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Citations de Abû-Hâmid Al-Ghazali (71)


AL-‘AFUW : LE TRèS-PARDONNANT

La signification :

C’est celui qui efface les mauvaises actions et absout les pêchés. Son sens est proche de celui du Ghafûr (Celui qui pardonne) même s’il y a plus d’intensité dans l’absolution dans la mesure où le pardon implique préservation tandis que ‘Afuw implique l’absolution. Or l’absolution est plus intense que la préservation.

L’imprégnation :

La part du serviteur de cette qualité est indéniable en ce qu’il pardonne à celui qui est injuste envers lui et qu’il fait même preuve de bonté à son égard. (p. 124)
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Al-GHAFFÂR

La signification :

C’est celui qui a fait apparaître ce qui est beau, et dissimulé ce qui est laid parmi les péchés et les autres forfaits. La première marque de Sa protection en faveur du serviteur, c’est qu’Il a dissimulé dans son intérieur les laideurs de son corps qui répugnent aux yeux et couvert de beauté son extérieur. C’est dire combien est grande la différence entre l’intérieur et l’extérieur du serviteur sur les plans de la propreté et de la saleté, de la laideur et de la beauté. Regarde bien donc ce qu’Il a manifesté et ce qu’Il a caché. Il l’a protégé en deuxième lieu en plaçant ses idées détestables et ses volontés laides au fond du secret de son cœur. Du reste, si ce qui traverse son esprit comme obsessions et phobies possibles et ce que renferme sa conscience comme fraude, traîtrise et mauvaise opinion des gens se dévoilait aux hommes, ils le mépriseraient et peut-être s’acharneraient-ils à le détruire et à le faire périr. Regarde donc bien comment Il l’a protégé ! Quant au troisième mode de Sa protection, il réside dans le fait qu’Il a pardonné ses fautes par lesquelles il mérites d’être mis à nu devant le monde.

L’imprégnation :

La part du serviteur de ce Nom consiste à dissimuler chez autrui ce qu’il aime dissimuler chez lui-même. En effet, le Prophète – que Dieu lui accorde la Grâce et la Paix – a dit : « A celui qui dissimule chez un croyant une nudité, Dieu dissimule sa nudité au Jour de la Résurrection. » Or le calomniateur, l’épieur et celui qui rend le mal par le mal sont privés de cette qualité. (pp. 33-34)
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En plus de supporter les torts [commis par son épou­se], l'homme devra se montrer badin, enjoué et facétieux, car ce sont ces traits de caractère qui réjouissent les femmes. L'Envoyé de Dieu — sur lui la grâce et la paix — se livrait à toutes sortes de plaisanteries avec ses épouses, se mettant à leur portée par ses actes et par ses manières. On rapporte ainsi qu'il faisait la course avec 'A'ishâ ; elle gagna sur lui un jour et il l'emporta un autre. Il lui dit alors [en guise de consolation] : "Nous voilà quittes." La Tradition rapporte que le Prophète — sur lui la grâce et la paix — était le plus enjoué des hommes avec ses épouses." 'A'ishâ rapporte ceci : "Le jour de [la fête de] Ashûra j'entendis les cris d'Abyssins et d'autres, qui s'amusaient à cette occasion. L'Envoyé de Dieu — sur lui la grâce et la paix — me demanda : As-tu envie de regar­der leurs jeux ? — Oh ! oui, m'écriais-je. Il les fit alors chercher, et ils accoururent aussitôt. Le Prophète — sur lui la grâce et la paix — se plaça entre les deux portes, posa la main sur l'une d'entre elles et me tendit l'autre afin que j'y place le menton. Je les regardai ainsi se divertir jusqu'à ce que l'Envoyé de Dieu — sur lui la grâce et la paix — me dise : Cela suffit. — Tais-toi donc ! lui dis-je ; et cela se répéta ainsi deux ou trois fois. Mais à la fin il me dit : O 'A'ishâ, cela suffit maintenant ! — D'accord, lui répondis-je. Il fit un signe aux Abyssins, et ceux-ci s'en allèrent."

L'Envoyé de Dieu — sur lui la grâce et la paix — disait aussi : "Le croyant dont la foi est la plus parfaite est celui dont les mœurs sont les plus policées, et qui se montre le plus bienveillant envers son épouse." Et encore : "Le meilleur d'entre vous est le meilleur envers ses épouses ; et je suis le meilleur d'entre vous pour les miennes." 'Umar — que Dieu soit satisfait de lui — disait, en dépit de sa rudesse : "Il convient qu'au sein de sa famille, l'homme se conduise comme un petit enfant ; mais lors­ qu'elle sollicite ce qu'il détient [qu'il s'agisse de science ou de biens], il faut qu'elle trouve un homme en face d'el­le." Luqmân — que Dieu lui fasse miséricorde — a dit pour sa part : "Il convient à l'homme doué d'intelligence de se conduire comme un petit enfant au sein de sa famille, et comme un homme au sein de la société."

On a commenté la tradition : "En vérité, Dieu déteste l'homme dur et hautain (al-ja'dharî) et qui marche avec superbe (al-jawwâdh)" en disant qu'elle s'appliquait à l'homme brutal envers son épouse et infatué de sa per­sonne. On a également appliqué cette explication au terme 'utull (méchant, perfide) employé dans un verset du Coran, en disant qu'il désigne l'homme dur en paro­le, et impitoyable pour sa famille. (pp. 104-106)
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Un homme se vanta un jour auprès d'un savant : "De toutes les œuvres pies, Dieu m'a accordé une part" — et se mettant à les énumérer, il en arriva bientôt au Pèlerinage, au combat pour la cause de Dieu, et d'autres encore ... Alors le savant lui coupa la parole en lui demandant : Mais que sont ces œuvres comparées à celles des Abdâl(1) ? —Et quelles sont-elles ? demanda l'homme [interloqué]. — Se procurer des gains licites, et subvenir aux besoins d'une famille," lui répondit le savant.

Un jour qu'Ibn al-Mubârak se trouvait avec ses frères dans une expédition militaire, il leur demanda : "Connaissez-vous meilleure œuvre que celle qui nous occupe en ce moment ? — Non, lui répondirent-ils, [nous n'en connaissons point]. — Pour ma part, leur dit-il, j'en vois une. — Et quelle est-elle? lui demandèrent alors ses compagnons. — Représentez-vous, leur dit Ibn al-Mubârak, un homme vertueux et père de famille : se réveillant au beau milieu de la nuit, il verrait ses enfants endormis non couverts, et les couvrirait alors de son manteau pour les protéger du froid... Eh bien ! cette simple marque d'attention est plus méritoire que ce que nous sommes en train d'accomplir en ce moment."

(1) Abdâl : pluriel de badal (substitut). Ce terme désigne une des catégo­ries les plus élevées dans la hiérarchie des saints, après le “Pôle” (Qutb) et les quatre “Piliers” (Awtâd). Au nombre de sept, ils tirent leur nom de “Substitut” de leur faculté à laisser, pour une raison ou pour une autre, une “forme spirituelle” possédant leur apparence dans un lieu qu’ils vien­nent de quitter. (p. 54)
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Les 7 ciels, ce sont les différents niveaux d'élévation de l'âme. Les 3 enfers, ce sont les états d'esprit de ceux qui sont confrontés avec leurs démons intérieurs. D'ailleurs, les morts sont censés être ressuscités exactement dans l'état où ils avaient pêché, ce qui ressemble à une séance d'auto-psychanalyse avant la lettre.
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Les actions du Seigneur sont autant d’effets de Sa puissance : elles en sont le prolongement. Si bien qu’elles n’ont en réalité aucune existence si ce n’est par Lui. L’existence appartient donc à l’Un, le Vrai duquel procèdent tous les actes. Quiconque a conscience de cela, ne voit en les actions que l’Agissant. Il ne considère pas les réalités accidentelles en tant que ciel, terre, animal ou arbre, mais en tant qu’œuvre de l’Un réel. Son regard ne s’arrête pas sur ces altérités. Il est comme un homme qui admirerait un poème, bien calligraphié et sublimement composé, et n’y verrait que le prolongement du poète, du calligraphe et de l’auteur ; qui ne considèrerait ces traces que comme traces et non comme encre, comme feuille ou comme écrit noir sur blanc ; il ne verrait en somme que l’auteur.

Toute l’existence est l’œuvre du Très-Haut. Aussi, quiconque la considère en tant qu’acte divin, la connaît en tant qu’acte divin et l’aime en tant qu’acte divin, ne regarde qu’en Dieu, ne connaît que par Dieu, et n’aime que pour Dieu. Seul un tel homme sera dument appelé adepte de l’unicité divine, qui ne voit que Dieu. Plus encore, un tel homme ne se voit pas lui-même en tant que personne, mais en tant que serviteur de Dieu. C’est de lui que l’on peut dire qu’il s’est annihilé dans l’unicité, et qu’il a fait abstraction de lui-même. Quelqu’un a dit en ce sens : « Nous étions avec nous, puis nous avons fait abstraction de nous-même au point de demeurer sans nous. » (p. 103)
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Dieu demande en effet à Ses serviteurs de se conformer à Ses attributs, et de se revêtir des vertus seigneuriales. C’est pourquoi il est dit : « Revêtez-vous des vertus de Dieu ! » Se revêtir de ces attributs consiste à acquérir les caractéristiques louables – lesquelles correspondent aux attributs divins – telles que la science, la bonté, la bienfaisance, la douceur, la prodigalité, la miséricorde envers les hommes, la propension à conseiller et à les guider vers la vérité, et à les préserver de l’erreur, ainsi que d’autres vertus prescrites par la voie légale. Tout cela rapproche de Dieu, non en termes de distance mais en termes d’attributs.
(…)
Il est également fait allusion à ce point dans la parole de Dieu adressée à Moïse : « J’étais malade, et tu ne M’as pas rendu visite. » Moïse lui répondit : « Ô Seigneur comment cela est-il possible ? » Dieu ajouta « Mon serviteur nommé untel était malade, et tu ne lui as pas rendu visite. Or si tu l’avais fait, tu M’aurais trouvé auprès de lui. » Cette affinité ne se révèle qu’en pratiquent assidument les adorations surérogatoires, outre l’accomplissement irréprochable des adorations obligatoires, comme le dit le Très-Haut dans le hadith : « Mon serviteur ne cesse de se rapprocher de Moi par ses adorations volontaires jusqu’à ce que Je l’aime. Et lorsque Je l’aime, Je suis l’ouïe dont il use pour entendre, la vue dont il use pour voir, la main dont il use pour saisir, et le pied dont il use pour marcher. »

Il s’agit là d’un sujet à l’abord duquel il convient de retenir les élans du cœur. Car les gens sont divisés sur la question. Certains penchent pour un anthropomorphisme patent ; d’autres adoptent un avis tout aussi excessif assimilant la notion d’affinité à celle d’unité, si bien qu’ils professent la fusion substantielle. L’un d’eux a même dit : « Je suis le Vrai. » Les chrétiens se sont également égarés au sujet de Jésus. Ils prétendent qu’il est Dieu. D’autres prétendent que la nature humaine et la nature divine se sont confondues. D’autres encore soutiennent qu’il s’unifia à Dieu.

Quant à ceux à qui apparaît l’impossibilité de l’anthropomorphisme, autant que l’impossibilité de l’unification et de la fusion substantielle, et à qui a été révélé le secret, ils sont une minorité. Abû al-Hasan an-Nûrî est sans doute l’un de ceux-là. Un jour qu’il était pris par l’émotion spirituelle, il clama ces vers :

Ton amour me conduit en cet endroit parfois,
Où mon esprit se tient confondu par l’émoi !

Emporté par sa vive émotion, il se mit alors à courir sur un champ de roseaux dont les cannes avaient été coupées à ras. Il courut ainsi si longtemps que ses pieds tuméfiés se mirent à gonfler, et qu’il en mourut. Cette cause de l’amour est la plus immense et la plus intense. C’est aussi la plus précieuse, la plus improbable et la plus rare. (pp. 55-57)
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Assurément, il est possible d’aimer une belle image pour elle-même : la perception de la beauté étant en soi agréable, cette beauté peut donc être aimée en soi. Niera-t-on cela alors que la verdure ou l’eau qui court est appréciée, et que cela n’est pas nécessairement lié à l’envie de boire l’eau, de manger un fruit ou d’en tirer une quelconque jouissance autre que leur contemplation. L’envoyé de Dieu (paix sur lui) aimait la verdure et l’eau courante.

Toute personne de saine constitution aime voir un foisonnement de fleurs exubérantes ou un assortiment d’oiseaux aux plumages bigarrés. A tel point que les gens, à la simple vue de ces beautés, en oublient leurs maux et leurs soucis, sans pour autant convoiter quelque chose à travers elles.

Ces causes d’amour sont autant de sources de plaisir. Or toute source de plaisir est aimée ; et toute beauté et toute grâce procurent en leur perception un plaisir. Nul ne peut nier que la beauté soit naturellement aimée. Or s’il s’avère que Dieu est beau, Il doit nécessairement être aimé par quiconque découvre Sa beauté et Sa majesté, ainsi que l’a indiqué l’envoyé de Dieu : « Dieu est beau, et Il aime la beauté. » (p. 32)
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‘Abd al-Wâhid Ibn Zayd raconte également ce qui suit : « Je passai un jour devant un homme qui se tenait sur de la neige. Je l’interrogeai : ‘’N’as-tu pas froid ?’’ Il me répondit : ‘’Quiconque est préoccupé par l’amour de Dieu ne ressent pas le froid.’’ » Sarî as-Saqatî a dit quant à lui : « Au Jour du jugement, les communautés seront appelées du nom de leur Prophète. On leur dira ainsi :’’Ô communauté de Moïse, ô communauté de Jésus, ô communauté de Muhammad !’’ Mais ceux qui cultiveraient l’amour de Dieu feront exception. On les appellera ainsi : ‘’Ô saints de Dieu, venez auprès de Dieu !’’ Leurs cœurs bondiront presque de leurs poitrines tant leur joie sera grande. »

Haram Ibn Hayyân a dit aussi : « Le croyant, lorsqu’il connaît son Seigneur, l’aime. Et lorsqu’il L’aime, il fait route vers Lui. Puis quand il ressent combien il est doux d’allers vers Lui, il n’aborde plus cette vie avec concupiscence, et n’envisage plus l’au-delà avec nonchalance. Il est désabusé par ce bas-monde, et tend à la paix de l’autre-monde. »

Yahyâ Ibn Mu’âdh a dit pour sa part : « Son pardon dissout les péchés, alors que dire de Son agrément ? Son agrément dissout les espoirs, alors que dire de Son amour (hubb) ? Son amour stupéfait les esprits, alors que de dire de Son amour essentiel (wudd) ? Son amour essentiel fait oublier tout ce qui n’est pas Lui, alors que dire de Sa subtile mansuétude. »

Un livre mentionne à ce sujet que le Seigneur a dit : « Mon serviteur, J’en jure par le droit que tu as sur Moi, Je t’aime. Alors par le droit que J’ai sur toi, aime Moi ! »

Yahyâ Ibn Mu’âdh disait encore : « Le poids d’une graine de moutarde d’amour m’est plus cher qu’une adoration pendant soixante-dix ans sans amour. » (pp. 20-21)
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Ouvre l’œil de ton discernement car il n’y a rien dans l’Existence qui ne dit La Ilaha Illa Allah (il n’y a de dieu que Dieu). « Il n’y a rien qui ne célèbre Ses louanges mais vous ne comprenez pas leurs louanges. » (Coran, 17/44) ; « ce qui est dans les cieux et ce qui est sur la terre célèbre les louanges de Dieu » (Coran, 59/24). Son existence est une preuve de tout ce qu’Il fait exister et Sa création est une preuve qu’Il est le Créateur.

Crois-tu que le soleil du tawhîd (l’affirmation de l’unicité divine) ne s’est levé que pour toi uniquement ? Non et jamais non ! « Et les oiseaux qui étendent leurs ailes célèbrent les louanges de Dieu. » (Coran, 24/41) (pp. 55-56)
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Le mot Allâh se compose de quatre lettres qui se ramènent à trois : le Alif (A), le Lam (L) et le Ha (H).

Le Alif (A) est une allusion à la subsistance de Dieu par Lui-même et son individualité par rapport à Ses créatures. En effet, le Alif ne se détermine par rapport à aucune des autres lettres ; de même Dieu ne se détermine pas par rapport à tout autre que Lui.

Le Lam (L) est une allusion au fait qu’Il est le Maître de toutes les créatures.

Le Ha (H) indique qu’Il est Celui qui de tout ce qui est dans les cieux et sur la terre : « Dieu est la lumière des cieux et de la terre. » (Coran, 24/35).

Et si tu veux, tu peux dire que Alif est une allusion à la familiarité de Dieu avec les créatures en les comblant de Ses bienfaits à travers les subsistances qu’Il accorde. Le Lam (L) est une allusion au jour de la création en se détournant de Dieu. Le Ha (H) est une allusion à l’éperdument de Ses saints dans l’amour et la passion, comme l’a dit le poète :

L’Alif est le signe de l’entende toutes les
créatures,
Le Lam est celui du reproche adressé au
réprouvé,
Le Ha est un Ha éperdu dans son amour
passionné par l’Un. Celui qui est adoré. (p. 54)
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Ce que Dieu accorde aux gens ne peut leur être ôté. Or cette miséricorde est diffuse par le fait de la libéralité et de la générosité du Très-Haut. Il ne la refuse à personne. Néanmoins, elle se manifeste dans les cœurs qui se prédisposent à recevoir les souffles de miséricorde divine, ainsi que l’indique la parole du prophète : « Dieu, en chaque jour qu’Il fait, dispense des souffles de Sa grâce. Prédisposez-vous donc à en bénéficier. » S’y prédisposer consiste à nettoyer et à assainir le cœur des impuretés et des souillures qui s’y accumulent par le fait des caractères blâmables, comme nous allons l’expliquer.

La générosité dont il est question est indiquée par la parole du Prophète : « Dieu descend chaque nuit vers le ciel de ce bas-monde, et dit : ‘’Y a-t-il des hommes qui invoquent, afin que Je les exauce ?‘’ » ; ainsi que dans cette autre tradition prophétique dans laquelle le Prophète rapporte les propos de son Seigneur : « Voilà longtemps que les hommes vertueux désirent me rencontrer, or Je désire les rencontrer plus ardemment encore. » ; ou encore dans cette parole du Seigneur rapportée dans une tradition prophétique : « L’homme se rapproche-t-il de Moi d’un empan que Je me rapproche de lui d’une coudée. »

Ces propos indiquent que les lumières des sciences ne sont pas voilées aux cœurs par l’effet d’une quelconque parcimonie ou d’une quelconque entrave de la part du Bienfaiteur. Il est bien au-dessus d’une telle attitude ! Mais elles sont voilées par l’effet des impuretés, des souillures et des préoccupations qui entachent les cœurs. Car ceux-ci sont semblables à des récipients : tant qu’un récipient est rempli d’eau, l’air ne peut y entrer. Aussi les cœurs préoccupés à autre chose qu’à Dieu ne peuvent-ils être pénétrés de la connaissance de la majesté du Très-Haut. C’est ce qu’indique la parole du Prophète : « Si les Démons ne tournaient pas autour des cœurs des hommes, ceux-ci verraient le royaume céleste. »
(…)
Ali pour sa part a dit, parlant symboliquement des cœurs : « Dieu, exalté soit-Il, a sur Sa terre des récipients : ce sont les cœurs. Ceux qu’Il affectionne le plus sont les plus délicats, les plus purs et les plus solides. » Puis il ajouta : « Les plus solides sur le plan religieux, les plus purs sur le plan doctrinal, et les plus délicats sur le plan fraternel » (…) par ailleurs, Zayd Ibn Aslam a dit au sujet de la parole de Dieu : « Dans une table gardée » (Coran, 85 : 22), qu’il s’agit du cœur du croyant. Comme nous l’avons vu, Sahl At-Tustari, quant à lui, disait que le cœur et la poitrine sont semblables au Trône et au Marchepied. (pp. 28-33)
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Tu as donc compris ensuite que l'Univers est tout entier rempli par les lumières extérieures et visibles d'une part et les lumières intérieures et intelligibles d'autre part. Tu as su également que les lumières du monde inférieur émanent les unes des autres comme celle communiquée par un flambeau, le flambeau étant en l'occurrence l'esprit saint prophétique, et que les esprits saints prophétiques sont éclairés par les esprits du monde supérieur comme le flambeau est allumé par le feu. Les lumières d'en haut s'alimentent à leur tour les unes aux autres, selon un ordre hiérarchique correspondant à leur rang.

Enfin toutes remontent à la Lumière des lumières, qui est leur origine et leur source première, c'est-à-dire Dieu — exalté soit-Il ! « seul, sans associé ». Toutes les autres lumières sont donc métaphoriques, la seule lumière véritable est la Sienne. Le Tout est Sa Lumière, ou plutôt Il est le Tout. Bien mieux, personne d'autre que Lui n'a d'ipséité (huwiyya), si ce n'est par abus de langage.

Nulle lumière donc, excepté Sa lumière !
(...)
Nulle divinité donc, excepté Lui ! En effet le mot « divinité » (ilâh) représente ce vers quoi la face se tourne en adoration et en dévotion, et j'entends par là les « faces des coeurs » (wujûh al-qulûb), qui sont les lumières dont il s'agit. Bien mieux, de même qu'il n'y a nulle divinité si ce n'est Lui, il n'y a nul « lui » si ce n'est Lui ! (lâ huwa illâ Huwa), car le mot « lui » représente tout ce que l'on désigne, d'une manière ou d'une autre, et nul autre que Lui n'est désigné. Plus exactement encore, tout ce que tu désignes est en réalité une désignation dont il est l'objet, même si tu n'en es pas conscient parce que la « vérité des vérités » que nous avons mentionnée t'échappe. Désigner la lumière du soleil, ce n'est pas autre chose que désigner le soleil. La relation entre tout ce qui existe et Lui est analogue, dans le monde sensible, à la relation entre la lumière et le soleil.

Dans ces conditions, la profession de foi en l'unicité divine (tawhîd) sous la forme « Nulle divinité, excepté Dieu! » est celle du commun des croyants (awâmm), et « Nul lui, excepté Lui ! » est la profession de foi de ceux qui ont la vocation spirituelle (khawâçç). Elle est en effet pour eux plus parfaite et plus appropriée, et en même temps plus universelle, plus vraie et plus exacte, et plus apte à les faire pénétrer dans la Singularité absolue et l'Unicité pure. (pp. 56-57)
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Ce qui est entendu ici est la « connaissance de Dieu » (exalté soit-Il) et c'est cela le « Souffre rouge. » Cette connaissance comprend : la connaissance de l'Essence de Dieu (magnifié et exalté soit-Il), celle de Ses Attributs et enfin celle de Ses Actions (...) sache que le « Soufre rouge » représente pour les créatures du monde sensible l'alchimie par laquelle on transforme les substances viles en substances précieuses. Comme la transformation de la pierre en corindon et du cuivre en or pur. (pp. 27 & 71)
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Le groupe de ceux qui prétendent que le but à atteindre ici-bas est d'accomplir ses désirs, de satisfaire ses appétits, et de se délecter des plaisirs bestiaux du sexe et de la table, et de [s'adonner aux vaines joies de] la parure. Ils sont les serviteurs du plaisir, c'est lui qu'ils adorent, c'est lui l'objet de leur, recherche, et leur foi est que l'obtenir est la béatitude suprême. Il leur plaît de se ravaler au rang des bêtes, et même plus bas encore. Y a-t-il obscurité plus épaisse ? Ces hommes sont véritablement voilés par les seules ténèbres !

Un autre groupe estime que le summum du bonheur consiste à vaincre, conquérir et tuer, ou attaquer à l'improviste, emmener des captives et faire des prisonniers. Telle était la conviction des Arabes bédouins [du paganisme] ; elle est celle aussi des peuplades kurdes et d'un grand nombre de fous furieux. Ils sont voilés par les ténèbres des tendances naturelles à la férocité, qui les dominent et qui, lorsqu'elles atteignent leurs fins, leur procurent les plus grandes voluptés. Ces hommes-là sont contents d'être au niveau des animaux féroces, et même plus bas encore.

Un troisième groupe pense que la plus grande félicité réside dans la richesse et la prospérité, parce que la fortune est l'instrument qui permet de satisfaire tous les appétits et qu'elle donne à l'homme le pouvoir de réaliser ses désirs. Leur seule préoccupation est d'amasser des biens, d'accumuler les domaines, les propriétés, les chevaux de race, les troupeaux, les exploitations agricoles, et d'enfouir leurs pièces d'or sous la terre ! On en voit qui passent toute leur vie à affronter les périls des déserts, des expéditions lointaines et des voyages en mer, pour entasser des richesses qu'ils gardent jalousement sans en profiter ni en faire profiter les autres ! C'est eux que vise la parole du Prophète : « Malheureux esclave de l'argent ! Malheureux esclave des pièces d'or ! » Y a-t-il pire obscurité que cette duperie dont l'homme est victime ? alors que l'or et l'argent ne sont que deux « pierres 1 » sans intérêt en elles-mêmes, et qui, s'ils ne servent pas à s'acquitter des besoins matériels et s'ils ne sont pas dépensés, peuvent être échangés avec des cailloux ! (pp. 86-87)
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...montrant que la véritable lumière est Dieu, et que le nom de lumière appliqué à un autre être est purement métaphorique et à ne pas prendre au sens propre.

Pour le démontrer, il faut d'abord déterminer la signification du mot " lumière " (nûr) selon la première acception, celle qu'il a chez le commun des hommes (awâmm), puis, selon la deuxième acception, auprès de ceux qui ont des qualifications spirituelles particulières (khawâçç), et enfin, selon la troisième acception, auprès de l'élite spirituelle lkhawôçç al-khawâçç.

Il faudra ensuite déterminer la hiérarchie des lumières qui concernent cette élite spirituelle ainsi que leurs essences. Quand elles se manifesteront à leurs différents niveaux, il t'apparaîtra clairement alors que Dieu est la lumière suprême et ultime, et quand leur nature profonde te sera dévoilée, il sera évident pour toi que Lui seul, sans associé, est la Lumière réelle et véritable.
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L’origine de l’orgueil est donc le caractère renfermé dans l’âme, et il s’agit d’un penchant et du plaisir éprouvé lorsqu’on se fait une bonne opinion de soi. Et qu’on se juge supérieur à celui vis-à-vis duquel on manifeste son orgueil.
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La langue exerce sa fonction dans un champ très vaste, et son domaine ne connaît ni fin ni limite. Elle a un vaste territoire dans le bien, et des nuées dans le mal. Celui qui lui accorde pleine liberté, la néglige et lui lâche la bride se voit entraîner par le Diable dans tous les domaines ; il est alors conduit au bord d'un précipice et contraint à la perdition (al-bawâr). Les gens ne sont précipités sur leur nez en enfer qu'en raison de ce que leurs langues ont semé.
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Le livre des vices de la langue fait partie de l'avant dernier tome de l'Ihya de Ghazali qui en compte quatre. L'auteur y décrit le mal que peut procurer la langue ainsi que ses causes, en s'appuyant sur le Coran, les traditions prophétiques et la sagesse des anciens.
Cet ouvrage revêt une importance capitale car dans bien des cas, les croyants oublient de se contrôler lorsqu'ils parlent d'autrui ou d'eux-mêmes et risquent ainsi de pécher souvent sans même en être conscients, tout comme ils ignorent ou ne se soucient guère du mal que leur langue peut procurer aux autres.
Ainsi, Ghazali insiste et nous explique de manière exhaustive quels sont les risques qu'encourent celui dont la langue fourche et fauche, ainsi que les moyens d'en être épargné.
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Les lumières des pensées intimes illuminent le comportement extérieur, l'ornent, l'embellissent et remplacent les qualités détestables et mauvaises par celles qui sont excellentes. Celui dont le cœur n'est pas humble, ses membres ne le seront pas. La beauté de l'éthique prophétique ne se répand pas sur celui dont la poitrine n'est pas un tabernacle pour les lumières divines.
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