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Citations de Alexis Salatko (59)


- On se voit tout à l'heure ? dit Jules.
- J'ai un rencard avec des copains.
- Alors salue les copains.
- On peut dîner ensemble si t'es libre...
La journée passa en un éclair, ne laissant aucun répit à Jules. A 20, heures il décida de tourner une scène de nuit qui n'était pas prévue au programme.
Et, emporté par son tempo, il en oublia Joe.
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Ni l'un ni l'autre n'étions bien sûr préparés à un tel triomphe. Lorsqu'on a fini par se résigner à l'échec et que, soudain, des queues monstres se forment devant l'entrée des cinémas qui affichent DASSIN-MERCOURI, LE DUO DU SIÈCLE en lettres géantes, il y a de quoi perdre la raison, c'est humain. Nous nous laissâmes délicieusement submerger par ce tsunami d'honneurs et d'émotions. » p. 110
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Entre la déesse grecque aux yeux d’or et le réalisateur slave aux yeux bleus, c'était désormais à la vie à la mort.
Ils s'étaient rencontrés le 18 mai 1955 au festival de Cannes. Un seul échange de regards avait suffi à les rendre fous amoureux l’un de l’autre. Jules avait obtenu le prix du jury pour le Rififi et, au lieu de célébrer ce retour au premier plan, il avait passé son temps à consoler Melina venue présenter le film de Cacoyannis, Stella, femme libre, injustement boudé par le public et la critique. Chiffres en main, elle lui avait expliqué qu'ils étaient prédestinés: ils s'étaient rencontrés un 18 mai, il était né un 18 décembre et elle, un 18 octobre, bref c'était inscrit dans les astres, les dieux s'étaient manifestés, ils n'y pouvaient rien, le destin avait frappé. Jules, pourtant peu sensible aux signes, avait dû capituler; les années Béa étaient derrière lui, il s'était fait pincer, piéger, prendre dans les filets de l'ensorcelante Melina Mercouri. p. 86
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Après Londres, ce fut Rome et, après Rome, Genève puis Paris. Au cours de cette période mouvementée, tu allais changer onze fois d'école au gré de mes tribulations. J'étais désormais un cinéaste en exil, traqué, menacé, mais un cinéaste encore en activité, qui allait tenter de s'imposer loin de son sol natal. Les vents contraires soufflaient violemment et l'ennemi était d'autant plus redoutable qu'il ne se montrait pas.
L'Amérique et l'Angleterre boudèrent Les Forbans de la nuit, œuvre surgie du chaos, qui deviendrait pourtant un classique du film noir. ». 72
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(Les premières pages du livre)
Mon fils, là-bas sur mon bureau à Athènes, il y a toujours cette photo de toi, prise à l’Olympia, où tu fais tournoyer ton micro comme un lasso… Que cherchais-tu à attraper? L’amour? La gloire? Ou ce bonheur qui toujours te fuyait?
Où que j’aille, tu es là, dans mon cœur, dans mes pensées, et même dans l’odeur des cigarettes que Melina fume du matin au soir en déclamant ses discours politiques.
Souvent la nuit je rêve de toi, mon Joe. Nous marchons côte à côte sur une plage de Californie, sur un sentier en Crète, le long d’un trottoir de New York, à Paris, au jardin des Tuileries, jusqu’à cette statue représentant l’Homme et sa Misère. Tu te voyais comme un « divertisseur » qui, à défaut de pouvoir changer le monde, s’était fixé pour mission d’apporter un peu de joie et de légèreté. J’avais une conception différente du métier d’artiste. Pour moi, la fonction première d’un film, d’un livre ou d’une chanson était de dénoncer les outrages et les injustices.
Dans mes rêves, tu n’as jamais le même âge. Tu es tantôt ce petit garçon frisé comme un mouton, tantôt cet adolescent au sourire facétieux et mélancolique, tantôt cet homme mûr fumant ses infects cigares de cocher et me parlant avec cette voix chaude et grave qui a fait se pâmer tant d’admirateurs. Nous parlions en américain et parfois en yiddish. Le ton montait vite, on s’embrouillait et, pour ne pas se fâcher, chacun rengainait son colt et nous faisions une partie de tavli. Tu poussais tes pions, je poussais les miens, et le vaincu s’en allait bouder dans son coin. Aujourd’hui tout cela me paraît si bête…
Le plus dur, c’est au réveil, quand tu t’évapores pour retourner Dieu sait où et que je me retrouve seul, avec mes souvenirs et mes douleurs de vieux monsieur dont tu n’auras, hélas, jamais à souffrir. Bien sûr, il y a Melina, tes sœurs, Ricky et Julie, ta mère Béa qui me téléphone chaque semaine, mais ce n’est pas pareil. Je n’ai eu qu’un garçon, et il me semble que je n’ai pas assez profité de toi. Ce qui me tourmente le plus, vois-tu, c’est que tu sois parti en pensant que je ne t’aimais pas…

20 août 1981
Jules erre parmi les tombes du Hollywood Forever Cemetery de Los Angeles où, un an plus tôt, ses deux filles, Melina, un avocat, un rabbin et lui-même ont enterré Joe presque en catimini. Un an déjà. On vieillit vite quand on est mort. Terrassé par le chagrin, Jules n’a conservé de cette cérémonie qu’un souvenir sonore : celui de la pelletée de terre cinglant le cercueil d’acajou aux poignées d’argent.
Le voilà perdu dans un dédale de pierres tombales à la recherche du fil d’Ariane. Mais le cœur de Joe avait lâché et le fil s’était cassé d’un coup. En apprenant la nouvelle, Jules a senti fondre ses ailes de cire. Il s’est mis à chuter, une chute qui n’en finit plus.
Jules divague entre les tombes, cherchant l’allée qui mène à Joe. Il est redevenu le Juif errant qu’au fond il n’a jamais cessé d’être.
Il passe devant la sépulture de Rudolph Valentino, et les échos du Hollywood de ses débuts lui emplissent la tête. Au loin, au-delà des eucalyptus gommiers à l’écorce blanche, on peut apercevoir le mur d’enceinte des studios de la Paramount Pictures où il a démarré. Retour à la case départ, sauf que plus rien n’existe de la féerie et de la frénésie de cette époque.
Le cimetière lui-même semble à l’abandon. Avant, on se serait battu pour y être enterré ; aujourd’hui, on se battrait presque pour reposer ailleurs tant tout part à vau-l’eau.
Jules n’avait pas eu le choix. Tout s’était fait dans la précipitation.
Jules remarque aussi la tombe de Christopher Quinn, le fils d’Anthony, héros de Zorba le Grec et de La Strada, qui n’avait vécu que deux ans. Impossible de ne pas songer à Joshua, l’enfant prématuré de Joe, dont le cœur s’est arrêté au bout de cinq jours seulement. Plus loin repose Edward G. Robinson junior, décédé d’une crise cardiaque en 1974 à l’âge de quarante et un ans, exactement comme Joe… Mais, à la différence de Joe, il est mort un an après son père, ce qui a épargné à celui-ci la douleur suprême de voir son fils disparaître.
Jules et Edward G. se connaissaient. Ils avaient failli travailler ensemble sur un scénario de Dalton Trumbo, l’un des « dix de Hollywood » qui avaient refusé de répondre à la question « Êtes-vous ou avez-vous été membre du Parti communiste des États-Unis d’Amérique ? ». En fait, ils étaient onze si l’on compte Bertolt Brecht, qui quitta définitivement les États-Unis quand débuta la chasse aux sorcières. Des onze, seul Edward Dmytryk se rétracta et put retravailler après avoir livré vingt-six noms, dont celui de Jules Dassin… C’était en 1948.

À l’évocation de cette période cauchemardesque, Jules est pris de vertige. Il s’assoit sur un banc, s’éponge le front. Juste après le décès de Joe, il a fait un accident vasculaire cérébral et en a gardé des séquelles.
À soixante-neuf ans, pourvu qu’il ménage sa monture, il peut espérer caracoler encore un peu. Et il comprend mieux aujourd’hui l’impatience de Joe, sa vivacité, sa rage d’y arriver car, au fond de lui-même, son fils savait qu’il devrait cravacher.

Une procession conduite par un rabbin lui indique qu’il est entré dans la section Beth Olam, la partie du cimetière réservée aux Juifs. Jules est sur la bonne voie et ne tarde d’ailleurs pas à retrouver la tombe qu’il cherchait. Des offrandes de fans anonymes parsèment la stèle de Joseph Ira Dassin : petits cailloux, objets fétiches, une fléchette, un verre de vin, une guimbarde, un médiator et une balle de golf.
Jules non plus n’est pas venu les mains vides. Il dépose au milieu des autres ex-voto un petit cerf-volant.
— Qu’est-ce que tu fous là, papa ?
— J’ai retrouvé ça, je te le rends.
— J’aurais préféré mon accordéon.
— Quel accordéon ?
— Celui que tu m’avais offert l’année où j’ai eu la terrible révélation que le père Noël, c’était toi.
— Oui, tu avais quatre, cinq ans. En moins d’une semaine, tu avais appris à en jouer tout seul. Et ta mère avait dit : « Julius, je crois que notre fils est un génie »… Normal avec de tels parents !…
— Va-t’en, papa, il n’y a plus rien ici.

L’ombre de Joe s’est évanouie. Un homme fou de chagrin qui parle tout seul dans sa tête, voilà ce que Jules est devenu. Pour les parents, la mort d’un enfant est une nouvelle vie. Il faut s’habituer à l’absence, au silence.

Il observe les dates gravées sur la tombe :
5 NOVEMBRE 1938-20 AOÛT 1980

Nous avons deux vies, disait Fellini, une vie avec les yeux ouverts et une autre avec les yeux fermés…
Jules réalise qu’il ne pourra plus jamais fêter l’anniversaire de Joe. La seule date qui compte désormais est celle de sa mort.
Ce drame, j’en fais quoi ? Suis-je responsable ? Ai-je été un mauvais père ?

Jules culpabilise car, en réalité, il avait eu le pressentiment que Joe finirait mal. Peut-être aurait-il dû davantage le surveiller, du moins au début, quand il avait encore son mot à dire. Au sortir de l’adolescence, il l’avait tenu dans son viseur de cinéaste, et un viseur ne trompe pas. Il pénètre au fond des âmes. Celle de Joe était opaque.
Un taxi dépose Jules à l’aéroport. Harry, son ami producteur, l’attend, inquiet de sa disparition. Tout à l’heure, au siège de la Paramount, Jules lui a faussé compagnie au beau milieu de la projection de The Rose. Cette histoire d’une rock star détruite par l’alcool et la célébrité, Jules ne la connaît que trop. Il n’a pas supporté d’y replonger, même au travers d’une fiction. Oui, cette Bette Midler n’est pas mal, mais il ne la voit pas du tout jouer Édith Piaf dans le biopic qu’on souhaiterait lui confier… Piaf, il l’a vue en live il y a quelques années, un récital inoubliable auquel l’avait convié son amie Françoise Sagan. Le choc a été si grand qu’ils sont retournés l’applaudir le lendemain soir. Comment un si petit bout de femme, qui tenait à peine sur ses jambes, pouvait-il produire de tels sons ? Rien que d’y songer, il en a encore le frisson. « Bette Midler n’est pas faite pour le rôle. Non, désolé, old friend, ce projet ne m’intéresse pas. »

L’avion a décollé, il a pris son rythme de croisière, les lumières de Los Angeles sont loin à présent et Jules pense qu’il ne remettra vraisemblablement plus jamais les pieds en Californie. Il a hâte de retrouver sa femme, hâte de rentrer en Grèce, qui est désormais sa patrie, hâte de replonger dans le combat politique qui le tient encore debout.

Une hôtesse passe dans les rangs pour voir si tout va bien. Ces messieurs désirent-ils un café, un jus de fruits, une coupe de champagne ?
Jules souhaiterait se rendre quelques minutes dans le cockpit pour griller une cigarette avec le commandant de bord. Il le fait à chaque vol. L’hôtesse est méfiante. Jules s’agace. Il est Jules Dassin, tout de même, plusieurs fois primé à Cannes et à la Mostra de Venise, le mari de Melina Mercouri. L’hôtesse lui demande s’il a un lien de parenté avec… Elle se penche à son oreille et se met à chantonner : « L’Amérique, l’Amérique… »
— C’était mon fils, dit Jules, les yeux rougis de larmes.
L’hôtesse compatit. Elle va voir ce qu’elle peut faire.
— Non, dit Jules, c’est inutile. Il faut que j’arrête le tabac.

Autour de lui, tout le monde dort. Le producteur a couvert ses yeux d’un masque noir. Pour meubler le voyage et tromper son addiction, Jules, qui n’a pas sommeil, essaie de se remémorer tous les 20 août vécus par Joe, comme on compte les moutons.
Il réfléchit à ce jour qui revient chaque année, destiné à devenir le jour de notre décès et sur lequel on passe sans y penser, une journée comme les autres, aussi vivante, remuante, terrestre que toutes les vingt-quatre heures pleines de bruit, de fureur, de joie et de tourments dont les échos se perdent dans la grande lessiveuse du temps. L’idée d’un documentaire sur Joe se met à germer dans la tête de Jules…
Il se tourne vers son ami producteur, le secoue.
— Harry, j’ai une meilleure idée que Piaf, je vais raconter la vie de Joe au cinéma.
— Il a vendu
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Ce soir, en dépit de leurs promesses de ne plus s'appeler, ils récidiveraient et durant des heures se susurreraient des serments merveilleux, car l'amour, c'est bien connu, rend idiot.
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Joe avait été très ému par l'assassinat de Gandhi. Il avait épinglé au-dessus de son lit une photo du Mahatma, celle où il rend visite aux intouchables.
- Plus tard, je veux aider les pauvres, papa.
-C'est bien... Mais pour ça il faut manger un peu plus. -Gandhi était végétarien et il jeûnait un jour sur deux.
-Je sais, mais toi, tu dois grandir et être fort si tu veux défendre les plus faibles.
-À l'école, les autres m'insultent parce que je suis juif et que j'ai des amis noirs.
- Ne te laisse pas faire. Si on te frappe, frappe à ton tour. Je vais t'apprendre à te battre.
-Non, Gandhi était non violent. Il parlait, il écrivait, c'est tout.
-Alors continue à écrire. C'est bien.
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Alors Désiré se prit par la main et s’aventura rue Monte-à-Regret, qu’il n’avait pas revue depuis son enfance. Il suffoqua au souvenir des condamnés en robe rouge qui prenaient cette montée pour gagner la place d’Aine où était dressé l’échafaud.
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- Sais-tu ce qu’est un homme, hurla Désiré en lui barrant la route ?
- ...
- Un homme est la somme des coups qu’il a reçus. Une femme est l’addition des ruses qu’elle a commises et des mensonges qu’elle a dû faire pour survivre. Les femmes ont toujours de l’avance sur nous, mon garçon. Ne cherche pas à comprendre pourquoi, c’est dans leur nature. D’abord elles t’escroquent, ensuite elles te croquent. Avant même d’avoir engagé la partie, nous avons perdu.
- Vous avez connu beaucoup de femmes, vous ?
- Je me suis souvent fait avoir, oui !
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Dans moins d’une heure, la belle médoquine serait sur nous, noire comme l’enfer, accompagnée de nuées cataclysmiques, couleur de laves à peine refroidies. Comme leur nom l’indiquait, ces soudaines tempêtes, fréquentes en été, venaient du Médoc, au sud-ouest, et répandaient leur voile funèbre, troué d’éclairs silencieux, sur toute la presqu’île d’Arvert, des falaises de Saint-Georges à la batterie de Terre-Nègre, des dunes de la Coubre au parc de Marennes.
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Ces tranchées, ces cratères, ce monde sens dessus dessous, tout ça, mon ami, c’est la faute au chemin de fer. Je m’explique. Les premières voyageuses, madame Péconnet en tête, découvrent la capitale. Elles se pâment, s’extasient, louent la locomotive à vapeur qui les met à huit heures seulement du jardin du Luxembourg et du Bon Marché. En rentrant au bercail, ces dames voient Limoges d’un autre oeil. Pouah ! l’horrible souillon. Et de réclamer à grands cris becs de gaz et assainissement des bas-fonds...
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- Vous voulez savoir ce qu’est le rouge ? Connaître toutes les nuances de bleu ? Assister au triomphe de l’or ? Suivez-moi !
Désiré avait entraîné ses arpètes dans le quartier des bouchers, où, à certaines périodes de l’année, on promenait les reliques de saint Aurélien et d’autres saints. L’occasion rêvée de leur faire prendre un bain de couleurs.
(...) Ils s’étaient engagés à la suite des reliques se balançant au-dessus de la procession dans la rue Torte, sans conteste la plus ignoble de la cité, qui ondule comme un serpent entre les maisons noires à colombages où les bouchers de Limoges naissent, grandissent, se marient, élèvent leurs enfants, équarrissent, dépècent, thésaurisent et meurent.
Mon père avait toujours pris soin d’éviter ce ghetto nauséabond, fuyant la vue des tripous pendants et déchiquetés, des foies gluants entremêlés de jambons salés, des têtes bleuies, auréolées de guêpes, et du sang ruisselant sur les pavés.
Avec leurs longs manteaux sur leurs vêtements d’Arlequin, leurs pantalons de velours à grosses côtes, leurs chapeaux d’un vert graisseux, amollis et assombris par les ans et le suif, leurs merlins et leurs lardoires, les riches bouchers de la Haute-Vienne faisaient figure de parfaits repoussoirs.
Toutefois, en ce jour d’ostension, revêtus de pourpre et d’or, porteurs de croix et de bannières, ces princes de sang paraissaient presque beaux.
(...)
- Souvenez-vous du quartier de bœuf de Rembrandt, mes enfants, peint comme une crucifixion, ou du saint mélancolique représenté avec un crâne et une bougie, ou des anges de lumière planant au-dessus des charniers. L’éternel et le cadavérique, l’immaculé et le putréfié, indissociables !
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Il n'avait pas d'épithètes assez dures pour incendier Limoges. On lui avait parlé de capitale des arts du feu baignant dans un perpétuel été indien et il découvrait, par temps de chien, la capitale des trous perdus.
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- Comme toi, j’ai dû vendre mes cheveux à la foire de la Saint-Loup. Comme ça, une partie de nous va connaître la grande vie.
Elle voulait parler de leurs chevelures qui, piquées sur des perruques ou assemblées en postiche, ouvriraient le bal de la Saint-Sylvestre à Vienne, glisseraient le long des canaux d’Amsterdam, patineraient sur la Neva gelée, participeraient au carnaval de Venise ou joueraient au whist dans quelque club très fermé de Londres.
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Ils allaient pointer aux Casseaux, la manufacture des frères Alluaud, chez Pouyat fils, chez Molter, chez Baignol ou chez Gibus (...)
Anselme dépeignit brièvement à son ami l’enfer des noiricauds. Après la cuisson, ils devaient pénétrer à l’intérieur des fours pour récupérer les pièces brûlantes. La chaleur était suffocante. Pour se protéger, ils n’avaient que leurs mitaines et des sacs de jute mouillés, jetés négligemment sur les épaules. Il fallait agir vite, sans respirer, avec cette sensation de griller et de se racornir en même temps que l’on procédait à l’extraction des gazettes encore rouges. On sortait tout ruisselant de la fournaise, les oreilles cloquées, le gosier aussi desséché, disait Fontange, que si Lucifer vous avait roulé une galoche. Le plus dur était de retourner au feu. Penser aux barons qu’on sifflerait après la corvée permettait d’accomplir un nouvel acte de banal héroïsme. On commençait par y laisser poils et cheveux, on finissait par y laisser sa peau. On mourait jeune à l’enfournage, le plus souvent d’une cirrhose.
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L'être le plus important de la vie de Jules,c'était Jules
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Et oui Joe, j'enviais ta jeunesse, ton pouvoir de séduction, je souffrais que, le temps d'une ritournelle, tu te sois emparé du cœur de ma femme...
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(...) Joe a un climat dans la voix.
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Mon cœur de cible, ce sont les pousseuses de landaus qui se pâment devant la variété nunuche...Si j'étais pas le fils de mon père, personne ne me prêterait attention et tu ne m'aurais jamais rencontré.
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Pour toi, un verre est fait pour y tremper les lèvres, et moi pour y noyer mon angoisse.
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