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Critiques de Alejo Carpentier (110)
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3 nouvelles étrangères

Voici un mince volume publié dans une collection scolaire, et qui rassemble pour des élèves (mais aussi pour des adultes) trois courtes merveilles de littérature : l'histoire d'un esclave marron et d'un chien dans le Cuba colonial, une minuscule aventure qui passionne trois dames japonaises, et un vieux couple américain où chacun trompe son ennui en essayant d'assassiner l'autre. De grands noms : Alejo Carpentier, Yukio Mishima et Ray Bradbury, et un plaisir littéraire sans mélange.
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Chasse à l'homme

Livre court mais compliqué dans son écriture et l'histoire qu'il narre. C'est un militant révolutionnaire réfugié dans un théâtre de la Havane qui est l'objet de cette chasse prétexte prétexte à une analyse des prémices de la révolution cubaine.
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Chasse à l'homme

Alejo Carpentier y Valmont (1904-1980), est un écrivain cubain, romancier, essayiste, musicologue. Fils de Jorge Julian Carpentier, un architecte français et de Lina Valmont, un professeur de langues russe, il a 12 ans quand sa famille s'installe à Paris et qu'il commence à étudier la musicologie. Quand il retourne s'installer à Cuba, Alejo Carpentier commence des études d'architecte, qu'il ne terminera pas. Il se consacre au journalisme, mais son engagement à gauche lui vaut un séjour en prison (1928), sous la présidence de Gerardo Machado, avant de l'obliger à s'exiler en France. Il y rencontre les surréalistes, dont André Breton, Paul Éluard, Louis Aragon, Jacques Prévert et Antonin Artaud. De retour à Cuba en 1939, il poursuit une carrière de journaliste et de chroniqueur de radio. En 1945 il s'installe à Caracas (Venezuela) où il vivra jusqu'en 1959. Après le triomphe de la révolution cubaine il revient à La Havane. En 1966 il devient conseiller à l'ambassade de Cuba en France où il résidera jusqu'à sa mort, victime du cancer. Ses funérailles sont célébrées à La Havane, en présence du président Fidel Castro.

Paru en 1956, Chasse à l’homme, un très court roman, vient d’être réédité.

Un jeune militant révolutionnaire, pourchassé par ses amis qu'il a trahis, s'est réfugié dans la salle d’un théâtre de La Havane quand retentissent les premières notes de la Symphonie héroïque de Beethoven. Durant les quarante-six minutes – temps d’exécution conventionnel de cette œuvre – l’homme pourchassé, travaillé par sa conscience, va se remémorer les évènements qui l’ont amené jusqu’ici et fin de son chemin.

Autant vous dire tout de suite que ce roman s’adresse à un public exigeant. S’il s’agit d’un exercice littéraire certain, le plaisir de lecture sera moins évident pour tous. Les phrases sont souvent longues, l’écriture est travaillée et les mots sont choisis avec soin. Quant à la construction, elle est particulièrement chiadée, au point qu’il m’a fallu lire la moitié du roman avant de commencer à en comprendre le sens. Jusque là, j’étais comme une poule ayant trouvé un couteau, incapable de savoir de quoi il en retournait. Le genre de bouquin qui se mérite, en somme.

Certains blogs et l’éditeur lui-même ont tendance à se prendre les pieds dans le tapis quant à la période de dictature décrite par Alejo Carpentier. Sur la quatrième de couverture du bouquin, c’est le président Gerardo Machado (de 1925 à 1933) qui est cité, conformément à la préface de 1958 rajoutée par l’auteur, donc fiable. Par contre, sur le court feuillet d’accompagnement joint pour les heureux élus comme moi, ayant reçu le livre de l’éditeur, il est fait mention de Batista (de 1933 à 1944)… Ce qui n’a, en fait, qu’une importance toute relative, le roman ayant une portée plus générale que factuelle, dénonçant les revirements, voire les reniements des révolutionnaires et ce qui en découle.

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Chasse à l'homme

Certaines oeuvres méritent une lecture lente, une lecture qui caresse les mots et les fait rouler dans la conscience. Une lecture de la contemplation, ardente dans son décryptage mais patiente dans son déroulement. Les romans de Carpentier provoquent chez le lecteur ce ressenti unique, cette présence qui absorbe le lecteur et le mène sur des chemins non balisés, non encore répertoriés. Je crois sincèrement que l'essence même de la littérature se définit par cette capacité de mimésis, quand l'imaginaire des mots rejoint le caractère inégal de la réalité pour ne plus faire qu'un, quand le papier finit par enrober la pierre dans ce jeu sans fin de Pierre-Feuille-Ciseaux.

Le court roman est en trois parties: la première partie est essoufflée, haletante, tout en affect, négligeant la psychologie et poussant le lecteur à faire face aux vents contraires de la narration, la sueur dans les yeux, la peur qui résonne comme une grosse caisse. La deuxième partie prend la forme d'un retour en arrière mais sans pour autant délaisser les sensations physiques et primaires. Cette partie est typique des oeuvres de Carpentier, une interrogation sur le temps, son déroulement mais aussi sur ses conséquences, sa diffraction et son éparpillement. Le dernier chapitre sera donc les ciseaux qui viendront ouvrir les perspectives, déchirer le papier et gratter un peu de la surface de ce caillou informe qu'on surnomme réalité.
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Chasse à l'homme

Ce n'est pas un mauvais livre, mais mon avis est mitigé. L'histoire n'est pas limpide, bien au contraire, elle est complexe, brouillonne. J'ai eu du mal à progresser dans ma lecture. Quant au titre "Chasse à l'homme", si le héros est bien un fugitif, la chasse proprement dite est très courte. J'avais déjà eu quelques difficultés avec Alejo Carpentier pour un recueil de nouvelles. Je ne suis pas très convaincue, et ne vais pas me précipiter pour lire un autre titre de cet auteur.
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Chasse à l'homme

Hier, j'ai emprunté ce petit récit (moins de 200 pages) dans une boite à livre et en ai débuté la lecture dès mon retour.

Après 50 pages lues avec impatience je l'ai refermé, et reposé avec l'intention de ne le reprendre que pour le restituer à la boîte à livres dans laquelle je l'avais trouvé.



Pendant ces 50 pages, je suis resté en attente d'une intrigue et de quelques événements non dilués dans une prose précise et parfaitement maitrisée mais désagréables à lire.



Alejo Carpentier (1904-1980) est souvent présenté comme un pilier de la littérature de l'Amérique latine, titre que je ne lui conteste pas, mais qui ne m'a manifestement pas aidé à apprécier son roman.

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Chroniques

Si vous voulez connaître un des théoriciens du "réalisme magique" sud-américain, lisez les Chroniques de Alejandro Carpentier, en particulier l'article page 342-348, intitulé "Le réel merveilleux en Amérique", qui date de 1948, et qui fut publié ultérieurement en prologue de son roman 'Le Royaume de ce monde'. Je dépose en citations quelques phrases clés.
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Color de cuba, dibujos y pinturas de René Por..

Alejo Carpentier, grand admirateur du baroque de l'oeuvre de l'artiste cubain René Portocarrero lui a consacré un célèbre et remarquable essai "Color de cuba, dibujos y pinturas de René Portocarrero" en 1963.

Cet essai, rare dans cette édition, a été repris heureusement en préface par l'historien de l'art cubain Ramón Vázquez Díaz, grand spécialiste de ce peintre, dans son catalogue d'art "Portocarrero,color de cuba".



Décriptant à merveille la foison des couleurs, le mouvement des traits et des "sonorités" des oeuvres de Portocarrero, Alejo Carpentier associe la représentation des traditions afro-cubaines, des carnavals, de l'espace urbain havanais ou des visages de femme de Portocarrero à une tension propre au baroque.

Car pour Alejo Carpentier l'art baroque concerne non seulement l'oeuvre de Portocarrero mais une majeure partie de l'art pictural en Amérique latine : plus qu'un langage visuel, c'est, selon lui, le rapport essentiel et premier d'une rencontre élémentaire avec la nature tropicale et sa tendance à la surcharge sensorielle, où la gamme de la flore et de la faune semble s'étendre à l'infini. Ce baroquisme naturel immanent a selon Alejo Carpentier opéré une influence existentielle et spirituelle majeure sur les latino américains et notamment les artistes.

Ainsi, l'art exubérant et baroquisant de Portocarrero est relié à un sentiment immédiat du caractère transformationnel et foisonnant de toute existence, mais aussi au carrefour de cultures que sont L Histoire et l'identité latino-américaine.

Avec une interprétation poétique baroque du Nouveau Monde, Alejo Carpentier propose, comme Portocarrero, de célébrer la symbiose des tensions culturelles, mais également des tiraillements entre désordre d'un monde latino américain violent et chaos fécond de la nature, y compris dans son oeuvre romanesque.
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
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Concert baroque

On croule littéralement sous le décor posé et minutieusement décrit par Alejo Carpentier à grand renfort de champs lexicaux pour mieux nous perdre parmi les objets, l'argenterie, les costumes, les soieries, les folles fêtes vénitiennes, les prostituées et les vins italiens, les masques et les joyeuses drilles et bien sûr, la musique et ses musiciens, ses instruments, ses airs et son histoire...

J'ai peiné au départ à comprendre le protagoniste principal, puis l'on s'amuse à suivre ce Mexicain qui décide de visiter l'Espagne puis Venise, embauchant au passage un jeune nègre aux glorieux ancêtres : véritable anachronisme, Filomeno en remontrera à Vivaldi, Scarlatti et Haendel que l'on rencontre au détour du carnaval et d'un pique-nique ; on rit des vexations du Maître face à l'histoire mexicaine revisitée pour la scène du Teatro Sant'Angelo et l'on s'attendrit des dernières pages où tout s'accélère et où la temporalité transcende les siècles.



Une très belle ode à la musique.
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Concert baroque

Imaginons la rencontre de Vivaldi, Scarlatti et Haendel dans la Venise du XVIII, c'est coloré, vivant, drôle et décalé. La musique y est sublimée, le style flamboyant.



Un roman déstabilisant par son écriture riche qui m'a un peu surprise. Un roman qui date (1978) d'où son style exigeant, mais lumineux, coloré.



Une jolie parenthèse musicale et divertissante.
Lien : http://keskonfe.eklablog.com..
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Concert baroque

Dans une langue pure - on écrit plus, malheureusement, comme cela aujourd'hui- l'auteur nous emmène à Venise en compagnie d'Antonio Vivaldi, d'un Cubain noir d'un Mexicain et de Haendel. Avec beaucoup d'humour, il manie les expressions familières et la "haute" langue. Je me suis régalé à lire ce roman. (simple opinion)
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Concert baroque

CONCERT BAROQUE d’ ALEJO CARPENTIER

Le maître et son domestique Francisquillo pissent de concert en chantant, qui dans un pot en argent, qui dans un pot en grès. On trie les objets en argent, ce qui reste, ce qu’on amène, ce que l’on jette car ils partent pour Venise, la sérénissime. On quitte VeraCruz, un stop à Cuba où la peste emportera Francisquillo, remplacé par Filomeno, un noir guitariste réputé. Un passage par Madrid où le vin est mauvais, les filles ennuyeuses et cap sur Venise enfin car c’est le carnaval. Le maître se déguise en Montezuma dont il raconte l’histoire à un prêtre roux croisé dans un bouge avant de rejoindre Vivaldi, Scarlatti et Haendel pour un concert aux accents baroques et délirants, accompagnés par Filomeno aux percussions qui s’était emparé pour l’occasion d’une batterie de cuisine!

Un texte qui verse dans l’hyperbole, l’exagération permanente, aux anachronismes assumés, c’est du baroque encore facilement compréhensible mais on est en bordure du réalisme magique dont Alejo Carpentier est le pionnier. Quand je vous aurai dit qu’interviennent Louis Amstrong et Stravinsky dans ces concerts vous aurez une idée du délire et de l’exubérance de ce livre.
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Concert baroque

Ma première découverte de cet auteur cubain et français, romancier mais aussi musicologue, l’un des écrivains qui a revendiqué l’emploi du « réel merveilleux » ce qui se nomme maintenant je crois, « réalisme magique » si caractéristique de nombreux auteurs sud-américains.



Au 18ème siècle, un Mexicain, dont on ne nous dit pas s’il est basané, mais c’est sûr, il est très riche, prépare son embarquement pour aller au Carnaval de Venise à bord d’un riche vaisseau, en y entassant toutes sortes d’objets.

Et durant ces préparatifs, le serviteur attitré du Maître, tombe malade et meurt.

Il lui faut trouver un remplaçant de qualité, et il le trouve en la personne d’un noir, Filomeno, avec lequel s’engage une collaboration fructueuse, et les dialogues entre ces deux-là, parfois philosophiques, ne manqueront pas de nous ravir.

Et, sans entrer dans les détails, le Maître, accompagné de Filomeno, arrive d’abord en Espagne, pays d’une partie de ses ancêtres (le reste ce sont des Indiens si j’ai bien compris). L’Espagne le déçoit, il trouve Madrid sale et triste. Et donc, il repart vers Venise, dans laquelle les festivités du Carnaval battent leur plein, comme on dit chez nous.

Et il y rencontre un « trio musical » de choc, composé de Georg-Friedrich Haendel, Alessandro Scarlatti, et le « local », Antonio Vivaldi. Je vous passe toutes les péripéties de cette rencontre, dans laquelle les beuveries sont nombreuses, dans laquelle les musiciennes et chanteuses du Prêtre Roux, jouent un rôle, pas que musical. Sachez qu’ils discutent d’un certain Igor Stravinsky, né deux siècles plus tard, sur la tombe duquel ils se rendent, que Vivaldi va composer un opéra (qui existe réellement), Montezuma, à la demande du Maître mexicain, opéra relatant les déboires de celui-ci dans sa lutte contre l’envahisseur espagnol Herman Cortès, dont la représentation mettra le Maître en colère.

Et puis, notre mexicain repartira en train (sic) vers son pays natal, tandis que Filomeno partira pour Paris et sa Tour Eiffel (re-sic), pour aller écouter un concert de Louis Armstrong!!!(re-re-sic).



Cette histoire ne serait que loufoque, baroque, s’il n’y avait pas, en filigrane, de multiples réflexions, sur la musique d’abord et la diversité culturelle qu’elle implique, sur la colonisation, le rapport entre les peuples, et sur ces thèmes éternels, la vie, l’amour, la mort.



J’avais d’abord été déconcerté et un peu lassé par les premières pages, avec leur accumulation de descriptions, noms, adjectifs. Mais, vite, le roman trouve son rythme de croisière, et même devient formidable. Et je l’ai perçu comme beaucoup plus profond que son « réel merveilleux » le laisserait supposer, à première vue.

Il y a aussi dans le rythme des phrases quelque chose de musical, et les références aux œuvres de ces trois grands musiciens sont à la fois justes et pleines de fantaisie.



Un court roman que j’ai bien apprécié, il ne faut pas s’arrêter à la pesanteur des premières pages, et un hommage à la diversité culturelle, toutes époques confondues.

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Concert baroque

Ce conte musical et baroque, vous jette tout d'abord un sortilège et vous entraîne dans une course échevelée et déjantée de sons et de couleurs.



Mais , tout comme Josephine2, je n'ai pas, malgré l'inspiration débordante de l'auteur, où l'histoire est sublimée au son des cordes et des cuivres, su apprécier à sa juste valeur (n'étant pas musicienne), toutes les subtilités de ce

récit où la chronologie s'enchevêtre et touche au merveilleux.



Un vocabulaire riche en couleurs dans de longues phrases descriptives.



Cependant, ce petit livre d'une centaine de pages,

m'aura laissée sur le bord de la scène !
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Concert baroque

L’action de ce court roman d’Alejo Carpentier se déroule dans la Venise du XVIIIème siècle, et, plus particulièrement pendant le Carnaval.



Il s’agit d’un hommage à la musique baroque. Alejo Carpentier s’exprime dans une écriture baroque, flamboyante, foisonnante où tout est possible, irréelle, incroyable.



En ce qui me concerne, j’ai eu un peu de mal à suivre, à comprendre le fil conducteur de cet ouvrage. Le mieux est de le lire afin de s’en faire sa propre idée.

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Concert baroque

Ce livre est dédié aux amateurs d'art, de musique, du baroque et aux amoureux de l'intemporelle Venise. Il nous emporte par la musique et la magie de la Sérenissime au moment du grand carnaval de l'Epiphanie à travers un temps où les chronologies se mêlent pour mieux nous sublimer. A la fois drôle et merveilleux, ce petit livre est un enchantement qui se lit en écoutant Vivaldi, Scarlatti et Händel, Bien entendu.
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Concert baroque

Un livre qui porte bien son nom. Hélas le concert devient cacophonie et le baroque glisse trop souvent dans le rococo. Il reste des pages délicieuses où la musique des mots emporte tout sur leur passage et fait fi du sens de l'histoire.
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Concert baroque

Au coeur de ce roman jubilatoire, il y a « Montezuma », un opéra de Vivaldi joué en 1700 et dont Alejo Carpentier (1904-1980) s'amuse à imaginer l'histoire. Une histoire en forme d'errance, qui nous mène des rivages du Mexique au carnaval de Venise. C'est au milieu des masques et des feux d'artifice que le Cubain Filomeno et son maître, un riche Indiano* mexicain, font la rencontre d'une bande de joyeux fêlés ayant pour noms Haendel, Scarlatti et Vivaldi.

A partir de là, ce qu'on avait d'abord pris pour un roman historique comme tant d'autres change subitement de dimension. Aux côtés des deux voyageurs, l'on assiste médusé à une sorte de « retour vers le futur » à la faveur duquel (et sans quitter la Venise du XVIIIè siècle) il nous arrive de croiser l'ombre de Stavinsky, la silhouette de la Tour Eiffel ou la trompette d'Armstrong.

On l'a compris, cette histoire déjantée est pour l'auteur l'occasion de questionner les rapports d'influence entre Europe et Amérique – rapports qui ne sont pas à sens unique, loin de là, comme le prouve l'opéra précédemment cité, ou bien encore les « Indes Galantes » de Rameau, quelques années plus tard.

Mais ce roman est aussi une manière de remonter aux sources de l'identité latino-américaine : ainsi, lorsqu'il assiste à la première de « Montezuma », curieusement, ce n'est pas pour ses ancêtres espagnols que le maître prend parti mais bien pour le malheureux monarque aztèque :

« J'eus l'impression que le chanteur était en train d'interpréter un rôle qui m'était destiné, et que moi, par mollesse, par trouille, j'eusse été incapable d'assumer. Tout à coup, je me sentis déplacé, exotique dans cet endroit, étranger, comme éloigné de moi et de tout ce qui fait que je suis moi. »

Très souvent drôle, parfois érudit, ce court roman d'Alejo Carpentier est un vibrant éloge du métissage (musical, littéraire, culturel…), en même temps qu'une fête des mots et de l'intelligence.



* Indiano : C'est ainsi qu'on nommait au Siècle d'or les colons espagnols enrichis aux Amériques (ou leurs descendants) et qui revenaient au pays les poches pleines.
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Concert baroque

Roman où il est question en premier lieu de musique et tout particulièrement de l'opéra d'Antonio Vivaldi "Montezuma". Dans ce livre la musique tient la première place, mais le lecteur y trouve beaucoup d'informations ayant trait à la culture, l'Histoire, la littérature. L'auteur évoque la conquête du Mexique par Cortès et la capitulation de Montezuma. Au 18 ème siècle, un créole mexicain, part en voyage vers la vieille europe. Après un séjour en Espagne, il se pose pendant un temps à Venise où il rencontre plusieurs grands musiciens baroques, notamment Vivaldi... Mais dans ce roman étrange car ne respectant pas du tout la chronologie, un pique-nique est organisé dans le cimetière Saint-Michel à proximité de la sépulture d'Igor Stravinski. La villégiature se déroule à l'époque du Carnaval ou toutes fantaisies et badinages sont permis... Rêve, fable? Louis Amstrong, lui même, fait résonner sa trompette dans une salle de concert de Venise... alors qu'une locomotive, tirant des voitures des Wagons-lits Cook, venait à peine de quitter la gare de la Sérénissime.

Un peu plus de 100 pages pour une écriture intense et un récit touchant au merveilleux.
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Concert baroque

Pourquoi ai-je deterre ce billet? Suite a des demangeaisons furieuses. Un desir non refrene d'aiguillonner des amis lecteurs (et une certaine lectrice en particulier). Un besoin subit de lire leurs ressentis.





Alors? Alors ouvrez grand vos Oreilles! Ouvrez grand votre Esprit! Laissez vous penetrer par le foisonnement musical de cette partition ou les lettres remplacent les notes. Car Alejo Carpentier nous a donne la un vrai concerto ou les mots et les phrases se deguisent, se melangent, se battent, se font l'amour a un rythme effrene. Il faut le lire a haute voix.



Et l'histoire aussi est baroque: un magnat mexicain voyage en Europe pour y sentir l'esprit de ses ancetres espagnols, ou tout simplement pour le plaisir. Decu par Madrid il pousse jusqu'a Venise ou il rencontre en pleine periode de carnaval Vivaldi (le pretre roux, le venitien), Scarlatti (le napolitain) et Haendel (le saxon), qui cooperent et s'affrontent en une orgie musicale. Il convainc Vivaldi de composer un opera sur le theme de la conquete du Mexique par Cortes et la perte du dernier roi azteque, Moctezuma (ou Montezuma dans le livre). Assistant a l'opera, il s'indigne contre les libertes que prend le livret sur la verite historique, mais la musique finit par transformer sa plus intime verite: "Je suis le petit fils d'espagnols qui virent le jour a Colmenar de Oreja et Villamanrique del Tajo, fils d'un estremegne baptise a Medellin comme Hernan Cortes. Et pourtant… plus se deroulaient les accords de la musique… plus vif etait mon desir de voir triompher les mexicains… j'epousais le parti des americains, brandissant les memes arcs, souhaitant la ruine de ceux a qui je dois mon sang et mon nom."





Dans un curieux et delirant mélange de styles et de temps, on s'assoiera sur la tombe de Stravinsky, dont Vivaldi denigrera la musique, et on s'extasiera aux sonorities plus-que-baroques de la trompette de Louis Amstrong. Alejo Carpentier (un patronyme a sonorite tres francaise. Ah! Ses aieux!) prend un malin plaisir a melanger toutes les facettes de sa culture musicale en une petulance toute cubaine. Pour notre plus grand Bonheur!



P.S. Je mets un exemple de la prose baroque de Carpentier en citation.







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