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Citations de Abû-Hâmid Al-Ghazali (71)


J'aimerais tomber malade et ne pas recevoir de visites. Je ne déteste les maladies qu'à cause des visiteurs.
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"Oh Dieu donne-moi la force de supporter mes épreuves". L'Envoyé de Dieu le reprit alors : "Tu as demandé à Dieu l'épreuve, demande-Lui plutôt de t'accorder une bonne santé".
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Celui qui se fera extraire du sang tous les mardi 17 du mois préviendra ainsi les maladies qui pourraient le toucher durant l'année.
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On rapporte que Moïse - que la Grâce et la Paix divines se répandent sur lui - demanda : "Seigneur, d'où découlent les maux et les remèdes ?" "De Moi", - répondit le Très-Haut- "Que font donc les médecins ?" - demanda Moïse - et le Très-Haut répondit : "Ils perçoivent leurs honoraires et réconfortent Mes fidèles jusqu'à ce que parvienne Ma guérison ou Mon décret".
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Al Qâdir Al-Djili a ordonné pour lui et ses initiés treize Noms divins à invoquer cent mille fois chacun.
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La raison est un objet de servitude [...]et n'est aucunement destinée à gérer les questions relatives à la magnificence [...]. La connaissance est intuitive et non intellectuelle.
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L'invocation de Dieu est de trois sortes : Invoquer par la langue [...]. Ce que fait tout musulman. Invoquer par le coeur [...], cela consiste à ne jamais oublier l'Invoqué. Invocation "présentielle" [...] qui consiste à oublier sa propre présence par l'intensité de Sa présence.
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"N'entrera pas en Enfer un homme qui a pleuré par crainte de Dieu tout aussi bien que le lait ne rentre jamais dans la mamelle."

Muhammad.
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"Si vous saviez ce que je sais, vous ririez peu et vous pleureriez beaucoup."

Muhammad.
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Le Prophète était l’homme le plus magnanime, le plus courageux, le plus juste et le plus chaste. Sa main n’a jamais effleuré celle d’une femme sur laquelle il n’avait aucun droit, ni de celle qui n’était pas son épouse, ni de celle qu’il ne lui était pas interdit d’épouser. C’était l’homme le plus généreux. Ni dinar ni dirham ne demeuraient la nuit chez lui. S’il en restait, et qu’il ne trouvait personne à qui le donner, il ne rentrait pas chez lui le soir avant de l’avoir remis à qui en avait besoin. Il ne prenait des choses que Dieu lui accordait que ses provisions annuelles, et distribuait le reste de sa faible quantité de dattes et d’orge dans la Voie de Dieu. On ne lui demandait aucune chose sans qu’il ne la donne. Parfois, s’il ne trouvait rien à donner, il préférait partager avec autrui une partie de ses provisions annuelles [conservées pour sa famille], et dont il avait besoin. Il réparait ses sandales, raccommodait ses vêtements, aidait aux tâches domestiques et coupait la viande avec ses épouses. C’était l’homme le plus pudique et ne fixait jamais le visage des gens. Il répondait à l’invitation de l’homme libre et de l’esclave. Il acceptait les présents, même s’il s’agissait d’une gorgée de lait ou d’une cuisse de lièvre. Il les mangeait et récompensait celui qui les lui offrait. Il ne mangeait pas de ce qui provenait de l’aumône (al-sadaqa) et ne s’estimait pas trop important pour répondre à l’invitation des gens ordinaires et des pauvres. Il se mettait en colère pour Dieu et non pour lui. Il appliquait la loi même si cela était à son détriment ou à celui de ses Compagnons. Les incroyants lui offrirent leur concours pour en combattre d’autres, mais bien qu’il n’avait qu’une petite armée et qu’il avait besoin d’hommes supplémentaires, il dit : « Je ne veux pas de l’aide d’un incroyant dans mes conquêtes. »

L’un de ses meilleurs et des plus vertueux Compagnons fut trouvé assassiné chez les Juifs, mais il ne se précipita pas ni n’excéda dans la sentence. Il accepta cent chamelles en guise de réparation pour le sang versé, bien que ses Compagnons aient besoin d’un chameau pour se renforcer. Parfois, il serrait une pierre sur son ventre pour supporter la faim et d’autres fois il mangeait ce qui était présent, et ne refusait pas ce qui était disponible ni ce qui était licite. S’il ne trouvait que des dattes, sans pain, il les mangeait. S’il trouvait de la viande grillée, du pain d’orge ou de seigle, il les mangeait. S’il trouvait des douceurs ou du miel, il en mangeait; et s’il trouvait du lait, sans pain, il s’en contentait. S’il trouvait un melon ou des dattes fraîches, il en mangeait. Il ne mangeait jamais appuyé, ni sur une table (khuwān) et ses pieds lui servaient de nappe. Il n’a jamais mangé suffisamment de pain trois jours de suite, et ce, jusqu’à sa mort, par choix et non par pauvreté ou avarice. Il assistait aux fêtes, rendait visite aux malades, participait aux funérailles et marchait seul et sans escorte au milieu de ses ennemis. C’était le plus modeste des hommes, le plus silencieux sans être arrogant et le plus éloquent sans être exubérant. Il avait le plus bel aspect et ne redoutait rien de ce monde. Il s’habillait de ce qu’il trouvait, parfois un manteau ample qui lui couvrait tout le corps, un manteau yéménite, ou une bure en laine. Il portait tout ce qu’il trouvait permis. Son anneau était d’argent, et il le portait parfois à l’auriculaire droit et d’autres fois à celui de la main gauche.

Il faisait monter son serviteur ou d’autres en croupe et montait ce qu’il pouvait : un cheval, un chameau, une mule grise ou un âne. Parfois, il marchait pieds nus sans manteau, ni turban ni couvre-chef. Il se rendait à l’autre bout de la ville pour rendre visite au malade; il aimait les parfums et détestait les mauvaises odeurs; il s’asseyait avec les pauvres, mangeait avec les indigents, honorait les hommes vertueux pour leur caractère et se mêlait aux hommes de haut rang pour leur piété. Il rendait visite à ses proches sans les préférer à ceux qui avaient plus de mérite qu’eux. Il n’opprimait personne, acceptait les excuses, plaisantait en ne disant que la vérité, riait sans s’esclaffer, assistait aux jeux licites sans les désapprouver et faisait la course avec son épouse. Il se montrait patient envers ceux qui élevaient la voix contre lui. Il possédait une chamelle et des brebis et se nourrissait, ainsi que sa famille, de leur lait. Il n’a jamais mieux mangé ni s’est mieux vêtu que ses domestiques, mâle et femelle. Pas un moment de sa vie n’est passé sans qu’il n’ait accompli une œuvre pour Dieu (exalté soit-Il) ou une action nécessaire à dresser son âme. Il se rendait dans les jardins de ses Compagnons. Il n’a jamais méprisé un pauvre pour son indigence et son infortune, et ne craignait pas un roi pour sa puissance; il appelait l’un et l’autre à Dieu de la même manière.
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Si tu réfléchis soigneusement, tu trouveras que la Fātiḥa, malgré sa concision, est composée de huit voies [bien tracées].
Les Paroles : « Au nom de Dieu, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux » sont une indication inhérente à l’Essence.
Sa Parole : « le Tout Miséricordieux, Ie Très Miséricordieux » est une indication à Ses Attributs spécifiques qui ont la particularité d’appeler tous les autres Attributs, comme ceux de la Science, de la Puissance et autres. Puis, ils se rapportent aux créatures qui sont l’objet de la Miséricorde divine (al-marḥūmūn). Il s’agit d’une relation qui les lie [à Lui], par laquelle Il Se rend désirable à elles et qui suscite en elles l’envie de Lui obéir. C’est un Attribut différent de la Colère [divine] et s’Il avait mentionné cette dernière à la place de la Miséricorde, cela les aurait affligés et inquiétés et aurait suffoqué leur cœur plutôt que de le dilater.
Sa Parole : « Louange à Dieu, le Seigneur des mondes » comprend deux aspects :
Le premier : le « principe de la louange » (aṣl al-ḥamd) est la gratitude (al-shukr). C’est là le premier pas sur la « Voie de la Rectitude » et une partie de celle-ci.
En vérité la « foi pratique » (al-imān al-‘amalī) comporte deux moitiés: une moitié est la patience et l’autre la gratitude. Si tu veux approfondir la question, consulte notre « Revivification des Sciences de la Religion », et spécialement le livre de la « Gratitude et de la Patience ».
Le mérite de la gratitude par rapport à la patience (al-ṣabr) est semblable à celui de la miséricorde par rapport à la colère. En effet, la gratitude procède de la quiétude (al-irtiyāḥ), de l’ébranlement suscité par le désir (hazzat al-shawq) [de Dieu] et de l’esprit de l’amour [qu’on éprouve pour Lui], alors que la patience face au Décret divin procède de la peur (al-khawf) et de l’épouvante (al-rahba) [de Son Châtiment]. De plus, la patience n’est jamais sans angoisse (karb) ni serrement [du cœur].
Il est préférable de cheminer sur la « Voie de la Rectitude » qui conduit à Dieu (exalté soit-Il), en empruntant le chemin de l’Amour et de ses œuvres plutôt que celui de la peur. Ces secrets sont dévoilés dans notre « Livre de l’Amour et du Désir ardent », contenu dans l’Iḥyā. C’est pour cette raison que l’Envoyé de Dieu ﷺ a dit : « Les premier à être appelés au Paradis sont les louangeurs [de Dieu] (al-ḥammadūn) en toute circonstance. »
Sa parole : « le Seigneur des Mondes » est une allusion à toutes Ses Œuvres et à leur corrélation à Lui. Et l’expression qui décrit le mieux et qui englobe le plus tous les genres d’Action est « Seigneur des Mondes ».
L’attribut du sujet le plus parfait et le plus représentatif de Ses Actions est « Seigneurie » (al-rubūbiyya), et la meilleure et la plus complète glorification que tu puisses Lui destiné est celle où tu mentionnes [Sa Seigneurie], car celle-ci est bien plus universelle que ces deux autres : « le Plus Élevé des Mondes » (a‘lā al-‘ālamīn) ou « le Créateur des Mondes » (khāliq al-‘ālamīn).
Sa mention une deuxième fois de : « le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux » est cette fois encore une allusion aux Attributs [divins]. Ne crois surtout pas qu’il s’agit d’une répétition (takarrur), car il n’y a pas de répétition dans le Coran ; en effet, la répétition est ce qui ne procure aucun avantage supplémentaire.
La mention de la « Miséricorde » après celle des « Mondes » et avant celle du « Roi du jour du jugement », renferme deux immenses avantages inhérents à l’écoulement de la Miséricorde (majārī al-raḥma) :
Le premier avantage : tourner son attention vers la création du « Seigneur des Mondes ». Il a créé toute chose de la manière la plus parfaite et la plus belle, et lui a accordé tout ce dont elle a besoin. […]
La vie entière ne suffit pas à connaître toutes ces choses extraordinaires, et il n’en est dévoilé qu’une infime partie aux hommes. La connaissance de ce qui n’est pas dévoilé est le propre [de Dieu] et des Anges.
Tu trouveras des allusions à ce genre de choses dans le « Livre de la Gratitude » et dans le « Livre de L’Amour » [de notre Iḥyā’] ; cherche-les [dans ses œuvres] si tu t’en estimes digne ! […]
Le deuxième avantage : Il est rattaché à Sa Parole : « Roi du Jour du jugement », où Il fait allusion à la Clémence dont Il fera preuve lors du « Grand Retour », le « Jour de la Rétribution » (yawm al-jazā’), où Il accordera le pouvoir [de jouir de Ses faveurs] en permanence, en échange d’une « formule » (kalima) et d’une œuvre d’adoration (‘ibāda). Expliquer ces choses serait trop long. Le but est de montrer qu’il n’existe pas de répétitions dans le Coran, et si une locution te semble, en apparence, réitérée, il t’incombe alors d’examiner ce qui la précède et ce qui la suit, pour que te soit dévoilé l’avantage supplémentaire que comporte sa nouvelle mention.
Sa Parole : « Roi du Jour du jugement » est une allusion à [la Vie] Dernière, après le Grand Retour. Il s’agit de l’une des parties fondamentales des sources [du Coran], malgré la référence aux [termes de] (lit. significations) de Roi et de Royaume qui sont des Attributs de la Majesté [divine] (ṣifāt aI-jalāl).
Sa Parole : « C’est Toi que nous adorons, et c’est de Toi que nous implorons le secours » comporte deux piliers immenses. Le premier consiste à L’adorer sincèrement et de manière exclusive. Il s’agit de l’esprit de la « Voie de la Rectitude » que tu connaîtra [après avoir lu] le « Livre de la sincérité et de la loyauté » et le « Livre de la réprobation des honneurs et de l’ostentation » de notre Iḥyā. Le second est que rien ne mérite d’être adoré à part Lui, et c’est cela la substance du tawḥīd qui n’est atteinte qu’en se dépouillant de [tout sentiment de] pouvoir et de force.
Nous avons déjà dit que l’axe [autour duquel s’articule] la « Voie de la Rectitude » comporte deux aspects : le premier consiste en la purification (al-tazkiyya) et en la négation de ce qui la contrarie. Le second consiste à revêtir [les qualités] qui conviennent. Ces deux aspects sont renfermés dans deux des versets de la Fātiḥa.
Sa Parole: « Guide nous sur la Voie de la Rectitude » comporte une demande (su’āl) et une invocation (du‘ā’), et il s’agit de la moelle (mukh) de l’adoration, comme tu le sauras [après avoir lu] le « Livre des invocations et des demandes » de notre Iḥyā. Il s’agit aussi d’un rappel du besoin d’implorer (taḍarru‘) et d’invoquer (ibtihāl) Dieu (exalté soit-Il) que l’homme éprouve. Voilà ce qu’est l’esprit de l’adoration ! De même [que cette Parole] indique que le plus important des besoins [de l’homme] en d’être guidé sur « la Voie de la Rectitude » (al-hidāya ilā al-ṭarīq al-mustaqīm), car c’est par [la guidance] que l’on arrive jusqu’à Dieu (exalté soit-Il), comme nous l’avons déjà mentionné.
Sa Parole : « la Voie de ceux que Tu as comblés de faveurs, et non pas [celle] de ceux qui ont encouru Ta Colère, ni des égarés » constitue un rappel de Ses faveurs accordées à Ses saints et de Sa vengeance et de Sa colère qu’encourent Ses ennemis, afin de susciter le désir et la peur [de Dieu] au fond du cœur.
[À ce propos], nous avons déjà dit que les Récit du Coran, inhérents aux Prophètes et aux ennemis, constituent deux parties très importantes du Coran.
Aussi, la Fātiḥa comporte huit des dix parties du Coran : l’Essence, les Attributs, les Actions, la mention du Grand Retour, Ia Voie de la Rectitude et ce qui s’y rapporte — c’est-à-dire la purification et le parement des qualités louables —, le rappel des faveurs des saints et la Colère [divine envers] les ennemis. Les deux parties non contemplées sont les arguments opposés aux incroyants et aux statuts [légaux] des juristes. Il s’agit de deux « arts » d’où découlent les sciences du kalām et de la jurisprudence. Ceci explique pourquoi ces deux [dernières] sont situées au bas de l’échelle des sciences religieuses. Seul l’amour de l’argent et des honneurs font préférer [ces deux] aux autres.
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Les formes de nourritures sont très variées. Le Très-Haut crée des nourritures prodigieuses innombrables selon un enchaînement de causalités infiniment insaisissable. Il serait trop long de nous arrêter sur chaque forme de nourriture. Et puisque celles-ci se constituent soit de médicaments, soit de fruits, soit des aliments durs, contentons-nous d’évoquer cette dernière catégorie qui est la plus essentielle. Nous considérerons à cet effet une simple graine de blé.
Si tu ne disposais que d’une ou quelques graines à manger, tu mourrais rapidement de faim. Il est donc nécessaire que cette graine se développe et se multiplie pour satisfaire à ton besoin. Dieu a ainsi donné à la graine d’orge la capacité de se nourrir comme Il te l’a donnée à toi-même. Elle ne se distingue pas de toi en cela, même si elle ne peut ressentir et se mouvoir comme tu le fais. Elle se nourrit en effet en absorbant l’eau à travers des petits vaisseaux, et elle attire à elle-même ses aliments ainsi que tu le fais. Nous ne nous attarderons pas à décrire les organes qu’emploient les plantes dans cette quête de nourriture, mais nous nous arrêterons simplement sur ses aliments.
De même que tu ne peux te nourrir de bois ou de terre, et que tu as besoin d’aliments particuliers, la graine aussi ne saurait se nourrir de tout ce qui se présente. Elle a des besoins spécifiques. J’en veux pour preuve que si tu la gardes chez toi hors de terre, elle ne poussera pas. Parce qu’elle n’est entourée que d’air, or celui-ci ne suffit pas à la nourrir. Si tu la laisses dans l’eau, elle ne poussera pas davantage. Et si tu la laisses dans une terre sèche, elle ne poussera toujours pas. Elle a donc besoin d’un terrain humide où l’humus mêlé à l’eau se transforme en terre fertile. Le Très-Haut fait allusion à ce fait lorsqu’Il dit : « Que l’homme considère sa nourriture : Nous avons fait s’écouler l’eau, puis Nous avons fendu la terre, et Nous y avons fait croître des graminées, des vignobles, des légumes, des olives et des dattiers. »
Mais l’eau et la terre ne suffisent pas à faire pousser la graine. En effet, si celle-ci est abandonnée sous un amoncèlement épais de terre grasse et compacte, elle ne peut germer, parce qu’il lui faut de l’air. Il convient donc qu’elle soit disposée dans une terre
meuble et légère qui laisse filtrer l’air. Cet air ne se déplace pas par lui-même, et il a besoin du vent pour le transporter et le plaquer avec force au sol afin qu’il s’y infiltre. Le Très-Haut déclare en ce sens : « Nous avons envoyé les vents fertiles. » Or, leur fertilité consiste à permettre ce mélange entre l’air, l’eau et la terre. Puis tout cela reste vain si le froid est trop intense ou le temps trop pluvieux. La graine a besoin de la chaleur du printemps et de l’été. Il apparaît donc que l’alimentation de la graine est liée à ces quatre éléments.
L’eau doit être conduite jusqu’à la terre cultivée depuis les mers, les rivières ou les canaux. Vois ainsi comme Dieu a créé les mers, et a fait couler des sources à partir desquelles se forment des rivières. Puis la terre est parfois trop élevée pour que l’eau s’y achemine d’elle-même. Vois alors comme Dieu a créé les nuages et les a assujettis aux vents afin qu’ils soient acheminés par Sa permission vers les terres lointaines. Ces nuages sont étendus et denses, porteurs d’une lourde charge d’eau. Puis vois comme Il les déverse sur la terre à profusion au printemps et en automne, selon le besoin. Vois comme il a fait des montagnes des réservoirs d’eau dont Il laisse s’écouler des sources progressivement. Si ces eaux étaient libérées d’un seul coup, elles inonderaient les terres, anéantissant semence et bétail. Les bienfaits que Dieu prodigue ainsi à travers les montagnes, les nuages, les mers et les pluies sont innombrables. Quant à la chaleur, elle n’est pas produite en l’eau et en la terre, car ces deux éléments sont froids. Vois donc comme Dieu a assujetti le soleil qui, en dépit de son éloignement, réchauffe la terre par intermittence, de sorte que le froid domine quand c’est nécessaire, et que le chaud domine quand c’est nécessaire. Ce n’est là qu’une des sagesses résidant en l’astre du jour, ces sagesses étant innombrables.
Puis lorsque les plantes sont surélevées par rapport à la terre, les fruits se font compacts et durs. Ceux-ci ont donc besoin d’une certaine humidité pour les faire murir. Or, vois comme Dieu a créé la lune, et lui a donnée cette particularité d’humidifier les choses comme Il a donné au soleil cette particularité de les réchauffer. Il fait ainsi murir les fruits et les colore selon une très sage disposition. Pour cette raison, si les arbres se trouvaient sous une ombre les privant de la lumière du soleil, de la lune et de l’ensemble des étoiles, ils en seraient altérés et non épanouis. C’est si vrai que même un petit arbre dépérit s’il se trouve à l’ombre d’un grand arbre. Tu peux constater l’effet humidificateur de la lune en te découvrant la tête de nuit. Lorsque l’humidité la pénètre excessivement, tu finis par être enrhumé. Or, de même qu’elle humidifie ta tête, elle humidifie les fruits.
Mais ne nous étendons pas sur de tels sujets dont une étude approfondie ne servirait pas notre propos.
Je dirai donc que tout astre ornant les cieux est affecté à une fonction, tout comme le soleil est affecté à celle de réchauffer, et la lune à celle d’humidifier. Ils participent tous à de nombreuses sagesses que les facultés humaines ne sauraient dénombrer. Si tel n’était pas le cas, la création de ces astres serait vaine et dénuée de sens. Alors, la parole de Dieu suivante serait infondée : « Notre Seigneur ; Tu n’as pas créé cela vainement », ainsi que Sa parole : « Nous n’avons pas créé les cieux et la terre pour jouer. » Et de même qu’il n’est dans ton corps d’organe qui ne serve un intérêt, il n’est dans le corps du monde d’organe qui ne serve un intérêt. Le monde dans sa globalité est ainsi à l’image d’un seul individu, et ses différents corps sont autant de membres le constituant et se soutenant mutuellement comme le font les membres du corps humain. Il serait long d’expliquer tout cela.
[…] Notre propos est donc de dire que l’alimentation de la plante ne peut se réaliser que si l’eau, l’air, le soleil, la lune et les astres y participent. Ce qui n’est possible que dans la mesure où l’ensemble s’inscrit dans une orbite, laquelle suppose un mouvement. Or ce mouvement ne peut s’exécuter que dans la mesure où des anges animent ces astres célestes. On voit donc que ces faits sont subordonnés à des causes lointaines que nous ne mentionnerons pas. Ce que nous en avons dit suffira en effet à se faire une idée sur ce point.
Tenons-nous en donc à ce qui a été indiqué au sujet des causes présidant à l’alimentation des plantes.
Tout aliment ne se trouve pas en tout lieu. Certaines conditions particulières doivent être réunies pour que telle ou telle nourriture se trouve en tel ou tel lieu. Or les humains sont dispersés aux quatre coins de la terre, et les aliments peuvent parfois être loin de leur portée, et même se trouver au-delà des mers et des déserts. Vois comme Dieu active les commerçants en leur faisant aimer passionnément l’argent et en leur faisant convoiter de grands bénéfices, alors que le plus souvent ils finissent déçus dans leurs attentes. Il arrive même parfois qu’ils amassent des sommes conséquentes puis qu’ils fassent naufrage avec leurs biens ou se les fassent voler par des bandits de grands chemins. D’autres fois, ils meurent en des terres étrangères, et c’est le sultan local qui récupère le tout. Finalement, le mieux qui puisse arriver aux commerçants est de perdre leurs biens en les léguant à leurs héritiers. S’ils étaient conscients de ce fait, les légataires seraient à leurs yeux leurs plus grands ennemis. Vois comme Dieu les a soumis à cette ignorance et à cette inconscience au point de leur faire affronter de grandes diffîcultés et braver de grands dangers dans la perspective de quelques bénéfices, et de leur faire risquer leur vie pour s’engager sur les mers en transportant des nourritures toutes sortes de biens, pour les conduire jusqu’à toi ! Vois comme Dieu leur a appris à construire des bateaux et à naviguer. Vois comme Il a créé des animaux qui se laissent apprivoiser pour transporter hommes et biens à travers les déserts. Vois Comme le chameau fut créé admirablement, et comme le cheval fût doté d’une grande vélocité. Vois comme l’âne fut prédisposé à endurer la fatigue, et le chameau à traverser des déserts sur de longues distances en portant de lourdes charges et en endurant la faim et la soif. Vois ainsi comme Dieu a conduit ces commerçants à transporter par monts et par vaux les nourritures et les biens en y employant des navires et des bêtes. Considère tout ce que nécessitent les montures en termes d’équipements et de fourrages, et ce que nécessitent les bateaux en termes d’industrie. Le Très-Haut a donc créé tout cela en proportion du besoin, et même au-delà du besoin. Il serait impossible de recenser ces innombrables formes de bienfaits. Par souci de concision, nous nous en tiendrons donc à ces quelques indications.
Les végétaux et les animaux issus de la terre ne peuvent être mis en bouche et avalés tels qu’ils se présentent. Il est nécessaire de leur apporter quelques modifications, de les cuire, de la cuisiner, de les nettoyer, de les trier, etc. Il serait long de préciser les préparations particulières de chaque aliment. Considérons simplement une miche de pain ; voyons les préparations nécessaires pour lui donner sa forme ronde finale et la rendre ainsi comestible.
Avant même de planter les semis du blé, la première chose dont a besoin un cultivateur est de labourer et de travailler la terre. Il s’aide pour cela d’un bœuf, d’une charrue et d’un certain nombre de matériels. Il doit ensuite arroser régulièrement ses plantations durant une longue période. Puis il doit désherber, puis moissonner, puis égrainer, puis monder, puis moudre, puis
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Le Très-Haut a créé les plantes. Celles-ci sont d’une constitution plus parfaite que les pierres, la terre, le fer, le cuivre et l’ensemble des éléments dénués de croissance et d’alimentation. En effet, les plantes sont ainsi faites qu’elles sont dotées d’une faculté à tirer leur subsistance de la terre à travers leurs racines et leurs vaisseaux. Il s’agit là des organes de leur alimentation. On peut d’ailleurs voir les petites veines qui drainent cette nourriture dans les feuilles des plantes. Les racines des arbres sont ainsi très larges à leur base. La sève qu’elles font remonter circule ensuite dans des vaisseaux qui se ramifient et deviennent de plus en plus exigus. Ceux-ci aboutissent finalement à des veines minuscules et imperceptibles aux extrémités des feuilles. Mais en dépit de cette constitution aboutie, les plantes sont imparfaites. Car si cette alimentation n’est pas conduite jusqu’à elles et mise à leur portée, elles sèchent et fanent. Et elles ne peuvent chercher leur nourriture en un autre lieu. Car cette action requiert une connaissance d’un tel lieu et une capacité à s’y rendre. Ce que les plantes ne peuvent faire.
Un des bienfaits dont Dieu te gratifie réside donc en ces sens et en ces membres moteurs dont Il t’a doté pour pouvoir aller au devant de ta nourriture. Observe la sagesse avec laquelle le Très-Haut a créé les cinq sens, lesquels sont autant d’instruments utiles à l’appréhension des choses. Le premier sens est ainsi celui du toucher. Il fut créé de manière à ce qu’en cas de brûlure ou de blessure, tu en aies la sensation et puisses te soustraire à sa cause. C’est le premier sens donné aux animaux. On ne saurait concevoir un animal privé de celui-ci. Car un être privé de ce sens ne serait tout simplement pas un animal. Le moindre degré de perception consiste en effet à ce que l’être ressente ce qui est en contact avec lui, et le touche. La perception des objets distants se situe indubitablement à un degré supérieur. Le sens du toucher se trouve donc en tout animal. Même le ver de terre en est doté. Car si on plante une aiguille dans sa chair, il se recroqueville et cherche à fuir. Ce qui n’est pas le cas des plantes qui peuvent être coupées sans se rétracter. Car elles ne sentent pas qu’on les coupe. Mais si tu n’étais doté que de ce sens, tu serais toujours imparfait comme le ver, et tu serais incapable de te procurer une nourriture éloignée de toi. Je dirais même que tu ne le pourrais à moins qu’elle soit en contact avec toi, et que tu en aies la sensation. Tu as donc besoin d’un sens te permettant de percevoir les choses à distance. Dieu t’a justement doté du sens de l’odorat. Mais celui-ci te permet simplement de sentir l’odeur des choses sans en connaître la localisation. Si tu n’avais que lui, tu serais contraint d’aller et venir dans de nombreuses directions afin de trouver cette nourriture dont tu sens l’odeur. Peut-être la trouverais-tu, mais peut-être ne la trouverais-tu pas. Tu serais donc encore extrèmement imparfait. Dieu t’a donc doté de la vue afin que tu puisses percevoir les objets qui te sont éloignés et connaître leur emplacement. Mais si tu n’étais doté que de ce sens, tu serais encore imparfait car tu ne pourrais percevoir les objets situés derrière un mur ou un rideau. Tu ne percevrais ainsi ta nourriture ou ton ennemi que dans la mesure où aucun obstacle ne s’interposerait entre vous. Il se pourrait alors que cet obstacle cesse de te dissimuler la présence de ton ennemi qu’une fois celui-ci trop proche pour fuir. Dieu t’a donc doté de l’ouïe, afin que tu puisses percevoir les sons au-delà des murs et des rideaux dès qu’un mouvement les produit. En effet, la vue ne te permet que de percevoir les objets présents. Quant aux objets absents, tu ne peux les connaître qu’à travers une description faite de lettres et de sons audibles. En raison du grand besoin que tu en avais, Dieu t’a donc doté de tout cela. Tu te distingues ainsi des animaux par ta capacité de comprendre les sons. Néanmoins, tout cela ne te serait d’aucune utilité si tu n’étais pas doté du sens du goût. Car les aliments seraient à ta disposition, mais tu serais incapable de savoir s’ils sont comestibles ou non, et tu aurais tôt fait de risquer ta vie. C’est le cas de l’arbre. ll absorbe indistinctement tous les liquides versés à ses pieds. Ce qui peut le tuer.
Par ailleurs, tous ces sens te seraient encore insuffisants si à l’avant de ton cerveau n’avait pas été créé une autre faculté appelée « sens de synthèse » vers lequel ces cinq sens convergent et sont regroupés. Car si, par exemple, tu prenais en bouche un aliment jaune au goût amer et impropre à la consommation, puis que tu le voyais une seconde fois sans être doté de ce sens de synthèse, tu ne pourrais savoir qu’il est amer et non comestible sans le goûter de nouveau. Parce que tes yeux ne perçoivent que la couleur et non l’amertume. Qu’est-ce qui te ferait t’abstenir de le goûter de nouveau, puisque le goût n’en perçoit que l’amertume et pas la couleur. Il faut donc bien qu’une faculté rassemble en elle-même la couleur et l’amertume, de sorte que si tu perçois la couleur jaune, elle puisse t’informer de son amertume, et te dissuader de le goûter de nouveau.
Les animaux partagent avec toi tous ces sens. La brebis, par exemple, n’est privée d’aucun d’eux. Si tu n’étais doté que de cela, tu serais donc encore imparfait. Car les animaux d’élevage sont capturés et attachés par le biais de quelques manœuvres et ne savent pas comment se libérer. Il arrive même qu’elles se jettent dans un puits sans réaliser qu’elles mettent leur vie en péril. Ces animaux peuvent consommer des aliments dont le goût leur plaît, mais dont la nature leur est nuisible, au point de tomber malade et de mourir. Car ils n’appréhendent que le présent et n’ont pas conscience des conséquences. Le Très-Haut t’a donc fait l’honneur de te distinguer des animaux en te dotant d’une autre faculté plus estimable que toutes celles qui précèdent. Il s’agit de la raison. C’est cette faculté qui permet de distinguer les aliments bénéfiques des aliments nuisible à court terme et à long terme. Elle permet aussi de comprendre comment la cuisiner, la associer et les préparer. La raison t’est donc utile dans l’alimentation. Et il se trouve que ta santé est tributaire de celle-ci.
C’est là le moindre des avantages et la moindre des sagesses qui sont attachés à ta raison. Sa plus grande sagesse étant de te permettre de connaître Dieu et Ses actions, ainsi que la raison d’être de Sa création.
Fort de cette raison, tu peux tirer profit des atouts de tes cinq sens. Ils œuvrent alors comme des espions et des agents de renseignements à ton service aux confins de ton royaume. Chacun est affecté en propre à une fonction : l’un est chargé de t’informer des couleurs ; l’autre des sons ; l’autre des odeurs ; l’autre des goûts ; et l’autre encore de la température, de la texture, de la dureté, etc. Ces espions et postiers rapportent donc des informations des quatre coins de ton empire, et les rassemblent dans le sens de synthèse. Celui-ci se tient au-devant du cerveau, comme le documentaliste se tient sur le seuil du royaume pour recueillir les histoires et les ouvrages en provenance du reste du monde. Il les réceptionne encore cachetés et les prend en charge, car sa fonction se borne à les recueillir, les rassembler et les conserver, non de connaître ce qu’elles contiennent. Mais lorsqu’il entre en contact avec le cœur raisonnable, lequel est le gouvernant et le roi, il lui remet le tout. Alors, le roi inspecte le contenu de ces correspondances et s’informe par leur biais des secrets du royaume. Puis il rend des jugements inouïs que l’on ne saurait décrire en cette occasion. Et c’est en fonction de ce qu’il croit concourir à son intérêt qu’il met en mouvement ses armées que sont les membres du corps : soit pour aller au-devant d’un objectif, soit pour fuir une nuisance, soit pour prendre des dispositions quelconques.
Voilà comment Dieu te dispense Ses bienfaits relatifs à l’appréhension des choses. Mais ne t’imagine pas que nous avons épuisé le sujet. Car les sens externes ne sont qu’une partie des sens. Puis, si nous considérons simplement la vue, laquelle n’est qu'un seul de ces sens, et que nous observons l’œil qui en est l’organe, nous constatons qu’il est constitué de dix strates superposées. Les unes sont faites de matières visqueuses, et les autres sont des enveloppes. Certaines de ces enveloppes ressemblent
à des toiles d’araignée, et d’autres sont comparables à des membranes. Certaines des matières visqueuses ressemblent à du blanc d’œuf, d’autres ressemblent à de la glace. Puis chacune de ces dix strates a une fonction, une forme, une configuration, une taille, une rondeur et une disposition bien précises. Si une seule de ces strates est défectueuse, ou si même l’une des fonctions d’une strate n’est plus remplie, le regard s’en trouve affecté d’une façon qui laisse tous les médecins et spécialistes du khôl impuissants. Et il ne s’agit là que d’un seul sens ! On pourrait en dire autant de l’ouïe et de l’ensemble des sens. J’ajouterai qu’on ne saurait rendre compte de manière exhaustive des sagesses et des bienfaits que le Très-Haut place en la simple vue et ses différentes strates, même si nous rédigions à cet effet de nombreux volumes. Pourtant, l’œil dans sa réalité physique n’est pas plus gros qu’une petite noix. Que dire alors de l’ensemble du corps avec ce qu’il comporte de membres et de dispositions extraordinaires.
Voilà donc quelques aperçus sur les bienfaits dont le Très-Haut nous gratifie à travers la création des organes de perception.
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[…] les œuvres les plus assidues sont les plus méritoires, même si elles sont peu importantes. Et on ne saurait être assidu en tous les offices si on les accomplit chacun dans sa mesure la plus extrême. C’est pourquoi il vaut mieux s’en tenir à une mesure moindre, mais plus assidument. L’effet sur le cœur en est plus grand. Une dévotion courte, mais assidue est comparable à une goutte qui tombe de manière ininterrompue : même si elle tombe sur la roche, elle finit par la creuser. Quant à la dévotion longue, mais occasionnelle, elle est comparable à des épanchements d’eau abondants, mais rare : ceux-ci ne laissent aucune trace notable.
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« […] les œuvres les plus assidues sont les plus méritoires, même si elles sont peu importantes. Et on ne saurait être assidu en tous les offices si on les accomplit chacun dans sa mesure la plus extrême. C’est pourquoi il vaut mieux s’en tenir à une mesure moindre, mais plus assidument. L’effet sur le cœur en est plus grand. Une dévotion courte, mais assidue est comparable à une goutte qui tombe de manière ininterrompue : même si elle tombe sur la roche, elle finit par la creuser. Quant à la dévotion longue, mais occasionnelle, elle est comparable à des épanchements d’eau abondants, mais rare : ceux-ci ne laissent aucune trace notable. »
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Abû-Hâmid Al-Ghazali
Parmi les vertus de la force qu'exige de toi l'Islam il y a ceci : tu dois avoir une résolution ferme, déterminée à atteindre ton but par les moyens sûrs qui t'en rapprochent, déployant tous tes efforts pour arriver à ce que tu veux en empêchant la chance d'interférer dans ta démarche et en ne laissant pas les destinées entreprendre pour toi ce que tu n'as pu réaliser.
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Sache que l’être humain est un résumé du monde : il comporte en lui un reflet de chaque forme présente dans le monde. Ainsi, ses os sont l’équivalent des montagnes, sa chair équivaut à la terre, ses cheveux équivalent aux plantes, sa tête correspond au ciel et les sens aux astres. Il serait long de développer ici toutes les correspondances.

De la même façon, on retrouve en l’homme les artisans du monde extérieur : la capacité de l’estomac correspond au cuisinier ; celle du foie au boulanger ; celle des intestins aux blanchisseurs ; la capacité de produire du lait blanc et du sang rouge correspond aux teinturiers.

Exposer tout cela en détail serait trop long. L’essentiel est que tu saches qu’il se trouve en toi bien des mondes différents qui s’affairent tous à ton service. Alors que tu en es insouciant, eux ne se reposent point. Tu ne les connais pas et tu n’es pas reconnaissant envers Celui qui t’en a comblé ! (pp. 84-86)
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Sache que si aujourd’hui l’homme a la forme du fils d’Adam, dans l’Au-delà les réalités intelligibles(1) se dévoileront à lui et les formes lui apparaîtront comme des réalités intelligibles. Ainsi, celui qui était dominé par la colère sera ressuscité sous la forme d’un chien, et celui qui était dominé par le désir le sera sous la forme d’un porc car les formes dépendent des réalités intelligibles. Du reste, le dormeur ne voit en rêve que ce qui se trouve réellement en lui.

(1) Le terme ma’nâ pl. ma’ânî désigne en premier lieu le sens, la signification. Dans le contexte de cette phrase il désigne la réalité spirituelle, l’essence d’une chose. (pp. 64-66)
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La perfection humaine réside en cela : l’Amour de Dieu doit conquérir le cœur de l’homme et le posséder complètement, et s’il ne le possède pas complètement, il doit prédominer dans son cœur avant toute autre chose.
(…)
Quand l’ange de la mort vint pour prendre l’âme d’Abraham – que la Paix soit sur lui –, ce dernier dit : « As-tu déjà vu un ami prendre la vie d’un ami ? » Dieu lui répondit : « As-tu déjà vu un ami peu disposé de voir un ami ? » Alors Abraham – que la Paix soit sur lui – dit : « Ô Azraël, prends mon âme ! »

La prière suivante a été enseignée par le Prophète – que Dieu le bénisse et le salue – aux Compagnons : « Ô Dieu, accorde-moi de T’aimer, d’aimer ce que Tu aimes, et tout ce qui me rapproche de Ton Amour et fais que Ton Amour me soit plus précieux que l’eau fraîche pour étancher la soif ».
(…)
Tant qu’il est dans ce monde, l’homme qui aspire à la Vision de Dieu se trouve dans une condition comparable à celle d’un amoureux qui voudrait voir le visage de sa bien-aimée dans le crépuscule, alors que ses vêtements sont infestés de frelons et de scorpions qui le tourmentent continuellement. Mais le soleil se lèvera et dévoilera le visage de la bien-aimée dans toute sa beauté, et la vermine malaise cessera de le torturer. La joie de l’amoureux sera alors comme celle du serviteur de Dieu, qui, libéré du crépuscule et du tourment des épreuves de ce monde, Le contemplera sans voile.
(…)
Si son amour est réellement fort, il devra aimer tous les hommes, car tous sont des serviteurs de Dieu ; qui plus est, son amour doit embrasser toute la création car celui qui aime un poète aime les œuvres qu’il compose ainsi que son écriture. (pp. 127-128, 136, & 142)
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Ceux qui s’adonnent sans limite aux plaisirs de ce monde seront à l’instant de leur mort comme un homme qui s’est empiffré à satiété d’aliments délicieux pour les vomir. Ce qui était délectable s’en est allé, seule la honte reste. Plus grande aura été l’abondance de biens dont ils sont joui sous la forme de jardins, d’esclaves masculins et féminins, d’or, d’argent, etc., et plus ils ressentiront vivement l’amertume de s’en séparer. Pour l’âme qui a fait de la cupidité une habitude bien établie, cette amertume survivra à la mort et l’âme continuera nécessairement à souffrir dans l’Au-delà des angoisses du désir insatisfait.

Une autre propriété dangereuse des biens de ce monde est qu’ils apparaissent au premier abord comme sans importance, mais chacun de ces biens soi-disant « sans importance » se diversifie en ramifications sans nombre qui finissent par engloutir complètement le temps et l’énergie de l’homme.

Jésus – que la Paix soit sur lui – disait : « L’amoureux de ce monde ressemble à un homme qui boirait de l’eau de mer : plus il en boit, plus il a soif, jusqu’à ce qu’à la fin il meure, torturé par une soif inextinguible ».

Le Prophète – que Dieu le bénisse et le salue – disait : « Tu ne peux pas davantage te mêler au monde sans être contaminé qu’aller dans l’eau sans te mouiller ».

Le monde ressemble à une table dressée pour accueillir une succession de convives qui vont et qui viennent. Ils ont de la vaisselle d’or et d’argent à leur disposition, et de la nourriture et des parfums en abondance. Le convive sage mange ce qui lui est nécessaire, respire les parfums, remercie son hôte et s’en va. Le convive insensé, lui, essaie d’emporter de la vaisselle d’or et d’argent, mais on la retrouve, la lui arrache des mains et on le jette dehors, déçu et honteux. (pp. 67-68)
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