AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Abû-Hâmid Al-Ghazali (71)


Étrange similitude entre la philosophie d'Al Ghazali et celle de Descartes, surtout en ce qui concerne la méthode, et plus précisément "le doute". Tout comme Descartes Al Ghazali a opté pour le Doute comme méthode, il a remis en cause tout le savoir humain et les connaissances acquises. Il a voulu, tout comme Descartes, fondé le savoir humain sur des bases solides, une évidence absolue.
Ils ont tous les deux douté de nos connaissances sensibles, les sens nous trompent, et puisque nos connaissances rationnelles se basent sur le sensible donc même celles-ci ne sont pas dignes de confiance…
Il n’y a qu’une seule vérité absolument vraie, selon Descartes, c’est le faite qu’il doute. Et s’il doute c’est qu’il pense, et s’il pense c’est qu’il existe. De la est né le fameux COGITO « Je pense donc je suis ».
Pour Al Ghazali, c’est Satan qui nous trompe, si non pourquoi nos sens nous trompe, et si Satan existe effectivement c’est que Dieu existe aussi, et sera donc le garant de nos connaissances.
Descartes, après avoir reprit son souffle au sein du COGITO, il s’est aperçu qu’il n’est qu’un esprit, qu’un être pensant, voir une pensée, il avait les pieds au mur, il était dans l’impasse. Et pour se faire, il lui a fallu trouver un garant pour la connaissance sensible, et ce garant n’était autre que Dieu. C'est-à-dire que les chemins des deux philosophes se sont croisés une fois de plus à ce point.
Conclusion : Descartes et Al Ghazali, ont tous les deux adopté le doute comme méthode, et sont arrivés à Dieu comme garant de toutes nos connaissances
Commenter  J’apprécie          424
Les sages (ârifûn) s'élèvent depuis le bas de l'existence métaphorique jusqu'à la cime de l'existence vraie. Alors ils ont parfait leur ascension spirituelle et ils ont vu par la contemplation de visu (al-muchâhada al-iyâniyya) qu'il n'y a dans l'existence que Dieu, et que « toute chose est périssable sauf Sa Face ». Non pas que la chose devient périssable à un certain moment, mais au contraire qu'elle est périssable éternellement et perpétuellement, et qu'elle ne saurait être conçue qu'ainsi. En effet, toute chose autre que Lui, considérée dans son essence et en tant que telle, est pur néant. Tandis que, si l'on considère la face (wajh) par laquelle l'existence se communique à elle à partir de l'Un vrai, on la voit comme existante, non pas dans son essence mais par la face de son existentiateur, de sorte que l'existant est uniquement la face de Dieu.
(...)
Les sages, après s'être élevés jusqu'au ciel de la Vérité, sont d'accord sur le fait qu'ils n'ont vu dans l'Existence que l'Unique, le Réel (al-Haqq). Mais pour les uns cet état de conscience (hâl) n'est qu'une connaissance apprise, pour les autres c'est une expérience intérieure personnelle (dhawqî). La multiplicité est alors, pour ces derniers, entièrement supprimée et ils sont abîmés dans la pure unicité (fardâniyya), l'esprit comme frappé de stupeur, incapables de se souvenir d'un autre que Dieu et incapables de se souvenir d'eux-mêmes. Il n'y a en eux que Dieu, et ils sont dans un état d'ivresse (sukr) qui réduit leur raison à l'impuissance. C'est ainsi que l'un d'eux a pu dire : « je suis la Vérité » (anâ-l-Haqq), un autre : « los à moi ! que ma gloire est grande », et un troisième : « il n'y a sous ce manteau que Dieu ». Les paroles des passionnés de Dieu (uchchâq), dans cet état d'ivresse, sont à tenir secrètes et à ne pas répéter.
(...)
Quand cet état finit par l'emporter, on l'appelle, eu égard à celui qui en est le siège, « extinction » (fanâ), et même plus exactement « extinction de l'extinction » (fanâ al-fanâ), car il est « éteint » à lui-même et « éteint » à sa propre « extinction ». En effet, dans cet état il n'est pas conscient de lui-même, et il n'a pas non plus conscience de ne pas être conscient de lui-même, car s'il avait conscience qu'il n'est plus conscient de lui-même, c'est qu'il serait encore conscient de lui-même ! Un tel état, relativement à celui qui s'y trouve plongé, n'est appelé « identification » (ittihâd) que par abus de langage, alors que son véritable nom est « réduction à l'Unité » (tawhid). Mais se cachent derrière ces vérités d'autres mystères, qu'il serait trop long d'aborder. (pp. 52-55)
Commenter  J’apprécie          170
Sache que le monde visible, relativement au monde du Royaume céleste, est comme l'écorce pour le noyau, comme la forme et le moule pour le souffle qui les anime (rûh), comme les ténèbres par rapport à la lumière, comme le bas vis-à-vis du haut. C'est pourquoi on désigne le monde du Royaume céleste sous les noms de monde supérieur, monde spirituel, monde lumineux, en opposition avec le monde inférieur, le monde corporel, le monde ténébreux.

Ne va pas croire que nous entendons par monde supérieur les sphères célestes, bien qu'elles soient « en haut » et « au-dessus » par rapport au monde visible et sensible, car les bêtes aussi les perçoivent ! La porte du Royaume ne sera pas ouverte à un homme (abd) et il ne deviendra pas « célestiel » (malakûtî), tant que, pour lui, la terre n'aura pas été « remplacée par une autre terre, et les cieux [par d'autres cieux] », et tant que tout ce qui est du domaine des sens et de l'imagination ne sera pas devenu sa « terre » et que tout ce qui dépasse le domaine sensible ne sera pas devenu son « ciel ». Telle est la première ascension (mi `râj) pour le pèlerin spirituel (sâlik) qui a commencé son voyage pour se rapprocher du Seigneur.

L'être humain (insân), rendu « le plus bas des plus bas », peut s'élever à partir de là jusqu'au monde supérieur.
(...)
Le monde visible est donc le point d'appui pour s'élever au monde du Royaume céleste, et le « parcours de la Voie Droite » consiste en cette ascension, que l'on peut également exprimer par les mots « Religion » (d'in) et « les étapes de la Bonne Voie » (hudâ). S'il n'y avait pas de correspondance et de liaison entre les deux, la montée de l'un à l'autre serait inconcevable. La Miséricorde divine a fait qu'il y ait une relation d'homologie entre le monde visible et celui du Royaume céleste. En conséquence, il n'y a aucune chose du premier qui ne soit un symbole (mithâl) de quelque chose du second. (pp. 46-47 & 65)
Commenter  J’apprécie          170
Il suffit que l’on dise – afin que les autres puissent en tirer profit – que l’on a acquis la certitude que la Voie des sûfis est celle qui – en particulier – porte à Dieu – que Son Nom soit exalté, que les sûfis ont la meilleure conduite (al-sîra), suivent la Voie la plus juste et que leur caractère est le plus pur.

Je dirai même plus : si l’intelligence des intellectuels, la sagesse des sages et la science des doctes occupés à étudier les secrets de la Loi religieuse s’unissaient pour modifier quelque chose à la conduite des sûfis et la remplacer par une meilleure, ils n’y parviendraient pas. En effet, leur mobilité et leur immobilité, intérieures et extérieures, sont entièrement tirées de la Lumière du Tabernacle de la Prophétie (nûr mishkât al-nubuwwa), l’unique Lumière éclairante sur terre.
(…)
Les visions (al-mushâhadât) et les dévoilements (al-mukâshafât) commencent dès le début, et il arrive même que les sûfis voient les Anges et les esprits des Prophètes en état de veille (yaqaza), qu’ils les entendent et tirent profit [de leur présence].

L’état spirituel s’élève ensuite de la vision des figures et des images à des stations ineffables. Nul n’est en mesure d’expliquer ces degrés, [s’il tentait], sa formulation contiendrait alors inévitablement des erreurs. La Proximité (al-qurb) de Dieu est telle que certains ont cru voir Dieu descendre en eux (al-hulûl), d’autres s’unir à Lui (al-ittihâd) et d’autres enfin, parvenir au Terme du Voyage vers Dieu (al-wusûl).
(…)
Cette Proximité ne se réalise que par l’expérience directe de l’itinérant sur la Voie. Celui qui par contre n’a pas eu la félicité de goûter à cette expérience, mais qui toutefois fréquente suffisamment les sûfis, peut comprendre et acquérir la certitude de la réalisation [de la Proximité] en les écoutant et en les observant.

Celui qui participe à leurs réunions sera convaincu de leur état et ne sera jamais malheureux.
(…)
Derrière ceux [qui croient aux expériences sûfies], se cache une foule d’ignorants qui tiennent ces expériences pour dénuées de tout fondement ; ils s’émerveillent des discours de ce genre, les écoutent en se moquant et s’exclament : « Quelle histoire ! Quel délire ! »

Dieu a dit de ces personnes : « Il en est qui te prêtent une oreille attentive puis, sortis de chez toi, ils demandent à ceux qui ont reçu la Science : « Que vient-il de dire ? ». Ceux-là sont ceux dont Dieu a scellé le cœur et qui ne suivent que leurs passions » (Qur’ân 47 : 16). Dieu les a rendus sourds et aveugles. (pp. 109-115)
Commenter  J’apprécie          50
La noblesse de caractère (al-khuluq al-hasan) (...) s'avère après examen, n'être rien de moins que la moitié de la religion, le fruit des efforts fournis par les pieux serviteurs, et, le résultat de l'exercice spirituel pratiqué par les dévots. quant aux vices, ce sont des poisons mortels, de funestes écueils, des objets d'infamie, des sources patentes d'ignominie et des tares qui éloignent le serviteur du Seigneur des mondes, et le relèguent au rang des démons. Les vices sont la porte ouverte au "brasier de feu qui dévore les coeurs"(Coran 104:(5,6), les nobles vertus, quant à elles, sont la porte du coeur ouverte sur les jardins de la félicité et sur la proximité du Miséricordieux.
Commenter  J’apprécie          400
Ce genre de science certaine, cependant, l’examen de mes
connaissances me montra que j’en étais dépourvu, sauf en ce
qui concerne les données sensibles et les nécessités de raison.
Je fus alors livré au désespoir, me trouvant incapable
d’aborder les problèmes autres que les évidences — celles des
sens et celles de la raison. Il me fallait clairement discerner la
nature de ma confiance dans les données sensibles et de mon
assurance d’être à l’abri de l’erreur dans les nécessités de
raison. Ces sentiments sont-ils analogues à ceux qu’éprouvent
la plupart des gens à l’égard des connaissances spéculatives?
S’agit-il, au contraire, d’une certitude sans illusion ni surprise?
Je m’astreignis donc à considérer les données sensibles et
les nécessités de raison, m’essayant à les mettre en doute.
J’en vins alors à perdre foi en les données sensibles. Et ce
doute m’envahissait, se formulant ainsi:
Comment se fier aux données sensibles? La vue, pourtant
le principal nos sens, fixant une ombre, la croit immobile et
figée et conclut au non-mouvement. Au bout d’une heure
d’observation expérimentale, elle découvre que cette ombre a
bougé, non pas d’un coup, mais progressivement, peu à peu,
de sorte qu’elle n’a jamais cessé de se déplacer. L’oeil regarde
une étoile: il la voit réduite à la taille d’une pièce d’un dinâr[1],
alors que les arguments mathématiques montrent que cet astre
est plus grand que la terre.
Commenter  J’apprécie          190
Louanges à Dieu qui crée et ressuscite, et qui fait ce qu'Il veut,
Lui qui est le Glorieux Maître du Trône,
dont la rigueur est implacable !
Guidant Ses serviteurs purs sur la voie orthodoxe et le chemin juste,
Il les gratifie du témoignage de Son Unicité,
et garde leur foi des ténèbres du doute et de l'hésitation.
Il les conduit à imiter l'exemple de Son prophète élu,
et à suivre les traces de ses nobles Compagnons.
Il Se révèle à eux dans Son essence et dans Ses actes
par Ses plus belles qualités,
que seul peut saisir celui qui prête attention et contemple.
Il leur enseigne qu'Il est, en Son essence, Unique sans associé,
Seul sans égal, Absolu sans contraire, Solitaire sans pareil.
Il est l’Éternel Unique, sans rien avant Lui ni après Lui.
Il est l'Infini, l'Immuable, sans début ni fin, ni interruption.
Il était et demeure qualifié des qualités de Majesté.
Il n'est pas atteint par la segmentation ni par l'extinction
qui touchent et séparent les époques et les générations,
car, en vérité, Il est le Premier et le Dernier,
l'Apparent et le Caché, l'Extérieur et l'Intérieur.
Sa Science embrasse toutes choses.
Commenter  J’apprécie          720
Que le but du disciple soit d'orner son être intérieur de la vertu spirituelle, dans l'espoir de se rapprocher de Dieu, et de s'élever vers le Royaume des Cieux parmi les Anges et les Élus rapprochés. L'étudiant ne doit, à travers son apprentissage du savoir, ni viser l'argent et le pouvoir, ni chercher à disputer avec les idiots, ni essayer d'épater ses semblables. Si c'est bien la proximité divine qu'il a effectivement en vue, l'élève étudiera et recherchera la science qui est la plus conforme à son objectif : la science de l'Au-delà. Cela dit, il ne doit par pour autant mépriser des sciences comme les fatwas, la grammaire et la langue, qui sont liées au Livre saint et à la Tradition du Prophète.
Commenter  J’apprécie          910
En entendant la parole de le Messager d'Allâh -sallâ l-Lahû ‘aleyhi wa sallam- : "Les Anges n'entrent pas dans une maison où il y a un chien", l'un gardera son chien chez lui en prétendant qu'il ne faut pas l'entendre à la lettre. Selon lui, cela signifie qu'il faut évacuer de la "demeure du cœur" le chien de la colère, qui interdit l'entrée de la connaissance, lumière angélique car "la colère dévore la raison".

L'autre, à la différence du premier, se conformera à la lettre du précepte, et ensuite seulement dira : "Le chien n'est point tel par sa forme concrète mais par la nature qu'il incarne, c'est-à-dire sa férocité et sa voracité. Et s'il faut protéger la maison, qui est la résidence de la personne corporelle, contre le chien sous sa forme concrète, à plus forte raison convient-il de protéger la demeure du cœur, ou réside la substance véritable propre à l'homme, contre les défauts qu'incarne le chien; je vais donc, moi me conformer à la fois à la lettre et à l'esprit du précepte."

Voila l'homme parfait, celui dont on dit : "L'homme parfait est celui chez qui la lumière de la Connaissance n'éteint pas la piété scrupuleuse". C'est pourquoi on ne le verra pas se permettre de négliger la moindre des limites tracées par la Loi, malgré la perfection de sa connaissance intérieure. C'est pourtant l'erreur de commise par certains de ceux qui ont suivis la voie spirituelle, et qui sont tombés dans l'antinomisme (ibâha), abandonnant une fois pour toutes la lettre des prescriptions légales. C'est ainsi qu'il y en a qui ne font plus la prière rituelle, sous prétexte qu'au fond d'eux-mêmes ils sont toujours en prière. C'est une erreur d'un autre genre encore, quand les plus stupides des antinomistes se complaisent dans des charlataneries telles que : "Allâh se passe de nos œuvres" ou "L'intérieur de l'homme est plein de choses immondes, dont il est impossible de se purifier", selon l'un d'eux, qui soutenait que, pour que l'ordre d'extirper la colère et la concupiscence, il ne fallait pas chercher à les éliminer. Tout ceci n'est que foutaises ! Mais en ce qui concerne la première erreur, on peut dire que, semblable à un pur-sang qui fait un faux pas, l'homme qui parcourt la voie spirituelle trébuche et tombe, tiré trompeusement vers le bas par Satan qui le jalouse.
Commenter  J’apprécie          630
Liminaire :
A Nom de Dieu, celui qui fait miséricorde, le Miséricordieux.
Louange à Dieu !
Sa Clémence englobe toute chose ; Son infinie Miséricorde récompense les hommes, en se souvenant de ceux qui se souviennent de Lui. Il dit : "Souvenez-vous de Moi, Je Me souviendrai de vous" (Coran, II, 152).
Commenter  J’apprécie          870
incipit :
Au nom de Dieu, le Tout-Miséricordieux, le Très-Miséricordieux. Seigneur ! Tu as répandu Tes bienfaits, ajoutes-y un surcroît de grâces !
Commenter  J’apprécie          510



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Abû-Hâmid Al-Ghazali (362)Voir plus

Quiz Voir plus

CYRANO DE BERGERAC (Rostand)

Quel est l'autre prénom de Cyrano?

Séraphin
Saturnin
Savinien

12 questions
1679 lecteurs ont répondu
Thème : Cyrano de Bergerac de Edmond RostandCréer un quiz sur cet auteur

{* *}