Citations de Sœur Emmanuelle (218)
« On ne possède pas le bonheur comme une acquisition définitive. Il s'agit à chaque instant de faire jaillir une étincelle de joie. Ne l'oublions pas : "Souris au monde et le monde te sourira." »
Le véritable amour, solide,durable,est celui qui cherche le bonheur des autres en même temps que son propre bonheur.
C'est à vous que je m'adresse, jeunes de France et d'Europe, vous l'espoir de ce nouveau siècle prêt à éclore. Vieille femme de quatre-vingt-huit ans, j'ai vu le siècle dernier se terminer, j'ai été appelée dans les cinq continents pour répondre aux drames de la misère, de la violence et de la guerre, là où l'homme est un loup pour l'homme. Mais, partout, j'ai rencontré des jeunes, fonceurs, éclatants de dynamisme; ils ne s'avouaient jamais battus, quelle que soit l'horreur des tragédies. Bien au contraire, elles paraissaient faire naître en eux un esprit de bataille et d'inventivité.
Dieu nous a créés pour le bonheur
J'ai eu une vie heureuse, celle que je voulais.
Je ne suis jamais seule, je n'ai jamais vécu seule,
Puisque j'étais avec Dieu.
Je suis en paix, j'attends paisiblement la mort, sans m'ennuyer.
Je suis une amoureuse satisfaite d'avoir aimé et d'être aimée.
Avec un regret, une souffrance bien sûr :
Tous les drames du monde.
Je ne peux que répéter qu'il faut donner aux autres optimisme, volonté et amour.
Pas seulement donner, les faire vivre en eux.
Partager. Sans partage, sans solidarité,
On ne peut faire progresser l'humanité.
Il faut donc s'acharner.
Parce que Dieu nous a crées pour être heureux,
Il n'aime ni la souffrance, ni le sacrifice.
"La fierté, c'est la recherche de sa dignité personnelle. Ce n'est pas un défaut."
Voici le premier fruit de mon expérience : quel que soit le continent, le désir le plus impérieux d'un pauvre, son besoin essentiel, c'est d'être respecté. Nous touchons ici la condition sine qua non de toute action humanitaire : témoigner à tout être humain un égal respect.
Regarder l'autre, l'écouter, lui sourire, s'intéresser à lui, d'après moi, c'est le commencement de l'être humain.
Elle reconnaissait les avantages que procure la vieillesse : pouvoir s'asseoir à côté d'un homme, fût-il un leader musulman, et lui parler franchement, comme avec un fils ou un neveu.
J'avais quitté l'Europe en 1931 et j'ignorais que l'on y avait oublié la gaieté et la légèreté. J'avais connu en Turquie au Liban ou dans cette Egypte si misérable de tels moments de bonheur! Je ne savais pas encore que l'Europe était morose et grise. Ces jeunes arrivés mornes et désemparés avaient appris à donner et à sourire. Même dans un pays où la misère et la précarité régnaient, avec une nourriture faite de haricots et les demeures en vieux bidons, les gens savaient danser et chanter. Ces jeunes Européens partaient en riant, car ils avaient rencontré la solidarité, et compris la relativité des situations.
Ne soyons ni fascinés par le clinquant des choses , dit-elle , ni désespérés par leur néant . Il est possible de s'élever infiniment au-dessus . Pascal nous enseigne qu'il existe ô combien , une troisième voie . C'est en accrochant notre charrue à une étoile qu'elle s'envolera et nous arrachera au néant . Cette étoile est celle de l'Amour , cette voie est celle du Coeur . C'est le troisième ordre du coeur qui donne à nos vies leur sens , leur poids d'éternité . Seul l'Amour permet , avec notre grandeur et notre misère , de demeurer dans la Joie.
Au milieu des aléas de ma licence, en 1961, j'ai eu la chance d'avoir Pascal au programme de la Sorbonne. J'étais alors plongée dans les affres du doute, dans l'amertume de mes incompétences. Face au mur auquel je me heurtais sans cesse, je voulais creuser pour atteindre la vérité, comme on creuse dans le désert à la recherche d'une source précieuse. En quête d'une orientation profonde, je ne me contentai plus, cette fois, de quelques-unes des Pensées glanées ici ou là, mais me livrai à une étude approfondie. C'est à cette occasion décisive que Pascal devint le phare qui devait illuminer mon esprit et combler mon coeur.
"Le choix d'une religion, c'est la liberté de l'homme."
Mystère du cœur de l'homme : le plus comblé réclame toujours davantage, nos financiers perdent le sommeil ; le plus démuni s’accommode de son gîte, nos savetiers et nos chiffonniers chantent.
Chacun doit trouver où mener son combat pour qu'il y ait plus de joie dans le monde. Le monde est comme un miroir : si tu donnes la joie, tu en reçois. Donner procure à la vie une effervescence, cela nous fait comprendre que nous sommes vivants, et frères et soeurs de tous les hommes qui nous entourent.
L'événement qui m'a sans doute le plus marqué dans ma vie s'est déroulé un dimanche matin sur une plage de la mer du Nord, en Belgique. C'était en septembre 1914 et je n'avais pas encore six ans. Nous habitions Bruxelles où mon père - qui était français - avait hérité de sa mère une petite fabrique de lingerie. Officier de réserve et très patriote, mon père, Jules Cinquin, s'était présenté au bureau de recrutement de Calais, mais on lui avait répondu que sa classe n'était pas encore appelée. Pour profiter des derniers beaux jours de l'été, avant la grande séparation, mes parents avaient loué une villa au bord de la mer, à Blankenberge, près d'Ostende.
Seule une affection douce et forte à la fois permet de résoudre les conflits, par ailleurs inévitables.
...aimer, c'est autoriser les autres à vous aimer en retour.
- Si Dieu laisse l'homme faire le mal, où s'arrête son respect de notre liberté?
- Il n'y a pas d'alternative, la seule serait de forcer l'homme à être bon. Mais il n'y aurait plus de liberté. Si nous étions forcés à être bons, la terre serait un miracle. Mais je n'aime pas cela, je ne peux pas le supporter. Un être humain est un être libre, ce n'est pas un animal. Notre liberté est notre dignité. Je crois qu'on n'arrive pas à comprendre suffisamment la valeur d'une femme, d'un homme qui sont libres. La liberté est la clef de la création.
- Cet argument de la liberté est fragile quand on lui oppose l'atrocité des souffrances du monde. Comment un Dieu de bonté peut-il tolérer ce degré de douleur?
-C'est vrai. Je comprends cette révolte et, de mon coeur aussi, a bien souvent jailli la question : "Seigneur, où es-tu?" Mais après le choc, après l'émotion forte, on peut envisager les choses autrement. Je pense notamment à Simone Weil, la philosophe que nous avons déjà citée. Elle s'inscrit en faux contre ceux qui croient trouver l'inexistence de Dieu par la réalité du mal. Elle affirme au contraire que l'existence du mal prouve la réalité de Dieu.
J'ai toujours été outrée devant ce monde partout mal bâti. En Tunisie, je voyais le fellah sur sa bourrique efflanquée prêt à être renversé par la belle voiture du colon propriétaire de sa terre. En Egypte, j'avais le coeur soulevé par l'arrogance de certains touristes qui contemplaient avec une crainte admirative le chameau sur lequel ils se hissaient avec difficulté mais jetaient un regard de dédain au chamelier. Et pour cause : celui-ci n'était qu'un homme! Gros richards, tonnais-je en moi-même, allez-vous toujours mépriser votre semblable?
- Les hommes se font la guerre et en même temps ils demandent à Dieu de les protéger. Vous trouvez que c'est logique, normal ?
Dieu les a laissés libres, y compris de faire le mal, de s'entretuer. Il n'a pas créé des robots téléguidés, mais des hommes capables du mal comme du bien, libres. Parce que, s'ils n'étaient pas libres, ils ne pourraient pas aimer. La liberté est la condition de l'amour. Et ce que Dieu veut - vous allez dire que je me répète, mais voilà l'essentiel - c'est que nous nous aimions. Jésus l'a assez dit : "Aimez-vous les uns les autres".