L'Ukraine

La collection « Que sais-je » a le mérite d'être synthétique et efficace. Quand j'étais lycéenne, je m'y référais souvent. Evidemment, ce type ce livres nous abreuve de chiffres qui ne sont plus d'actualité mais hormis cela, ce petit bouquin donne une bonne idée du sujet traité.
L'Ukraine a toujours été un mélange de peuples hétérogènes (Slaves peuples des steppes, Grecs, Russes Ukrainiens, Juifs, Roumains, Hongrois, Tatars) du fait de son invasion par différents pays/peuples. Ces peuples aux expériences différentes sont à l'Est plus russifiés et à l'Ouest plus proches de l'Europe, avec un sentiment national plus développé.

Les brassages entre Ukrainiens et Russes ont été permanents depuis le Moyen Age à tel point que ce mélange et cette russification ont formé un pays où coexistent deux langues : le russe et l'ukrainien, cette dernière ayant été un enjeu du sentiment national et l'objet de répression pendant longtemps.

Lors de son intégration à l'empire russe, l'Ukraine a apporté une contribution économique et culturelle : économique car il s'agissait de la 1ère région agricole et après 1885, de la 1ère région industrielle de l'Empire. Et contribution culturelle car de nombreux écrivains ukrainiens ont apporté leur oeuvre à l'Empire. Ils finiront d'ailleurs par écrire en russe, absorbés par la culture dominante.

Après la 1ère guerre mondiale, l'Ukraine est un enjeu décisif dans le succès de la révolution bolchevique par le rôle de son agriculture dans l'approvisionnement de la Russie. Mais la masse de ses paysans traditionnellement individualistes est rétive à la collectivisation.
Afin de rallier la population et de réduire l'hostilité des campagnes à la collectivisation et l'industrialisation forcée, la NEP donnera une autonomie économique et culturelle à l'Ukraine. La langue ukrainienne sera alors davantage diffusée.
Mais en 1930, le changement de cap va entrainer la déportation en Sibérie des paysans devenus prospères et forcément réticents à donner leur production à l'Etat. 5 à 6 millions d'entre eux périront affamés.
Fin 1932, 70% des exploitations sont collectivisées et le niveau de production de la région a fortement chuté, aussi notamment du fait de la famine qui a semé la mort dans la paysannerie. Elle a permis de constituer un puissant élément de russification.

En 1991 l'Ukraine devient indépendante mais certains points cristallisent les tensions : la dépendance énergétique, commerciale et industrielle vis à vis de la Russie reste forte, le stationnement des troupes russes en mer noire est sujet à querelle.
Cette indépendance demande beaucoup d'énergie : l'Ukraine doit créer ses propres institutions et réformer de manière drastique. Des entreprises doivent fermées car ne sont pas rentables. Ces changements pèsent lourdement sur la population au niveau de vie de moins en moins acceptable. de nombreux salariés du secteur public ne sont pas payés, les gens vivent de leur potager. Les grandes entreprises sont privatisées en 1997 mais les taxations fortement élevées ainsi que la corruption et les prélèvements de la mafia viennent aggraver la situation. Parallèlement, les investissements étrangers deviennent peau de chagrin. Certains sont nostalgiques de la domination russe.
Cette population ayant subi l'influence de différents peuples et étant regroupées en un seul sein, a malgré tout une forte envie de s'affirmer. L'évolution de son espace a été constituée au grès de diverses politiques. Les dernières, soviétique puis russe, ont dégradé la situation économique.
Ce qui se passe aujourd'hui prend racine dans l'histoire même de ces peuples et de leurs différentes annexions. Il est important d'appréhender les origines pour mieux comprendre les réalités du moment même s'il y a aussi des éléments exogènes qui entrent en ligne de mire.

Ce livre, écrit à l'aube des années 2000 conclue sur l'enjeu de taille qui attend les ukrainiens : « le point de non-retour n'est pas encore franchi. Il faudra pour cela un soutien continu de la communauté internationale mais aussi du temps et du courage politique. La première condition existe, ce qui n'était pas le cas lors des précédentes indépendances, les deux autres dépendent des Ukrainiens eux-mêmes ».
L'Histoire n'est pas finie.