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Critiques de Alexandra Matine (125)
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Les Grandes Occasions

Je referme cette lecture heureuse que mon a priori un peu négatif ait été infirmé. En lisant la quatrième de couverture, j'ai un peu levé les yeux aux ciel : encore un énième roman français sur une famille dysfonctionnelle racontée par la mère. Soit. Rien de neuf en ce qui concerne la thématique mais un regard d'une grande acuité pour un portrait familial finalement très cruel et désenchanté sans pour autant sombrer dans la noirceur ou l'ironie. Un bel équilibre.



Ce que j'ai le plus apprécié, c'est la caractérisation de chacun des membres de la famille, tous présentés dans leur complexité et dans le souci de fouiller très précisément la psychologie de chacun. 



La mère. Esther. A travers elle, Alexandra Matine compose un très beau portrait de femme qui, à la soixantaine, réalise que sa famille qu'elle a cru construire n'est pas soudée comme le voudrait. Fragile et vulnérable. Ses quatre grands enfants se sont éloignés d'elle, surtout du père, un tyran domestique. A peine se voit-il aux grandes occasions, rarement tous ensemble.



Les quatre enfants.



Alexandre, le fils préféré du père qui a eu des attentes démesurés pour le mettre à son moule : « Il n'avait pas le choix. C'était lui sur la ligne de front et pour toujours, c'était son rôle de protéger les autres. De se mettre en avant, d'attirer la lumière. Parce que l'ombre protège de l'astre puissant qu'est le père. Un astre qui brûle, abime, réduit. Une lumière qui poursuit implacable au milieu du désert ».



Bruno, qui a poussé dans l'ombre du grand frère, ignoré : « Il lui semblait qu'il avait vécu toute son enfance, là, derrière cette porte entrouverte, dans le silence, retenant sa respiration et espérant que se tairaient un jour les cris d'admiration de son père et des adultes pour Alexandre. »



Vanessa, la « grande dernière », celle à qui Esther ne pardonne pas d'être partie à 18 ans en Australie, de l'avoir rejeté alors qu'elle ne faisait que vivre sa vie entre insouciance et égoïsme : « Les absences, pour Esther, ce sont les creux que Vanessa a laissés. Des trous béants dans lesquels elle tombe parfois, au hasard d'une balade dans Paris, d'un parfum, du scintillement d'un objet. Elle cède à l'appât du vide, espérant y retrouver des traces de leur passé. »



Et puis, Carole, la soeur aimée, bien laide par rapport à l'aura de sa petite soeur, celle qui dès qu'elle a la parole part en monologues logorrhéique, trop heureuse d'être entendue, juste un peu.



Tout est juste dans la radiographie de cette famille qui s'évite pour garder les non-dits non dits. Ou la famille comme cage dans laquelle on est enfermé toute sa vie sans pouvoir la choisir : jalousies et conflits entre frères et soeurs, peur de décevoir, angoisse de voir s'éloigner les enfants, silences pesants ... il n'y a aucun secret à déterrer, juste des membres d'une famille obligés de cohabiter ensemble à certains moments.



Dans ce premier roman intimiste très réussi, je regrette juste quelques systématismes de l'auteure qui peuvent donner un côté répétitif. D'abord l'image de la tapisserie tissée comme métaphore de la famille, trop récurrente. Et puis, un procédé narratif, très théâtral ( un coup de fil, un enfant qui annule sa venue à un déjeuner ) qui aurait gagné à être cassé.



Lu dans le cadre du collectif les 68 Premières fois
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La Pire Amie du monde

Cyr, trentenaire, s'est installée à Amsterdam pour y rejoindre son meilleur ami. Peu de temps après, elle se fait virer de l'agence de pub pour laquelle elle travaillait en tant que conceptrice-rédactrice, après avoir appris la disparition de cet ami mort accidentellement lors de vacances en Thaïlande.

Déjà accablée, on lui demande d'écrire un discours pour la cérémonie.

Pour survivre à cette immense douleur, ne plus répondre à personne et fuir toute responsabilité, elle trouve du réconfort en se faisant livrer à domicile des petits meubles Ikea, des meubles en kit qu'elle peut monter grâce aux notices. Une manière de remettre à plus tard ce fameux discours qu'elle doit prononcer.

Mais la vie continue et Cyr va devoir aller vers les autres, s'y confronter pour grandir un peu, enfin.

La Pire Amie du monde est à la fois un magnifique roman sur l'amitié et un remarquable récit sur le deuil.

Alexandra Matine décrit parfaitement ce sentiment d'amitié entre les deux jeunes gens, cette femme et cet homme, ce lien tout à fait unique et particulier qui les unit dans une sorte de bulle et les met hors de portée des méchancetés ou médisances. Un sentiment qui peut paraître utopiste. Cyr, la narratrice du roman, s'adressant à son ami tout au long du roman en montre bien toute la singularité. Elle évoque également comment cette relation s'est modifiée lorsque son ami a rencontré Maud …

Déboussolée par cette disparition brutale, incapable de produire la moindre larme, elle ne comprend pas trop les conseils qui lui sont donnés pour faire face à la mort et à la tristesse qu'elle éprouve d'avoir perdu son meilleur ami et a du mal à penser que la fiancée ou les parents de son ami puissent souffrir autant qu'elle.

Régulièrement lui reviennent à l'esprit le décès de sa soeur puis de sa mère et les regrets et la culpabilité l'envahissent à propos de sa soeur.

Après Les Grandes Occasions, roman dans lequel Alexandra Matine décryptait avec talent les liens familiaux, La Pire Amie du monde se présente comme une analyse psychologique fine, un portrait plein de fraîcheur et de véracité de la jeunesse d'aujourd'hui incapable de compromis.

L'évocation du monde du travail actuel dans le domaine de la publicité est assez pertinente et l'exploration du langage utilisé, notamment du langage du licenciement très soft pourrait prêter à sourire s'il était une fiction.

En mêlant tragique et comique, désespoir et humour, tristesse et légèreté, Alexandra Matine m'a fait vivre auprès de son héroïne Cyr des moments forts au cours desquels je l'ai vue peu à peu, peut-être un peu trop lentement, après maints questionnements et tergiversations trouver enfin une sorte de paix de l'âme dans un final très émouvant.

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Les Grandes Occasions

Dans Les Grandes Occasions, son premier roman, Alexandra Matine nous dépeint Esther, l'épouse de Reza, qui par un jour de canicule, a dressé une grande table sur la terrasse de leur appartement et attend ses enfants pour le déjeuner. Cela fait des années qu'ils n'ont pas été rassemblés ici. Mais l'heure tourne et il paraît de plus en plus improbable que la famille soit réunie autour de la table.

On serait tenté de dire, mais qu'est-ce que je vais m'ennuyer à rester avec cette femme à attendre et encore attendre, avec une température et une atmosphère aussi étouffantes ? Que nenni, car Esther, tout en restant chez elle, se déplaçant seulement de la cuisine à la terrasse, va nous emmener dans sa mémoire, et alors quel voyage !

Elle repense à sa vie de jeune femme infirmière puis à sa rencontre avec Reza, ce jeune étudiant médecin venu d'Iran car dit-il « En Iran, il avait faim, en Iran, même les médecins ont faim.»

Elle évoque ensuite la naissance de leurs quatre enfants Carole, Alexandre, Bruno et Vanessa, Vanessa, la petite dernière, qui, lorsqu'elle part, laisse derrière elle le grand vide. Car, depuis son départ, s'ils reçoivent des voisins ou amis, ce ne sont en fait que les patients de Reza, dont celui-ci aime s'entourer pour les entendre le louer, l'admirer, le remercier. Esther aimerait bien aussi parler d'elle, ou parler des enfants. Mais quand elle en parle, « c'est comme si Reza disparaissait, il se soustrait.»

C'est un récit extraordinairement vivant et envoûtant qui nous est donné à lire. le récit d'une famille où l'on sait ni se parler ni s'écouter. Chacun des personnages, que ce soient les parents ou les enfants reste à distance et n'arrive pas à montrer ses sentiments.

Les trop nombreux silences et non-dits les ont conduits à une complète incompréhension, impossible à briser. Entre eux, une tension permanente persiste.

Le tyrannisme du père traumatisé par son enfance en Iran, le conflit entre les frères, l'angoisse pour la mère en voyant s'éloigner ses enfants nous montrent comment des liens familiaux que l'on dit souvent indéfectibles peuvent se briser. Cela fait également écho à cette belle chanson de Maxime le Forestier « Né quelque part » dont les premières paroles sont : « On choisit pas ses parents, on choisit pas sa famille. »

L'auteure démontre avec ce premier roman fort réussi que les relations familiales peuvent facilement se détériorer sur une accumulation de silences et de non-dits.

Si, à mon avis, l'écrivaine a peut-être un peu forcé la dose en dépeignant cette désunion et en choisissant des cas sans doute exagérés, néanmoins, elle met en avant ce qui est certainement commun au sein de nombreuses familles, à savoir les secrets et les incompréhensions.

Ce que j'ai particulièrement aimé dans ce roman, c'est la manière dont Esther conçoit la famille, la comparaison avec une tapisserie dont elle tisserait les fils de soie colorés année après année : « Des milliers de petits noeuds délicats dont parfois un, malgré elle, se brisait. » L'épouse d'Alexandre s'appelle curieusement Pénélope… L'auteure sous-entendrait-elle que ce sont principalement les femmes qui tissent les liens familiaux ?

Je remercie les éditions Les Avrils - Une nouvelle collection de littérature au sein du groupe Delcourt, ainsi que Babelio pour m'avoir donné l'opportunité de découvrir ce beau roman.


Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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La Pire Amie du monde

Un grand merci à Babelio et aux éditions Les Avrils...



Cyr, jeune trentenaire, habite et travaille à Amsterdam, dans une agence de pub. Mais son monde s'écroule littéralement lorsqu'elle reçoit un appel de Sam lui apprenant la mort de son meilleur ami. Un tragique accident alors que les deux hommes étaient partis en vacances en Thaïlande. Ses chefs lui ayant dit de prendre tout le temps qu'il lui fallait avant de revenir travailler, elle passe les premiers jours enfermée chez elle, à la lisière du sommeil. Pour s'occuper, elle monte puis démonte l'étagère Billy qu'elle avait chez elle, puis en commande une autre. Et encore une autre. Des jours puis des semaines passent ainsi. La psy ayant validé son retour au travail, elle ne va cependant à l'agence que le matin, passant ses après-midi à monter, encore et toujours, des étagères. Mais, un jour, elle envoie un mail à sa boss, lui écrivant que, cette fois-ci, elle est fiévreuse et a de la toux. Et c'est sûrement dans le parc où elle prenait l'air que celle-ci a dû l'apercevoir puisque, dès le lendemain, elle est virée. Sam l'informe alors que le corps de son meilleur ami va être rapatrier, que l'enterrement est dans 4 jours et que tout le monde compte sur elle pour écrire un discours à la cérémonie...



« Un seul être vous manque et tout est dépeuplé », ce vers De Lamartine, Cyr pourrait, à nulle autre pareille, en faire sien. Depuis que son meilleur ami, M., est décédé, lors d'un bien triste accident de plongée, la jeune femme a perdu pied. Mais aussi le sens du temps et de la vie. Elle n'arrive pas à surmonter sa douleur et son chagrin, faisant d'ailleurs fi de ceux des parents de M. et de sa petite amie, Maud. Son chagrin est là, entier, presque palpable d'autant plus qu'un lien particulier les liait, incontestablement. Mais comment écrire un discours, comment mettre des mots sur des années d'amitié, de partage, de rires et de larmes, de soutien ? Que vaut une amitié par rapport à l'amour des parents et de la petite amie ? Quelle place occupe-t-elle, elle qui n'était qu'une amie ? Si, au fil des pages, l'on ressent cette béance, cet abysse qu'a laissé la mort de son meilleur ami, cet inconsolable chagrin, l'on découvre également le passé de Cyr ponctué de deuils, de silences, de reproches, son manque de confiance en elle et ses blessures. Alexandra Matine analyse, tout en finesse et clairvoyance, cette amitié homme/femme (impossible aux yeux de certains), la douleur de la perte et dépeint, avec tendresse, une jeune femme entière et touchante, bancale mais vivante...
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Les Grandes Occasions

C'est à la famille de décider du sort d'Esther qui, aujourd'hui, gît sur un lit d'hôpital. En bonne santé mais sans aucune activité cérébrale, les médecins ne peuvent que la maintenir en vie, branchée de toutes parts. Reza, son mari et médecin de profession, aura le dernier mot, ses quatre enfants le savent...

Pourtant, il y a encore peu, Esther s'activait chez elle. Impatiente, en ce dimanche caniculaire, d'accueillir toute sa famille. La table a été mise sur la terrasse malgré la chaleur, Reza, beaucoup plus réticent à déjeuner dehors, s'est acharné sur le parasol qu'il a tenté de disposer afin que la plupart soit à l'ombre. Esther a cuisiné, disposé trois petits bouquets de fleurs sur la nappe d'un blanc étincelant. Et maintenant, penchée par-dessus la balustrade, elle guette l'arrivée de ses enfants et petits-enfants, et attend, comble les minutes de souvenirs...



De ces souvenirs apparaît peu à peu une famille désunie, source de non-dits, de secrets, de rancœurs, qui, au fil des années, a vu chaque membre s'éloigner un peu plus des autres. Pourtant, le seul vœu et espoir d'Esther est qu'en ce dimanche, elle puisse enfin les réunir tous ensemble, elle qui a tout fait pour tisser et broder entre ses quatre enfants des liens indéfectibles. Des fils bien trop fragiles, semble-t-il... Si les relations entre les enfants sont tendues, éloignées, évitées, celle entre Esther et Reza est faite de silence et d'ignorance. Avec ce premier roman, Alexandra Matine dépeint, brillamment et avec beaucoup de finesse, les relations compliquées, parfois houleuses, au sein d'une même famille. Ce tableau de famille qu'Esther a tenu à rendre parfait perd peu à peu, au fil des souvenirs égrenés, de son éclat, de sa splendeur, de sa luminosité jusqu'à devenir bien terne. Un roman sensible, à la fois beau et cruel, à la plume poétique et mélancolique...
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Les Grandes Occasions

Elle gît aujourd'hui sur un lit d'hôpital,



Esther qui ne demandait qu’à être aimée, qui avait rencontré, croit-elle, l’amour de sa vie, qui laissera son métier d’infirmière pour se consacrer à ses enfants, une femme qui, telle Pénélope va tisser la toile de sa vie, car ce tapis imaginaire qu’elle composera nœuds après nœud ne sera autre chose qu’une toile propre à retenir la progéniture, à la garder pour elle, femme en mal de reconnaissance qui subira bien des affronts de la part de son mari comme de ses enfants.



68 premières fois

Challenge Multi-défis



Alors elle attend, elle attend les grandes occasions ... la richesse qu’elle espère, c’est de voir encore une fois, rien qu’une fois, sa famille réunie...





Ce roman est le roman d’une attente, de l’espérance d’une vie, une vie racontée durant cette longue attente, une vie ... de famille ? Peut-être...







Si j’ai apprécié ce roman dans lequel la psychologie tient une part importante, et si je me suis attachée au devenir des personnages, je ne peux pas affirmer que j’ai pleinement apprécié le récit, question de style. J’ai toujours autant de mal avec la façon dont certains auteurs brodent autour du sujet, des phrases courtes, souvent non verbales, qui noient la trame dans une multitude de détails non essentiels, même si je reconnais que dans le présent roman, c’est peut-être nécessaire car ce récit est le fruit d’une pensée et une description détaillée de la psychologie de notre héroïne.



Il n’en demeure pas moins un écrit intéressant et profond.
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Les Grandes Occasions

Dès les premières lignes, on sait quoi s'en tenir sur le futur proche d'Esther. Sa vie est suspendue à la décision de la famille, et surtout celle du père, censé avoir les compétences requises, en sa qualité de médecin.



On apprend alors qui est Esther, cette femme qui souhaite que le repas de midi se déroule dehors, à l'ombre d'un parasol, en compagnie de ses quatre enfants et de leurs familles. Il fait très chaud. Sa plus jeune fille et l'un de ses fils ont appelé pour décommander. Alors Esther se souvient, ressasse et raconte l'histoire de cette tribu dispersée et divisée. Sa vie d'épouse soumise, auprès d'un mari qui doit se rassurer en affirmant haut et fort qu'il est un bon médecin, et que ses patients ont de la chance. On comprend peu à peu les failles et les blessures qui ont fragilisé un édifice construit sur du sable.



Le roman s'ouvre sur une évocation de l'incipit de l'Etranger. Et se poursuit sur un récit qui évoque le sublime roman de Virginia Woolf Ms Dalloway. Il y manque cependant la grâce, sous-tendue par la fragilité de l'écrivaine anglaise.



On ressent à la lecture l'ennui de l'héroïne et le poids d'un quotidien subi. le personnage du mari est très antipathique mais rien ne laisse entrevoir une issue favorable, même pas celle de réunir ses enfants pour un repas partagé. C'est sombre et assez désespéré. Un bilan d'échecs programmés.



Même si cette histoire est hélas le reflet de bien des situations familiales où les non-dits se sont cristallisés en impasses affectives délétères, je n'ai éprouvé peu d'empathie pour ces personnages, voire de l'inimitié pour certains, et cela m'a laissée à distance du propos.
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Les Grandes Occasions

La politesse veut que l'on remercie lorsque l'on nous fait un cadeau, mais aujourd'hui mes remerciements vont bien au-delà d'un acte de politesse. C'est un très grand merci à Babelio qui m'a fait, à travers une masse critique privilégiée, connaître le merveilleux livre d'Alexandra Matine "les grandes occasions".

Sans cette masse critique, il y aurait eu peu de chance pour que je découvre ce merveilleux livre. le titre et la couverture ne m'auraient pas attirée. Que cela aurait été dommage ! ce roman est écrit avec une plume tout en finesse et en délicatesse. J'adore ce style qui est d'une efficacité redoutable. L'histoire que je ne vais pas raconter ici, le résumé de la quatrième de couverture est amplement suffisant.

Si je ne mettais pas fait violence, j'aurais recopié la moitié du livre en citation. Chaque page est un moment d'émotion. Ce roman est bouleversant, troublant. Il faut le lire, il ne faut pas le laisser sur les tables des librairies, emportez-le avec vous, vous ne le regretterez pas.

Alexandra Matine, votre premier roman est une pure merveille, vous avez une sensibilité qui m'a touchée, troublée et bouleversée, Merci. Je n'oublie pas également de remercier les éditions Les Avrils. L'envoi de votre catalogue m'a en plus donné l'eau à la bouche, plusieurs titres font désormais partie de mes prochains achats.
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La Pire Amie du monde

Rien ne va plus pour Cyr, qui nous confie sa récente histoire : elle vient de perdre son travail, mais ceci n’est que l’aboutissement d’un long chemin de drames, la perte de sa soeur puis de sa mère pour finir avec la disparition brutale et tragique de celui qui était son meilleur ami, à qui elle s’adresse tout au long de sa narration, comme pour prolonger sa présence, et refuser d’admettre qu’il ne partagera plus rien des événements de sa vie à venir.



La cérémonie du dernier adieu approche, et la famille et la petite amie du défunt demandent à Cyr de participer aux hommages rendus, sous la forme d’un discours, qu’elle est incapable d’écrire, pour de multiples raisons dont on peut imaginer que le déni y participe.



Autour de l’amitié, avec la question de ce que représente cette relation entre personne de sexes opposés, le roman aborde aussi de nombreux sujets de société, sur le monde du travail, sur les deuils et leurs séquelles, sur les rites qui marquent l’adieu aux morts.



Le propos est cependant parfois léger, avec un humour souvent limite, qui contraste avec l’état dépressif manifeste, et justifié. Cette façon d’aborder la situation ne renforce pas l’empathie qui devrait être le premier sentiment vis à vis de la jeune femme.



Lecture agréable, avec un personnage dont les contradictions sont la preuve de son désarroi, dans un style actuel, qui peut rencontrer son public.



304 pages Les Avrils 8 mars 2023

#LaPireAmiedumonde #NetGalleyFrance
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Les Grandes Occasions

Si ce livre ne m’avait été offert par Babelio et les Editions Les Avrils que je remercie, il est fort probable que je n’aurais pas dépassé le cinquantième page.

La première phrase m’a agacée : « Aujourd’hui, Esther va mourir. Ou demain. Ou dans quelques jours. On ne sait pas. »

J’ai pensé à Camus et à la célèbre phrase d’introduction de « L’étranger » : « Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. »

Trop de similitude m’a troublée pour ne pas dire plus.

L’écriture des cinquante premières pages m’a semblée lourde, poussive, sans relief ce qui m’a gênée pour m’imprégner de l’histoire.



Et subitement, dans un nouveau chapitre, miracle, la plume d’Alexandra Matine, se transforme réussissant à trouver le juste milieu pour garder la profondeur nécessaire à son histoire et l’aisance pour me happer dans une histoire de famille lourde de secrets, de non-dits, de jalousie mais avec malgré tout beaucoup d’amour.



J’ai aimé le personnage principal, Esther, la mère, sur qui tout repose.

Elle n’a qu’un but, maintenir l’union de la famille et ce n’est pas une mince tâche.

Lorsqu’elle y parvient, un jour de canicule, tout est prêt sur la terrasse inondée de soleil, la table dressée. Cette réunion sera une réussite, elle n’en doute pas.

Sauf que les enfants annulent l’un après l’autre sous des prétextes peu convaincants.

Pour ne pas sombrer, Esther part dans ses souvenirs : sa jeunesse, sa rencontre avec Reza qui deviendra son mari, son voyage en Iran où elle l’accompagne pour faire la connaissance de sa belle-famille, la naissance des enfants.



En conclusion, malgré des débuts difficiles, Alexandra Matine dépeint avec justesse les relations familiales et fraternelles mais aussi les émotions humaines, la vie en somme. Elle dresse avec beaucoup de finesse le portrait et le parcours de vie de chacun des personnages, leurs blessures et leurs fragilités, tout en révélant les malentendus, les non-dits et les secrets enfouis des uns et des autres, mettant alors petit à petit en lumière les motifs de la discorde.

Une belle et émouvante lecture.

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Les Grandes Occasions

Toujours un peu méfiante avec les premiers romans et les jeunes maisons d'édition, j'ai néanmoins du mal à refuser les offres 'spéciales' de Babelio.

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C'est l'enthousiasme de Diablotin0 entrevu sur les premières lignes de son billet qui m'a suggéré que j'avais peut-être (sans doute) une pépite à portée de main.

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Malaise au début : elle va mourir, elle porte le prénom d'une personne qui m'est très chère (euphémisme pudique 😉).

Vais-je supporter cette lecture ?

Oui, ouf, 'elle' est une vieille dame, entourée de ses enfants, de son mari. La mort des personnes âgées, c'est dans l'ordre des choses, on a toujours su que ça arriverait.

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Non, pas si évident.

Le coeur se serre à nouveau lorsqu'on découvre la vie de cette femme, tous ses espoirs déçus, ses blessures et déconvenues qu'elle a appris à taire, ce silence qui l'étouffe et nourrit les malentendus autour d'elle.

Un époux qui, pour fuir la tyrannie paternelle et la misère, est devenu égoïste, égocentrique, impitoyable.

Leurs quatre enfants qui ont dû se construire avec ce père trop exigeant avec les uns, trop absent pour les autres, et cette mère qui les protégeait mal (elle qui n'a pas pu/su rééquilibrer l'attention paternelle entre les membres de la fratrie, et qui est donc coupable, forcément)...

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Bref, il est question d'une famille dysfonctionnelle, où les enfants, devenus adultes, s'évitent pour ne pas laisser exploser les rancoeurs ; être tous présents en même temps autour de leur mère leur est impossible, trop douloureux.

Sous la plume sensible et imagée d'Alexandra Matine, le chemin de croix de cette femme si douce (si faible ?) et la cruauté de ses proches blessés sont d'une tristesse infinie.

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Superbe roman peuplé d'ombres et tissé de liens fragiles, qui devrait toucher

- les mères qui doutent d'avoir réussi leur 'tapisserie'

- ceux qui se sont sentis le vilain petit canard de leur fratrie

- ceux qui n'ont pas pardonné à leur père et/ou mère leurs maladresses...



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♥ Immense merci à Babelio et aux éditions Les Avrils. ♥
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Les Grandes Occasions

C'est bien connu que l'on ne choisit pas sa famille et que c'est elle qui vous choisit. Avant de débuter cette critique, je voudrais remercier babelio pour cette opération Masse Critique Privilège ainsi que la maison d'édition Les Avrils (que je ne connaissais pas jusqu'alors mais je crois que désormais je vais suivre leurs publications d'un peu plus près).



Esther, la mère, a toujours voulu tisser des fils invisibles certes mais des fils qui maintiendraient une certaine harmonie au sein de sa famille, entre son époux Reza et ses quatre enfants. Au début, l'on se parlait, ou du moins l'on maintenait cette apparence puis les occasions de se réunir tous ensemble sont devenus de plus en plus rares. Les enfants ont grandi et chacun a fait sa vie sans se soucier de la mère qui n'attendait qu'une seule chose : avoir à nouveau chez elle ses quatre enfants réunis avec leurs conjoints et leurs enfants. Mais, devant l'amour désespéré de cette femme, les quatre enfants, Carole, Alexandre, Bruno et Vanessa, il y a eu de plus en plus de distance, et surtout face à l'amour étouffant car toujours dissimulé (par pudeur ?) et non-dit de cette femme qui devient de plus en plus envahissante et qui procure à ses petits-enfants tout l'amour qu'elle n'a pas su leur apporter durant leur enfance à eux. Et puis, il y a eu les conflits, entre les deux frères surtout, sans que le lecteur ne sache de quoi il en retournait exactement. Aussi, 'un veille toujours à ne plus se retrouver dans la même pièce que l'autre depuis ce fameux soir du mariage de Bruno. Il y a eu des mots violents entre les deux frères et ni Esther ni le lecteur n'en saura plus car ceux-ci ont été prononcés tout bas. Mais alors que l'état de santé d'Esther se dégrade et que ses jours sont comptés, les quatre frères et sœurs n'ont pas d'autre choix que de se retrouver réunis de nouveau et, avec le père qui plus est, cet homme à qui l'on n'a jamais vraiment parlé et à qui l'on ne sait quoi dire. Il ne reste plus qu'une seule chose' à faire : de nouveau, faire semblant, semblant afin de sauver les apparences et de montrer que l'on est une famille unie.



Un roman dérangeant car il s'attarde sur des points extrêmement sensibles que sont la famille dans laquelle on vit malgré soi et qui, au fils du temps, l'on ne voit plus que pour les "grandes occasions" et la famille que l'on se construit par a suite. Si l'on choisit la seconde, on n'a pas d'autre choix que de subir la première et cela peut parfois, comme ici, être un véritable fardeau. Un premier roman extrêmement bien écrit et qui ne peut que toucher le lecteur, ou du oins l'amener à réfléchir sur le sens de ce qu'il entend réellement par le mot "famille". A cette époque de l'année où l'on nous déconseille justement de se réunir trop nombreux "en famille", un livre qui se veut malgré lui d'actualité même si ce n'est pas pour les mêmes raisons. A découvrir !
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Les Grandes Occasions

Reza, jeune médecin d'origine iranienne peine à se faire une patientèle, trop d'accent, trop d’étranger sur sa peau et dans sa voix. Esther, arpente Paris pour son métier d'infirmière, elle travaille dur pour compenser l'inactivité de Reza. Mais Reza veut travailler et aimerait qu’Esther reste à la maison élever les enfants.

Aujourd'hui les tâches de vieillesse parsèment leurs mains. C’est dimanche et c’est l’été, ils ont installé la table et le parasol sur la terrasse, ils attendent les enfants…

S'il est précisé sur la quatrième de couverture que l'autrice a écrit ce livre en apnée, c'est à peu près ce que j'ai fait moi aussi pendant la lecture de Les grandes occasions. Esther la mère de Carole, Alexandre, Bruno et Vanessa, nous convie ce dimanche midi, alors que la chaleur atteint son apogée caniculaire, à attendre avec elle ses enfants. Les enfants tardent ou ne viennent pas. L'image de la famille réunie s'effiloche comme les nœuds d'un tapis persan. C'est un rêve de famille idéale que souhaite Esther mais elle ne donne pas l'impression d'avoir œuvré pour l’atteindre. Elle s’efforce juste d’entretenir une illusion : la photo de la famille parfaite à exposer sur le meuble de son salon.

Alexandra Matine crée une ambiance moite, un huis clos oppressant. Sans jamais s'éloigner de la terrasse où la table est dressée, elle relie point par point les contours de la famille d’Esther. Je n’ai pas adhéré au chemin de ce couple, j’ai déploré leur déséquilibre social, familial ou professionnel mais je me suis ralliée à la plume d’Alexandra Matine qui fait vibrer de belles images et sait doser cette longue attente de dérives dans le passé.

Merci aux éditions Les Avrils et à l'opération masse critique de Babelio pour ce choix judicieux.
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Les Grandes Occasions

Les fils distendus du tapis persan



Pour son premier roman Alexandra Matine a choisi de sonder les liens familiaux et plus particulièrement les raisons qui les font se distendre. Les émotions sont à fleur de peau dans ce drame intimiste.



Tout commence par une scène saisissante. Toute une famille réunie autour d'une femme allongée sur un lit d'hôpital. Les médecins viennent d'annoncer la mort cérébrale et laissent la famille prendre la décision quant aux suites du traitement. Les enfants se tournent vers Reza, leur père. Mais tous sont unanimes. Une unanimité qui aurait fait plaisir à Esther. Car à cette occasion, on voit «se resserrer les fils qu'elle a si patiemment noués et que la vie, injuste et acharnée, a distendus, effilochés, cassés.»

Retour en arrière. Durant ses études d’infirmière à Besançon Esther rencontre Reza. Il va devenir médecin, elle va tomber enceinte. Ils s’installent à Paris où, après avoir effectué des remplacements, Reza installe son cabinet. Même si quelques fissures apparaissent au sein du couple, Esther va donner naissance à quatre enfants. C'est l'histoire de Vanessa, la «petite dernière», qui nous est d'abord racontée. Pour ne pas qu'elle s'éloigne trop, sa mère a l'idée d'engager un jeune australien pour lui donner des cours d'anglais et de math. Mais quand Vanessa décroche son bac, elle annonce à sa mère qu'elle aime Tim et qu'elle va le suivre en Australie. Esther aura bien du mal à se remettre de cette trahison. Même si Vanessa, qui s'est séparée de Tim, revient en France après quelques années, à l'occasion du mariage de son frère Bruno.

Sur la photo réalisée à l’occasion, aux côtés du marié et de Catherine, son épouse, on voit ses parents, Vanessa, sa sœur Carole et son frère Alexandre. Témoignage trompeur d'une famille unie. Car lorsque Vanessa, qui a rencontré un homme à la noce, annonce qu'elle revient vivre chez eux, son père refuse. Il a déjà fait «assez de sacrifices». Si Esther approuve le choix de son mari, elle va continuer à vouloir rassembler les fils distendus. Tâche ardue.

Car Alexandre, l'ainé, a aussi pris ses distances. Déjà traumatisé par l'injonction paternelle lui interdisant de jouer du piano alors qu'il s'était patiemment entrainé, il a choisi une épouse, Pénélope, qui a fait de leur cercle de famille sa priorité. Et il n'a pas voulu suivre les plans de son père qui le voyait devenir médecin. Bruno, quant à lui, sera négligé et devra aussi quitter brutalement le domicile familial. Carole, qui elle est devenue médecin, aura-t-elle plus de chance? Pas vraiment.

Esther imagine alors une grande maison au bord de la mer où elle pourrait accueillir enfants et petits-enfants. Mais s'ils acceptent de venir passer quelques jours, ils évitent soigneusement de se retrouver tous ensemble. Les cicatrices sont trop profondes. Et la tâche d'Esther devient de plus en plus difficile...

Alexandra Matine sait parfaitement décrire ce mal qui a détruit la famille. À l'intransigeance d'un père encore traumatisé par sa propre histoire familiale et le poids de l'exil vient s'ajouter une incommunicabilité de plus en plus forte. Personne ne veut reconnaître ses torts, chacun se mûre dans ses certitudes et son silence.

Depuis ce repas qui devait tous les rassembler et qui a tourné au fiasco, jamais les fils n’auront pu être rattachés, jamais le tapis n’aura retrouvé sa splendeur et sa douceur. Si la primo-romancière nous touche au cœur, c’est que chacun d’entre nous a connu des histoires semblables, des brouilles familiales, des incompréhensions qui virent parfois à un éloignement définitif. Entre frères et sœurs, entre parents et enfants. C’est violent et fort. Et en filigrane, c’est aussi un appel à ne pas attendre qu’il soit trop tard pour renouer les liens. Une bonne résolution à prendre en ce début d’année?




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La Pire Amie du monde

Cyr est en deuil(s).

Troisième vague en quelques années : après sa soeur et sa mère, elle vient de perdre son meilleur ami, brutalement.

Ses collègues compréhensifs lui ont dit de prendre 'le temps nécessaire' pour se remettre. Visiblement, ils n'ont pas la même notion du temps. Cyr rumine, déprime, et finit par se faire virer de sa boîte : la dépression n'est pas compatible avec les "objectifs" d'une agence de pub. Marche ou crève.

.

Donc la voilà, à quelques jours de la cérémonie, montant compulsivement des meubles Ikea dont elle se débarrasse ensuite sur le trottoir. Et elle doit écrire ce discours, en hommage à son ami. Elle n'arrive pas à se lancer, elle déambule, observe, mange trop...

.

Ennui profond à la lecture avec ces descriptions anecdotiques, et sans doute à cause du manque d'empathie avec ces jeunes nantis qui prennent la pose et se regardent le nombril. Pire : antipathie croissante à l'égard de Cyr qui semble hiérarchiser la douleur des proches d'un défunt.

Je suis péniblement arrivée à la page 140 (sur 320). Je n'adhère pas du tout aux louanges de la 4e de couv' : « Grâce à cette héroïne aussi drôle que désespérée (...) l'auteure dresse avec franchise et fraîcheur le portrait d'une jeunesse incapable de compromis dans une époque de peu de sens. »

La partie 'humour' m'échappe totalement.

Franchise ? description d'une traversée du désert, mais rien de neuf.

Fraîcheur ? c'est on ne peut plus plombant.

J'abandonne.

.

La note positive : les quelques pages consacrées aux échanges de Cyr avec sa hiérarchie sont très pertinentes, on s'y croirait ("éléments de langage" et autre enfumage...) :

« Clairement tu n'es pas bien ici, tu as envie de faire autre chose. Nous, on veut avant tout que tu sois heureuse, te donner des opportunités, t'aider à te découvrir, à explorer ton potentiel. »

En clair : dégage, boulet !

.

Je suis d'autant plus déçue que le premier roman paru d'Alexandra Matine, 'Les grandes Occasions', avait été un coup de coeur.
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Les Grandes Occasions

****,*

Avant tout, je tiens à remercier Babelio et les Éditions les Avrils pour leur confiance.



Esther n'a qu'un seul rêve : réunir ses 4 enfants autour d'une même table et déjeuner ensemble. Cela parait si simple, si dérisoire, que l'impossibilité que ce rêve se réalise en devient presque risible... Esther semble avoir toute sa vie tenter de tisser des liens entre les différents membres de sa famille. Mais une fois adultes, ceux-ci se sont éloignés et les silences sont devenus pesants. Que peut faire Esther ? Comment leur demander de rester auprès d'elle, quelques heures seulement...



Avec ce premier roman, Alexandra Matine frappe fort... Très fort...

Elle nous plonge au cœur d'une famille en mal de mots, en mal de gestes tendres, en mal d'amour tout simplement. C'est avec son personnage central, Esther, la mère, que nous allons apprendre à connaître Carole, Alexandre, Bruno et Vanessa, les 4 enfants. Mais c'est aussi à travers ses yeux que nous allons découvrir Reza, le père, l'époux, l'homme si dur de la famille.



Ce déjeuner, alors que la chaleur étouffe ce dimanche d'été, est le prétexte pour Esther de revenir sur ce qu'elle a loupé, ce qu'elle a mal fait, ce qu'elle n'a pas vu. Elle semble s'être essoufflée sa vie durant pour tisser sa tapisserie familiale, pour que les nœuds tiennent bons, que les fils ne cassent pas. Mais il est si tard... Il aurait suffit de mots, de caresses, d'attention... Ce n'est pas sa faute, pas que sa faute à elle.

Reza n'est pas un père. Il ne sait pas comment faire, à vouloir à tout prix se construire à l'opposé de son père à lui, violent, totalitaire et froid. Il n'a pas su aimer ses enfants, les tenir dans ses bras, effacer leur peur et leur doute...



Ce roman, écrit d'une manière si juste, si belle, si poétique, ne peut que toucher. Il est si difficile de laisser ses enfants prendre leur envol, en espérant qu'ils reviendront tout de même, de temps en temps. Il est si compliqué de faire le deuil d'une famille idéale et de regarder la sienne avec indulgence et tendresse.

Une mère n'est jamais parfaite, tout comme un enfant ne peut pas l'être. Mais leur lien ne peut se briser si l'amour les unit...
Lien : https://lire-et-vous.fr/2021..
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Les Grandes Occasions

Esther est dans le coma, ses enfants et son mari réunis auprès d'elle ; pour une fois.

On revient sur sa vie. La rencontre avec son futur mari iranien, la présentation au beau-père, la naissance des enfants, la difficulté à aimer, les occasions manquées et la chaleur de l'été.

Il est question de déracinement, d'identité, de traumatismes d'enfance, de l'autorité d'un père, d'inégalité envers ses enfants et de soumission.

Malgré leur détresse, je n'ai pu m'attacher à aucun des personnages tant le style est distancié.

L'écriture est élégante mais ce que l'histoire est sombre ; une vie presque ratée.

Une lecture en demi-teinte.



Lu dans le cadre du Prix des lecteurs 2023 - Livre de poche
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Les Grandes Occasions

Ce roman raconte une histoire maintes fois traitée. Esther est une femme âgée qui attend ses enfants pour un repas, depuis des années ils ne se rencontrent plus tous ensemble. J'ai aimé la construction de ce livre, avec de nombreux retours sur le passé. Retour sur une vie. Esther a voulu tisser des liens forts entre eux, cela n'a pas vraiment fonctionné.

J'ai aimé les portraits dans ces pages. Le père Reza, médecin venu d'Iran, qui a du mal à trouver sa place en France. Il devient le médecin des pauvres et des étrangers. Reza et son attitude souvent incompréhensible. Les enfants sont plus esquissés. On ne saura que le minimum sur eux. Et Esther qui veut bien faire, qui se démène, qui souffre...

Il y a un certain détachement dans les mots. Mais on sent toute la force de cette femme, qui ne lâche rien pour réussir cette journée.

On ne peut que se voir en miroir dans certaines situations, en tant que parent ou enfant et cela n'est pas glorieux.

Les Grandes Occasions, histoire d'une vie presque ordinaire. J'ai lu ce livre d'une traite. ( dans le cadre d'un prix du 1er roman - vote la semaine prochaine )

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Les Grandes Occasions

Quelques jours de coma. Aujourd'hui ou demain, avec cette absence d'activité cérébrale, la famille doit prendre la décision de maintenir ou non les quelques fils de vie qui maintiennent Esther. le mari et les quatre enfants sont là, autour d'elle. Dans cette douloureuse circonstance, c'est une famille réunie, le rêve d'Esther.

Puis les chapitres commencent sur cette farouche volonté d'Esther de réunir sa famille autour d'un déjeuner. Elle a dressé la table sur la terrasse de son appartement parisien, sous le soleil écrasant qui fait plier les fleurs vers la nappe blanche. Blanche, comme la chaleur implacable qui alourdit tout l'espace et cogne, inlassablement, dans la tête d'Esther.

Dans l'attente, guettant les arrivées par-dessus la rambarde, Esther voit son image courant Paris alors qu'elle était toute jeune infirmière, l'image de sa liberté grignotée par son mari Reza, médecin iranien.



Et à nous, lecteurs, ce sont les multiples images extrêmement marquantes de la tapisserie d'Esther que nous allons suivre. S'effaçant face à son mari, Esther a tissé sa famille, à l'image d'une tapisserie dont elle noue patiemment mais parfois aussi tragiquement les petits noeuds pour obtenir une cohésion familiale, un ensemble indissociable.

Mais la vie malmène son tissage méticuleux. Chez ses enfants, les raisons sont multiples pour défaire ou même casser net tous les fils qu'elle tente de consolider désespérément pour sauver son ouvrage. La séparation laissera chez Esther une béance et l'éclatement de la fratrie accentuera son sentiment de désespoir.



Premier roman, d'une construction impitoyable. Terrible constat d'une tapisserie familiale qui s'étiole, se déchire face à des évènements blessants qui trouvent essentiellement leurs sources dans l'enfance. C'est aussi l'impact du comportement du père, de sa revanche sur la misère iranienne dont il a triomphé. Il nous apparaît ici avec son côté ambitieux absolument terrifiant et si nocif dans le devenir de ses enfants.

La mère nous fera vivre de l'intérieur son ressenti d'exclusion. C'est une femme qui s'est écrasée devant les paroles blessantes de Reza, sans s'y opposer, même pour défendre les aspirations ou les décisions de ses enfants. Face à eux, les émotions d'Esther restent dans leur ombre, elles sont tues et font perdre ces mêmes liens qu'elle désire pourtant si farouchement protéger.

L'écriture, pointilleuse et insistante, donne une sensation de tranchant. Cet enchaînement de petites phrases, les points remplaçant souvent des virgules, semble traduire l'état d'esprit d'Esther. On sent qu'elle dissèque ce qui se déroule, ce qui est arrivé à sa famille, cette déchirure morale et physique, sa déréliction.

Les fragilités révélées, les meurtrissures subies, qui surviennent au coeur de cette famille résonnent immanquablement chez la fille, la soeur, la mère qui lira ce roman. Elle ne pourra pas s'empêcher de voir ressurgir ses propres expériences et c'est cela qui donne une extrême crédibilité à ce texte.



Ce premier roman, envoûtant, est une belle découverte que je dois à Babelio et aux éditions Les Avrils et je les remercie pour ces quelques heures de lecture intense et riche.

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Les Grandes Occasions



Pour cette deuxième chronique d'un roman de cette rentrée de janvier 2021, si l'on abandonne- momentanément?- les auteurs confirmés pour une primo romancière, Alexandra Matine, venue un peu de nulle part*, ainsi que les grosses maisons d'édition comme Julliard pour d'autres toutes récentes , force est de reconnaitre que "Les grandes occasions" a quelques points communs non négligeables avec "Le dernier enfant" de Philippe Besson.



En effet, comme dans ce dernier, l'autrice de ce beau premier roman** nous plonge dans la tête d'une mère particulièrement vulnérable et fragilisée, à l'aube d'un jour particulier pour elle.



Ce jour là, c'est celui où Esther, la mère en question, souhaite organiser un repas pour enfin réunir tous les membres d'une famille- composée de 4 enfants que la vie et les tensions ont totalement distendus.



Peu à peu, au fil des chapitres, on va découvrir les raisons qui ont fait que, pour chaque membre, l'harmonie au sein de sa famille s'est disloquée et comment les incompréhensions et blessures inavouées ont pris toute leur place.

Le sujet est on ne peut plus bateau, on ne compte en effet plus vraiment les chroniques de familles dysfonctionnelle qui ont cours dans les fictions littéraires et cinématographiques, mais Alexandra Matine réussit à transcender ce déjà vu grâce à une construction intelligente, toute en finesse et à des personnages complexes- à part peut-être le mari; Reza, qu'on a beaucoup de mal à trouver sympathique- et psychologiquement fouillés.



Alexandra Matine sonde avec subtilité et une certaine poésie les abymes d'une famille à la dérive et nous montre que comme celle d'Esther, chaque famille est pétrie de secrets, d’incompréhensions et combien un édifice familial construit sur des membres qui ne savent pas communiquer et s'écouter ont du mal à s'aimer.



Un très beau premier roman à ne pas ignorer au cours de cette très dense rentrée littéraire de janvier 2021.



* On sait simplement, selon le site de l'éditeur qu'Alexandra Matine a été journaliste à Londres et à Amsterdam avant d'écrire ce premier roman suite au décès de sa grand mère.



** Merci à babelio- dans le cadre de l'opération Masse critique privilégiée et à la jeune maison d'édition Les avrils pour cette belle découverte.


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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