Il n'a pas la prétention d'être un livre et se donne, à lui-même du livret. Il accueille dix mots, sagement rangés par ordre alphabétique, d'amalgame, emprunté à l'arabe al-mulgam à zénitude, mot inventé, entré au dictionnaire en 2000, dérivé, sur le modèle de plénitude, du mot japonais zen. Ainsi, de l'un à l'autre, de gris-gris venu d'une langue de Guinée ou du Sénégal à inuit, qui signifie, dans cette langue, « nous, les hommes », partons avec curiosité et envie, à la découverte de quelques mots ambassadeurs qui se retrouvent désormais pleinement dans l'usage de la langue française : bravo est italien, cibler est alémanique, kermesse est flamand et kitsch, bavarois, sérendipité est anglais et wiki, américain. Pour chaque mot, étymologie, article du dictionnaire, citation et texte original d'un auteur du pays d'origine du mot.
Ce livret édité à l'occasion de la semaine de la langue française et de la francophonie eut pour vocation de montrer comment une langue se construit en de multiples emprunts. Ils sont des milliers ces mots venus d'ailleurs que l'Académie estampille dans nos dictionnaires français. Acclimatés, dérivés, calqués, dupliqués, éprouvés de génération en génération parfois spontanée, ils forment une langue vivante, accueillante, s'enrichissant de la différence et de l'étranger. Belle leçon qu'il serait bon de se remémorer souvent.
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Albert Camus déclarait « Ma patrie, c’est la langue française ». D’autres écrivains ont établi un semblable parallèle, d’Emil Cioran « On n’habite pas un pays, on habite une langue » à Jean-Marie Gustave Le Clézio « La langue française est mon seul pays, le seul lieu où j’habite ».
Force est de constater que cette patrie, à laquelle tant de créateurs se sont identifiés, s’est montrée tout au long de son histoire particulièrement perméable aux mots issus d’autres langues. Aucune ligne Maginot n’a pu empêcher les pacifiques invasions de termes qui ont considérablement enrichi notre langue.