Fred

Armand Corbac aux baskets porte des baskets. Mais il n'y a pas seulement ça : il s'est aussi réveillé un matin avec l'apparence d'un corbeau.

Alors, il va consulter le docteur Verle Corbo, psychiatre, et lui fait le récit de ses mésaventures kafkaïennes...



J'adore l'univers de Fred... Ses dessins loufoques et expressifs, ses dialogues improbables, ses scénarios d'une imagination sans borne et son humour cinglant.

C'est à la fois très drôle et inquiétant car derrière l'absurdité des situations et discours, on sent toujours un doigt posé sur ce qui cloche en vrai dans nos vies et sociétés.

Le pitch : une bouteille à la mer est découverte dans un puits... puis une deuxième et via la puits, Philemon part dans un grand voyage, qui confirmera auprès de son père à quel point son ado de fils est lunatique, rêveur et dissipé...



Quand j'ai eu cette BD entre les mains, la réputation de Fred (et de Philemon) n'était plus à faire. Je me forçais un peu à lire le livre, car à l'époque j'étais à la fois soucieux de parfaire ma culture BD et très éloigné de l'univers poétique de Fred... du moins le pensais-je.



Ce ne fut pas vraiment le coup de foudre. Mais j'ai constaté à quel point la BD pouvait servir à tout... Et le récit a fait son chemin lentement en moi.



Cette imagination, ce côté non-sens, cet humour débridé... l'emportait sur un dessin qui ne me convainquait pas du tout. Mais en quelques pages, le dessin, je l'avais oublié. Et ne restait qu'une épopée, qu'une aventure fantastique dans le "A" de l'Atlantique...



Au-delà de l'histoire, j'ai eu le sentiment que Fred comprenait ce que c'était d'être un ado... et qu'il l'était resté un peu. En tout cas, à chaque fois que je me penche sur la margelle d'un puits, j'imagine que je vais y voir apparaître une bouteille venue de l'autre côté du globe.

Aaaaah, la poésie surréaliste de Fred qui affronte la télévision "moderne", celle des télé-réalités, des dérives commerciales et du nivellement par le base des programmes TV...



J'ai eu peur, d'abord. La BD date de 1995... autant dire que dans les débilités immondes, la élé a été fort loin. Sur l'air du "la réalité dépasse la fiction", on peut sans rougir affirmer que la télévision de 2023 est pire que le pire cauchemar de Fred en 1995. Les Marseillais, Hanouna... deux exemples parmi un torrent de trucs à gerber dont on abreuve les spectateurs. Du temps de cerveau disponible, selon l'expression d'Etienne Mougeotte.



Et pourtant, fidèle à son habitude, Fred arrive à créer un univers poétique tout à fait fascinant, drôle et tendre, caustique et cohérent. Tout tourne autour de Canal Moi, la châine de télévision dont on va suivre le PDG aux prises avec une baisse de l'audimat. Les raisons du succès de la chaîne sont connues, on reconnaîtra sans peine quelques chaînes actuelles (Fred, quel visionnaire, quand même): rediffuser les mêmes feuilletons, asservissement au pouvoir politique, niveler par le bas la qualité des programmes. A ce titre, Fred nous imagine une grille des programmes, à l'intérieur de la couverture. C'est un pur régal. Le film "Les bidasses chez mon curé à Saint-Tropez"... ce n'est presque pas un canular. Une émission "Dénoncez vos voisins", ou "ça se dispute"... Un opéra lyrico-porno autrichien intitulé "Dez Zigounette Baron"... ou la série en 3794 épisodes "Haine, violence, sexe, passion et famille"... Un régal.



Fred nous livre une vision poétique d'un monde de brutes. Cela se savoure.



Si les audiences sont en baisse, c'est parce que Monsieur Mousse parle à la lune qui liu raconte des histoires et Monsieur Mousse rediffuse ces histoires vers tout le monde. Les gens vont couper leur compteur électrique pour écouter le conteur électrique... Monsieur Mousse est bloqué au lit suite à une électrocution.



J'avais donc craint que Fred n'enfonce des portes ouvertes en critiquant la télévision d'aujourd'hui. Il fait bien plus que cela. Il nous ouvre des horizons immenses, à condition que nous éteignions la télévision. Eteignez la télé, allumez votre cerveau.



Côté dessin, Fred assure le coup avec son dessin brut de décoffrage et une mise en couleur très puissante, comme à l'accoutumée. C'est efficace, centré sur les situations et les expressions. Un truc en plus: le costume du président de Canal Moi est fait de carreaux qui se trouvent toujours dans le même sens, quelle que soit la position du bonhomme. Visuellement, c'est très fort.

Ça vous arrive de faire des rêves incohérents, des rêves impossibles, et de vous réveiller en vous disant, « non, mais quel délire ! » Et bien, si cela ne vous est jamais arrivé, je vous propose un voyage au-delà du rêve sur une ile merveilleuse, une ile quasiment inaccessible de laquelle l’auteur Fred est revenu d’un long voyage et qu’il nous raconte avec délectation.

C’est une fable qui nous ballote d’images féeriques en métaphore de toutes sortes, il y a un peu de Robinson Crusoé et beaucoup d’Alice au pays des merveilles, c’est beau et poétique.

Je n'aime pas généralement les Bd à l'univers absurde et loufoque. Je fais une exception ici au vu de la qualité des dialogues et du sens de ceux-ci.



Cette histoire de ce pauvre type catalogué transformé en corbeau et qui décide de consulter un psychiatre coiffé d'un entonnoir est originale. Mais tout ce qui étonne le monde, c'est le fait qu'il porte des baskets. Le détail qui tue...



J'ai véritablement apprécié la critique à peine déguisée de la psychiatrie, du racisme, du monde du travail avec ses moutons et ses bénis oui-oui à la solde du patron, de cette société repliée sur elle-même où il ne fait pas bon afficher ses aspirations personnelles. C'est un véritable plaidoyer sur le droit à la différence et je ne peux qu'applaudir.



La fin m'a littéralement étonné. Elle donne un véritable sens à tout ce récit psychédélique.

La saga de Philémon s'achève, peu de temps avant le départ de cet immense magicien de la bande dessinée qu' était Fred.

L'album est plus court, mais l'épisode est beau.

La couverture est somptueuse, dans ces bleus de nuit.

J'ai longtemps recherché cette histoire inédite en album, de Fred et Mézières.

J' en avais des souvenirs tronqués, de quelques planches aperçues dans l'hebdomadaire Pilote de 1967...

.. Et j'ai fini par lire cette histoire étonnante, accompagnée d'autres récits, en noir et blanc dans l' album "Mézi avant Mézières" des éditions Pepperland déniché dans une brocante!

Une belle surprise pour un bédéphage.

il reste à espérer que les aventures de Monsieur Auguste Faust soient à nouveau rééditées!

C’est le premier voyage de Philémon sur le A de l’Atlantique. Après une chute dans un puits, le jeune homme se retrouve emporter vers une île étrange où tout est absurde et délirant. Centaures, Arbres à bouteilles, Licorne, horloge qui pousse comme des plantes, tout paraît possible dans ce monde étrange et encore plus surprenant, personne n’a l’air de s’en inquiéter. J’adore cet univers gentiment dingue qui nous apporte son lot de surprise à chaque page tournée. Par contre, le dessin n’est pas grandiose mais sa simplicité et sa naïveté vont parfaitement de pair avec les folles aventures du héros. C’est toujours un plaisir pour moi de relire ces vieux albums.

J'ai dévoré tout les albums quand j'étais petit.

Un auteur qui fait partie de la première génération de la bande dessinée française, mais souvent méconnu.

Moi tout ce que j'en sais, c'est que j'ai lu et relu tout ses albums avec un très grand plaisir, les mondes imaginaires étaient si étranges, irréels, impossibles et pourtant magiques, prenants, hilarants, et surtout très surprenant, on ne sait pas sur quelle étrangeté on va tomber avant de tourner la page, une oeuvre mystérieuse, pleine d'humour et de créativité, le dessin, plutôt brouillon, les images incrustées, les bouillons de couleurs et les océans qui tout à coup se transforme en palais, ne m'ont jamais rebuté, tout au contraire !

En voyant les albums en vente dans les librairies aujourd'hui, j'ai l'impression de pouvoir plonger dans le passé en ouvrant simplement l'un d'entre eux ... Hum ... Hum... Il n'y a plus de saison !

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Oui, je sais comme ça, le pitch fait un peu peur. L’impression de grand n’importe quoi qui prédomine n’est peut-être pas le fruit du hasard. Mais entre nous, quand les chroniqueurs associés que nous sommes sur KBD convoquent tour à tour les figures de Kafka, Devos, La Fontaine, Sempé, Reiser, Alfred Jarry et même le bon vieux Sigmund (Freud), ce n’est pas pour rien. Allez faites-nous confiance, le premier pas dans l’univers chaotique, absurde et un brin anarchique de Fred est le plus compliqué mais après… quel bonheur !

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Lien : http://k.bd.over-blog.com/ar..

Il y a le Manu-manu, et le Manu-manu-Militari… Du théâtre de marionnettes, un attrape-nigaud en forme de tapette à souris géante… Encore plein d’inventions délirantes dans une univers onirique, surréaliste, chargé de poésie, de lyrisme, l’imagination de Fred ne semble avoir de frontières. A lire et à relire, l’œuvre de Fred est intemporelle, hors du temps, hors des modes, hors de la réalité. On franchit les portes du rêve avec lui, de rêves qu’il serait trop dommage de laisser tomber dans l’oubli.

Je viens de relire ce magnifique ouvrage dans une version originale publiée par l'auteur. Quel délice !



Un voyageur perdu cherche indéfiniment sa chambre et rencontre une multitude personnages aux intrigues à peine ébauchées. Avec le voyageur, tout se termine logiquement, si l'on accepte cette logique du rêve, du langage et de la mélancolie plutôt que l'autre cartésienne et imparable.

Surréaliste, pataphysique, onirique mais solidement charpenté, ce récit nous emporte au plus profond de nos rêves et au plus loin que l'imagination peut illuminer.

Certainement le chef d'oeuvre de Fred (parmi tant d'autres)

Fred continue, dans cet opus onirique, son voyage à nul autre pareil sur les lettres A.T.L.A.N.T.I.Q.U.E.

Nous, lecteurs, sommes ces enfants émerveillés que Maître Fred emmène dans son univers absurde, grave et d'une étrange réalité.

Fred a créé un univers de bulles, qu'il peuplait de personnages attachants dans des décors propres à son imagination inventive et unique.

Philémon est l'un des plus beau cadeau fait au lecteur de bande dessinée.

Ce deuxième tome de « Philémon » (longtemps numéroté tome 1), est le début de l’inimitable bande dessinée de Fred remplie d’absurdités et de rêveries qui nous présente Philémon, un jeune homme qui vit paisiblement à la campagne avec son père et son âne Anatole. Lorsqu’il va chercher de l’eau à ramener à la chaumière, il trouve des bouteilles contenant des messages d’appels à l’aide au fond du puits et, voulant sauver le mystérieux puisatier de la légende, il tombe dans l’eau et arrive sur une île qui n’est autre qu’un des A de Océan Atlantique !

J’aime beaucoup cette série grâce à l’univers de Fred, et la préface de René Goscinny traduit parfaitement mes impressions sur ce fabuleux album et sur le grand enfant qui l’a réalisé . Le scénario est grandiose, plein d’une drôle de nostalgie, ponctué d’humour, de détails et du dessin atypique et attachant de l’auteur qui use de ses extravagances. On va de surprise en surprise et on s’émerveille, je pense notamment à la fin qui donne une folle envie de lire la suite et qui traduit parfaitement l’ambiance de la BD. Tout est réuni pour passer un bon moment d’autant plus que Fred rajoute deux histoires à la fin de l’album pour nous faire patienter qui nous permettent de nous immerger dans le quotidien de Philémon et d’être admiratifs de son imagination et de l’atmosphère si mystique qu’il façonne !

Depuis le temps que je le voyais et qu'il m'intriguait.

Je me suis enfin décidé à l'emprunter... à le lire. Commencer à un moment où un coup de barre m'assommait, j'ai préféré arrêter ma lecture en me disant que je passais à côté de quelque chose.

J'ai repris plus tard... et j'ai persister.

Je ne sais pas, je n'ai pas du tout adhéré à cette histoire absurde. C'est pourtant le genre d'humour qui m'amuse beaucoup. Mais j'ai trouvé ça triste et fade.

Dommage

Je finis la relecture (la découverte pour certains tomes) de la série par la première expédition de Philémon dans le monde des lettres. C’est là que Philémon fait la connaissance de Barthélémy, et c’est surtout là que Fred pose les bases de sa création. On pourrait regretter que ses histoires soient relativement courtes, mais il ne faut pas oublier que cette bande dessinée a été écrite en 1968, et que la bande dessinée à considérablement évolué depuis. Fred renouait alors avec une bande dessinée plus onirique, loin de l’aventure héroïque ou de l’humour burlesque, loin de ce qui se faisait alors, plus inspiré par Winsor McCay ou le Surréalisme. Son trait est brut, privilégiant la spontanéité et un certaine fantaisie baroque, loin de la ligne claire ou du style de l’école de Marcinelle de l’époque. Son évasion prend alors une dimension poétique nouvelle, légère, c’est une ode à l’imagination. Chez Fred, les bouteilles poussent dans les arbres, les maisons grandissent à l’infini, les centaures sont bougons et les puits n’ont pas de fond, le rationnel est banni. Si vous avez envie de rêver, découvrez ou redécouvrez l'œuvre de Fred !

Ce tome est sorti 16 ans après le précédent, comme une manière de clore la série par une jolie pirouette, un mise en abyme formidable de la série Philémon. Fred avait laissé cette histoire en suspens, en partie pour des raisons de santé, commencée en 1987, terminée en 2013. Fred décèdera deux mois après la publication de cette bande dessinée, il nous livre cette fin comme un testament, et il nous lègue son bien le plus précieux : l’imagination !



Interlude : Le saviez-vous ?

Le lokoapattes marche à la vapeur d’imagination !



C’est assez logique, si on réfléchit bien, l’imagination fait fumer les cerveaux.

Le train où vont les choses est conduit par un lokoapattes, et vous êtes-vous demandé où iraient les choses si ce train ne pouvait avancer. Philémon et Barthélémy vont tenter de faire redémarrer ce train, perdu dans les marais, il faudra faire appel à leur imagination, toujours se renouveler, toujours rêver.



Fred conclut cette série comme une allégorie sur l’arrêt de l’inspiration, mais qui se retourne de façon poétique et retombe sur ces pieds, vous vous doutez bien que l’imagination finit toujours par triompher, surtout quand elle est délirante, onirique, poétique et quand elle émane de Monsieur Fred.

Ce final est un éloge à l’imagination, il raconte simplement que ce qui a toujours été le carburant de son auteur, c’est une mise en abyme de la série, la boucle est bouclée, et il ne vous reste plus qu'à reprendre la série au début et de tout relire encore et toujours…



Merci Monsieur Fred !

Un petit bijou, cette treizième aventure de Philémon.

Au coin du feu, Félicien raconte à Philémon sa première visite dans le monde des lettres. On va faire le tour des saisons dans ce monde merveilleux, encore un foisonnement d’idées, avec les flashback qui s’interfèrent avec le présent, dans un récit totalement déstructuré, servi par un graphisme lyrique et baroque. Les images s’emmêlent aussi parfois, les chemins pour retomber sur nos pieds prennent des détours incongrus. Pour décrire un imaginaire sans limites, Fred pousse jusqu’aux limites de la narration, de la mise en page. la poésie est toujours au premier plan, imprégnée de surréalisme, d’onirisme, profondément antimatérialiste, totalement rafraichissante, totalement réjouissante.

Encore un voyage extraordinaire pour Philémon parti secourir Barthélémy sur les lettres de l’Atlantique. L’imagination féconde de Fred fait mon bonheur et réserve toujours son lot de surprises. Au menu cette fois-ci : Camping sur l’océan, corrida avec un piano sauvage et emprisonnement dans un zèbre-geôle. Du pur plaisir.

La suite des aventures de Philemon, partant à la rescousse de Barthélémy, le puisatier... mais arrivant dans le "A" par le globe... Oui, il doit rapetisser pour cela.



Il tombe évidemment dans l'eau... trouve un campeur qui a dressé sa tente sur les flots... tout cela est normal chez Fred.



Condamné (cela rappelle un peu Alice, non?), Philemon termine dans l'arène à dompter un piano sauvage, puis s'échappe pour retrouver Fred, son papa... (c'est très freudien, finalement)



Tout cela fonctionne parfaitement. Cela n'a pas pris une ride (ce qui n'est pas le cas de mon album 16x22 broché qui commence à s'effeuiller).