Aharon Appelfeld

Je vis, je respire et j’apprends chaque jour quelque chose de nouveau.

Mon père acheta une glace et un gâteau au pavot pour adoucir le manque que je ressentais, mais je me languissais de maman d’heure en heure.

Dans la vitrine du buffet, il y a un livre de prières très ancien, couvert de velours. Une fois par an, à Kippour, maman le sort pour prier. Elle a reçu ce précieux livre de sa grand-mère. Orné de gravures d’artistes, il exhale une bonne odeur de feuilles sèches.

Nous montions lentement. Le silence s’épaississait et les prodiges ne tardèrent pas à se révéler : ici, un pommier couvert de pommes rouges au beau milieu des bois ombragés. Tandis que nous le contemplions, un faon apparut entre les arbres, gracile, aux aguets. Il nous regarda, prit peur et s’enfuit.

Une pensée le traversa : c'était étrange que Dieu ait précisément mis Thomas sur son chemin. Le professeur de religion, frère Peter, répétait qu'il n'y a pas de hasard en ce monde. Tout est dirigé par une main invisible. Quand on rencontre quelqu'un, c'est signe qu'on devait croiser son chemin, c'est signe que l'on va recevoir de lui quelque chose qui nous manquait. Il ne faut pas ignorer ces rencontres. Dans chacune d'elles est contenue la promesse d'une découverte.

Tsili craignait le secret de leurs visages plus que les ténèbres de la nuit.
p.109

Je voyais des scènes du ghetto où ma mère apparaissait.Elle continuait de se dévouer pour ses pauvres ,mais au lieu de courir de toutes parts ,elle volait de fenêtre en fenêtre.La Parti communiste,dont elle avait rejoint les rangs dès sa plus tendre jeunesse,ignorait ses appels au secours.Les camarades qui avaient promis de lui venir en aide s'étaient dérobés ,mais rien n'avait entamé sa foi :" Le vrai communisme est exempt de discriminations et défend les faibles quels qu'ils soient.Si le Parti ne le fait pas maintenant ,il le fera plus tard ",avait -elle dit à une amie le jour précédent mon départ.

Papa critiqua vivement la petite bourgeoisie juive qui n'avait d'autre univers que l'argent,des maisons de campagne et un vernis de religion.Oncle Lumpel ne fut pas de reste. Il s'attaqua à l'art moderne qui faisait surgir de son sein des fantômes, des cauchemars et des perversions sexuelles. Mon père clama qu'on devrait exterminer les commerçants juifs qui flétrissaient tout ce qui existait de bon. Le lendemain sous le coup de l’exaspération, ils partirent de la maison comme si elle était en flammes ( p 78)

"Il faut que je cache encore les grands-parents."

Cette phrase montre leurs impuissances par rapport au parti nazi. Ils sont obligés de se cacher dans la forêt car ils sont Juifs et se font exterminer si il se font voir. Page 7.

Janek raconte au vieux Sergueï ce que ses yeux voient 

- Nous sommes ici à peine depuis un jour et demi et j'ai l'impression que ça fait beaucoup plus longtemps. Toi aussi, tu as ce sentiment ? demanda Thomas.
- Je ne pense pas à mes sentiments.
- Tu es chanceux.
- Pourquoi ?
- Les sentiments pèsent parfois.

Alors qu'il s'apprêtait à quitter le quartier, un vieil homme le héla :
- Qui es-tu ?
- Je m'appelle Hugo Mansfeld.
- Que fais-tu là ?
- Je suis venu voir notre maison.
- Sors d'ici, que je ne te voie plus ! gronda le vieux en agitant sa canne.
Hugo pressa le pas et regagna très vite la place, parmi les réfugiés.

MAGNIFIQUE - MAGNIFIQUE ....................;

"[...] sans l'alcool, la vie n'était pas la vie."