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Critiques de Abdourahman A. Waberi (127)
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Aux Etats-Unis d'Afrique

L’idée conductrice est brillante, renverser les rôles et faire du continent africain la grande puissance mondiale. L’Amérique et l’Europe n’ont pas eu la chance de se développer, et ce depuis Mathusouleyman. C’est donc « avec un grand rire nègre ou rabelaisien » selon ses termes, qu’Abdourahman A. Waberi nous dit le monde « tel qu’il boite » dans un conte à la Voltaire, propre à nous faire réfléchir sur notre monde d’Européens.

Depuis les favelas de Zurich, où la mortalité infantile, le sida et la prostitution font rage, les organisations humanitaires érythréennes essaient de pallier aux maladies diverses, le kwashiorkor, la lèpre, le glaucome ou la poliomyélite, sans parvenir à

empêcher ces pauvres caucasiens de vouloir franchir le détroit, et essayer de rejoindre, sans y parvenir vu la différence infranchissable, les goldenboys de Tananarive.

Waberi, tout naturellement, puisque les sapiens sont nés en Afrique, cite le nom en amharique : Denkenech (langue de l’Éthiopie), pour parler de Lucy.

Il évoque pour notre plus grand plaisir le parcours de Kankan Moussa, l’homme le plus riche du monde, depuis l’ancien empire du Mali jusqu’au Caire, emportant avec lui pour les distribuer entre deux à huit tonnes d’or.

Il cite les écrivains Nurrudin Farah, Chinua Achebe ou Emmanuel Dongala, tous récipiendaires du prix Lalibela. Ils boivent du Néguscafé, dégustent des McDiop et boivent un thé au Tropicana, vont dans le 34 · étage du Steve Biko Centro, ou à l’université Hamadou Kourouma, en prenant l’autoroute.





Malheureusement, deux biais font boiter le propos jusque là brillant. Des phrases et des phrases de poésie pure (la poésie n’est malheureusement pas ma tasse de néguscafé et ses pages ne m’ont pas intéressée, mais peuvent faire le délice d’amateurs de jolies phrases) s’adressant à Maya, qui s’avèrera Normande de naissance, et adoptée par un couple africain, qui l’ont fait sortir de la misère boueuse.

Deuxième biais, Waberi s’empare de tableaux européens pour les africaniser. La Joconde devient Mouna Sylla, chef d’œuvre de Gustavo Mbembe, l’Origine du monde, du même peintre, commanditée par Khalil Bey, ambassadeur ottoman à Addis Abeba, est gardé dans le musée Mongo Beti de Massawa.

Enfin, une sorte de frénésie fait dévier vraiment l’auteur, traitant René Caillié de « pauvre hère », puisqu’il a parcouru deux mille kilomètres à pied pour arriver à Tombouctou, Lacan de petit proxénète, ridiculisant Ryszard Kapuscinky, qui ergote sur sa Pologne et « exerce à présent ses talents de chapardeur et de conteur occasionnel dans le square Soweto, à deux pas de la banque de Carthage ».



L’auteur décrit l’Europe comme elle devait se trouver au Moyen Age. Ni l’Afrique est aussi pauvre de la manière qu’il dessine l’Europe, ni la terre est réduite à des habitants blancs ou noirs. Il fait d’ailleurs une exception en parlant du conseiller fédéral du Canada, un fier aborigène.

Pourtant, la lecture est agréable, et puisque ce livre se veut une sorte de comédie sérieuse, l’objectif est atteint par la description d’un Paris où les servantes montent à longueur de journée des seaux d’eau dans une salle de bains collective remplie de vermine.

J’ai ri, j’ai relu et ri de nouveau. Et bien pensé aussi à notre monde.



Coucou, Isa, mon inspiratrice.

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Pourquoi tu danses quand tu marches ?

Un jour, alors qu’il accompagne sa fille à l’école, celle-ci lui pose une question : « Papa, pourquoi tu danses quand tu marches ?», sous-entendu, pourquoi je ne t’ai jamais vu faire du vélo ou de la trottinette. Un peu décontenancé par la question, il se met à réfléchir et les souvenirs du passé remontent. Il va les partager avec elle.



« Après le silence, tu m’as souri comme pour mettre un terme à mon angoisse naissante. Soudain, tu as lâché assez brutalement :



— Papa, pourquoi tu danses quand tu marches ?



— Euh… »



Aden n’a pas eu une enfance heureuse, c’est le moins qu’on puisse dire.



Bébé, il pleurait beaucoup, sa mère ne lui témoignait aucune tendresse et quand elle en avait assez des pleurs, elle le donnait à une autre personne de la maison, comme un vulgaire paquet (de linge sale !). Son père rentrait tard du travail, guère disponible non plus, alors c’était la grand-mère Zahra qui s’occupait un peu plus de lui.



C’était un gamin triste, maigrichon, qui très tôt a eu la mort à ses côté: on pensait qu’il était trop fragile pour vivre. En gros, cet enfant devait avoir le mauvais œil…



Quand il est entré à l’école, il est bien-sûr devenu le souffre-douleur de Johnny, le petit caïd qui repère à distance les proies faciles. Dès le premier jour il a droit à un croc-en-jambe qui le fait tomber la tête première dans la fontaine, avec des plaies, notamment une sur la jambe. On va se contenter de suturer sans chercher plus loin.



Mais, il n’y a pas seulement la violence physique il y a tous les surnoms dont on l’affuble, du fait de son côté chétif. Entre parenthèses, il faudra plusieurs années pour qu’on le montre à un médecin et que le diagnostic de poliomyélite tombe ; il aurait suffi d’un vaccin pour éviter de souffrances…



Dans son malheur, Aden fait la rencontre de sa vie en la personne de son institutrice, Madame Annick, qui va lui donner le goût de la lecture et de l’écriture. Mais les livres ne sont pas les bienvenus à la maison, alors il fait des kilomètres à pied pour trouver des livres, même des revues style « Nous deux » pour étancher sa soif de lecture, avec le risque de tomber sur Johnny ou de se faire découvrir tout simplement.



Zahra, qu’il appelle Grand-Mère Cochise (car elle règne sur la maison, sur sa tribu, et a hérité une certaine sagesse de sa famille de Nomades), lui a donné le goût des mots, en lui racontant des histoires, éveillant ainsi sa curiosité et son amour des mots.



Quand sa mère se retrouve enceinte, sept ans plus tard, on ne lui explique rien, d’où sa surprise en découvrant un bébé dans le panier lorsqu’elle rentre à la maison. Bébé qui, bien-entendu, sera beau, souriant et captera toute l’attention. Aden, qui était délaissé le sera encore plus : comment lutter sinon en lisant, en travaillant bien à l’école…



Abdourahman A. Waberi nous replonge dans le Djibouti du temps de la colonisation, quand on parlait encore de Territoire Français des Afars et Issas alias TFAI, sur les conditions de vie de l’époque, sous le regard de de Gaulle, un personnage aussi de l’histoire, en fait.



Il décrit la vie d’Aden, pendant son enfance mais aussi plus tard, au cours de sa scolarisation, avec des anecdotes sympathiques, comme un passage de relais entre lui et sa fille. Le retour sur l’enfance permet de réfléchir à la manière dont on peut transcender, se sortir d’un statut de victime dans lequel on a tendance à s’enfermer et mettre en place un processus de résilience pour pouvoir transmettre plus tard à ses enfants.



Une image que je garde en mémoire: Aden prenant sa revanche sur les « tortionnaires en herbe » de son enfance en écrivant leurs rédactions.



J’aime beaucoup les histoires de transmission familiale, de résilience alors ce roman m’a beaucoup touchée, tant par le thème que par l’écriture, nous laissant imaginer les couleurs et la culture de sa terre natale. Comment résister à quelqu’un qui aime autant les livres, les mots, se les approprie, devenant le roi de la dissertation ?



Un grand merci à NetGalley et aux éditions J.C Lattes qui m’ont permis de découvrir un superbe conteur dont j’ai très envie de connaître les autres livres…



#PourquoiTuDansesQuandTuMarches #NetGalleyFrance
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Dictionnaire enjoué des cultures africaines

Soyons enjoués en lisant le dictionnaire de Mabanckou et Waberi sur les cultures africaines, enjoués et un peu perplexes.

On ne peut pas tout lire, aussi mieux vaut prendre connaissance de la chronique de Downbrow avant la mienne. Il m ‘ a semblé que les auteurs ne voulaient pas nous donner une vision unilatérale, ce qui irait dans le sens de la dédicace / citation d Amadou Hampate Ba :

“Si tu penses comme moi, tu es mon frère. Si tu ne ne penses pas comme moi, tu es deux fois mon frère, car tu m ouvres un autre monde.”

Côté pile, le discours d Obama, pour qui les Africains devaient compter sur leurs propres ressources et ne plus accuser l ‘Occident.

Et encore, la défense de Gide, qui bien que bourgeois, a su dénoncer le mortel chemin de fer Congo- Océan.

Côté face, beaucoup d article qui contredisent les précédents.

Et un petit regard sur Tintin au Congo, avec ses négres un os dans les cheveux. Hergé ne peut prétendre que c’ était l époque, puisque justement Gide et Albert Londres avaient, eux, donné une vision différente sur l ‘Afrique. Les auteurs disent qu ‘il ne faudrait pas tomber dans le politiquement correct en le prohibant.

Raciste, certes, autant que les lecteurs le sachent, mais il a été lu, autant le garder comme témoignage.

Autre regard sur la publicité de Y’a bon, banania, représentant un tirailleur sénégalais souriant, alors que les soldats africains, et pas tous sénégalais, ont été massacr’es en grand nombre.

Et puis une somme d écrivains, de musiciens, de lieux, dont , a Paris, le café du Black Bazar, le roman de Mabanckou.

Pas toujours enjoué , ce dictionnaire, cependant très utile pour une approche et un regard sur le continent.





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Pourquoi tu danses quand tu marches ?

Dès le début du roman, nous sommes plongés dans un souvenir et conduits à Djibouti, au début des années 70. Cet espace-temps constitue, pour le narrateur, le « point de départ » vers lequel sa mémoire ne cesse de le ramener. Une mémoire imparfaite qu’il a fallu apprivoiser, des souvenirs embrumés qu’il a fallu réorganiser, afin d’y voir plus clair sur sa propre enfance, pour pouvoir la transmettre, l’offrir, à cette petite fille qui demande un jour : « Pourquoi tu danses quand tu marches ? » Les fils tortueux de la mémoire sont alors déroulés et l’enfance est racontée sous forme de petits tableaux : au cœur du souvenir, des personnages hauts en couleur, comme grand-mère Cochise, « le chef suprême de la famille », ou Madame Annick, l’institutrice admirée, le sol poussiéreux de Djibouti, les courses bruyantes dans les ruelles, des relations parfois difficiles, des quolibets, des déconvenues et une blessure qui marquera à jamais la vie du narrateur. La remémoration de cette enfance à Djibouti est, en outre, une adresse à Béa, la fille du narrateur, qui est à l’origine de la question, et l’occasion d’un véritable hymne aux mots, à la langue française et à la littérature.

Pourquoi tu danses quand tu marches ? est un roman qui est très agréable à lire même si le travail sur la mémoire implique ici un côté décousu qui pourrait gêner certains lecteurs. J’ai beaucoup aimé suivre l’enfance du narrateur et comprendre l’origine de cette démarche qui intrigue sa fille, j’ai trouvé les diverses anecdotes sur la vie à Djibouti particulièrement intéressantes, mais j’ai été moins séduite par les passages où le narrateur s’adresse plus directement à sa fille. Je ne sais pas si c’est dû au style d’écriture, au fait que le narrateur raconte sans chercher l’apitoiement de son auditrice, mais je dirais que, peut-être, il m’a manqué un peu d’émotion…


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La divine chanson

« Pour moi ne comptent que ceux qui sont fous de quelque chose, fous de vivre, fous de parler, fous d’être sauvés, ceux qui veulent tout en même temps, ceux qui ne bâillent jamais, qui ne disent pas de banalités, mais qui brûlent, brûlent, brûlent comme un feu d’artifice. »

Jack Kerouac (épigraphe de « La divine chanson »)



« La divine chanson » beau texte, lumineux et sombre, est un hymne à la vie, vie tumultueuse, passionnée, entièrement vouée à la création poétique et musicale de Sammy Kamau-Williams (dans la réalité Gil Scott-Heron) : jazz man entre blues et soul mais aussi écrivain. Révolté, il sera un défenseur des droits des noirs et participera au mouvement Black Power.

«De toutes ses fibres, il voulait lever son peuple, laisser une œuvre musicale tout en cassant les jointures de la machine diabolique du capitalisme. Il est parvenu, avec ses mots, à se faire guérisseur, prophète, meneur. Chasseur de djinns. »

Un génie habité par une folie créatrice qui l’amène tantôt au plus haut et tantôt le fait chuter. Avec lui, c’est tout ou rien. Il joue sa vie, ne l’économise pas.



Un texte léger aussi, dansant, plein de fantaisie grâce au témoin qui raconte, un chat nommé Paris qui arrive à sa septième vie : « Je suis un vieux chat célibataire, au seuil de sa dernière vie » Cette dernière vie il va la consacrer à accompagner et tenter de sauver celle de Sammy :

« Quant à moi, je veille sur mon Sammy…

Mes deux pattes sur l’aiguillon, je tiens la barre, peaufinant mon agenda d’ange gardien. Je continue l’œuvre de protection tenue jadis par une petite femme extraordinaire. Vous avez déjà entendu parler d’elle, vous ne la connaissez pas encore très bien. Elle s’appelait Lily. Lily Williams. C’était la grand-mère de Sammy Kamau-Williams. Elle savait comme personne sonder les recoins secrets de son petit-fils. Comme elle, je ne peux me permettre de prendre de vacances, je ne peux laisser un seul jour Sammy suspendu entre le vide et la pénombre. »



Paris le chat a aussi été, dans une autre vie, Farid le chat persan de Mawlâna, le grand maître soufi originaire de Konya. Ce chat qui témoigne et a traversé sept vies permet à l’auteur de relier l’Orient, l’Afrique d’où sont venus, comme esclaves, les noirs d’Amérique du Nord mais aussi du Sud et ceux des Caraïbes. Les traditions soufis, les croyances vaudous irriguent le récit car toutes ses traditions, les forces de vie et de mort qui les habitent, sont enfouies dans le coeur des noirs qu’on a éloigné de leurs racines et refont surface à travers leur création.

Mais aussi nous dit Paris le chat dans sa grande sagesse :

« De l’affrontement avec le mal peut naître l’aspiration à la félicité. Que le mal disparaisse même pour un temps et le bien s’évanouit. Tout chanteur de blues le sait et s’il allume une chandelle c’est dans le but de projeter une ombre, créer une once de nuit qui pansera ses stigmates. La nuit est son présent et au bout luisent l’espoir et l’incandescence du jour.

Le jour est la main droite de l’univers, la nuit sa main gauche. Les rôles peuvent s’incarner, créant des zones intermédiaires et riches en brumes. On peut s’égarer longtemps dans les brumes. Toute une vie. »



Toute une vie que j’ai trouvé passionnante et « La divine chanson » m’a permis de découvrir un homme très attachant et un musicien et chanteur, Gil Scott Heron, dont la voix au fil des années a pris, à coup d’alcool et de Marlboro, des accents rocailleux parfois proches de ceux de Tom Waits, que je prends beaucoup de plaisir à écouter.

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Pourquoi tu danses quand tu marches ?

Bea, 5 ans , avec la candeur et la franchise des enfants demande à son père dans le tumulte parisien pourquoi il danse quand il marche.

Aden se plonge immédiatement dans ses souvenirs qui l'amènent à Djibouti. Il va nous y raconter sa jeunesse , son parcours de sa naissance au milieu des années 60 jusqu'à aujourd'hui où l'innocence d'un enfant lui inspirera ce titre de roman.

Très beau roman , autobiographique , qui retrace donc le parcours d'un enfant 'différent'. Différent physiquement, du style à être persécuté, différent aussi de part son attrait pour les livres et l'écriture.

Avec beaucoup de tendresse, l'auteur nous invite chez lui, sous un toit de tôle où il attend avec impatience le vrombissement du solex de son père chaque soir. Où sa grand mère, Cochise, remplace une mère peu aimante, où la bonne semble le faire fantasmer.

Il nous fait côtoyer les vrais français de France, et pas des Belges :) , avec ce qu'il y a de meilleurs comme Annick, institutrice, ou de pire , avec certains légionnaires.

L'auteur explique avoir attendu la cinquantaine et la maturité pour écrire un livre sur sa vie. Et en effet, on sent du recul, une écriture apaisante pour décrire une enfance loin des critères établis.

La vision du colonialisme est elle aussi apaisée. Pas de racisme, pas de poncifs habituels , mais des français humains , ici bons à l'école et nuls à l’hôpital.

De la tendresse, un beau parcours d'enfance bien raconté, une plongée dans Djibouti, de la nostalgie , pourquoi tu danses quand tu marches est un livre qui se lit avec beaucoup de plaisir . J'ai mis un lien vers une video de l'auteur qui présente son livre et que j'ai trouvée très intéressante. Je ne sais pas trop si j'ai le droit mais 100% des gagnants ont tenté leur chance.


Lien : https://www.youtube.com/watc..
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Aux Etats-Unis d'Afrique

Ce livre commence en force. Dès le premier chapitre, on y explore les États-Unis d'Afrique. Fédération superpuissante où tout se déroulerait si bien, si ce n'était pas de ces satanés réfugiés blancs qui débarquent sans prévenir sur les côtes.



La plume est hilarante, le ton rabelaisien. On y apprend que le Québec est en guerre contre le midwest et que le premier ministre autochtone du Canada se défend de créer un État d'apartheid qui infériorise les blancs.



Mais voilà, au cours de la lecture, le ton devient pompeux. Le livre n'a pas vraiment de fil conducteur, tout est dans le désordre, on saute du coq à l'âne constamment. Le chaos joyeux des premiers chapitres devient un brouillard opaque.



J'ai refermé le livre au deux tiers en réalisant que je n'avais pas de plaisir et que je serais bien incapable de résumer ce que j'avais lu.
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Pourquoi tu danses quand tu marches ?

****



Alors qu'ils marchent main dans la main sur le chemin de l'école, Aden et sa fille Béa, profitent de ces moments suspendus. Un jour Béa se lance et ose enfin demander à son père d'où lui vient son étrange démarche. C'est aussi avec beaucoup de courage qu'Aden racontera alors à sa petite fille son enfance à Djibouti... Et sa jambe si fragile...



Ce roman de la rentrée littéraire m'a paru doux et tendre. Pourtant, la vie d'Aden n'a rien d'un conte de fée... Il vit à Djibouti, dans les années 70, avec sa grand-mère Cochise, seule figure féminine à l'entourer de gentillesse. Sa mère trouve que son fils est trop fragile, trop malingre, fiévreux et pleurnichard.



A 7 ans, sans qu'aucun médecin ne pose de diagnostic, Aden souffre terriblement de sa jambe. Il en gardera une démarche claudiquante. La polyomélite expliquera beaucoup plus tard la douleur qu'il aura enduré...

Moqueries, surnoms, regards qui se détournent... Aden les affrontera grâce aux livres qui lui permettront de s'évader...



Si j'ai aimé ce roman c'est parce que c'est un retour à la vie. La vraie, la lumineuse, celle qui accepte de danser... C'est en replongeant dans son enfance, en affrontant ses peurs et ses douleurs, en pardonnant au sort, qu'Aden renoue avec la beauté du monde.

C'est en nommant la maladie, l'angoisse et les non-dits que ce petit garçon deviendra enfin un homme.

C'est en murmurant à l'oreille de sa fille qu'il fera entendre sa voix...



Merci à NetGalley et aux Éditions JC Lattès pour leur confiance...
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Aux Etats-Unis d'Afrique

C'est l'idée à la base de ce livre qui m'a poussée à le lire. Imaginez un peu : le monde contemporain dominé non par la superpuissance américaine et sa petite soeur européenne, mais par une fédération réunissant tous les états d'Afrique, regroupés sous la bannière du Grand Capital, tandis que les autres continents sont frappés par la misère et des guerres sans fin. Imaginez des vagues de réfugiés, non pas syriens, afghans ou somaliens, mais français, belges, canadiens ou suisses, à l'assaut de la Méditerranée, espérant accoster, non à Lampedusa ou à Kos, mais à Tripoli, Tanger ou Alexandrie. Voilà un postulat de départ qui promettait, me semblait-il, une analyse originale (et donc intéressante) et peut-être même amusante de nos liens avec le continent noir.

Par la technique de l'inversion, l'auteur a donc tenté de donner corps à une fable sur les rapports Sud-Nord, riches-pauvres. Je dis « tenté », parce qu'au final, j'ai trouvé tout cela assez inabouti, un canevas peu étoffé dans lequel l'auteur semble se contenter, purement mais trop simplement, de renverser les rôles, sans autre originalité que quelques références à l'élite culturelle et politique africaine, et quelques « traductions » de marques populaires dans nos contrées (McDiop, Néguscafé, Papesy,…), et sans faire passer de message compréhensible (en tout cas pour moi). Et, comme pour donner un peu de densité à un récit plutôt décharné, l'auteur y greffe une quête des origines : Maya, jeune fille française adoptée des années auparavant par un riche médecin africain, la sauvant ainsi d'une vie d'indigence, sait que sa mère biologique est toujours vivante, et part à sa recherche dans un Paris dévasté. Mais la sauce ne prend pas, le mélange entre d'une part, poésie et onirisme, et d'autre part un humour un peu forcé qui finit par en perdre son comique, n'est pas harmonieux. le tout donne une impression de confusion, on ne sait pas où on va, ni ce que l'auteur a voulu dire : portrait acide du capitalisme sans doute, célébration de la culture africaine, mais veut-il critiquer l'Euramérique et s'en « venger » en lui infligeant le sort actuel de beaucoup de pays d'Afrique ? ou se moque-t-il des dirigeants africains qui finissent par tomber dans les mêmes excès que leurs homologues occidentaux ? Je n'y ai pas vu très clair, et je me suis beaucoup ennuyée, ce qui est difficile à pardonner à un livre… Décevant.




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Pourquoi tu danses quand tu marches ?

Pourquoi tu danses quand tu marches ? Pour répondre à cette question que lui pose sa fille Béa, le narrateur va lui raconter le pays de son enfance et remonter le cours du temps pour remettre un peu d'ordre dans le fatras de ses souvenirs.



Nous sommes en Djibouti en 1970 la partie haute de la ville est habitée par les Français de France, la partie basse par les autochtones. Aden vit dans le quartier du Château d'eau. Tout le monde le surnomme le Gringalet ou l'Avorton. À l'âge de sept ans, la poliomyélite a affaibli sa jambe droite, elle se dérobe en permanence, sa démarche est chaloupée et il rêve de marcher droit comme tout le monde. À l'école, il doit faire face aux quolibets, aux insultes et aux coups de pied rageurs de Johnny le Salaud et sa bande.



Une fois de plus, dans ce roman, j'ai retrouvé toute la magie de l'écriture imagée des auteurs africains. Abdourahman A. Waberi nous fait revivre son quartier et les gens colorés qui y vivent. Il y a sa famille et en premier lieu Cochise la grand-mère comme le célèbre Indien c'est elle le chef suprême de la famille. Zahra, sa mère plus proche du Pygmée que du Viking. Papa la Tige, avec son odeur de sueur, de benzine et de tabac froid, son père qui vend des bibelots aux Français et aux rares touristes étrangers. Et aussi son colocataire en bien meilleure santé que lui, son petit frère Ossobleh.



Et puis il y a les voisins, Moussa deux oeils surnommé ainsi, car il ne maîtrise pas les pluriels compliqués, les chevals, les animals et les oeils et Askar le fou, sale comme un cochon avec son odeur de bouse de vache et de caca de nomade mêlés. Mais surtout il n'a d'yeux que pour son institutrice, Madame Annick, une Française de France, blonde aux yeux couleur émeraude comme l'eau d'une piscine propre. Elle sait lire et écrire le français.

Et puis il y a les épidémies, la dysenterie, le choléra et les cyclones.



Une écriture toute simple avec les mots d'un enfant qui nous raconte sa souffrance, sa différence, la pauvreté, la colonisation, sa découverte du français et son envie d'apprendre à lire et ses rêves.

« Depuis que j'avais contracté le virus de la polio, je n'ai jamais pu recourir à nouveau. Pourtant j'avais des rêves plein la caboche. Je me voyais bien cowboy à l'âge de sept ans, footballeur à douze, marin à dix-huit. Dessinateur de bandes dessinées à vingt-deux. »



C'est frais, c'est tendre, c'est émouvant.





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Dis-moi pour qui j'existe ?

Aden est professeur à l’université, son métier lui plaît, il est heureux en famille, et tout à coup le destin lui réserve une mauvaise surprise : Béa, sa fille tombe malade, atteinte d’une pathologie qu’on met du temps à diagnostiquer : ses articulations sont déformées douloureuses. Cette souffrance ramène Aden à sa propre enfance : au même âge que Béa il a contracté la poliomyélite et le passé remonte.



Aden doit retourner aux USA assurer ses cours tandis que son épouse Margherita reste au chevet de leur fille. La décision est prise d’un commun accord, mais cela n’empêche pas la culpabilité de faire son grand retour. Sur les conseils d’un soignant il décide d’écrire les évènements ses ressentis comme un journal intime et il viendra discuter via Skype avec Béa aussi souvent que possible.



Un soignant m’a suggéré d’assembler mes notes pour pallier les défaillances de la mémoire, darder une trace. J’aurais pu me mettre aussitôt au travail, mais je manquais d’audace. Mon corps ne disposait pas de la sève nécessaire, du moins pas au cours du mois suivant.



La maladie de Béa fait donc remonter ses souvenirs, comment la polio lui a abimé sa jambe et lui laissera une boiterie pour la vie, la moquerie des autres enfants, sa mère qui se désintéresse de lui, la difficile construction quand on est différent des autres dans son pays d’origine Djibouti. Ce retour du passé dans la mémoire lui permet au passage de renouer avec ses racines, sa culture, les croyances du pays, les souvenirs de sa grand-mère bien aimée, la sage Cochise ou son Papa la Tige et de faire connaitre à Béa la culture paternelle.



Ce récit m’a beaucoup touchée, par la réflexion sur la maladie, le handicap, la différence, mais aussi la culpabilité d’Aden qui se sent responsable génétiquement de la maladie de Béa. On comprend bien sûr qu’Aden et Abdourahman A.Waberi ne font qu’un et le pouvoir de guérison des livres qui ont accompagné l’auteur dans son enfance, tout en continuant à accentuer la différence.



En effet, on ne décèle aucune victimisation dans le récit ; dans les lettres que s’envoient Aden et Béa, il n’y a pas de plainte, de sentiment d’injustice, au contraire la maladie n’est pas là par hasard, pour obliger l’être humain à avancer. Un magnifique roman sur l’amour qui unit un père et sa fille, leur complicité, à travers la maladie !



L’écriture est belle, pleine de poésie, de légendes. J’ai retrouvé ce style particulier de l’auteur que j’avais tant aimé dans « Pourquoi tu danses quand tu marches ».



Un grand merci à NetGalley et aux éditions J. C. Lattès qui m’ont permis de découvrir ce roman et de retrouver la plume de son auteur.



#Dismoipourquijexiste #NetGalleyFrance !



coup de cœur
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Le pays sans ombre

Aux portes de l'océan Indien, de l'Arabie et de l'Afrique : Djibouti.



Au fil de ces nouvelles évoquant tour à tour les contes des Mille et une nuits et la brutale réalité politique d'aujourd'hui, Abdourahman A. Waberi rêve du Pays sans ombre, sa terre natale.



Des pages dont le style poétique, la violence contenue sont à l'image des terres meurtries et ferventes de la Corne de l'Afrique.
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Pourquoi tu danses quand tu marches ?

Je remercie chaleureusement les éditions J.-C. Lattès pour l'envoi, via net galley, de Pourquoi tu danses quand tu marches ? d'Abdourahman A. Waberi. Il fait partie de leur rentrée littéraire 2019.

Un matin, sur le chemin de l’école maternelle, à Paris, une petite fille interroge son père : « Dis papa, pourquoi tu danses quand tu marches ? ».

La question est innocente et grave. Pourquoi son père boite-t-il, pourquoi ne fait-il pas de vélo, de trottinette… ?

Le père ne peut pas se dérober.

Il faut raconter ce qui est arrivé à sa jambe, réveiller les souvenirs, retourner à Djibouti, au quartier du Château d’eau, au pays de l’enfance. Dans ce pays de lumière et de poussière, où la maladie, les fièvres d’abord puis cette jambe qui ne voulait plus tenir, l’ont rendu différent, unique.

Il était le « gringalet » et « l’avorton » mais aussi le meilleur élève de l’école, le préféré de Madame Annick, son institutrice venue de France, un lecteur insatiable, le roi des dissertations....

Dis papa, pourquoi tu danses quand tu marches ? est un joli roman de cette rentrée littéraire. Je ne connaissais pas du tout Abdourahman Waberi et j'ai beaucoup aimé sa plume.

Le narrateur nous emmène avec lui dans son enfance, dans ses souvenirs à Djibouti. Il saute parfois du coq à l’âne car il retourne en arrière, il parle à sa fille, lui explique plein de choses.

Je ne connais pas Djibouti, son enfance a été très différente de la mienne et j'ai trouvé ça très intéressant. Son enfance a été difficile, les enfants sont souvent cruels entre eux, on le sait. On oublie que les adultes aussi peuvent parfois être cruels...

L'enfant qu'il était a mal été soigné, voilà donc pourquoi il danse quand il marche, comme on le découvre au fur et à mesure que nous tournons les pages.

J'ai trouvé ce roman très touchant, avec un narrateur attachant. J'imagine sa petite fille écouter attentivement ses explications et découvrir avec surprise, et intérêt l'histoire de son papa.

Pourquoi tu danses quand tu marches ? n'est pas tout à fait un coup de cœur, mais je lui mets quatre étoiles et demie. C'est une bonne surprise de cette rentrée littéraire :)
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Pourquoi tu danses quand tu marches ?

Pourquoi tu danses quand tu marches c’est ce que demande une petite fille vive , espiègle à son papa , elle a remarqué qu’il ne marchait comme tout le monde et elle lui pose la question avec ses mots d’enfants qui vont faire mouche .

Le père raconte alors son enfance dans ce pays d’enfance qui est Djibouti alors encore sous protectorat français , les premières années d’école , les brimades faites par le plus fort jusqu’à la chute dans la cour de l’école le premier jour de la rentrée , la souffrance du genou blessé mais surtout l’humiliation subie qui ne s’effacera jamais .

Des années plus tard la maladie s’installe , le diagnostic sera posé , polyo mais c’est trop tard le mal est incurable faute de médecine préventive, pas de vaccin .

Les souvenirs continuent , après la révolte due à son état , plus de jeux d’enfants , pas de vélo , il y a la découverte des mots , de la langue française, le jeune garçon lit tout ce qui lui tombe sous la main , bande dessinée en piteux état , publications diverses comme des pages de journaux , même des Nous deux , et cette évocation m’a fait sourire car j’en ai lu en cachette chez une de mes grands mères .

L’auteur rend un bel hommage à la langue française , à son amour inconditionnel à la lecture , bel hommage également à ses racines africaines surtout à sa grand mère conteuse née , qui sans savoir lire ou écrire l’a bercé de mots , d’histoires .

Avec le temps vient l’apaisement et quel meilleur exercice que s’adresser à sa fille pour qu’elle comprenne mieux ce père qui a définitivement choisi la vie , la vie qui se danse comme la fameuse chanson de Stromae .

Vous l’aurez compris , ce livre est un coup de cœur , je n’ai qu’une envie , découvrir l’auteur un peu plus.
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Pourquoi tu danses quand tu marches ?

Alerte coup de cœur littéraire !

J'ai été absolument bouleversée par la lecture de ce roman.

Le narrateur se promène dans les rues de Paris avec sa fille, Béa, qui est encore une enfant. Une enfant qui n'a pas peur de poser des questions, qui n'a pas peur de demander à son père non pas les raisons pour lesquelles il boîte mais simplement : 《Pourquoi tu danses quand tu marches?》

À cette question dont la réponse aurait pu aisément tenir en une phrase, le père de Béa va apporter une réponse (longue qui s'étire sur 250 pages) nourrie par l'incessant va-et-vient entre le passé et le présent, entre Djibouti et Paris, entre son moi enfant et son moi adulte.

Il se raconte, il raconte sa famille, sa douleur, sa souffrance, sa solitude, son mal d'amour et de reconnaissance, mais aussi ses joies. Et contre toute attente, il ne s'attarde pas tant sur la maladie qui est la cause de sa démarche dansante comme il aime à dire mais plutôt sur ses émotions et sur cette constellation d'êtres auprès desquels il grandit.

En nous parlant de lui, il nous parle de l'enfance, de la sienne comme de la nôtre. L'enfance universelle confrontée à la cruauté des enfants (souvent), à l'indifférence et à la violence des parents(parfois), à la solitude imposée.



Quelle écriture ! Quelle force imagée ! Quel bonheur de retrouver des références littéraires à peine déguisées : je pense notamment à Blaise Pascal dont la célèbre "pensée" portant sur le nez de Cléopâtre et son incidence sur la face de la Terre est mise à l'honneur. Je pense aussi à cette autre référence implicite à Amadou Hampâté Bâ lorsqu'il compare la mort de sa grand-mère à une bibliothèque qui brûle.

Voici donc un roman qui mérite que l'on s'y attarde, une histoire qui demande à être lue pour lever les dernières barrières de la mémoire récalcitrante, pour rejoindre le bastion de l'enfance et pour affranchir l'adulte de son passé et le voir se saisir du présent.
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Pourquoi tu danses quand tu marches ?

"Pourquoi tu danses quand tu marches ?" c'est la question que Béa, 5 ans, pose à son père qui boite en marchant.

Il va alors raconter son enfance à Djibouti, sa mère peu aimante, sa grand-mère froide mais qui lui raconte des histoires, son père peu présent, l'arrivée de son petit frère...

Il est aussi question de harcèlement, de méritocratie, de colonialisme dans ce récit plein de nostalgie.

Le style soigné et l'histoire intéressante n'ont cependant pas réussi a provoquer beaucoup d'émotion lors de ma lecture.

Un avis mitigé.
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Aux Etats-Unis d'Afrique

"Il est possible que cette histoire familiale, ressassée, convulsive, racontée dans le désordre vous donne du fil à retordre. Retrouvez votre âme d’ange et tout rentrera dans l’ordre."

Nous sommes dans une uchronie dont le point de divergence semble se situer vers la fin du Moyen-Âge. On voit fugacement passer le vrai Mansa Moussa au 14ème siècle, quand l’immense richesse de son Empire du Mali faisait rêver les Européens… et ensuite, une immense ellipse nous amène dans un 21ème siècle parallèle.

Le monde y est dominé par les États-Unis d’Afrique, riches, développés, entrés les premiers dans le capitalisme avec le commerce du "bois d’ivoire" aux 16ème-17ème siècles : la traite des Blancs, vous l’aurez compris.

La misère règne en Europe et en Amérique du Nord, et les pauvres Suisses ou Canadiens déshérités, face à l’aide insuffisante des ONG somaliennes ou algériennes, tentent par tous les moyens d’émigrer vers les côtes africaines.

Dans cet univers parallèle, on suit la jeune Maya, une artiste d’origine normande, adoptée par un couple de riches Érythréens et qui s’interroge sur ses racines. La narration alterne entre l’histoire de Maya et les considérations géopolitiques.

Waberi s’est bien amusé à bâtir ce monde en négatif (au sens photographique) : les rues, les places, les universités portent les noms d’Amadou Kourouma, Amadou Hampâté Bâ, Myriam Makeba. Au musée on peut admirer "L’origine du monde" par Gustavio Mbembe ou le mystérieux sourire de Mouna Sylla. On mange au McDiop, on va au café Sarr Mbock, la concurrence est effrénée entre Africola et PapeSy.

Tout cela est très drôle, mais chargé de sens, aussi. Je me suis souvent arrêtée dans ma lecture pour y réfléchir à deux fois. L’écriture n’est pas fluide, non plus, mais souvent "convulsive", lyrique, poétique, ésotérique.

Écriture poétique, parfois ça veut juste dire qu’on n’a pas compris où l’auteur veut nous amener, mais que le voyage nous a bien plu.

"Retrouvez votre âme d’ange et tout rentrera dans l’ordre."



Challenge Globe-trotter (Djibouti)
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La divine chanson

La Divine chanson nous raconte le parcours d'un chanteur dont j'ai beaucoup entendu parler, un précurseur de la musique folk, à savoir Gil Scott-Herron car même s'il porte dans le texte le nom de Sammy Kamau-Williams et qu'il y a quelques entorses avec la réalité, on suit bien la destinée incroyable de ce chanteur assez incroyable.



Singulier, fantaisiste et assez envoutante, ce livre de Abdourahman Waberi ,biographie très romancée de Gil Scott-Heron est une belle lecture.




Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Pourquoi tu danses quand tu marches ?

Le narrateur de ce roman, Aden Rableh, est confronté à une question gênante de sa petite fille Béa : pourquoi a-t-il cette démarche déhanchée, qui le singularise aux yeux des autres ?



Pour s'en expliquer il devra faire un retour vers son pays et ses souvenirs d'enfance, à Djibouti, alors Territoire Français des Afars et des Issas.



Enfant chétif et maladif, il n'a pas été choyé. Sa mère, trop jeune et trop marquée par la vie pour savoir être maternelle, le confie souvent à des proches ou des voisins, dont sa grand-mère, surnommée Grand-Mère Cochise car elle a l'oeil sur tout, mais qui ne se montre pas, elle non plus, très affectueuse. Son père est le plus souvent absent et lorsqu'il est là ne montre pas beaucoup d'intérêt pour Aden.



Il faut dire que la vie est très dure dans ce quartier de la basse-ville où il passera toute son enfance et son adolescence. D'une position de victime, avide d'obtenir de l'attention, il finira par découvrir, grâce à la littérature et la philosophie, une autre manière d'exister aux yeux des autres.



C'est donc le récit d'une émancipation que nous relate Abdourahman A. Waberi dans ce roman généreux mais pas trop sucré. C'est aussi d'une certaine manière une tentative de justification de ce qui pourrait apparaître comme une sorte de trahison envers les origines et la famille du narrateur. Si celui-ci trouve sa place dans le monde, c'est au prix de l'abandon de tous ceux qu'il connaissait enfant. La réconciliation est-elle possible ?



J'ai aimé ce texte, le plus souvent à hauteur d'enfant, ce qui n'exclut pas la gravité et parfois la noirceur.

Merci aux éditions JC Lattès et à NetGalley de m'avoir permis de le découvrir.

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Aux Etats-Unis d'Afrique

En partant du postulat que le monde est dominé par les Etats-Unis d'Afrique, Waberi livre une fiction politique qui vaut avant tout par le style poétique et original de son auteur. La jeune Maya (originaire de Normandie) a été adopté par un médecin humanitaire qui l'a sortie de la misère, élevée dans les grandes écoles, elle est devenue une brillante jeune femme. Mais tandis que de nombreux migrants tente de rejoindre l'Eldorado africain, Maya décide de repartir vers ces racines.

Waberi nous livre une fable qui ne convint qu à moitié, certe l'écriture est alerte et très imagée mais le livre pêche à mon avis, dans le traitement de son sujet (Waberi s'amusant à détourner par exemple les marques de grandes sociétés), il hésite constamment entre farce et gravité. Et au final ce grand écart m'a plus dérouté qu'emballé. Intéressant mais avec quelques réserves.
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