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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le livre commence avec l'arrivée de Fawzia Zouari à Tunis au printemps 2007. Sa mère, Yamna est mourante. C'est pour l'auteure le moment de tenter de connaître mieux cette femme silencieuse, autoritaire, rétive à toute tendresse, qui a passé toute sa vie enfermée sous l'autorité d'une société patriarcale. Toute la famille se retrouve au chevet de Yamna. Soeurs et belle- soeur partagent leurs impressions et souvenirs sur cette femme digne et au fond assez mystérieuse. Pour la première fois de sa vie, sur ce lit d'hôpital Fawzia aperçoit les cheveux de sa mère et remarque un tatouage. le livre décrit le fossé entre campagne et grande ville en Tunisie, entre culture traditionnelle, religion, superstition, djinns, coutumes ancestrales, contes et modernisation. C'est, pour moi, un roman un peu long pour un style sans réel relief. Mais le travail des personnages est pointu : entre vengeance, haine et besoin d'exister, c'est avant toute chose le récit d'une femme hantée par la mort de sa mère et la crainte de la polygamie. Une femme qui exige une seule chose toute sa vie durant : la liberté d'aimer.
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Je me souviens encore enfant, en Tunisie, avoir de nombreuses fois croisé ces énigmatiques femmes couvertes de bracelets et de pendentifs, parfois de tatouages. Ma grand-mère maternelle qui, par son physique méditerranéen, aurait pu être l'une d'elles avait d'ailleurs conservé ces lourdes fibules et ces bracelets d'argent qui ressemblaient à de grosses menottes. On les craignait sans les connaître comme on craignait en France les lanceuses de sort.
Fawzia Zaouri a tenté de nous retracer l'existence de sa mère, fille d'un petit village du bled tunisien, cette mère que j'aurais pu rencontrer enfant.

Presque ethnographique si on ne s'attache qu'à la seule substance des informations retrouvées, souvent poétique et lyrique, le récit de cette femme expatriée maintenant en France est exceptionnel. Car s'ill est bien une communauté au monde fermée à toute divulgation intime, c'est bien celle des femmes musulmanes.

Le personnage haut en couleurs de cette mère s'affirme au fil du livre pour nous livrer une femme courageuse et pragmatique mais baignant aussi dans l'obscur monde des Djinns et des mannes ancestrales. Loin de la soumission aux hommes que l'on imagine, souvent manipulatrice, cette mère obligée laisse exploser, la maladie venant, ses frustrations et ses désirs. Médiatrice entre un monde que l'on croyait heureusement perdu et le modernisme libéré dont sa fille vivant en France est la brillante image, elle confie ses souffrances et ses rêves à une élue mais pas aux siens.

Ces femmes, dignes et maltraitées par l'Islam car Allah ne les aime pas et s'en défie, persiflent les Imams, ont fait, font et feront la Tunisie de demain. Un roman riche d'enseignements.
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Une femme tunisienne (vivant en France) accompagne sa mère tout au long d'une longue maladie qui finira par l'emporter. Pendant ces longs mois, la mémoire de sa mère lui revient et elle a envie de raconter sa relation avec elle dans un livre. L'entreprise n'est pas sans difficulté car sa mère a toujours été une taiseuse. de plus les rivalités entre frères et soeurs s'en mêlent. Certains estiment que la vie de leur mère doit rester privée et ne pas être exposée dans la lumière d'un livre. Dès lors il est bien difficile de recevoir les confidences sur certains épisodes inconnus de la vie de sa mère. D'autres estiment encore que le projet même d'écrire ce livre relève d'une démarche occidentale et française et que l'auteure trahit ses racines tunisiennes en faisant quelque chose qui ne relève pas de la tradition. Mais tous ces obstacles n'empêchent pas Fawzia Zouari de dire sa mère, avec une écriture très belle. A travers ce portrait de sa mère, elle fait un peu celui de toutes les mères. Une très belle réussite !
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" Elle s'appelle Yamna. Elle est l'arrière-arrière-petite fille de Noé, elle dit bien Noé, parce qu'il ne faut pas confondre avec Adam, celui-là, c'est l'ancêtre de son mari... Elle est venue au monde l'année où un gros morceau de ciel s'était détaché pour foncer tout droit sur son village." (p 111)

Voilà qui débute la deuxième partie du récit. Dans la première partie, comme la narratrice pendant très longtemps, nous n'avons pas appris grand chose sur cette mère extrêmement pudique, qui n'a jamais montré ne serait-ce que ses cheveux à ses enfants et ne leur a absolument jamais raconté quoique ce soit de sa vie.
Une femme qu'il faut donc ré-inventer si on veut la raconter, une femme fière, autoritaire et courageuse, qui ne s'asseyait jamais, qui ne dormait jamais, qui n'embrassait jamais... Mais une femme qui a rempli la jeunesse de ses huit enfants de contes et de légendes et qui ouvrait la porte à l'étrange en croyant aux êtres invisibles.

A quatre-vingt douze ans, diabétique et aveugle, elle qui a dû quitter son sol pour les soins offerts par la capitale, lâche prise...

Pour l'heure, quand la narratrice arrive à Tunis - elle a fait sa vie en France - la mère est dans le coma, un corps sur un lit d'hôpital... ce n'est plus vraiment elle. Cette femme inconsciente, faut-il lui parler ou au contraire parler d'elle pour la maintenir en vie se demande celle qui écrit le récit.
Elle retrouve toute sa fratrie, une famille de huit enfants dont les deux filles aînées ont été élevées à l'ancienne : enfermées jeunes dans la maison sans autorisation de sortir, analphabètes, adolescentes tournant en rond dans l'attente de celui qui viendra demander leur main... Les deux autres filles et les garçons bien sûr ont pu faire des études et gagner leur liberté.

Alors qu'elle passe une dernière nuit dans l'appartement de sa mère, Naïma, la servante, lui fera part de tout ce que sa maîtresse lui a raconté depuis tant d'années qu'elle est à son service : l'histoire de ses ancêtres, les traditions de la tribu, la réputation de sa mère au village, l'amour entre les époux... une existence inconnue dont la clé appartenait à la bonne et qu'elle est maintenant prête à livrer.
A toute heure du jour ou de la nuit, la mère disait : " Écoute donc ! Toi qui es mes yeux des derniers jours et le témoin de mon exil. Je te fais don de mes récits comme j'ai toujours donné aux pauvres et aux malheureux. Et parce que tu as vu et soigné mon corps, tu es devenue mon ayant-droit et mon héritière. Il était une fois ma vraie vie." (p 107)

C'est l'occasion aussi pour l'auteure de raconter des histoires à la "Mille et une nuit" dans lesquelles une ancêtre acculée par un homme amoureux se transforma en hirondelle, des ânes sont volés, repeints la nuit pour être revendus, et une ville naît à l'endroit où des oiseaux prennent soin d'un voyageur ; cette Tunisie, entre traditions et modernité, au moment de la révolution de janvier 2011, se livre à nous à travers ce récit de la vie d'une femme qui n'existait que dans les rites et les coutumes de son village d'Ebba.
Récit poétique et inspiré, c'est un bel hommage d'une fille "actuelle" à une mère quasiment inconnue.

La Présentation du livre, rédigée par Boualem Sansal commence ainsi : " Fawzia Zouari nous livre un récit familial extraordinaire, shakespearien dans sa trame, son ampleur et son style, dont on ne sort pas indemne." Car en effet, qui ne se posera pas les mêmes questions sur la vie de sa mère ? Les gens les plus proches de nous sont souvent ceux que nous connaissons le moins...



Lien : https://www.les2bouquineuses..
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2007 : la mère de l'auteure est à l'agonie ; hospitalisée à Tunis, c'est la famille entière qui l'entoure à son chevet. L'auteure, parisienne, mariée en France, revêt le vêtement traditionnel (mélia) et découvre sa mère nue, c'est-à-dire la tête découverte ; elle note le tatouage représentant un palmier entre les seins et recherche la vérité sur cette femme, qui s'est toujours cachée dans ses vêtements, ses bijoux, ses secrets, ne se confiant pas à ses enfants et surtout pas à ses filles (deux d'entre elle ont suivi des études, tandis que les deux autres s'occupent de leurs enfants, la scolarité des deux cadettes n'étant que le fait de la colonisation et de l'école obligatoire). L'auteure a beau interrogé sa mère, celle-ci se mure dans un silence et dans l'oubli de la maladie d'Alzheimer. Soudainement, c'est la bonne, la fidèle Naïma qui apprendra à l'auteure qui était vraiment sa mère, nous plongeant dans une saga familiale dramatique où la réalité, le mythe, les croyances s'interpénètrent pour une vérité. L'auteure renoue dans ce beau récit avec les traditions familiales et nous livre les secrets si cachés de sa mère. L'écriture est poétique, onirique et nous égare parfois sur des chemins presque fantastiques.
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