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Citations de Agustin Gomez-Arcos (88)


- Je t'aime parce que tu es à moi. Je t'aime parce que je te possède. Je t'aime parce que tu as besoin d'amour. Je t'aime parce que tu es le désordre et que je n'aime pas l'ordre. Je t'aime parce que, lorsque tu me regardes, et cela depuis toujours, je me sens un héros. Et je t'aime surtout parce que j'ai enfin compris que je ne peux parler de mon amour à personne d'autre que toi, et que le véritable amour, c'est ça. Deux êtres qui forment une seule solitude, un seul silence. Je t'aime aussi parce que ton contact me pousse à la limite de ma virilité. "
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La neige se remet à tomber, sereine, fidèle, enveloppant dans son suaire le cadavre d’une femme nommée Ana Paücha, soixante et quinze ans, qui fut épouse, mère et veuve de quatre hommes Paücha, fauchés par la guerre civile espagnole et ses prisons de la haine. Nulle pierre tombale ne perpétue ces cinq noms :
Ana Paücha
Pedro Paücha
Jose Paücha
Juan Paücha
Jesus Paücha dit le « petit »
Nul œil ne les pleure.
Nul mémoire n’en garde trace.
Ce ne sont que les noms de cinq saints sans église. Des anti-noms.
Des non.
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La main qu'elle tend vers la charité n'est pas sa main. Caressée par les mains fortes de son mari, elle avait mis au monde trois autres paires de mains, fortes elles aussi, qui auraient su toujours porter à sa bouche le pain du travail, garnir ses poches de l'argent nécessaire pour se procurer le feu et les chaussures, le lit de la nuit et la lumière du jour. Mais la guerre a amputé ces prodigues mains d'hommes. La main qu'elle tend maintenant lui a été greffée par la guerre. La fière Ana non n'a pas une âme de mendiante. Sans cette amputation sa main aurait continué de confectionner les filets pour ses hommes de mer.
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Ma solitude, c'est quatre lits où s'épanouissaient quatre corps d'hommes, jadis. Vides, les lits. Morts, les hommes. Ma solitude, c'est une barque blessée dans son corps , qui se dessèche au bord de la mer, barque désertée que n'accueille plus le salut des mouettes tous les petits matins de la joie du retour. Ma solitude, c'est ce nom heureux que je ne pourrai pas donner à mes petits-enfants, morts avant d'être nés. Ma solitude, c'est ce nom de grand-mère que je n'entendrai jamais, sauf dans le trou noir de mes rêves.
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Petite fille, j'ai toujours eu les joues parsemées de petits boutons provoqués par la barbe de mes douze pères*… qui ne se rasaient pas très souvent. Quand j'y pense maintenant, je sais que ce n'était que l'éruption d'un trop-plein de bonheur.


*(son père et ses 11 frères ainés)
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Un mot impitoyable, vide de charité, ce mot de "rouge". Aussitôt prononcé, tout lien de sang, de naissance ou de lieu échappait à son contexte. C'était un mot dévitaminé, décalcifié, un mot maigre d'amour, mais gros de haine. Il sonnait comme la gifle que le fils donne au père,il était pointu, s'aiguisait d'un seul coup, tel le couteau qu'on enfonce dans le dos d'un frère. Un mot Caïn dirigé contre Abel.
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Grain de poussière dans un univers de solitrude, l'enfant s'approcha de la femme tondue et lui tendit une main, qu'elle prit de toutes ses forces, comme une naufragée. Ils marchèrent ensemble, la femme tondue et l'enfant. Un enfant de 6 ans, qui, en ce jour de barbarie, souhaita en son for intérieur un rude destin à ses semblables, tous, vainqueurs et vaincus.
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Je t'aime parce que je te sens capable d'aimer quelqu'un d'autre, et pourtant, tu n'aimes que moi.
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Quatre noms à prononcer : Pedro, Juan, José, Jésus, à modeler dans sa bouche comme quatre globes terrestres, à articuler selon ses humeurs, avec amour ou colère, et d'un seul coup, plus personne à appeler, plus rien à dire. Trente ans de silence, au jour, à l'heure, à la minute près. Trente ans de nuits. Bien sûr, elle disait bonjour et au revoir, que c'est gentil à vous et merci bien. Mais ça, ce n'est pas parler. C'est aggraver le silence.
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J’ai pleuré toute seule la mort de les Paücha, l’absence de mon petit. Si on peut appeler ça pleurer, ce silence qui m’a cousu la bouche depuis qu’ils ont quitté la maison pour ne plus y revenir. C’est ça la guerre. Cet après qu’on souffre en solitaire lorsque le silence en revient. C’est ce que vous appelez la paix. C’est votre affaire.
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Seule, [la date] de son arrivée l'inquiète, sa rencontre avec le Nord, avec son fils, sa mort. Fera-t-il jour ou nuit ?
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C'est là que le général Millan-Astray, compagnon de massacre du général Franco, a crié : "Mort à l'intelligence ! Vive la mort !". Cri de haine entendu et suivi par tout le monde. Sans exception.
C'est là que le grand philosophe de l'existentialisme, Miguel de Unamuno, poète de la dureté, lui a répondu : "Vous vaincrez. Vous ne convaincrez pas !". Cri silencieux, étouffé par tout le monde. Sans exception.
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Ana Paücha mange son casse-croûte et ne se mêle pas à la conversation. Elle se sent étrangère aux choses de la terre. Elle est femme de mer. Même à moitié endormie, elle pourrait indiquer les meilleurs moments pour pêcher les écrevisses, récolter les algues grasses pour nourrir les cochons, ramasser des grappes de pouces-pieds qu'on cuit arrosés de vin blanc, chercher des bouts de corail polis par les vagues. Elle connaît tous les secrets de la mer, mais aucun de la terre. Elle peut prévoir l'approche de la tempête par le rire hystérique des mouettes, mais le sifflement moqueur du merle au bec jaune ne lui apprend rien. Le ventre plein, elle se laisse aller au sommeil.
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On ne doit pas attendre des autres qu’ils fassent ce que nous ne sommes pas capables de faire nous-mêmes.
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Don Pepe était naturellement doué pour l'enseignement tel qu'on le conçoit en Espagne; tout gosse est une brute tant que l'on ne démontre pas le contraire. Et le contraire n'a jamais été démontré...si l'on se reporte à la férocité avec laquelle les enseignants tiennent à leur concept de la discipline. Un gosse, ça se polit à petit feu, sans pitié, sans relâche, jusqu'à ce que la bête qui l'habite laisse sa place à l'homme qu'il doit devenir. Evidemment, la bête n'est pas toujours disposée à foutre le camp et faciliter ainsi le boulot- ça, c'est un principe absolu- et la nécessité de la guerre est alors évidente.
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Parallèlement , le pouvoir , affublé de soucis européens , avait créé une autre couche sociale , appelée ' classe moyenne ' . Des gens bizarres , spécimens jusqu'à lors inconnus dans la faune nationale , adonnés à de petits vices vantés comme grosses vertus : voiture , frigo ,appartement , week-end , traite . Ces êtres formaient une épaisse nappe de lave qui durcissait à vue d’œil , isolant l'élite du peuple profond , protégeant l'oligarchie éclairée . Une masse productive , parfaitement douée pour faire fructifier l'arbre des riches et passionnée de l'administration et de l'emprunt ....Le pouvoir se livra allègrement à la censure et au boom économique .
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Ana Paucha, réveille-toi. Quitte ta maison avant que renaisse le soleil. La lune est morte. Personne ne verra ton départ. Personne. Ni bête. Ni étoile. Il ne faut pas de témoins pour ce que tu as à faire. C'est bien ce que tu désirais lorsque tu t'es assoupie sur ta chaise tout à l'heure : partir sans laisser de traces. C'est le moment. Ce voyage, tu dois l'entreprendre dignement, sans peur. Avec l'espoir que moi, je ne serai pas aussi mesquine avec toi que la Vie.
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Notre belle République libertaire espagnole, qui se drapait de rouge, jaune et violet, malgré qu’elle ait été voulue par la plupart d’entre nous, n'était pas un fait réel et accompli. Seulement un rêve de chair et dos, germé dans l'enthousiasme, mais enfoui dans l'inconscient, dans le sommeil. Un rêve qui a dégénéré en cauchemar de sang. Nous sommes-nous jamais réveillés ?
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La dame parfumée semble avoir entendu l'agenouillé. Elle dit : « Vous m'avez l'air d'être propre comme un sou, mon garçon. J'approuve la propreté. Un pauvre propre n'est pas un mendiant professionnel, sa pauvreté est bien réelle. Je ne regrette pas de lui porter secours. Il doit y avoir une semaine que vous faites l'aumône. Je me suis aperçue que vous ne sentez pas l'aisselle, quand vous tendez la main. C'est admirable, transpirant comme vous le faites sous ce soleil de justice. Oui, votre propreté me plaît. Je suis sûre qu'elle vous vient de l'âme. Quand on a l'âme propre, la pauvreté n'est pas feinte. Ni méritée. Ce qui m'amène à exercer sans regrets la charité, comme le Christ et l’Église nous le conseillent. Oh, n'allez surtout pas pleurer, je vous prie ! Je ne vous parle pas comme ça pour vous émouvoir. Vous tenez votre rôle de miséreux avec la même dignité que d'autres le rôle d'évêque, de P.-D.G., de maréchal. Soyez-en fier. (...) »
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A partir du moment où l'on étrangle la liberté d'un peuple, tous les pouvoirs officiels du monde deviennent vos amis, vos alliés.
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