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Critiques de Xinran (472)
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Funérailles célestes

C’est une belle histoire que nous raconte Xinran. Elle est journaliste et a rencontré et interviewer Wen qui lui a livré son « odyssée », alors qu’elle était revenue en Chine, à Suzhou, dans sa province natale.



Cette femme par amour part suivre la trace de son mari pour savoir ce qu’il s’est réellement passé ; elle n’accepte pas l’idée qu’il soit mort. Elle va vivre dans les mêmes conditions que les nomades, apprendre à monter à cheval pour les suivre et peu à peu, les jours passant elle va perdre la notion du temps, se faisant comprendre par signes au début.



Puis elle rencontre Zhuoma, Tibétaine passionnée par la Chine, descendante d’une riche famille qui a tout perdu, sauf les bijoux qu’elle porte sur elle pour pouvoir voyager, manger… elle est à la recherche d’un des serviteurs de la famille qui a disparu lui-aussi et qu’elle a surnommé Tienanmen. Les deux femmes vont réaliser leur quête en s'entraidant, avec la naissance d'une belle amitié.



Le silence est omniprésent, de même que l’immensité. Les paroles se limitent à l’essentiel. Wen apprend la vie au Tibet, le bouddhisme, les rituels, les cérémonies, la notion d’entraide auprès de la famille qui l’a recueillie. Elle va aussi écrire pour survivre, écrire avec un simple crayon entre les lignes d’un livre. On verra l’importance de l’écriture dans cette histoire. « écrire peut être une source de force » disait son supérieur dans l’armée.



Il y a deux façons d’accompagner les morts au Tibet : soit un rituel dans l’eau, on parle alors de funérailles aquatiques, soit en dépeçant le corps pour l’offrir comme nourriture aux rapaces considérés comme sacrés, ce sont les funérailles célestes.



J’ai aimé ce livre car le Tibet et le Bouddhisme m’intéressent beaucoup, donc j’ai pu retrouver des rituels, des coutumes, des couleurs, les maîtres ou les ermites en méditation, la spiritualité, la structure de la famille où chacun a un rôle défini (et indispensable) à jouer…



L’aspect voyage initiatique m’a plu aussi, notamment cette femme qui poursuit sa quête de réponses de façon opiniâtre, son amour magnifié par l’absence de l’autre, son culot car elle est très jeune et ne connaît rien de la situation politique, ou de la géographie, du mode de vie très dur. Elle y passera une trentaine d’années…



Que trouve-t-on quand on part ainsi à la quête de quelque chose ou de quelqu’un ? Soi-même, ou du moins son vrai moi probablement… et comme disait encore son supérieur dans l’armée, « rester en vie est en soi une victoire».



Par contre, je trouve qu’il y a un peu d’angélisme ou tout au moins de naïveté dans le récit : les Tibétains, malgré leur hospitalité paraissent froids, limite un peu bornés avec leurs croyances aux démons et les Chinois un peu trop sympathiques dans leurs désirs d’aider la jeune femme et dans le caractère libérateur de ce qui est une invasion, une colonisation et une disparition programmée.



J’ai eu beaucoup de plaisir à lire la postface écrite par Claude Stevenson (à qui on doit « Le seigneur du lotus blanc » consacré à Sa Sainteté le Dalaï Lama), car elle ajoute justement ce bémol qui vient nous rappeler ce qui se passe vraiment.



J’ai passé un bon moment avec Xiran et je lirai sûrement un autre de ses romans, car l’écriture est agréable, les descriptions tant des paysages que des êtres, sont belles et font rêver.



Note : 8/10
Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
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Funérailles célestes

Quand j'ai commencé Funérailles célestes j'ai été rapidement pris d'un grand intérêt mêlé d'une grande appréhension. En effet, l'histoire de cette médecin partie à la recherche de son mari envoyé au Tibet pendant la "libération" du pays par la Chine et ensuite déclaré mort était plutôt folle, mais captivante. Nous allions avec elle découvrir le Tibet, ce pays de tous les fantasmes modernes, berceau de spiritualité, lieu de résistance à l'oppresseur... mais nous allions le découvrir avec les yeux de ce même oppresseur, rempli d'assurance et de certitudes, persuadé de venir apporter la civilisation... comme bien d'autres colons avant eux, suivez mon regard.



J'ai rapidement été rassuré tout en étant confirmé dans mon analyse. Non, ce livre ne sera pas un portrait à charge du Tibet, de la férocité de ses habitants face à la civilisation douce et tranquille de l'ami chinois. Ce livre nous en apprendra finalement beaucoup plus sur le peuple chinois et sur son évolution au fil des mouvements politiques, sur sa naïveté sous la botte de dirigeants montrant le chemin, le chemin qui les arrange et où ils envoient marcher à leur place leurs petits soldats dociles.



En opposition, l'héroïne découvre un pays sauvage, où la religion domine en maître, mais où l'hospitalité reste la valeur première. Là où le portrait est très parcellaire, c'est que ce récit, issu d'une histoire vraie, ne permet de côtoyer qu'une infime partie de la civilisation tibétaine, majoritairement les tribus nomades vivant de l'élevage. On ne peut s'empêcher de penser que la carte postale est jolie mais qu'elle colle un peu trop à l'envie de l'auteur d'imaginer une possible fusion entre peuple chinois et Tibétains. On évite à tout prix de trop nous parler affrontements (sauf au début), répression, pour se concentrer sur ce qui peut réunir au delà des différences extrêmes constatées à la rencontre.



En dépit de ces réticences, le livre est très intéressant, la narration est joliment maîtrisée. L'histoire dans l'histoire nous permet de réellement plonger dans le récit avec l'auteure, de découvrir ce témoignage de vie poignant. Le titre du livre laisse peu planer de doute sur une issue happy end... mais le suspense reste malgré tout entier tout du long. La deuxième histoire parallèle de Zhuoma, nouvelle histoire dans l'histoire, construite en plus en miroir puisque Zhuoma est elle une Tibétaine avide de découvrir la Chine, étoffe en plus le propos, même si là aussi il s'intéresse à une Tibétaine pas forcément représentative de son peuple.



Au final, le message est le bon et on ressort de tout ça avec une envie de dépasser les apparences, d'aller à la rencontre de l'autre dans ce qu'il a à nous offrir. On n'en déduira pas d'analyse géopolitique des relations sino-tibétaines mais on se rassurera sur la capacité de l'humain à se dépasser et à aller au bout de ses quêtes.
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Funérailles célestes

Funérailles célestes est un roman que je me promettais depuis un certain temps et mes attentes ont été grandement comblées. Il traite du Tibet et ce pays me fascine depuis longtemps. Toutefois, le début m'a intrigué : l'auteure Xinran raconte comment elle est entrée en contact Shu Wen et précise que l'histoire qu'elle s'apprête à raconter est la sienne. Plusieurs auteurs empruntent ce procédé pour ajouter à la vraisemblance de leur récit (même fictif) mais il semble que, cette fois-ci, ce soit vrai.



En 1958, Shu Wen, une jeune médecin chinoise, est heureuse. Elle épouse Wang Kejun, médecin lui aussi, mais, rapidement il est engagé au front au Tibet et, tout aussi rapidement, il semble avoir perdu la vie. Toutefois, personne à l'armée ne peut dire comment il est mort. N'y croyant pas, Shu Wen décide alors de s'engager à tour afin de se rendre au Tibet et de retrouver l'amour de sa vie.



Le reste du roman raconte son voyage. Ce qui s'annonçait comme un récit d'aventures, un roman d'amour ou un carnet de voyage se transforme plutôt en un roman initiatique. C'est que Shu Wen passe des années à chercher la trace de son mari, une trentaine environ, mais ne baisse jamais les bras devant la lourdeur de sa tâche. C'est dire à quel point elle est courageuse mais surtout loyale même au-delà de la mort !



C'est qu'il n'est pas facile de voyager sur les hauteurs du plateau tibétain et à travers les hautes montagnes de l'Himalaya. Et plusieurs dangers les mances, à commencer par la présence de l'armée chinoise et l'hostilité de certains Tibétains. Fort heureusement, Shu Wen rencontre des gens incroyables, généreux, qui lui ouvrent l'esprit. Elle apprend les coutumes et la culture tibétaines. Elle est sortie profondément changée de son expérience, à tel point qu'à son retour en Chine elle ressemble davantage à une Tibétaine.



Par la même occasion, le lecteur apprend sur les coutumes et la culture tibétaines. le mode de vie des éleveurs dans la montagne, leurs errances, leurs manières de survivre, l'entraide qu'on y retrouve (Shu Wen est secourue par Zhuoma puis, plus tard, par la famille de Saierbaio et partage leur quotidien un bon moment). Sans oublier, évidemment, la religion bouddhique et les moines. le roman est aussi un cours d'histoire accéléré sur les événements récents qui ont touché ce pays merveilleux.



Funérailes célestes est un roman que je recommande vivement. Non seulement le sujet est passionnant et instructif mais il se lit bien. L'écriture est fluide et, même si elle est un peu sèche (mais n'est-ce pas un peu ça, cette région ?), il s'en dégage une certaine poésie, que ce soit par l'évocation de la majestuosité des lieux ou la simplicité généreuse des Tibétains. Et toujours l'amour du Tibet ! J'arrivais facilement à visualiser ce que voyait Shu Wen, j'en ressentais le même émerveillement. Quelle belle découverte et, surtout, quelle expérience !
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Funérailles célestes

Xinran est journaliste et s'est faite connaitre au travers d'une émission de radio où elle donnait la parole aux femmes chinoises . Elle en a tiré un livre ...Chinoises .

Ici , elle nous relate la vie de Shu Wen , jeune médecin partie au Tibet retrouver son mari. On est au début des années 50 , et les tensions entre le Tibet et la Chine sont exacerbées.



Rien à dire , ce livre est extrêmement intéressant, à plusieurs points de vue.

Le destin de Shu Wen tout d'abord, son amour indéfectible pour son mari, son adaptation à la vie nomade, sa résilience , le tout sous fond de culture tibétaine, si éloignée de nos standards occidentaux...et même chinois des années 50 ! Xinran nous raconte une vie hors des sentiers battus, mue par l'amour. Le cadre tibétain lui offre d'autres points d'intérêts:

La culture locale donc, centrée sur le bouddhisme, le respect de la nature , la vie en altitude , le nomadisme à cette époque.

Mais aussi, l'histoire , celle du colon qui "vient aider un pays à s'élever et à améliorer son confort et ses conditions de vie ", un discours que l'on connait bien en occident !.

On part du VII ème siècle, où un roi tibétain épouse une princesse chinoise , pour qui il construit le Potola et l'on arrive à l'armée de libération de Mao qui vient s'assurer que les Tibétains sont heureux et ne manquent de rien :)!

C'est bien sur intéressant, mais la postface, précieuse, nous met en garde sur les propos de l'auteure qui sans les nier insiste sur le côté fiction des écrits. Après , l'Histoire est rarement similaire à deux êtres séparés par une frontière, né en 17 à Leidenstadt, tout ça , tout ça.



Bon , j'ai déjà été plus long que d'habitude , mais je n'en ai pas dit plus :) !, et finalement, je n'ai pas abordé l'essentiel de ce que je voulais dire .

Xinran nous livre une belle histoire , qui nous ouvre plein de pistes à explorer si l'on veut approfondir nos connaissances, qu'elles soient historiques ou culturelles .

Mais voilà, je n'aime pas trop sa façon d'écrire et ce n'est pas la première fois. Aucun suspens , on a affaire à une journaliste et le style s'en ressent mais est totalement assumé . On n'est pas là pour amadouer le lecteur avec de belles tournures, on est là , factuellement, pour raconter une histoire. Et l'histoire était belle , je valide donc.

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Funérailles célestes

Wen est chinoise. Etudiante en médecine, puis dermatologue, elle épouse Kejun. Ce dernier va s'engager dans l'armée et part au Tibet. Wen perd sa trace et apprendra quelque temps plus tard qu'il est mort. Mais sans plus de détails sur ce qui lui est arrivé, Wen refuse d'y croire. Elle décide alors de partir à la recherche de l'amour de sa vie... Après de très longues années passées au Tibet, l'âme de Wen est née. Elle a embrassée la vie tibétaine au contact d'une famille, ses traditions, ses croyances, et l'amour qu'elle portait à Kejun lui a permis de tenir face aux difficultés. Elle finira par apprendre ce qui est arrivé à son mari et retournera en Chine...

Un roman magnifique à la fois par son histoire, par son écriture mais également par ce qu'il transporte : un message de paix, de partage, de fraternité et d'amour. Wen est une femme que l'amour illumine, et même triste, son histoire est d'une rare pureté...
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Chinoises

Je poursuis la lecture de cette auteure aussi engagée que talentueuse...

Après "L'Enfant unique", et "Funérailles célestes"...j'ai achevé en une

nuit insomniaque: "Chinoises"...Un livre faussement désordonné, avec moult témoignages des plus significatifs et éclairants !...



Je tire mon chapeau à cette femme, qui , fille d'un milieu libéral, a souffert

, dans son enfance et sa jeunesse, de la main mise du Parti communiste et

de la Révolution culturelle, ayant dû composer avec..., du mieux possible,

pour faire avancer les choses, dont le sort des femmes; ses émissions de

radio, son travail journalistique...ses engagements et la défense de ses

convictions...

Qu'un véritable espace de parole existe ... !



"Personne ne m’a félicitée d’avoir sauvé cette jeune fille, par contre, j’ai eu droit à des critiques pour « avoir mis les troupes en branle et troublé l’ordre public » et avoir gaspillé le temps et l’argent de la station de radio. Ces reproches m’ont ébranlée. Une jeune fille s’était trouvée en danger et quand on allait à son secours, on vous accusait de « dilapider les deniers

publics ». Que valait donc la vie d’une femme en Chine ?"



Un ouvrage où l'on perçoit les bouleversements gigantesques vécus par

la Chine, à travers ses régimes politiques extrêmes...et enfin, tardivement

son ouverture au monde. Mais que de tragédies et d'individus sacrifiés

pendant des décennies... où les premières victimes étaient les femmes et

les enfants !!...



Un ensemble de témoignages des plus prenants et dérangeants... où

nous pouvons lire à la fin de l'ouvrage que l'espérance de vie la plus

courte se trouve dans quatre professions : ouvriers d'usines chimiques,

Les chauffeurs routiers longue distance, les policiers, et plus SURPRENANT : Les journalistes !! ?



Tous ces journalistes qui ont vu un trop grand nombre d'événements

choquants, écrasés par les contrôles du Parti... Souvent contraints

d'écrire des choses avec lesquelles ils n'étaient pas d'accord...



Ce livre, comme les autres écrits de cette écrivaine-journaliste ont d'autant plus de mérite d'exister. Xinran avoue avoir décidé d'abandonner sa carrière de journaliste, se trouvant en permanence tiraillée, déchirée entre la vérité et le tragique des témoignages recueillis , écrasés par la censure omniprésente du pouvoir politique. Elle nous confirme que si elle a pu publier ces témoignages c'est parce qu'elle l'a fait en Angleterre...



"Je me suis souvenue de ce que le Vieux Chen m'avait dit : " Xinran, vous devriez écrire tout cela. Ecrire permet de se décharger de ce qu'on porte et cela peut aider à créer un espace pour accueillir de nouvelles façons de penser et de sentir.

Si vois n'écrivez pas ces histoires, leur trop-plein va vous briser le coeur.

" A l'époque, en Chine, écrire un livre tel que celui-ci m'aurait peut-être

valu la prison. Je ne pouvais prendre le risque d'abandonner mon fils ou

ces femmes qui comptaient sur l'aide et les encouragements que leur

apportait mon émission de radio. En Angleterre, le livre est devenu possible. Comme si une plume m'avait poussé dans mon coeur." (p. 352)



Vraiment très heureuse d'avoir enfin découvert cette auteure....Cela me donne envie de relire "Balzac et la petite tailleuse chinoise" de Dai Sijie...
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Funérailles célestes





“Quand j’ai épousé Kejun, je lui ai dédié ma vie.”



***



Journaliste et écrivaine native de Pékin, Xinran a présenté pendant huit ans (1989-1997) une émission de radio populaire au cours de laquelle elle invitait ses auditrices à prendre librement la parole. 



Parmi les innombrables confidences recueillies au fil de sa carrière figurent celles de Shu Wen, une chinoise ayant vécu près de trois décennies au Tibet.



S'inspirant de son histoire, Funérailles célestes retrace l’incroyable destin d’une femme courageuse et opiniâtre mais aussi celui d’un pays, tout deux pris dans la tourmente de l’Histoire.



*



"AVIS DE DÉCÈS

Cet avis certifie que le camarade Wang Kejun est mort dans un incident survenu à l’est du Tibet le 24 mars 1958, à l’âge de 29 ans. Bureau militaire de Suzhou."



Mariée depuis seulement trois mois, Wen vient d'apprendre la funeste nouvelle. Désarroi absolu. Ce communiqué des plus succincts lui impose une réalité inconcevable et nulle autre information ne lui est transmise par les autorités compétentes. 



Que s'est-il passé ? Dans quelles circonstances ? N'y aurait-il pas là une terrible méprise ?



Refusant de croire au décès de son époux, la jeune femme formée elle aussi à la médecine, s'engage dans l'Armée  Populaire de Libération. Aussitôt cette décision prise, elle rejoint un convoi de soldats en partance pour le Pays des neiges. 



"Je n'ai pas réfléchi à ce que j'aurais à affronter. Je voulais seulement retrouver mon mari."



*



Quel parcours admirable, quelle épopée fascinante nous est il donné de suivre page après page. 



Partie sur les traces de l'être aimé  en pleine période du conflit sino-tibétain, le long et éprouvant périple de Wen se mue sous nos yeux en un véritable voyage initiatique.



Les années passées au contact d'une famille de bergers nomades l'ayant recueilli alors que gravement blessée, seront l'occasion d'une immersion complète au sein de la culture tibétaine. 



A ses côtés, nous découvrons les contrées sauvages et désertiques s'étirant à perte de vue,  la rudesse du climat, l'aridité des terres, le vertige de l'altitude mais surtout l'ingéniosité et l'hospitalité d'un peuple insoumis, ses us et coutumes profondément enracinés, ses traditions séculaires, sa dévotion ainsi que sa communion singulière avec la nature. Le Toit du monde nous apparaît comme un berceau immuable de spiritualité. 



"Le Tibet entier n'est qu'un gigantesque monastère."



*



Wen, obtiendra-t-elle un jour des réponses à ses questions? Une chose est sûre, cette fabuleuse expérience humaine la transformera à jamais. Peut-être le chemin d'une renaissance…



Ode à la vie, à l'amour, à  la loyauté, ce roman nous offre une parenthèse suspendue hors du temps, à la fois dépaysante, enrichissante et touchante. À découvrir assurément!



***



"Seul un amour véritable peut produire une telle détermination."



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Funérailles célestes

Xinran nous raconte une histoire simple et belle, celle d’une femme habitée par la détermination inébranlable d’apprendre ce qui est advenu de son mari, son grand amour qu’elle n’a jamais oublié. Faisant preuve d'un courage et d’une ténacité hors du commun, elle parcourra pendant trente longues années le Tibet afin de retrouver les traces de son compagnon de vie.

Pendant ce temps, elle découvre un pays dont elle ignorait à peu près tout des coutumes et croyances et devient peu à peu plus tibétaine que chinoise. Elle adopte les vêtements et la coiffure des femmes tibétaines et apprend à vivre à la mode des familles nomades du Tibet.

Tous les soirs, elle écrit son journal et sort la photo de Kejun afin de bien garder son visage en mémoire. Au fil des années, la photo a jauni mais le doux visage de son grand amour la rassure et la console de ses tourments.

Une bouleversante histoire d’amour avec pour toile de fond le Tibet à l’époque de l’invasion chinoise. Un document exceptionnel à lire pour comprendre ce pays baigné de spiritualité.

J’ai particulièrement aimé l’immersion dans la famille tibétaine dont la vie quotidienne nous est contée dans ses moindres détails.

J’ai lu cet ouvrage lors de sa sortie et le redécouvrir fût à nouveau un grand bonheur de lecture.



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Funérailles célestes

Paysages sublimes (on est au Tibet), sentiments purs qui emplissent les vies vides de sens, destin hors normes (et ça a tout son poids, dans la société chinoise)… Voilà un roman qui apporte chaleur et réconfort et laisse l’ennui sur le seuil de nos jours.



Très vite je me suis mise à éprouver de la sympathie (ce qui m’arrive très rarement) pour cette Chinoise qui quitte famille, travail et patrie pour rejoindre son mari au Tibet.



Certes la découverte du Tibet à travers les yeux d’une Chinoise, expérience particulière, est à ne pas douter connotée mais je laisserai cette discussion aux spécialistes des questions géopolitiques et culturelles.



Je préfère me laisser porter par la détermination de cette femme dans sa quête (qui en est presque symbolique) et par le message d’amour et de paix du mari, moi lafilledepassage qui erre sans but, au gré du vent…

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Chinoises

Magnifiquement structuré dans une apparente déstructure, Chinoises se construit au fils des différents récits qui s’imbriquent finement les uns dans les autres jusqu’à la reconstruction finale qui laisse un goût amer sur les doigts.



Xinran a animé à la radio chinoise pendant plusieurs années (de 1989 à 1997), une émission où elle invitait les femmes à parler d'elles-mêmes. Durant cette période, Xinran a eu l'occasion de lire leurs nombreuses lettres, d'entendre leurs témoignages et de s'entretenir avec elles. Ce magnifique recueil est le résultat d’un travail de longue haleine. Xinran a parcouru la Chine de long en large, pour écouter ces femmes. D’autres récits lui ont été envoyés ou ont été enregistrés de manière anonyme sur le répondeur de la radio.



Un jour, le vieux Chen dit à Xinran: «Xinran, vous devriez écrire tout cela. Écrire permet de se décharger de ce que l'on porte et cela peut aider à créer un espace pour accueillir de nouvelles façons de penser et d’écrire. Si vous n'écrivez pas ces histoires, leur trop-plein va vous briser le cœur». Arrivée en Angleterre, c’est ce qu’elle décida de faire. Il en ressort un livre bouleversant, poignant, étonnant, émouvant, magnifique, inoubliable, incroyable... qui au travers de l’histoire de ces femmes, de toute classe sociale, de tout âge et de tout horizon, nous en apprend sur la place de la femme en Chine mais aussi sur la société de cet énorme pays en pleine mutation.



Chinoises est un roman dont j’ai beaucoup de mal à parler. Je ne trouve pas les mots adéquats, forts, les mots parfaits pour exprimer tout mon ressenti. Les récits de ces femmes m’ont emporté sans ménagement. Il faut dire que la force de Chinoises réside dans sa capacité à allier une multitude d'émotions chez son lecteur, j'ai personnellement bouillonné de colère et d'indignation, ressenti le désarroi et la peine de ces femmes, et parfois éprouvé du dégoût pour la nature humaine. En quelques mots, Chinoises m’a littéralement fendu le cœur.



Xinran, en laissant la parole à ces femmes, nous a permis de découvrir la fille, la maîtresse, l’amoureuse mais aussi la mère chinoise, comme on ne la soupçonnait pas. Et ce qui est admirable chez cette « femme chinoise », c’est qu’il n’y a jamais de haine ni de soif de vengeance, juste une envie de faire connaître ce qu’elle ressent et ce qu’elle vit.



Il y a des livres, trop peu nombreux, où le système de notation perd tout son sens, car le maximum d'étoiles n'est pas assez.... Trop rares sont les livres qui proposent de telles émotions, de telles histoires, trop rares sont les livres ayant une telle âme que celui-ci. Chinoises. Un hommage en l’honneur de la femme chinoise, petit certes, comparé aux drames et sacrifices qu'elles ont dû vivre, mais qui permet de ne pas les oublier et de faire perdurer leurs histoires dans nos mémoires. Merci Xinran, infiniment…

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Baguettes chinoises

« Baguettes chinoises » , que l’on ne s’y trompe pas, ici les baguettes ne sont pas les ustensiles qui servent à manger mais un terme pour désigner les filles en opposition aux « poutres » les garçons qui eux peuvent soutenir le toit familial. Oui, nous sommes en Chine !

Xinran nous raconte l’histoire de ces trois « baguettes », trois sœurs qui vont quitter leur campagne pour aller chercher du travail à Nankin. Elles trouveront chacune un employeur et pourront mettre en valeur leurs compétences. Ces trois sœurs, sont issues d’une famille de six filles. Etant considérées comme un fardeau et non pas désirées, elles n’auront de nom que leur rang de naissance. Ainsi une , celle que l’on appelle Trois travaillera dans un restaurant, celle qui est appelée cinq se retrouvera dans un établissement de bains où elle contrôlera l’eau, et Six, travaillera dans un salon de thé/librairie. Chacune gagnera sa vie et elles pourront, à l'occasion d'une fête rentrer chez elles avec un petit pécule qu’elles donneront à leurs parents. Cet argent permettra au père de reconnaître enfin que les «baguettes » peuvent avoir un rôle, une place tout aussi importante qu’une «poutre ».

Xinran a fait le choix d’écrire un roman qui aborde des sujets graves avec une plume qui peut s’apparenter à un conte. Son humour nous fait sourire à plusieurs reprises, mais l’on comprend malgré tout en filigrane la dureté des conditions de vie des migrants qui sera explicitement évoquée dans l’épilogue. La différence des conditions de vie, de culture entre la ville et la campagne peut, il est vrai, nous amuser, à travers des scènes décrites montrant la naïveté des sœurs, mais aussi surtout nous faire prendre conscience du choc des cultures et de la place faite aux femmes. Il y a une réflexion menée sur la modernité et les traditions qui est intéressante car beaucoup de sujets sont alors abordés avec finesse et douceur.

Un livre qui se lit comme un conte mais qui nous rappelle combien la place de la femme n'est pas simple et les dures conditions des migrants.



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Funérailles célestes

Un pur moment de dépaysement...aussi bouleversant que captivant !



[ Remerciements, p. 6 ]



-"Funérailles célestes- est le fruit d'années passées à essayer de comprendre et ressentir l'amour de Shu Wen, la spiritualité des Tibétains et ce que sont la culture, le temps, la vie et la mort pour des peuples différents."



Je poursuis avec le plus grand intérêt la lecture de cette auteure chinoise;

Après "L'Enfant unique"...ce récit inspiré d'une histoire réelle, à peine

croyable...entre deux étudiants en médecine, tous les deux chinois.Lui,

devenu médecin militaire , est envoyé au Tibet... Sa jeune épouse apprendra sa mort. Anéantie, elle ne veut pas y croire et veut absolument savoir ce qui est arrivé à son époux, avec lequel elle a vécu à peine quelques mois...

Elle quittera donc sa famille et partira seule au Tibet, en espérant retrouver l'homme qu'elle aime !...



Histoire d'Amour fou et de perte irrémédiable... ce texte nous fournit mille détails sur les coutumes et les traditions tibétaines.



Une histoire des plus émouvantes , qui nous fait rencontrer une galerie de

personnages plus attachants les uns que les autres...nous incite à comprendre la relativité des usages selon les pays, les religions...et les dégâts provoqués, causés par l'ignorance...



Wen, notre personnage féminin central, dans les années 1956 part à la

recherche de son mari adoré, Kejun, dont on lui a appris la mort, sans

la moindre explication ou précision !Recueillie chaleureusement par une

famille de nomades tibétains, elle va vivre au quotidien, avec eux !



A la fois un récit des plus romanesques...et parallèlement, un mini-

documentaire ethnologique ....



"Shu Wen s'est tue, mais moi je ne pouvais m'arrêter de penser. A sa transformation de jeune Chinoise de vingt-six ans en bouddhiste tibétaine d'âge mûr. Au rapport entre nature et religion. A l'espace et au temps. A ce qu'elle avait perdu, à ce qu'elle avait gagné. A sa volonté, sa force et son amour." (p.211)



De la difficulté à quitter Shu Wen...sa vie incroyable, sa détermination unique et forcenée...Un beau portrait de femme amoureuse, et remplie de tous les courages du monde !





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Chinoises

J'avis beaucoup aimé Funérailles Célestes, de Xinran, l'année dernière. Il relatait l'histoire d'une femme qui avait vécu plusieurs dizaines d'années au Tibet, isolée du reste du monde. Elle avait recueillie ce témoignage parmi tant d'autres pour son émission de radio sur les femmes chinoises.

Chinoises, contrairement à Funérailles Célestes qui est très beau, très descriptif, est une suite, donc, de témoignages anonymes ou non reçus entre 1989 et 1997.

Xinran est journaliste pour une radio dépendante du Parti, donc surveillée et éventuellement censurée. Malgré ça, elle parvient à recueillir et diffuser ces récits parfois insoutenables de ces femmes qui ont subi, et subissent encore, la tradition chinoise de la femme soumise et qui ont vécu l'oppression de ces années de communisme.

Certaines nées de familles cultivées, puissantes, d'autres dans la pauvreté la plus totale, mais toutes liées par cette même expérience du viol, du mariage arrangé, du mépris, de la violence verbale et physique. Certaines en sont devenues folles, d'autres ont accepté et mené leur vie dans l'ombre.

Chaque récit est différent - Xinran y dévoile elle-même la vie de sa propre mère - et pourtant tous nous parlent de ces vies écrasées, niées, au fil des siècles, que ce soit dans une campagne encore très arriérée (où les femmes "s'utilisent" parfois par plusieurs frères, où elles se vendent ou s'échangent) ou dans les villes prospères et nouvellement capitalistes, où l'argent et la beauté est un atout majeur pour un mari ambitieux.

Xinran a l'art, la patience, la douceur pour exorciser ces femmes de ces drames pour les faire témoigner. La deuxième étape, l'écriture du livre, se fera ensuite lorsqu'elle s'installe à Londres, désireuse de vivre une autre vie mais de témoigner du véritable sort des femmes chinoises au monde occidental.

Par ces témoignages, et en transition les efforts et frustrations des journalistes en butte à la censure, tout un pan de l'histoire chinoise est à nouveau dévoilé.

Il faut le dire, cette représentation de la Chine est profondément déprimante...

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Funérailles célestes

Au Tibet, la terre est trop dure pour qu'on puisse enterrer les morts, alors on doit procéder à des funérailles célestes ou à des funérailles aquatiques... Cela vous intrigue ? Alors lisez ce livre pour découvrir de quoi il s'agit et entrevoir l'âme du Tibet. Car c'est bien là à mon sens tout l'intérêt du livre, nous faire voyager au Tibet et côtoyer les Tibétains sur la durée, au-delà des anecdotes pittoresques et des paysages de cartes postales...



Des Années 50 aux Années 80, la chinoise Wen s'est immergée dans ce monde ancré dans la spiritualité, la nature et la solitude ; à la recherche de son mari disparu, elle a mené une vie simple et archaïque, souvent nomade, mais aussi de plus en plus belle et apaisée. Xinran, écrivaine chinoise, a eu l'occasion de rencontrer Wen et elle nous relate ici son épopée et leurs conversations.



C'est intéressant, mais aussi âpre et sec, peut-être à l'image de la vie au Tibet ou de l'habitude chinoise de masquer ses émotions... Pas une fois, je n'ai ressenti l'amour de Wen pour son mari, alors même qu'elle a tout quitté pour partir à sa recherche et a mené pendant des décennies une quête lointaine et impossible. Difficile pour moi dans ce contexte de m'identifier et de rentrer vraiment dans l'histoire, à l'inverse d'autres romans chinois, comme Vent d'Est Vent d'Ouest, où le récit, pourtant plein de réserve et de pudeur, montrait très joliment le sentiment amoureux.



Challenge Petits Plaisirs 14/xx
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Baguettes chinoises

« A la campagne on a besoin d’hommes fort pour travailler, pas d’une bouche à nourrir, pas d’une pisseuse bonne qu’à chialer. Une fille, c’est perdre son nom de famille, c’est la honte pour un villageois. Qu’est ce qu’il pouvait faire d’un déchet humain ? Lui éclater le crâne entre deux pierres, l’enterrer à côté du chien ? »



« La petite marchande de porte-clefs » Orelsan. (Effroyable chanson qui colle des frissons).



Province de l’Anhui, Chine, de nos jours…

Pauvre homme, Six filles, même pas de prénom !

Une-Deux-Trois-Quatre-Cinq-Six.

Une est mariée à un vieux barbon.

Deux s’est noyée pour échapper au même sort.

Quatre est muette.



Ce roman retrace l’histoire de Trois, Cinq et Six.

Le deuxième oncle qui est le frère cadet de la famille Li va aider Trois à s’enfuir, quitter la campagne pour aller à la ville, à Nankin.

Trois, finaude va entrainer Cinq présumée laide et stupide et Six qui a fait quelques études.

Pour prouver au père qui se ronge et se morfond qu’elles peuvent être utiles.



Xinran a été une sorte de « Ménie Grégoire » chinoise, l’acuité de son regard sur la condition des femmes est remarquable autant par sa finesse que par son humour. Les coutumes et les usages de la vie quotidienne sont traduits avec l’authenticité du vécu.

« Même si le bol de la famille est vide, mieux vaut mourir de faim que voler le gruau du voisin ».



Si parfois la candeur et la naïveté de Trois, Cinq et Six sont exaspérantes, je reconnais que leur innocence autorise des réflexions savoureuses et rafraichissantes.



L’auteur en profite pour mettre en exergue la fracture ville/campagne : « Ces gens des villes, faut vraiment qu’ils aient un professeur pour tout, ils peuvent rien apprendre tout seul. Ils ont qu’à faire marcher leur ciboulot comme nous à la campagne ».

Xinran prône une naissance de féminisme dans ce milieu exclusivement patriarcal et machiste. Elle n’hésite pas non plus à égratigner les institutions et la bureaucratie :

« Mao était un Dieu, et les policiers d’infaillibles représentants de l’Armée Céleste ».

Les gens étaient arrêtés pour des motifs futiles ou seulement pour un manque d’autorisation pour se déplacer d’une ville à une autre.



Il y a un tel décalage entre des vies d’européens et celles désuètes de ces chinois de la terre en ce début de 21ème siècle que ce roman pourrait paraitre niaiseux s’il n’était épargné par l’emploi fréquent du second degré.



Serait-il possible que des filles soient désormais capables de soutenir un toit ?

A découvrir. La provocation, c’est bon parfois !



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L'enfant unique

Une lecture aussi captivante que bouleversante, apportant de nombreux témoignages directs, abondamment étayés sur la politique nataliste chinoise entre les années 1970 et 1990...

Je fais connaissance avec cette auteure-enseignante chinoise...



Un concours de circonstances, et de discussions croisées avec un couple de camarades chinois nous a fait

aborder différents aspects de la vie dans leur pays, dont cette politique de "L'enfant unique"...

J'ai ainsi appris que cette dernière avait été supprimée en 2016...Le jour-même, je tombe sur une publication

nouvellement parue , en poche sur le même sujet , "L'Enfant unique" de Xiran [ Picquier Poche, avril 2018]. Je l'ai aussitôt acquise, et débutée... Aussi passionnant que tragique , à maints égards !!...



Une écrivaine qui décrit avec moult détails et analyses très percutantes les conséquences souvent désastreuses de cette politique de l'"Enfant unique" ...et comment cette politique a influencé , influé l'économie, le traitement des grands-seniors, mais aussi les mentalités, la sphère très privée comme publique !



"Nous sommes différents des autres, nous n'avons ni frères ni soeurs à qui parler et avec qui partager nos parents ou l'espace familial. Nous sommes obligés d'assumer nos sentiments et notre perception de nos parents, et d'arriver à comprendre par nous-mêmes. Les autres peuvent-ils réellement appréhender la solitude et les difficultés des gens comme nous, qui vieilliront sans proches parents de notre génération (...) Au sein de notre famille, nous sommes à la fois le soleil et la lune, et on ne nous donne pas le temps ni l'espace pour grandir par

nous-mêmes..."(- Picquier Poche, avril 2018; p.85)



Cela me ramène à de très anciennes lectures, des témoignages difficiles sur le même sujet sur le sort des

petites filles en Chine, dont on avait hâte de se débarrasser, pour que puisse naître le "Fils", détenteur et

transmetteur du nom !!



Cet ouvrage va beaucoup plus loin et aborde tous les aspects [ ou moins , un très grand nombre], psychologiques, comme politiques et économiques...Analyse très fouillée de cette période du Communisme , terrifiante et écrasante, en sachant que Xiran, née dans un milieu dit "bourgeois" et intellectuel... en a souffert, elle-même, ses parents ayant été emprisonnés plusieurs années...



"Mon fils et les autres enfants uniques, élevés dans des familles sans frères ni soeurs pour diluer l'attention

de leurs parents, étaient douloureusement conscients de la surveillance permanente de leurs parents.

Le foyer est devenu une prison, avec les parents en guise de barreaux, les protégeant constamment et corrigeant leurs moindres faits et gestes. Les enfants uniques, beaucoup plus, semble-t-il, que les enfants appartenant à une fratrie, rêvent de quitter leur famille et d'échapper à la domination de leurs parents. (...) Un oiseau ne peut prendre son envol en emportant sa cage" !

(Picquier Poche, avril 2018; p. 136)



Lecture très, très précieuse pour comprendre l'évolution et les changements au Pays du Soleil Levant ...ces

20 dernières années... Ma curiosité est "titillée" au plus haut point... Je vais poursuivre la connaissance

de cette auteure et de son pays, avec "Chinoises", " Messages de mères inconnues", et son dernier ouvrage traduit qui vient d'être publié," Parlez-moi d'amour". Un style, de plus, agréable, fluide, très vivant...rempli de bienveillance et de clairvoyance...





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Chinoises

Lu dans le cadre de mes études il y a quelques années, Chinoises m'a permis de découvrir des facettes de la Chine que je ne connaissais pas encore. Témoignages et interview recueillies par Xinran nous font partager la vie de plusieurs chinoises issues de toutes les classes sociales et de toutes les générations. Bien que j'ai pu découvrir d'autres facettes de la femme chinoise depuis (entre autres que dans un couple chinois, l'homme ne dirige que lorsqu'il y a d'autres personnes présentent, pour ne pas perdre la face, sinon c'est madame qui décide de tout) ce livre nous montre tout de même plutôt bien que la vie de la femme chinoise de nos jours est un défi quotidien.



Sans être un coup ce cœur, ce livre reste très touchant, étonnant, percutant, bref il ouvre l'esprit et les yeux à des choses que l'on ne connait peut-être pas, et en plus il se lit très bien.
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Baguettes chinoises

Ceci n'est pas un manuel qui vous apprendra en 10 leçons à manger (proprement) de la nourriture asiatique avec des baguettes, ni même un livre de recettes de cuisine chinoise. Non non, on est ici dans le registre de la métaphore. Les féministes parmi vous vont s'étrangler quand ils/elles apprendront que, dans la Chine des années 1990, le terme « baguette » désigne les femmes, tandis que les hommes sont des « poutres ». Autrement dit, la femme est un faible ustensile jetable, et l'homme est fort et indispensable, il n'y a qu'une poutre qui puisse faire tenir une maison (et une maisonnée) debout. Aussi, quand dans un couple, une femme « pond » une fille, c'est la honte assurée. Et quand elle en pond, non pas une, mais six (apparemment la politique de l'enfant unique n'a pas cours dans les campagnes), c'est le père de famille qui perd la face et devient la risée du village, incapable qu'il est d'engendrer des mâles. Et le sort de ces filles est tout sauf enviable : enfants, on néglige de les envoyer à l'école pour les faire travailler aux champs comme des bêtes de somme, plus âgées on les marie au plus offrant. Certaines acceptent leur sort, d'autres se suicident. Quelques-unes prennent leur courage à deux mains et partent travailler à la ville pour prouver qu'elles sont capables de gagner de l'argent aussi bien (et parfois mieux) que les hommes. Le premier contact avec le monde urbain est pour elles un véritable choc des cultures, entre une Chine des campagnes quasiment moyenâgeuse, et une Chine des villes en plein boom économique, immobilier, technologique et même culturel, qui entre de plain pied dans l'ère des mégapoles tentaculaires et surpeuplées, victime d'un exode rural massif.



Ce roman raconte l'histoire de Trois, Cinq et Six, trois soeurs à qui leurs parents n'ont pas jugé utile de donner un vrai prénom (après tout ce ne sont que des filles). Attirées par les mirages de la vie citadine, elles quittent pour la première fois de leur jeune vie leur village natal pour débarquer à Nankin. Elles trouvent chacune du travail, assez facilement, et font de colossaux efforts d'adaptation à leur nouvelle vie, essayant tant bien que mal de masquer leurs origines provinciales et d'éviter de passer pour des gourdes ignares. Bien entourées, elles apprennent vite, et un nouveau monde, qui leur semble souvent étrange, s'ouvre à elles, ébranlant quelques-unes de leurs certitudes au passage.



Cette histoire est inspirée de témoignages recueillis par l'auteur journaliste lors de ses reportages aux quatre coins de la Chine dans les années 90. Xinran retrace le parcours de ces jeunes femmes avec une grande bienveillance, entre découragement et force de caractère, situations embarrassantes ou cocasses, candeur et ignorance. Ce qui donne parfois au livre un ton un peu puéril, limite gnan-gnan. Ce roman n'est pas très bien écrit, il n'a pas le souffle épique de « Funérailles célestes », mais a le grand mérite de fort bien documenter la condition des femmes dans la Chine contemporaine.
Lien : http://www.voyagesaufildespa..
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Baguettes chinoises

Cette histoire commence sur les douves de Nankin, plus exactement sous le grand saule, où les nouveaux arrivants cherchent à trouver du travail. Trois vient d’arriver avec Deuxième Oncle. Elle est la troisième fille d’une fratrie de six, et le père est tellement honteux de n’avoir que des filles qu’il ne leur attribue même pas un prénom, seulement un chiffre correspondant à leur ordre de naissance.



« Dans mon village, c’est comme ça qu’on appelle les filles, des baguettes. Les garçons, eux, ce sont des poutres. Ils disent que les filles ne servent à rien et que ce n’est pas avec des baguettes qu’on peut soutenir un toit. » P 22



Elles sont exploitées dans les champs, triment du matin au soir, sans se plaindre et on s’en débarrasse en les mariant sans leur demander leur avis : il faut bien les caser quelque part, ce que les parents a fait avec leur fille aînée. Et après, on s’étonne du nombre élevé de suicide chez ces jeune femmes…



« C’est ainsi qu’on expliquait le suicide de certaines d’entre elles qui, ayant toujours vécu en recluses à la campagne, ne savaient pas faire face à la pression de cette nouvelle vie, ni gérer leur soudaine liberté. » P 91



Trois est promise à un homme plus âgé handicapé, et elle décide de fuir avec le frère cadet de son père, Deuxième Oncle qui l’emmène avec lui lorsqu’il retourne à Nankin après les fêtes du Nouvel An.



Trois réussit à trouver du travail, et doit s’adapter à la ville car elle ne sait rien, elle n’est pas allée longtemps à l’école et tout est étrange dans cette grande ville. Elle fait des miracles en créant des compositions de fruits, légumes pour le grand bonheur de ses patrons qui tiennent un restaurant : « l’Imbécile heureux ».



« Cela faisait deux ans qu’elle travaillait à L’Imbécile heureux, qu’elle avait fait de cette coquille de noix perdue dans l’océan rugissant des restaurants sa seconde maison. C’est là qu’elle avait appris qui elle était… C’est là que cette baguette sans éducation et perpétuellement brocardée par les siens à la campagne avait finalement pris conscience de sa valeur et gagné, pour la première fois, un peu de respect. C’est là qu’avait commencé sa nouvelle vie et qu’elle s’y poursuivait ». P 49



Plus tard ses deux sœurs la rejoindront, Cinq qui ne sait ni lire ni écrire, considérée comme une débile et Six, qui a eu plus de chance et a été scolarisée. On va les voir évoluer, chacune dans un milieu différent et tenter de s’en sortir.



Xinran nous brosse le portrait des trois sœurs, le contraste énorme entre le monde rural et la ville, la société chinoise et son évolution…



Elle nous décrit le côté borné du père et son opinion sur les filles, son comportement maltraitant psychologiquement, mais qui sera bien obligé de reconnaître qu’une fille, cela peut servir, notamment en rapportant tout l’argent qu’elle gagne !



Une question se pose : comment dans un pays qui pratique la politique de l’enfant unique, un paysan peut-il avoir six filles, sans recevoir de sanction ? C’est très simple il suffit de connaître les bonnes personnes pour avoir des passe-droits : corruption !



Les familles dans lesquelles travaillent les trois jeunes filles sont intéressantes, bien que caricaturales : outre le restaurant « l’Imbécile heureux », on fait la connaissance d’un établissement de massages, bains divers, où travaille Cinq et un salon de thé librairie où s’épanouit Six, véritable rat de bibliothèque, où défilent des Occidentaux.



J’ai choisi ce livre car j’avais beaucoup aimé « Funérailles célestes » et je dois dire que je suis restée sur ma faim : certes, ces trois héroïnes sont sympathiques, et chacune à sa manière va trouver sa voie car le travail ne leur fait pas peur et elles ont envie d’apprendre.



La manière dont Xinran aborde la société chinoise, la restriction des libertés, l’éloge du travail, la Révolution Culturelle et l’épuration qui a suivi, est intéressante mais ne m’a pas enthousiasmée. Je suis sortie de cette lecture avec une overdose de riz gluant, boulettes et sucreries…



Bien-sûr après avoir refermé « Eugenia » de Lionel Leroy, le risque de comparaison était latent et ce livre s’est révélé trop fade, comme c’est souvent le cas après un coup de cœur… J’ai allégé un peu ma PAL et je ne pense pas lire un autre roman de l’auteure…



Un conseil: si vous voulez lire ce roman zappez la quatrième de couverture car elle en dit trop.
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Baguettes chinoises

Témoignage de la vie quotidienne de trois jeunes Chinoises de la campagne qui arrivent en ville...



Ce sont des « baguettes » jetables, car dans leur village, seuls les garçons sont importants, ce sont des « poutres » qui soutiennent les maisons. Les filles n’ont tellement pas d’importance que leur père ne leur a pas donné de noms, les appelant simplement selon leur ordre de naissance : Trois, Cinq et Six.



Lorsqu’elles arrivent en villes, comme des immigrantes venant d’un autre siècle, elles découvrent un monde totalement différent de celui qu’elles connaissaient. Tout les étonne : électricité, téléphone et même la chasse d’eau ! Les filles ont cependant beaucoup de chance, car elles tombent tout de suite sur de bons employeurs qui leur permettront d’utiliser leurs talents spécifiques.



À travers les yeux naïfs des trois « baguettes », on découvre la pauvreté, les écarts de culture entre la Chine rurale souvent encore illettrée et la Chine commerçante moderne des villes.



Pas un grand roman, mais un intéressant point de vue de femme, sur un pays qu’on connaît bien peu.

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