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Citations de Agathe Novak-Lechevalier (19)


Il y a chez Houellebecq non seulement un questionnement métaphysique toujours sous-jacent, mais une dimension sentimentale qui relève précisément d'une volonté de rétablir une part méprisée et pourtant fondamentale de l'humanité. Il me semble difficile de classer parmi les cyniques un auteur capable d'assumer de telles déclarations:
"Je reste un romantique, émerveillé par l'idée d'envol (de pur envol, spirituel, détaché du corps). J'estime la chasteté, la sainteté, l'innocence ; je crois au don des larmes et à la prière du cœur." (Extrait de "La poursuite du bonheur")
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À la question de savoir quelle est "l'unité, ou la ligne directrice obsessionnelle" de son œuvre, Houellebecq répond par cette phrase qui me semble décisive: "Avant tout, je crois, l'intuition que l'univers est basé sur la séparation, la souffrance et le mal; la décision de décrire cet état de choses, et peut-être de le dépasser."
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Houellebecq (…) ne désigne plus tant aujourd’hui un individu concret qu’une fiction, le point de cristallisation de représentations multiples, souvent contradictoires et en constante évolution.
Agathe Novak Lechevalier


Lorsqu’une femme refuse de me toucher, de me caresser, j’en éprouve une souffrance atroce, intolérable ; (…) c’est si effrayant que j’ai toujours préféré, plutôt que de prendre le risque, renoncer à toute tentative de séduction. (…) j’ai l’impression à ces moments de mourir, d’être anéanti, vraiment.
Michel Houellebecq
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Sans vie intérieure, on n'a plus rien à échanger avec les autres. On entre dans un univers de zombies décérébrés.
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Entretien entre MH et jean de Loisy (page 315) :
JdL : La fixité fait partie des exercices auxquels tu dis t'être livré très jeune, juste regarder longtemps quelque chose.
MH : Oui, regarder les choses fixement, sans objet.
JdL : Ca permet le détachement ?
MH : C'est très bon pour la santé. En général, on a toujours plus ou moins un projet, et regarder les choses sans projet, comme si on n'était pas concerné, c'est un exercice spirituel que je recommande.
JdL : Comment fait-on ?
MH : Tu restes à un endroit et tu ne bouges pas les yeux.
JdL : Mais il y a des accidents qui se produisent dans ton champ de vision.
MH : Mais tu les vois comme des choses qui passent.
C'est très facile à faire avec des nuages. Tu regardes les nuages qui passent et tu as l'impression de voir le monde, et que le monde est supportable.
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L'art du romancier ne se résume ni à l'invention d'un personnage intéressant, ni à la construction d'une intrigue convaincante ; ce qui compte avant tout, c'est sa capacité à produire une analyse de la société contemporaine. "Rendre compte du monde", c'est parvenir à en donner une représentation qui puisse dépasser l'anecdote et atteindre à l'exemplaire.
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Comme, tous les suicidés en vie, Houellebecq nous aide à vivre et c'est à cette aide paradoxale, perverse en apparence, et que ne comprendront jamais ceux qui n'ont pas eu la tentation du rasoir ou de la fenêtre, que nous rendons grâce. Pour vivre sans dommage, il nous faut perpétuellement ruser avec la vie.
Pierre Cormary (p212)
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Modification d’un regard.Lorsque les fondements de la consolation philosophique s’effondrent,lorsque les promesses de la religion font défaut, lorsque l’extension du vide menace de nous engloutir,une seule consolation subsiste:la littérature.
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On invoque souvent la capacité qu'aurait Houellebecq de saisir "l'esprit du temps". Et il y a sans aucun doute, chez le romancier, une faculté intuitive qui l'amène à voir de manière particulièrement aigüe les dynamismes caractéristiques de son époque.
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Michel Houellebecq : « Je pense que s'il y a littérature, c'est qu'il y a problème. La littérature ne crée pas le probleme, elle ne le résout pas non plus; on peut juste considérer que le livre rend la vie acceptable. Au fond je préférerais qu'il n'y ait pas de problème, et donc pas de littérature. Que nous soyons tous à folâtrer comme des caniches aimants. »

Lydie Salvayre : « Mais on ne rirait plus du tout. Pour qu'il y ait rire, il me semble, il faut qu'il y ait tension, il faut que ça ne tourne pas rond, que ça cloche. Si les caniches ne rient jamais, ce n'est pas pour rien ! »

MH : « C'est vrai, mais leur sourire est lumineux et profond. Je souscris à ce point de vue de Baudelaire : notre rire est celui des damnés. Par exemple, j'ai ri à ce dialogue de La Puissance des mouches : « On n'est que de la merde. - Et encore. » Je me suis réjoui de voir que Pascal rejoignait les platitudes de comptoir. »


Échange entre MH et LS dans la revue Perpendiculaire num. 2, printemps 1996
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[…] Je n’ai jamais eu besoin d’être orthodoxe pour porter aux nues les romans de Dostoïevski, encore moins communiste pour admirer ceux d’Aragon, ni originaire de Manosque pour aimer ceux de Giono. Devant une œuvre d’art véritable, les désaccords ne ridiculisent que ceux qui les mettent en avant pour se protéger contre sa beauté et sa vérité.

Ce qui est piquant dans ce commentaire, c’est de constater qu’à peu près tout ce qui pourrait irriter Muray (la valorisation des femmes, le désaveu de Nietzsche, le respect de la loi morale) est justement ce que l’on refuse de voir aujourd’hui chez Houellebecq. Mais là n’est pas l’essentiel : ce qui importe, c’est que ses objections, quelles
qu’elles soient, tombent devant ce qu’il perçoit comme « une œuvre d’art véritable ». Non qu’il parte de ce postulat - mais sa lecture lui a fait percevoir la richesse du roman. Et pour ma part, bien que manifestement je ne partage pas certaines positions de Muray, je ne peux qu’admirer sa capacité à dépasser ce qui est susceptible de l’agacer pour se laisser gagner par la beauté d’une œuvre.
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Agathe Novak-Lechevalier
O : Obstiné
C'est ma qualité, ma seule qualité en réalité. Quand je sens que je peux finir, je ne lâche pas l'affaire. Bien que je travaille beaucoup, je ne suis pas travailleur de nature, j'ai un fond paresseux très réel. Je ne suis pas non plus courageux. L'obstination peut tenir lieu de goût pour le travail, peut tenir lieu de courage, elle peut tenir lieu d'à peu près toutes les autres qualités.
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D : Depression
C'est la maladie moderne par excellence - l'hystérie, c'est fini. Mais ce n'est qu'un début : tout le monde finira dépressif à partir d'un certain âge. Il n'y a strictement rien à faire parce que le niveau d'exigence des humains par rapport à leur propre vie va continuer d'augmenter mais pas les capacités de réalisation. Il y a peut-être un espoir chimique. Je n'ai pas trop utilisé ça dans mes livres mais j'aime bien quand on parle de libération de neuromédiateurs. La dépression est un prix indispensable à payer pour la société que les gens veulent avoir.
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Et il retrouve les sensations de joie éprouvées lors de ses années de lycée,lorsqu’il séchait un cours:
A tous les étages des etres humains vivaient,respiraient,essayaient d’eprouver Du plaisir ou d’ameliorer Leurs potentialites personelles.[...]Ils,pour reprendre l’expression la plus communément employée.lui-meme commençait à avoir un peu de sommeil;il ne demandait plus rien,il ne cherchait plus rien,il n’etait Plus nulle part;lentement et par degrés son esprit montait vers le royaume du non-être,vers la pure extase de la non-presence au monde.Pour la première fois depuis l’age De treize ans,Bruno se sentit presque heureux.
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Un livre en effet ne peut être apprécier que lentement;il implique une reflexion( non surtout dans le sens d’effort intellectuel,mais dans celui de retour en arrière);il n’a pas de lecture sans arrêt,sans mouvement inverse,sans relecture.[...] De toutes ses forces(qui furent grandes),la litterarature s’oppose à la notion d’actualite Permanente, de perpétuel présent. Les livres appellent des lecteurs,mais ces lecteurs doivent avoir une existence individuelle et stable[...];ils doivent aussi être,en quelque manière,des sujets.[...]Les Occidentaux contemporains ne parviennent plus à être des lecteurs;ils ne peuvent plus satisfaire à cette simple demande d’un livre posé devant eux: être simplement des etres humains,pendant et ressentant par eux-mêmes.
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"Dans Plateforme, Michel, le narrateur, est parti en voyage en Thaïlande, et parcourt des paysages censés être paradisiaques. Mais il semble à peine accorder à ceux-ci un regard : il est plongé dans des best-sellers américains. Happé par le suspense ? Non : il lit "avec résignation" La Firme, de John Grisham ; puis tente vainement de s'intéresser à Total Control de David G. Balducci – "mais c'était encore pire". Les deux ouvrages finissent enfouis dans un trou creusé dans le sable. C'est là que les ennuis commencent : "le problème était maintenant qu'il fallait que je trouve quelque chose à lire", commente-t-il ; car "vivre sans lecture c'est dangereux, il faut se contenter de la vie, ça peut amener à prendre des risques". Qu'à cela ne tienne : il dérobe un Elle à des pin-ups sur la plage, puis dévore, comblé, Le Vallon d'Agatha Christie."
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Je ferai volontiers l’hypothèse que ce n’est pas tant dans le monde que représente Houellebecq que les lecteurs se reconnaissent ; mais bien plutôt dans cette fondamentale étrangeté au monde, dans ce sentiment d’aquaplaning constant qui est si bien dépeint dans ses romans. Et que ce sentiment devienne soudain, à l’intérieur du roman, la norme universelle (ou presque), voilà qui est profondément consolant.
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L’idée même de consolation se voit désormais l’objet d’une triple méfiance : artistique - elle apparaît réservée aux œuvres de seconde zone relevant de la « culture de masse » ; politique - elle est soupçonnée de n’être qu’un narcotique servant les intérêts des puissants ; économique - l’insatiable besoin de réconfort dont elle émane ne représente plus qu’un argument de vente assurant des profits illimités. C’est l’aboutissement d’un long déclin, au terme duquel tous les anciens modèles de la consolation se trouvent périmés, tandis que s’en invente un nouveau, qui a tout, jusqu’à la ressemblance phonique, pour lui servir de substitut dégradé : la consommation. La consolation s’apprête à devenir une industrie.
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Comme tous les autres membres de la société,et peut être encore plus qu’eux,[les adeptes du New Age] ne faisaient en réalité confiance qu’a La science,la science était pour eux un critère de vérité unique et irréfutable.Comme tous les autres membres de la société,ils pensaient au fond d’eux-meme Que la solution à tout problème y compris aux problèmes psychologiques,sociologiques ou plus généralement humains- ne pouvait être qu’une solution d’ordre technique.
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