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Critiques de Alexandre Feraga (71)
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Le frère impossible

Algérie-1975- Enlèvement par le père et la famille des 4 enfants à la mère (Khadija)," comme si faire disparaitre ses quatre enfants sous ses yeux n'était pas le tour le plus violent qu'on puisse jouer à une mère. Comme si le drame familial en cours ne le concernait pas vraiment". Tout a été manigancé par Zina, la grand-mère. La famille se retrouve en France; Zina trouvera une femme ,une épouse au père qui a déjà un garçon. De leur union naitra Alexandre.

On va suivre, le petit garçon, 3 ans, Samir qui se posera beaucoup de questions, qui subira. Il en voudra à la terre entière: "il a cumulé si peu de tendresse en lui, qu'en concéder est au-dessus de ses forces. Cela reviendrait à épuiser ses maigres réserves. Il commence donc à me maudire".

Samir deviendra, extrêmement violent, méchant envers son demi-frère.

Les parents ne disent rien, ne savent pas éduquer , le père est alcoolique, absent, sans sentiment; la mère est aussi absente, ne sait pas donner de tendresse.

Comment se construire et réussir dans la vie avec une famille pareille.

Le seul moyen de communiquer est la violence.

Samir fera les mauvais chois , les mauvaises rencontres pour aller jusqu'à la radicalisation.

Quelle souffrance dans ce témoignage. Une vie sans amour, une vie de haine, de colère qui le mènera vers les milieux islamistes.

Et puis Alexandre qui ne sera pas plus aimé et reconnu par ses parents mais qui choisira une autre direction pour survivre qui sera le chemin de l'écriture.

Une vie sans amour, sans reconnaissance, sans tendresse fait des ravages.

Un roman dur, violent, poignant mais aussi plein d'espoir.

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Le frère impossible

Chronique d’une violence annoncée

Alexandre raconte la famille, la sienne et celle du père avant.

Avant, c’est 1975 en Algérie, le père est marié et a quatre enfants. Enfants qu’il va enlever à la mère, pour les emmener en France où ses parents vivent et travaillent ; il est aidé d’un oncle et d’une nièce.

Des jumelles de trois ans, Samir deux ans et un bébé de quelques semaines.

Pour échapper au service militaire algérien, le père a bidonner ses études, mais le système le rattrape , c’est ainsi qu’il fait appel à sa mère et que celle-ci pilote l’enlèvement.

Samir du haut de ses deux ans, accroche sa menotte au pantalon de son père toute la traversée, déjà il attend un signe de celui-ci.

En France, il va devenir associer d’un pressing et occupera avec sa famille un bel appartement à Sarcelles. Il devient très vite la coqueluche de son quartier.

Une vie qui pourrait être heureuse.

Il rencontre une jeune vendeuse en boulangerie qui a un garçon de sept ans.

Ils vont constituer une famille recomposées, et naîtra Alexandre, notre narrateur.

L’atmosphère du livre est lourde, il n’y a pas de répit dans l’escalade de cette violence.

Samir fera d’Alexandre son souffre-douleur, probablement parce que c’est le seul enfant de la fratrie a pouvoir dire papa-maman. Mot qu’il n’aura pas l’occasion d’user, car c’est plutôt l’indifférence qui règne vis-à-vis des enfants. Même lorsque la violence de Samir se voit sur Alexandre, cela n’implique aucune réaction ni inquiétude.

La tendance serait à stigmatiser Alexandre pour son soi-disant manque de courage.

Alexandre va trouver très vite des astuces, des évitements pour échapper à tout cela. Quand il va chez les copains, il ne peut que constater et entériner que sa vie de famille est atypique.

« Ma mère a essuyé mes larmes, nettoyé la blessure, sans un mot doux, admettant par son silence qu’ici, dans la maison, les enfants avaient devoir de souffrance. »

Samir glisse inexorablement sur la mauvaise pente, la délinquance au début et puis la radicalisation.

Le père lui tient toutes les promesses de son caractère, roi pour sa mère, tout lui, est permis, le fils docile est un mari et un père indifférent, joueur, menteur et alcoolique. Donc l’issue est évidente et les lâchetés nombreuses.

L’auteur construit son livre en ponctuant par lieu et date. Ces années sont chacune une déflagration, elle correspond précisément à un évènement marquant.

Mais la subtilité est de ne donner un prénom qu’à celui qui… Samir.

Samir dans cette tourmente ne pouvait que faire naufrage, en attente partout, tout le temps, suspendu à un mot, un geste, une reconnaissance qui ne viendront jamais.

Alexandre Feraga a fait un sacré voyage pour arriver à nous faire partager ce monde de colère qui déferle sans aucun barrage pour l’arrêter.

Ce livre, c’est donner une identité à celui qui a été dans l’incapacité de tracer son chemin d’homme, c’est l’interrogation sans réponse de ce qui fait que l’un peut construire et l’autre pas.

Alexandre a fait un long chemin pour arriver jusqu’à Samir.

Un beau livre, douloureux qui du début à la fin est comme une grenade dégoupillée, le lecteur doit attendre la dernière ligne pour savoir si tout explosera.

Un engrenage dont il est possible de sortir, pourquoi l’un et pas l’autre ? Ce sera toujours une énigme.

Une réflexion faite avec toute la rationalité nécessaire et la sensibilité pour réhabiliter ce petit garçon dont la menotte s’accroche au pantalon paternel : il s’appelait SAMIR .

Merci à Lecteurs.com et la Fondation Orange pour ce privilège de lecture.

©Chantal Lafon

https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2023/04/24/le-frere-impossible/


Lien : https://jai2motsavousdire.wo..
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Le frère impossible

1975. Le père arrache ses quatre enfants en bas âge à leur mère et à l’Algérie pour venir s’installer en banlieue parisienne.

«Des quatre enfants escamotés, il n'y a que Samir qui continue de croire à l'enchantement de ce départ. Depuis qu'ils ont embarqué, sa petite main n'a pas lâché le revers du pantalon paternel.»



1979. Naissance de l’auteur et du narrateur, Alexandre Feraga, de ce même père algérien et d’une mère française.

Samir est donc son demi-frère, un « frère impossible » à cause de la défaillance paternelle et du manque de communication ayant engendré une colère rentrée, une rage sourde qui ne s’exprimera que par la violence.



Dans l’enfance, Samir sera le bourreau et Alexandre la victime.



La fin de l’adolescence verra leurs trajectoires s’éloigner.



Grâce à un monde intérieur fertile qui permet à son esprit de s’évader et à une poigne de rencontres salutaires, Alexandre cessera d’être une victime et trouvera sa place dans la société, en temps qu’homme, père et écrivain.



Samir n’aura pas cette chance. Samir le rebelle n’aura de cesse de laisser s’exprimer sa haine, jusqu’à sa mort violente dans un camp d’entraînement en Afghanistan en 2001.



En reconstituant avec minutie et une sensibilité exempte d’auto-apitoiement ces deux enfances que tout oppose hormis la lâcheté de leur géniteur, l’auteur nous livre un témoignage/récit émouvant et prenant, qui décortique les rouages de deux destinées différentes en dépit d’un même « terreau ».

La plume est belle, certains passages d’une poésie extrême malgré le prosaïsme ou même l’horreur du propos.
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Le frère impossible

« La littérature est là aussi pour combler les vides, les zones d’ombre de notre enfance et de notre adolescence. » déclarait Alexandre Feraga à Ouest-France en 2019.



Un récit peut nous aider à comprendre notre monde, même s’il est romancé (en réalité, j'aurais tendance à écrire "surtout" s'il est romancé, mais cela demanderait un exposé qui serait trop long ici).



Ce roman autobiographique nous plonge dans une famille gravitant autour d'un père violent et alcoolique. Cet homme a abandonné la mère de ses quatre premiers enfants avec lesquels il est soudain parti d'Annaba pour aller vivre en France. Arrivé dans la région parisienne, il s'est remarié et a eu un cinquième enfant : Alexandre, l'auteur.



Parmi les sept personnages ainsi réunis par leur lien avec le père, on n'en présente que trois : Samir, le fils aîné, Khadija, la mère abandonnée en Algérie et Alexandre, le jeune demi-frère de Samir. Tout particulièrement, le roman décrit la relation entre les deux garçons. Cela commence par une humiliation permanente, un harcèlement jaloux : Samir est craint partout où il intervient (famille, école, quartier, ...). À dessein, les prénoms des autres personnages ne sont pas donnés, en particulier celui du père.



Alexandre passe de la crainte à l'admiration pour Samir, car ce dernier est celui qui ose nommer et affronter la dérive alcoolique et brutale du père. Fragiles et sans le refuge familial qui aurait pu leur servir de repère, les deux jeunes hommes se laissent successivement séduire par des prosélytes musulmans. Mais, tandis qu'Alexandre s'en éloigne au bout de quelques mois, Samir, lui, s'engage à fond et se donne littéralement "à corps perdu" à la cause de ses frères.



On perçoit les difficultés qu'a rencontrées l'auteur pour revenir sur son passé en s’efforçant à le décrire avec une distance suffisante pour ne pas tomber dans des lamentations stériles. Alexandre occulte volontairement toute la partie de sa vie qui a suivi le départ de Samir. Pas un mot pour la femme qu'il a rencontrée, pas une ligne sur son insertion sociale apparemment réussie malgré le terrible handicap que constituait le milieu familial de son enfance. Tout le roman est concentré sur la description de l'attente d'attention, d’égard et, pour tout dire, d’amour de la part des fils. Alexandre sera déçu à vie par le mélange dramatique de violence et d’indifférence que personnifie son père ; mais, sans s'engager sur le chemin pris par Samir, il puisera dans sa relation avec ce dernier des raisons de résister et de vivre.



Roman dur. Roman attachant. Roman dérangeant. Roman de notre temps...
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Le frère impossible

Un roman qui m’a été offert mais vers lequel je ne me serais pas nécessairement tournée du fait de la thématique lourde mais cela aurait regrettable et bien dommage pour moi car ce petit garçon coincé dans son placard qui a pansé ses blessures par un imaginaire débordant et un appétit des mots et des livres m’a littéralement touchée en plein cœur. Je suis sous le charme de sa plume et de sa sensibilité, de sa justesse et de sa sincérité.
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Le frère impossible

[Un message d'espoir pour tous les écorchés de la vie.] 🍀



Le Frère impossible - Alexandre FERAGA

Publié chez Flammarion



J’ai eu la chance de recevoir Alexandre dans la librairie pour un moment de partage et de dédicaces.

Les personnes présentes lui ont demandé d’expliquer le titre de son livre, voici ce qu’il a répondu :

« Ce titre parce que c’est un frère impossible à vivre, impossible à nommer tellement j’ai honte, impossible à assumer, impossible à confier et impossible à accepter. »

On ne choisit pas son coin de terre, on ne choisit pas son berceau pour venir au monde.

Dans ce roman puissant et sensible il est question de deux frères, ou plutôt, de deux demi-frères. Tout deux vivent sans amour une vie tragique. L’un a été arraché des bras aimant de sa mère l’autre est arrivé dans une fratrie de haine et de rancœur, repoussé et jamais aimé.

Chacun choisira une route. L’un ira vers la lumière l’autre vers la noirceur. L’un se tournera vers la lecture puis l’écriture qui sera sa thérapie l’autre se tournera vers une seule lecture, ce genre d’écrits aux interprétations douteuses et machiavéliques.

Alexandre a écrit ce livre en un mois 1/2. Ce récit il le devait à sa fille, sa lumière, dans l’espoir que celle-ci n’aura pas d’histoires ou de mensonges à raconter pour parler de son père. Aujourd’hui encore le silence est trop présent face aux héritiers de cette pseudo famille.

Alexandre a connu ce qui existe de pire mais il en retient surtout la connaissance de savoir quel père il ne faut pas être.

C’est le témoignage de sa vie et surtout de comment il a réussi à s’en sortir. C’est l’histoire d’un enfant livré à lui-même face au désamour.

La plume d’Alexandre vous saisira dès la première page. Elle est fluide et limpide, juste par sa vérité.

Ce roman est un message d’espoir pour tous les écorchés de la vie.

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Le frère impossible

Il a fallu plusieurs livres à Alexandre Feraga pour avoir enfin le courage de raconter son enfance et d’évoquer la ténébreuse figure de son demi-frère. Ce qu’il accomplit dans ce récit poignant, qui plonge le lecteur aux sources émotionnelles de la souffrance.
Lien : https://www.marianne.net/cul..
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Le frère impossible

Frère impossible et père impossible. De l'un est né l'autre, tout aussi impitoyable. De cette cruauté que va-t-il en sortir, on peut se le demander ? Combien de larmes pour apaiser la souffrance et permettre de transmettre ensuite quelque choses de positif aux autres, en tant qu' homme, père et écrivain. Alexandre, c'est l'auteur victime, son récit est poignant.
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Le frère impossible

C’est un drame qui lance le roman : les enfants de Khadidja sont ravis à leur mère et acheminés vers la France avec leur père, pour être accueillis par Zina la grand mère. Ils sont jeunes, mais pas suffisamment pour que cette rupture ne laisse pas de traces. Samir ne s’en remettra jamais, vouant une haine féroce pour le demi-frère que sa belle mère mettra au monde quelques années plus tard. Objet de tourments permanents, c’est lui qui conte cette histoire.

Le père qui a laissé ce rapt se faire par l’entremise de sa machiavélique mère est une enveloppe vide, un personnage centré sur les paradis artificiels que l’alcool ou les jeux peuvent lui procurer. L’existence des enfants au mieux l’indiffère, au pire le conduit à des accès de violence inimaginables.



Que peut-il advenir de jeunes enfants qui ont grandi sur un tel socle ?



Il semble que le narrateur s’en soit plutôt bien sorti; on ne saura rien des jumelles mais pour Samir, la voie est toute tracée…



Roman noir, autobiographique, qui met en évidence les caprices du destin, qui à partir d’une situation donnée peut déboucher suer le pire ou le meilleur.



Les scènes sont empreintes de violence, parfois à la limite du supportable d’autant que’on se demande si l’on a atteint le fond ou si pire est encore possible.



Témoignage percutant de ce que la douleur peut entrainer chez les hommes, le roman est poignant. Si le dénouement, attendu, est terrible, il est aussi un soulagement.





256 pages Flammarion 11 janvier 2023

Sélection prix orange 2023


Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Le frère impossible

Voici un roman autobiographique bouleversant qui aborde de nombreux thèmes et posent beaucoup de questions notamment sur l'identité et la paternité.

Le narrateur est donc Alexandre Feraga. Il raconte son enfance meurtrie mais aussi et surtout son histoire familiale, celle de son demi-frère, Samir. Ou comment deux frères empruntent deux chemins totalement différents, l'un l'écriture, l'autre la radicalisation. Il fait des allers-retours dans le passé et progresse vers le présent en dévoilant des éléments au fur et à mesure.

Tout commence en 1975 lorsque le père fuit l'Algérie avec ses 4 enfants en bas âges. La grand-mère a tout organisé. Ils laissent derrière eux, un pays, une identité et surtout la mère des enfants, Khadija.

Le père trouve une nouvelle femme en France avec qui il a un fils, Alexandre, le dernier né de la fratrie. Les enfants ont le même père mais pas la même mère. le père est mutique, ses silences sont oppressants. Les enfants recherchent son amour, son attention mais ne trouvent rien en retour. Ils grandissent dans un vide sentimental, abandonnés à eux-mêmes. Il ne sait pas ce que c'est être père.

Alexandre subit les coups de son frère aîné, Samir. Personne ne le défend, sa mère non plus. Il se réfugie dans son imaginaire, dans les maisons chaleureuses de ses camarades, dans la forêt, dans un placard. Il se cache pour éviter son frère mais quand cela est impossible, il plonge dans ses pensées et l'univers rassurant qu'il s'invente.

A ses dix ans, son père l'emmène en Algérie. La famille l'accueille comme un prince. Il se sent aimé, choyé. Jusqu'au moment où son enfance bascule. Cette fête est organisée pour sa circoncision. Il vit très mal cet événement violent. Il en veut à son père.

Puis il y a quelques amitiés marquantes dans la vie du narrateur. Quelques moments de répits aussi avec son frère, mais la délinquance n'est jamais loin. Il l'entraîne dans des coups, des vols. Malgré cette enfance difficile, ce manque d'amour et de repères, il grandit et s'émancipe de l'emprise de son père et de son frère.

Il y a de magnifiques passages rendant hommage à la littérature, au pouvoir des mots, à l'écriture. Malgré la noirceur de cette enfance maltraitée, le roman parlera aux amoureux des livres. Il fait la part belle à la résilience par la littérature. J'ai d'ailleurs pensé au livre de Xavier Leclerc en lisant ce roman. L'écriture est très belle.

Il fait partie de la sélection du Prix Orange du Livre 2023 et c'est un coup de coeur pour moi !
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Le frère impossible

Moi et mon frère, bourreau et martyr



Il aura fallu plusieurs romans à Alexandre Feraga avant de se sentir prêt à raconter son histoire et celle de son frère mort en Afghanistan. Un frère qui l’a longtemps martyrisé avant d’être happé par les intégristes musulmans. Un récit âpre, violent, sans concessions.



Ce roman s’ouvre sur une scène forte, celle d’un rapt. Un homme fait monter ses quatre enfants sur un bateau à destination de la France. Nous sommes en 1975 et, en vertu de la politique de regroupement familial, il peut rejoindre ses parents qui ont émigré vers la France. Mais il laisse Khadija, la mère des enfants, derrière lui. Un plan machiavélique conçu par Zina, sa mère soucieuse de le voir auprès d’elle.

En France, il ne va pas tarder à trouver une épouse qui succombe à «ses boucles brunes, son visage rond, sa bonhomie affichée en public, ses longs cils et sa manière de fumer ses cigarettes». Elle est non seulement prête à accueillir sa progéniture, ayant elle-même déjà un enfant, mais aussi à agrandir la famille recomposée. Le narrateur naît en avril 1979: «L’homme qui a arraché quatre enfants à leur mère est mon père. Je suis né de sa fuite quatre ans plus tard, en France. Comme si faire quatre orphelins ne suffisait pas. Cet homme a récidivé sur un autre continent, dans un décor différent. À l’heure de ma naissance, il ne se montre pas plus concerné par ma venue que par l’éducation des quatre enfants dérobés. En ce matin d’avril, je suis une péripétie de plus.» Une péripétie qui ne va pas tarder à sentir qu’il n’est pas le bienvenu dans la fratrie. Ses trois demi-frères, menés par Samir, l’aîné, vont lui faire sentir par des coups et agressions, des violences physiques et morales quasi quotidiennes. Pour y échapper, il va chercher des cachettes et finir par trouver un placard qu’il pourra investir avec une lampe frontale et un livre. «Je peuplais le placard de centaures, de licornes, de dragons, de toutes les créatures fantastiques que mes premières lectures avaient mis à ma disposition. Il me suffisait de les convoquer pour qu'elles accourent et dansent sur les parois sombres de mon refuge. Des personnages comme Huckelberry Finn, Nils Holgerson ou Jim Hawkins venaient à ma rescousse. Ils étaient mes frères véritables, pas une ligne de leurs aventures ne me trahissait jamais.» Ce sont ses compagnons d’infortune qui vont lui permettre de résister. Quand dans les pires situations, il peut faire appel à son imaginaire et à ses héros.

Mais la situation familiale ne s’améliore pas, bien au contraire. Son père se noie dans le jeu, l’alcool et les dettes, si bien qu’il lui faut quitter leur maison de Montsoult pour la petite villa de Méru dans l’Oise que lui ont laissé ses parents, retournés vivre en Algérie. «Je garde de ce jour un fort sentiment d’injustice. J'abandonnais des amitiés qui m’avaient aidé à supporter la fureur de Samir et les dysfonctionnements du père. Sans eux, je ne savais pas comment j'allais pouvoir affronter la suite de la débâcle. Une image ne m'a pas quitté: mes sœurs côte à côte sur le trottoir nous faisant des signes de la main. Elles étaient en larmes, des sacs de vêtements bourrés à la hâte encerclaient leurs chevilles. Elles avaient fini par se taire, la voix coupée par la cruauté. Pendant que nous les abandonnions, les jumelles, elles, se tenaient par les épaules. »

Pendant ce temps, Kadhija dépérit. Elle a cessé de croire au retour de son homme et celle de revoir jamais ses enfants.

Sans pouvoir y répondre, l’auteur pose la question des traumatismes qui conduisent à des destins diamétralement opposés. Comment les deux frères ont-ils pu basculer chacun dans la délinquance, la violence et l’intégrisme pour l’un et dans l’écoute et l’ouverture aux autres – Alexandre va s’occuper d’enfants handicapés – pour le second? Peut-être que leur rapport à ce père défaillant éclaire un peu cette interrogation.


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