AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Aharon Appelfeld (435)


(Les fous)

Leur course était lourde et embarrassée. Les policiers les attrapaient brutalement et les entassaient dans des camions. Personne n’implorait leur grâce. Il était entendu pour tout le monde que, si nous étions condamnés à la déportation, ils devaient être les premiers.
Commenter  J’apprécie          120
Chaque être qui a été sauvé pendant la guerre l'a été grâce à un homme qui, à l'heure d'un grand danger, lui a tendu la main. Nous n'avons pas vu Dieu dans les camps mais nous y avons vu des justes. La vieille légende juive qui dit que le monde repose sur une poignée de justes était vraie alors, comme elle l'est aujourd'hui.
Commenter  J’apprécie          124
La vieille règle selon laquelle un homme est jugé d'après ses actes prend tout son sens pendant la guerre. Au temps du ghetto et des camps, j'ai vu des gens cultivés, et parmi eux des médecins et des avocats réputés, prêts à tuer pour un morceau de pain. J'ai vu aussi des êtres qui savaient renoncer, donner, agir avec abnégation et mourir sans peiner quiconque. La guerre ne révéla pas seulement le caractère, mais aussi l'élément archaïque en l'homme, et cet élément s'avéra n'être pas qu'obscurité.
Commenter  J’apprécie          120
«  C’était le milieu de l’automne .Dans les jardins publics , les avenues et les jardins , les feuilles se détachaient des arbres dans des couleurs flamboyantes. Nous passions des heures dehors, à contempler cette beauté qui ne reviendrait pas » …
Commenter  J’apprécie          122
Je ne prétends pas apporter un message, être un chroniqueur de la guerre ou une personne omnisciente. Je me relie aux lieux où j'ai vécu et j'écris sur eux. Je n'ai pas l'impression d'écrire sur le passé. Le passé en lui-même est un très mauvais matériau pour la littérature. La littérature est un présent brûlant, non au sens journalistique, mais comme une aspiration à transcender le temps en une présence éternelle.

p.136
Commenter  J’apprécie          120
Mon journal est une mosaïque de mots allemands, yiddish, hébreux et même ruthenes.
Je dit"mots" et non "phrases", car cette année là je n'étais pas encore capable de relier les mots en phrases.
Les mots étaient les cris étouffés d'un adolescent de quatorze ans, une sorte d'aphasique qui avait perdu toutes les langues qu'il savait parler, le journal lui servait de jardin secret dans lequel il amoncelait ce qui subsistait de la langue maternelle ainsi que le vocabulaire qu'il venait tout juste d'acquérir.
Cet amoncellement n' est pas 'une forme d'expression, mais un instantané de l'âme.
Commenter  J’apprécie          120
« La langue de Mariana était simple et sans fioritures, mais chacun de ses mots se transformait aussitôt en une image qui ne quittait pas Hugo de la journée, et jusqu'au lendemain parfois »
Commenter  J’apprécie          120
La littérature contient toutes les composantes de la foi : le sérieux, l’intériorité, la musique, et le contact avec les contenus enfouis dans l’âme.
Commenter  J’apprécie          120
J’ai rencontré bien des gens dévoués sur la longue route des plaines d’Ukraine aux rives de Haïfa. Sur le bateau, ou plus exactement sur le pont où était entassé des gens et des ballots, j’ai vu un homme plus tout jeune serrer contre lui une petite fille de cinq ans environ, joyeuse, ravissante, qui enchantait le regard. Elle était vêtue d’une jolie robe de laine et ne ressemblait pas à une rescapée. Elle parlait l’allemand à la manière des Juifs et chantait d’une voix agréable. Tandis que tous souffraient du mal de mer, elle s’adressait aux uns et aux autres avec des gestes gracieux. L’homme qui la serrait contre lui n’était pas son père, mais la façon dont il s’occupait d’elle était plus dévoué que celle d’un père. Il la couvait d’un regard émerveillé et buvait chacune de paroles qui sortaient de sa bouche.
Le bateau faisait route vers une mer agitée. […]. Aussitôt après la tempête, le soleil s’éleva dans le ciel, la mer se calma, les passagers émergèrent des tas de ballots et s’accoudèrent au garde-fou. On découvrit que le jambe droite d’Helga était coupée au-dessus de genou. […].
― Et pourquoi lui a-t-on coupé la jambe ?
― La gangrène. Les médecins militaires ont dit qu’elle menaçait non seulement sa jambe, mais aussi sa vie
― Et que faut-il faire à présent ?
― Rien de particuliers. […].
Helga était assise contre l’homme qui l’avait adoptée. La lumière était venue sur son visage. Elle bougeait les lèvre et produisait un son qui ressemblait à un sourd murmure. L’homme pris sa petite main, l’approcha de sa bouche, l’embrassa, et dit : « Bientôt nous arriverons en Palestine où nous aurons une maison et un jardin.
Commenter  J’apprécie          110
Isidore était un employé de banque qui prenait soin autant de son apparence que de son appartement de célibataire, qui lisait de la littérature et de la philosophie, avait un abonnement au théâtre et à la salle de concerts. Il était couvert de femmes. Ses vertus exceptionnelles, sa curiosité, sa culture et sa pensée autonome avaient élevé une barrière en lui et la petite bourgeoisie juive.
Commenter  J’apprécie          116
Je percevais quelque chose que je ne compris entièrement que plus tard : la littérature, si elle est littérature de vérité, est la musique religieuse que nous avons perdue. La littérature contient toutes les composantes de la foi : le sérieux, l'intériorité, la musique, et le contact avec les contenus enfouis dans l'âme.
Commenter  J’apprécie          110
La littérature contient toutes les composantes de la foi: le sérieux, l'intériorité, la musique, et le contact avec les contenus enfouis de l'âme.
Commenter  J’apprécie          110
Ma mère fut assassinée au début de la guerre. Je n'ai pas vu sa mort, mais j'ai entendu son seul et unique cri.
Commenter  J’apprécie          110
(L’oncle Félix)

J’ai connu bien des maisons calmes mais le silence de la maison de l’oncle Félix avait un timbre particulier. Il était naturel et vous entourait d’une agréable sollicitude.
(...)
Une fois je l’entendis dire à ma mère : « Dommage que les Juifs ignorent combien leur culture est grande. S’ils le savaient, ils pleureraient comme des enfants. »
Commenter  J’apprécie          100
Voir ses voisins alignés ne l'étonnait plus. Il lui semblait qu'ils s'étaient placés ainsi d'eux-mêmes pour l'agacer, et agacer le voisinage.
Commenter  J’apprécie          100
On les haïssait au village, et c'est pour cela qu'il a été possible de les assassiner. On disait dans nos campagnes: "Si les Allemands, qui sont tellement cultivés, ordonnent de les tuer, on peut leur faire confiance".
Commenter  J’apprécie          100
Chacun d’entre nous a éprouvé le Mal dans sa chair. Nous avons surmonté la peur et nous avons des valeurs. Nous savons ce qui est important et ce qui est dérisoire. Ce ne sera pas facile de transmettre notre expérience aux autres, mais nous en serons les gardiens, jusqu’au moindre détail. Prions pour ne pas échouer.
Commenter  J’apprécie          100
"Les choses se déroulent parfois différemment de ce que nous avons imaginé, et il nous est difficile de comprendre leur sens.......
Nous devons accepter l'incompréhensible comme une part de nous-mêmes."
"Sans le remettre en question?" s'était étonné Theo.
"L'incompréhensible est plus fort que nous. On doit l'accepter, comme l'on accepte sa propre mort."
Commenter  J’apprécie          100
"Les cieux admirables du printemps et de l'été devenaient en un rien de temps des cieux de plomb et ce qui semblait élevé et festif pouvait vous entraîner vers les ravins du désespoir.."
Commenter  J’apprécie          100
Un homme s'approcha de Tsili pour lui demander : "D'où es-tu ?" Ce n'était pas lui, mais quelque chose en lui qui posait la question, comme dans un cauchemar.
Les yeux de Tsili semblaient s'ouvrir. Des mots qu'elle n'avait pas entendus depuis des années résonnaient à ses oreilles et les caressaient dans un murmure. "Si je rencontre maman, que lui dirai-je ?" Elle ignorait ce que tout le monde savait déjà : sauf cette poignée de survivants, il n'y avait plus de juifs.
Commenter  J’apprécie          100



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Aharon Appelfeld (1422)Voir plus

Quiz Voir plus

Les enquêteurs ne sont pas tous parfaits...

Il est très imbu de son intelligence, et du fonctionnement de ses petites cellules grises... Héros de Agatha Christie.

Aurel le consul
Hercule Poirot
Rocco Schiavone
Nero Wolfe

16 questions
33 lecteurs ont répondu
Thèmes : romans policiers et polars , humour , défautsCréer un quiz sur cet auteur

{* *}