sachant qu'elle serait la destinée de ce bébé tout neuf et tout particulièrement sa fin (au passage, Nana n'est qu'un surnom)
D'ailleurs, chacun de ses passages, même court, est marquant : déjà tout bébé, Nana provoque ce qui sera la déchéance de sa famille alors heureuse, la première marche vers la flétrissure inéluctable en provoquant l'accident du haut des toits de Paris…
A six ans, dans un autre passage, Nana est à la tête d'un troupeau de gamins. Elle est celle qui dirige, déjà celle qui ordonne. Et sa prochaine vie tournant autour du sexe est susurrée (Ici Zola serait-il un tantinet moraliste?)

Balzac fait la même chose dans sa Comédie Humaine, on y suit année après année des personnages récurrents, mais je n'y ressens pas d'attachement pour ses créatures, aucune empathie. Et chez Hugo, cette empathie est « hors sol », inhumaine : on a de la peine pour des personnages de contes, on vibre avec eux comme on peut vibrer avec un autre superhéros que Valjean (Le conte de Monte Cristo) mais on est pas dans l'empathie pour un semblable : on ne peut se reconnaître dans ces monstres.
Quand Gervaise est touchante, profondément humaine, suscite cette empathie, dans sa maladresse, sa ténacité à se battre contre vent et marée ; Cosette est juste une pauvre fée ; Thénardier un personnage du théâtre de Guignol, drôle d'exagération. Difficile d'y croire, à moins d'être peu exigeant s'agissant de rêveries.


Sur cet autre sujet traité, le délitement de l'amour entre deux êtres unis, là c'est du côté d'un auteur russe que ma pensée va : Léon Tolstoï, notamment « le bonheur conjugal » : là où l'amour au départ si éthéré devient petit à petit putride.
Le sujet principal demeurant quand même cette alcoolisme et ses ravages racontés de façon clinique (mais pourquoi s'appesantir sur un sujet maintes et maintes fois déjà traité ?)

Voyons plutôt d'autres points de vue moins célébré : ce personnage marquant pour moi de l'assommoir, même si étoile filante au regard de la durée du roman : la petite Lalie (qui me rappelle une autre petite fille martyre dans « l'enfant » de Jules Vallés) Cette courageuse petite fille de 8 ans qui remplace sa mère tuée d'un coup de pied dans le ventre par son père, cet ogre à qui « il faut des femmes à massacrer ».
On pourrait penser que c'est le seul personnage « hors la réalité » du roman, surgit d'une oeuvre romantique : « Puis quand le père était lasse de l'amener promener à coups de souliers aux quatre coins de la pièce, elle attendait d'avoir les forces de se ramasser ; et elle se remettait au travail (…) Ca rentrait dans sa tâche de tous les jours d'être battue ».

Quand le père quitte la maison, il attache la fillette au lit, « lui ficelait les jambes et le ventre avec de la grosse corde ». Là ; attachée, elle se plaint seulement de ne pouvoir s'avancer dans le ménage de la maison et, de sa main libre, continue à s'occuper des petits de la famille…
Elle est aussi sadiquement torturée, comme quand le père chauffe le métal de pièces à blanc, et que lui, goguenard demande à la petite de prendre les pièces sur la cheminée pour aller acheter telle ou telle chose. Et quand l'enfant hurlant jette les pièces, il frappe l'enfant avec toujours cette même jouissance de papa.

Mais est-on si loin de la réalité du huis-clos de la famille ? N'a t-on pas mille preuves journalières que ces enfants ne sont que des banalités condensées de l'humanité ?
Zola lui même a des pudeurs (celles de son époque) à dire toute l'humanité ; il sait pourtant toute l'étendue de la merde humaine. Parce qu'il me semble évidente qu'une telle enfant esclave sert de vide-couilles dans la réalité de ce qu'est la famille humaine. Mais ce sujet-là est peut être le grand absent de tous ces chef d'oeuvre naturalistes du 19ème siècle (dans la limite de mes connaissances)
A une époque où il était pourtant aisé d'aller dans une maison close acheter pour une heure un jouet de 3, 5 ou 8 ans. Aujourd'hui l'effort demandé est souvent plus grand : il faut en plus prendre l'avion.

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Septième tome de la série Les Rougon-Macquart, le roman est entièrement consacré au monde du travail. L'écrivain sauve la langue et les coutumes des travailleurs, en même temps qu'il décrit les dégâts causés par la pauvreté et l'alcoolisme. Point de repère du naturalisme littéraire, il fut controversé mais connut un grand succès, garantissant fortune et renommée à l'auteur.

Gervaise Macquart, le personnage principal, une Provençale de Plassans, assez belle, suivit son amant, Auguste Lantier, à Paris, avec ses deux enfants, Claude et Étienne. Très vite, Lantier, paresseux, infidèle et ne supportant pas de vivre dans la pauvreté, laisse Gervaise et ses enfants s'enfuir avec Adèle, dont la soeur Gervaise bat Virginie dans la buanderie. Gervaise, ouvrière, reprend alors le métier de blanchisseuse qu'elle avait appris à Plassans. Elle accepte d'épouser Coupeau, un zingueur à qui elle finit par céder. Bon coeur et faiblesse sont des traits de caractère forts de Gervaise. Ils auront une fille, Anna Coupeau, dite Nana, l'héroïne éponyme d'un autre roman des Rougon-Macquart.

Gervaise et Coupeau travaillent dur, gagnent de quoi vivre un peu plus facilement et économisent de l'argent. La blanchisseuse rêve d'ouvrir sa propre boutique, mais un accident l'oblige à reporter son projet : Coupeau tombe du toit où elle travaillait. Quitte à consacrer toutes les économies du ménage, Gervaise décide de s'occuper de son mari à la maison plutôt que de le laisser aller à l'hôpital Lariboisière, qui a une triste réputation.

La convalescence de Coupeau est longue. Il en veut au travail, prend l'habitude de ne rien faire et se met à boire
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Probablement le tome des Rougon Macquart que je préfère jusqu'ici, le premier que j'ai lu quand j'avais dix-huit ans et qui m'avait laissé un souvenir vif. le relire c'est découvrir à quel point le souvenir s'attache à une forte impression qui déforme parfois la longueur de tel passage ou sa puissance. Serais-je devenue une lectrice plus difficile à émouvoir ? Je me souviens de l'effroi ressenti à la première lecture quand Coupeau tombe du toit. J'y avais vu les tenants dramatiques de la tragédie. À la deuxième lecture, l'événement semblait moins prenant (évidemment moins surprenant) et la tension dramatique plus si forte que cela. de même avec le personnage de Coupeau en lui-même : à la première lecture il m'avait paru bien sympathique avant l'accident ce qui rendait sa transformation encore plus monstrueuse et qui faisait avoir autant de mépris que de pitié (mélange étrange et pourtant très commun) ; pourtant cette deuxième lecture le colorait dès le début sous un jour plus sombre, probablement une contamination de la suite, mais son insistance auprès de Gervaise pour qu'elle accepte de l'épouser me semblait terrible et prenait des aspects de tentation du diable, comme si Coupeau était déjà porteur du mal dans la vie de la si vertueuse Gervaise. C'est mon regard qui a changé aussi : fini le temps où l'amour était la valeur suprême (bien que dans les faits elle ne le soit plus parce qu'elle s'est concrétisée dans ma vie actuelle) et l'idée d'une Gervaise complètement indépendante, prenant le parti du célibat pour s'assurer la sérénité sinon le bonheur semblait être juste. Et Coupeau qui insiste et qui présente son avis comme la décision raisonnable, presque comme un acte de charité pour aider Gervaise qui femme ne peut décemment rester seule ainsi, voilà qui sonne comme une voix mielleuse et trompeuse. La suite le montre bien. Ce qui est pénible c'est la passivité de Gervaise qui a fait douloureusement écho à la mienne. Cette langueur qui prend la chair et qui embrume le cerveau jusqu'à faire devenir accommodante. Ce n'est pas être gentille mais être accommodante. Gervaise ne veut pas faire de peine mais surtout c'est le confort émotionnel qui lui dicte de céder. Car résister c'est être autodéterminée et cela donne parfois l'impression de s'égarer en dehors du monde des humains. Gervaise savait ce qui était bon pour elle, pourtant cela ne suffit pas ; encore faut-il la certitude qu'on n'aura pas la lâcheté de céder toujours aux autres pour conserver l'illusion de la sérénité. Alors quand elle voit la famille Coupeau, c'est une véritable catabase. Elle est déjà en train de mourir à elle-même car elle a fait le sacrifice de sa volonté pour faire plaisir.
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Quelle oeuvre ! Autant, la plupart du temps, je ne suis pas une fan incontestée de Zola (j'avais aimé Au Bonheur des Dames, mais m'étais ennuyée ferme avec L'Oeuvre, et n'avais pas réussi à dépasser le 3eme chapitre de Pot-Bouille ou, plus récemment du coup, de Nana), autant l'Assommoir n'a d'assommant que son titre (et ce à quoi il se rapporte dans l'histoire, évidemment).

C'est fascinant, cette vie défaite tout d'abord, puis cette ascension (sociale, financière, politique à la limite), et enfin cette complète déchéance, à partir du repas gargantuesque, à peu près à la moitié du bouquin, qui va créer un virage, ou le haut d'une pente vertigineuse, dans l'intrigue.

L'intrigue... Mais quelle est-elle, en vérité ? Il n'y en a pas vraiment, si ce n'est la vie elle-même de Gervaise, qui en aura vu de toutes les couleurs mais qui, grâce à sa gentillesse profonde et sa bonhommie naturelle, saura toujours rebondir comme il se doit... Jusqu'à ce que la picole s'installe à ses côtés.

Triste chute, c'est clair, mais brillante étude romanesque de cette vie sous le Second Empire, vie qui a sans doute dû être vécue par nombre de gens de l'époque ! C'est comme si on entrait dans les coulisses de l'existence d'une femme réelle, courageuse et déterminée, mais en même temps naïve et rêveuse, qui connait l'abandon, la parentalité isolée, une belle rencontre comme dans les contes, la réalisation de son rêve, la rencontre d'un autre prince charmant (dites donc, c'est plus c'que c'était ! Nous on galère pour n'en rencontrer qu'un seul !!), l'amitié de tout un quartier, la popularité, la richesse... Puis hop ! Tout disparaît peu à peu, presque sans qu'elle s'en aperçoive, parce qu'elle a pris une mauvaise décision, qui a entrainé toutes les autres...

Bref, l'histoire d'une vie. Un ouvrage à lire et à relire
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Cette série a été déterminante dans ma construction politique et mes combats. Une oeuvre magistrale portée par des personnages attachants. D'une grande modernité. Zola nous lègue une vision qui me semble juste de la société française du XIXeme siècle.
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Septième volet avec Gervaise Macquart. Zola nous entraîne dans le monde ouvrier et sa face la moins reluisante. Gervaise est arrivée à Paris avec son amant Lantier, un flemmard qui vit sur le travail des autres. Vite abandonnée, la jeune femme est courtisée par Coupeau, un couvreur-zingueur honnête et fidèle. le ménage prospère grâce à leur travail et leur sérieux. Un enfant nait : Nana. Gervaise devient amie avec Goujet, un forgeron amoureux d'elle. Coupeau tombe d'un toit et se blesse grièvement. Goujet prête une forte somme pour que Gervaise ouvre un commerce de blanchisseuse. Ses affaires marchent bien et engagent des ouvrières. Mais la descente va commencer. Coupeau, un moment invalide découvre les bons côtés de la fainéantise et finit par boire. L'Assommoir, où trône un alambic, devient son QG. Les économies de Gervaise partent en boisson. le retour de Lantier, qui devient copain avec Coupeau et qui finit par s'installer chez le couple. coupeau boit de plus en plus. Lantier mange les économies, Gervaise tombe à son tour et doit se séparer du commerce pour éponger les dettes. Mais la misère s'acharne sur Gervaise qui boit aussi. Coupeau décède alcoolique au dernier degré et Gervaise meurt de faim et de froid dans un cagibi sous un escalier qui lui servait de logis. Nana, jeune délurée, peu farouche avait quitté le domicile et disparaît.
Roman noir, épouvantable. Gervaise n'est pas mauvaise. Courageuse car trime dur mais peu prudente car dépense sans compter. Violence causée par l'alcoolisme, hommes frappant femmes et enfants, moindre sou qui finit en chopine, promiscuité (plusieurs dans une pièce), commérages. Remarquables descriptions des professions : repasseuses, couvreurs, forgerons... de superbes scènes (le repas orgiaque, la boutique...) et une lente et inévitable descente aux enfers de Gervaise et un léger soupçon sur ce que va devenir Anna dit Nana.
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Le titre est tout un programme. Dans la préface, ci-dessus, Zola s'explique. Il n'y aura pas de surprise, le dénouement est contenu dans ce mot l'« Assommoir« . le lecteur doit s'attendre à un Zola très noir : âmes sensibles s'abstenir, rien ne sera épargné dans la déchéance de Gervaise et de Coupeau.

Contrairement aux opus précédents datés très précisément et dont l'action se déroulait en une courte période, L'Assommoir s'étale sur une vingtaine d'années.

Au début, Gervaise, 22 ans, est la fille d‘Antoine Macquart et, la soeur de Lisa, la belle charcutière du Ventre de Paris. Elle a quitté Plassans avec Lantier et leurs deux enfants. le roman s'ouvre sur la désertion de Lantier et une terrible bataille au lavoir entre Gervaise et Virginie, la soeur de la nouvelle maîtresse de Lantier. Morceau d'anthologie entre ces deux lavandières qui se frappent avec le battoir. Gervaise est courageuse, blanchisseuse, excellente ouvrière, jolie ; elle refait sa vie avec un ouvrier zingueur, Coupeau. le ménage vit dans une relative opulence entouré de famille, d'amis et voisins très proches. L'un d'eux Gajet, un forgeron, avance le financement de la boutique de Gervaise.





L'Assommoir se déroule entre la Goutte d'Or et la Porte Saint Denis dans le milieu ouvrier. L'art de Zola est de faire vivre ces différents ouvriers en décrivant les ouvriers au travail : le lavoir et le repassage des blanchisseuses (tri du linge, repassage fin de chemises d'hommes, de bonnets…On voit Coupeau à l'ouvrage de zingueur sur le toit, et l'accident qui va changer la fortune du ménage. Frappante description de la fabrique de boulons, duel des forgerons au marteau pour fabriquer une pièce à la main alors que les machines commencent à remplacer le travail artisanal, et la paie des boulonniers diminue.

Cependant, ce roman est loin d'être un catalogue des métiers : chaque personnage a une personnalité complexe qui évolue avec le temps. Gervaise, même abandonnée avec deux enfants par Lantier est une battante qui ne se laisse pas décourager, elle a de l'énergie et du charme, un bon métier et toutes les chances de réussir un nouveau départ avec Coupeau. Autour de Coupeau gravitent sa famille, sa mère, ses soeurs et cousins. Tout ce monde se fréquente, se jalouse, se retrouve pour des ripailles réjouissantes.

Avant de boire, on mange, et on mange la boutique!

« Lorsqu'on a un homme qui boit tout, n'est-ce pas ? c'est pain bénit de ne pas laisser la maison s'en aller en
liquides et, de se garnir d'abord l'estomac. Puisque l'argent filait quand même, autant valait-il faire gagner au boucher qu'au marchand de vin. »

Autant les beuveries dans les estaminets, à l'Assommoir sont déprimantes, autant les grandes tablées à l'occasion de la fête de Gervaise ou de la communion de Nana sont réjouissantes. Zola nous décrit les emplettes, les préparatifs, les plats qui se succèdent. Toute la famille est conviée, les ouvrières, les voisins, et à la fin tout le quartier profite des réjouissances. Une visite au Louvre des convives est tout à fait comique.

C'est aussi le roman des amitiés, fraternités d'atelier, de bistro, la familiarité de Copeau et de Lantier s'explique par cette convivialité. Entre femmes aussi, on s'entraide, on s'amuse. Evidemment, jalousie, ragots sont aussi de mise quand la bonne fortune de Gervaise a tourné et quand la misère s'installe.

Nana, adolescente, voit ses parents sombrer:



« C'est que, dans le ménage des Coupeau, le vitriol de l'Assommoir commençait à faire aussi son ravage

[…]
quand un père se soûle comme le sien se soûlait, ce n'est pas un père, c'est une sale bête dont on voudrait bien
être débarrassé.

[…]
des heures et sortant de là avec les yeux hors de la tête. Lorsque Nana, en passant devant l'Assommoir,
apercevait sa mère au fond, le nez dans la goutte, avachie au milieu des engueulades des hommes, elle était prise d'une colère bleue, parce que la jeunesse, qui a le bec tourné à une autre friandise, ne comprend pas la boisson. »

Viendra finalement la déchéance. Conséquences ultimes de l'alcoolisme, la folie et la clochardisation.

Je croyais lire un roman très sombre. La fin, certes, est noire, mais avant quelle vie!





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