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Critiques de Alice Munro (298)
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Rien que la Vie

Première rencontre avec Alice Munro, cette femme alerte et malicieuse dont l'œil aiguisé nous promène autour de Toronto dans le Canada d'après guerre. C'est une écrivaine déjà âgée qui écrit et, phénomène moult fois constaté, ce sont les très anciens souvenirs qui remontent le plus facilement à la surface, ceux qui furent imprimés de façon indélébile alors que la mémoire avait encore si peu servi, qu'elle était encore toute neuve pourrait-on dire.



Ce recueil, qu'elle a annoncé être son dernier, regroupe quatorze nouvelles, dix présentées comme des fictions et les quatre dernières comme autobiographiques. Seules " Vue Sur le Lac " et " Dolly " font intervenir des personnages principaux de l'âge de l'écrivaine (environ 80 ans au moment de l'écriture de ce livre). Toutes les autres se passent peu après ou pendant la seconde guerre mondiale, vue du côté de l'arrière-pays canadien, ou bien encore vers la fin des années 1960.



Alice Munro y développe une perception très féminine et une étonnante acuité à sonder l'intériorité de ses personnages dans les petits riens de la vie. Il y a toujours un œil sagace et non dénué d'humour ou de dérision. Elle choisit délibérément de donner à ressentir et non à calibrer un scénario parfait, d'où, peut-être, un certain sentiment de queue de poisson, parfois, à la fin des nouvelles.



Ceci n'a rien de surprenant eu égard à son projet littéraire : traiter de gens simples et les regarder évoluer dans la vie, avec ses remous, ses passes calmes et ses coups de grisou, de temps en temps. Il n'y a pas de finalité, comme pour la vie, rien que la vie.



Une belle découverte en tout cas de mon point de vue, une façon bien à elle de mener le déroulé de ses nouvelles, preuve s'il en était besoin que l'on n'a pas encore exploré toutes les possibilités de ce genre narratif que l'on croit bien connaître. Intéressant, en somme, peut-être pas captivant, mais ce n'est que mon avis, rien que l'avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Trop de bonheur

Lorsque le Comité Nobel a décerné son prix à la nouvelliste canadienne, elle avait 82 ans et venait d'annoncer qu'elle arrêtait d'écrire. Je suppose que l'ironie de la situation n'a pas échappé à Alice Munro. Comme elle n'avait pas échappé à Doris Lessing sept ans plus tôt, pas spécialement réjouie de se voir attribuer le prestigieux prix. Trop tard, avait-elle lancé aux journalistes qu'elle avait découvert amassés devant son domicile alors qu'elle revenait du marché, son cabas sous le bras, une chance qu'elle ne fût pas déjà morte.

L'ironie, l'auto-dérision sont au moins une chose que ces deux écrivaines d'exception ont en commun. Alors que le Comité Nobel célèbre en elle « la souveraine de l'art de la nouvelle contemporaine », Munro déclare que si elle a choisi d'écrire des nouvelles, c'est parce que le format court était le seul format qui lui parût conciliable avec les contraintes de la vie de famille… Elle a d'ailleurs relativement peu écrit, eu égard à la longévité de sa « carrière » : quatorze recueils en quarante-cinq ans.

Mais que ce prix fût sans doute arrivé trop tard n'implique pas qu'il soit inutile. Bien au contraire. En récompensant une femme infiniment discrète, fuyant de tous temps les interviews et les festivals, car s'afficher en public comme écrivain « serait une vaste fumisterie », l'Académie suédoise a non seulement mis à l'honneur un genre littéraire généralement considéré comme mineur, la nouvelle, mais aussi mis en lumière une oeuvre qui, sans cela, serait probablement restée assez largement méconnue en dehors de son pays, le Canada. Certes, de grands auteurs nord-américains comme Jonathan Franzen et Joyce Carol Oates enjoignaient depuis des années au public de lire Munro, mais il faut reconnaître qu'ils n'était pas légion, ceux qui la lisaient.

Avant l'attribution du Nobel, je n'avais jamais entendu parler d'elle. Et même après, je ne me suis pas précipitée sur son oeuvre. Je me la figurais comme une petite dame parlant d'une petite voix de petites choses, je m'attendais donc à m'ennuyer un peu. Lorsque j'ai ouvert pour la première fois son dernier recueil, Trop de bonheur, et lorsque j'ai entamé la lecture de la première nouvelle, Dimensions, j'ai aussitôt ressenti une fascination proche de l'hypnose. C'était environ un an après le Nobel, à l'automne 2014, et je me souviens exactement du lieu où je me trouvais, ici à Gordes, loin de Paris où je vivais à l'époque, dans cette pièce-ci qui tient lieu de salon, dans ce fauteuil en velours rouge face à la cheminée où je m'installe souvent pour lire en fin de journée. J'ai lu la nouvelle d'une traite, et je me suis dit que même si Alice Munro n'avait écrit pour toute oeuvre que cette unique histoire, elle aurait amplement mérité le prix Nobel. Je me suis également demandée s'il était possible que les neuf autres nouvelles de ce recueil, et aussi celles de ses précédents recueils, puissent atteindre une telle intensité. Maintenant que j'ai lu pratiquement toute son oeuvre, la réponse est oui, très souvent.



Munro va à l'essentiel, chacun de ses mots est pesé au trébuchet. Ses histoires requièrent une lecture très attentive, non parce qu'elles parleraient de choses compliquées. Non parce que les phrases qui les composent seraient méandreuses ou digressives comme chez Proust ou Simon. Mais parce qu'elles disent un maximum de choses en un minimum de mots. Munro, c'est la puissance de la concision. Ce qui ne veut pas dire que son écriture est sèche et plate, absolument pas. Qu'en en juge dans cet extrait tiré de Fiction :



« Toute la sagacité de son ivresse, toute sa jubilation expulsées d'elle comme un vomi. A part ça, elle n'avait pas la gueule de bois. Elle pouvait se vautrer dans des lacs d'alcool, semblait-il, et se réveiller aussi sèche, aussi aplatie, qu'une plaque de carton. »



Dans ses dernières oeuvres, surtout, elle touche au plus près à la quintessence du langage. Quand je relis La recherche du temps perdu, je saute allègrement des passages qui m'intéressent moins sans perdre le fil de l'histoire. Il m'est même arrivé de relire l'oeuvre de Proust à l'envers, en commençant par la fin, par le temps retrouvé. Chez Munro, une lecture « à sauts et à gambades » est impossible. Sauter une phrase ou y être peu attentif a de grandes chances de vous faire passer à côté d'un élément essentiel pour la compréhension de l'histoire. Ce d'autant plus que les éléments essentiels prennent souvent l'aspect le plus anodin.



Ainsi dans Visage, le narrateur, affligé d'une large tache de naissance violacée qui lui défigure la moitié du visage, nous raconte comment sa mère, « une sainte », s'y prenait pour le préserver :

« « Cela rend le blanc de cet oeil-là d'autant plus joli et clair », fut l'une des sottises excusables que disait ma mère dans l'espoir de m'amener à m'admirer moi-même. Protégé comme je l'étais, j'avais tendance à le croire. »

Ce « protégé comme je l'étais » nous paraît parfaitement anodin. Rien de plus naturel, en effet, à ce qu'une mère dont l'enfant a le visage défiguré fasse en sorte de le protéger de l'hostilité du monde extérieur. Sauf que nous découvrirons dans la suite de l'histoire ce que recouvre effectivement cette « protection ». Car avec Munro, les choses sont rarement celles que l'on croit. Elles en cachent souvent une autre, qui en cache une autre, qui en cache…etc…



Dans Radicaux libres, nous faisons connaissance avec Nita, dont nous comprenons qu'elle vit seule et qu'elle est déprimée. Nous apprenons dès la deuxième page qu'elle vient de perdre son mari d'une façon aussi inattendue que soudaine :

« Elle n'eut pas le temps de se demander pourquoi il était en retard. Il était mort et s'était effondré contre la pancarte qui annonçait une promotion sur les tondeuses à gazon devant la porte du magasin. »

Apprenant que le mari décédé était âgé, bien plus âgé que sa femme, nous croyons avoir affaire à un récit de deuil difficile, de chagrin inexpiable et de solitude insondable, certes, mais qui s'inscrit dans l'ordre des choses. Sauf que l'ordre des choses n'est pas celui que nous croyons. Distillant ses informations au compte-goutte, Munro va nous conter une tout autre histoire, en faisant surgir au moment où on s'y attend le moins l'imprévu sous les traits d'un inquiétant jeune homme.



L'imprévu est également au coeur de Dimensions, une nouvelle qui porte à son sommet l'art de conjuguer le plus grand mystère à des révélations savamment dosées. La nouvelle s'ouvre sur Doree, qui se rend au prix d'un trajet très long et très fatigant dans une « institution » un dimanche à neuf heures du matin. Dans le paragraphe suivant, nous apprenons qu'elle est femme de ménage dans un hôtel, un travail ingrat et éreintant qu'elle aime précisément pour cela. Intrigués, nous sommes. Qui aime faire un travail ingrat et éreintant, dont il est précisé qu'il comporte « des tâches répugnantes »?

Parce qu'il « occupait ses pensées jusqu'à un certain point et lui causait une telle fatigue qu'elle parvenait à dormir la nuit ».

Dans le paragraphe suivant, nous comprenons qu'il lui est arrivé quelque chose (un événement imprévu), et que ce quelque chose fut suffisamment notable pour qu'elle ait sa photo dans les journaux, une photo prise avec ses « trois enfants, le nourrisson, Dimitri, dans ses bras, et Barbara Ann et Sasha de part et d'autre, regard tourné ves l'objectif. » Nous apprenons dans la foulée qu'elle a changé d'apparence depuis la photo, et qu'elle se fait désormais appeler par son second prénom : Fleur.

En quatre petits paragraphes et en moins de deux pages, nous voici ferrés et les questions se bousculent. Qu'a donc fait cette femme pour se retrouver reléguée dans un boulot dévalorisant? Pourquoi cette longue et éreintante expédition lors de son seul et unique jour de congé? Où sont ses enfants? Pourquoi ne veut-elle pas qu'on la reconnaisse?

Nous découvrons peu à peu les éléments, l'enchaînement de circonstances qui ont mené au drame, drame que l'on peut qualifier, après coup, d'inéluctable. Inéluctable puisque ce qui était seulement une possibilité parmi des centaines d'autres est effectivement advenu.



L'imprévu, c'est par définition un événement qui n'était pas prévu. Mais l'imprévu, ce n'est pas nécessairement ce qui n'était pas prévisible. Par tâtonnements successifs, grâce à une subtile construction faite d'allers-retours entre le passé et le présent, grâce, surtout, à une connaissance très fine des mécanismes à l'oeuvre dans les conduites humaines, Munro nous montre la succession de décisions ou de non-choix, les ramifications que les personnages ont empruntées mais qu'ils auraient pu ne pas prendre, l'enchaînement de circonstances fortuites qui les mènent inéluctablement au drame. Et c'est ainsi qu'elle réussit cette chose surprenante, paradoxale, que résume joliment la quatrième de couverture : La célébration, dans chacune de ses histoires, du mariage de l'inattendu et de l'inexorable.

J'ai dit Elle nous montre. C'est une formule trop crue ou trop simple pour qualifier l'écriture de Munro. Elle ne montre pas, elle dévoile peu à peu. Ce dévoilement n'est jamais total. Aucune explication définitive n'est apportée à des comportements dont les tenants et les aboutissants restent profondément mystérieux.



« C'est la profondeur de ce mystère, alliée à la limpidité du style, qui font la puissance de cette oeuvre ».



Florence Noiville

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La danse des ombres heureuses

Cette quinzaine de nouvelles se déroulent dans la campagne de l’Ontario, au Canada, dans les années quarante. Centrés sur des personnages féminins, très souvent une narratrice qui se remémore ses souvenirs d’enfance et de jeunesse, les récits ont un net parfum autobiographique. Les protagonistes en sont des gens ordinaires, pris dans un quotidien plutôt morne où il ne se passe guère d’évènements notables. Plus qu’à l’action, l’auteur s’attache à l’étude psychologique de ses personnages, à leurs rêves et désillusions, à leurs mesquineries et regrets. Dans ces vies insignifiantes, les cruautés du destin paraissent d’autant plus dures qu’elles demeurent invisibles et discrètes, ne provoquant que des ravages intimes et souterrains.





Chaque nouvelle est extrêmement bien construite et réussit en quelques traits d’une parfaite précision à restituer l’univers et la complexité de personnages plus vrais que nature. Toutes ne m’ont pas passionnée, mais leur ensemble m’a laissé une impression douce-amère de tristesse nostalgique, celle qui vous étreint en feuilletant un vieil album photo empli de personnes inconnues et disparues. La vie y apparaît fragile et fugace, si ce n’est dérisoire, dans un monde indifférent qui ne garde aucune trace des états d’âme et des émotions qui ont pourtant empli toute l’existence de ces êtres oubliés. La leçon à en tirer semble en être la nécessité de parvenir à être soi pour vivre pleinement, et pour cela de refuser d’abdiquer et de se soumettre à une pression sociale et familiale, débilitante et absurde, pour les femmes de cette époque.





Avec ce premier recueil paru quarante-cinq ans avant son obtention du Prix Nobel de Littérature, Alice Munro montre d’emblée un indéniable talent : celui de savoir déceler la subtilité derrière la plus apparente simplicité.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Fugitives

Alice Munro, dont l’œuvre littéraire est principalement constituée de nouvelles, vient de recevoir le Prix Nobel de littérature 2013, à l’âge de 82 ans. Elle est discrète dans les médias et son éditeur français, Olivier Cohen aux Editions de l’Olivier ne l’a même jamais rencontré !



Piquée par la curiosité, je me suis empressée d’emprunter « Fugitives », le seul livre d’Alice Munro que la dynamique bibliothèque de mon petit village possède.



Fugitives, c’est une succession de portraits de femmes confrontées à des choix sentimentaux importants. On entre dans leur intimité psychologique, au creux de leurs doutes, à travers des descriptions cliniques détaillées. Alice Munro a l’art de résumer une situation en quelques lignes, elle traque les détails blessants, les petits mensonges, les malaises, les malentendus, les failles. Les relations familiales et conjugales, le vieillissement des corps passent au scanner de son écriture et il émane de ces histoires un grand de sentiment de solitude et de mélancolie.

Toutes ces femmes ont en commun de fuir à tout prix une situation, mais vont-elles se perdre et s’oublier ou se trouver enfin ?

J’aurais aimé trouvé un peu plus de chaleur dans ces nouvelles, mais j’ai apprécié l’univers et l’écriture douce-amère d’Alice Munro dont chaque histoire cristallise en quelques pages la douleur d’aimer et d’exister.

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Trop de bonheur

J'ai enfin lu Alice Munro !



Et ça a immédiatement matché entre nous ! À tel point que j'ai couru à la librairie Arthaud pour acheter 2 autres recueils d'elle alors que je n'avais lu que les premières pages de la première nouvelle.



Alice Munro est vraiment une nouvelliste de génie (selon Wikipedia, elle n'a écrit qu'un seul roman) ! Elle arrive à instiller du suspens dans chacune de ses nouvelles alors que les personnages (sauf peut-être dans le premier texte de ce recueil) ne font rien d'exceptionnel.



Chacune des nouvelles de "Trop de bonheur" a la force d'un roman et Alice Munro manie l'art de la phrase juste qui fait mouche ! Par exemple, dans la première nouvelle, "Dimensions", elle décrit le mécanisme d'une relation toxique en une économie de phrases qui en disent bien plus long qu'un discours :



P21-22 : Après quoi elle fit plus attention à ce qu'elle disait. Elle vit qu'il y avait des choses auxquelles elle était habituée qu'une autre personne pouvait ne pas comprendre.



P23 : Cela empira peu à peu. Pas d'interdiction directe, mais un surcroît de critiques.



Voilà ! Alice Munro dit en quatre phrases ce qu'une personne victime de manipulation arrive difficilement à exprimer.



En plus, Aline Munro est très drôle quand elle fait preuve de dérision envers elle-même... comme dans la nouvelle intitulée "Fiction" :



P69-70 : Un recueil de nouvelles. Pas un roman. Voilà qui est déjà une déception. L'autorité du livre en paraît diminuée ; cela fait passer l'auteur pour quelqu'un qui s'attarde à l'entrée de la littérature, au lieu d'être assurément installé à l'intérieur.



À croire qu'elle lit dans nos pensées françaises ! MDR



Certains fâcheux disent qu'Alice Munro a eu le Nobel parce que l'académie suédoise ne voulait pas le donner à Philip Roth... Et bien je ne suis pas d'accord !

J'adore Philip Roth pourtant je me sens peu concernée par ses histoires mais il me fait découvrir un monde que je ne connais pas.

En revanche, ce n'est pas le cas des nouvelles d'Alice Munro. Elle parle de choses de tous les jours qui font surgir des impressions de souvenirs, un peu comme la madeleine de Proust ! Ce sont des histoires universelles dans lesquelles la plupart des lecteurs.trices peuvent s'identifier.



Plus jeune, je ne n'aurais certainement pas apprécié les nouvelles d'Alice Munro mais aujourd'hui c'est un de mes plus gros coup de cœur de lectrice !



"Trop de bonheur" d'Alice Munro

Traduit par Jacqueline Huet et Jean-Pierre Carasso

Éditions de l'Olivier (Bibliothèque de l'Olivier)
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Fugitives

Elles s'échappent, sont en fuite, mais rien ne les différencie des autres femmes. On peut même dire qu'elles sont banales. Pourtant, un jour elles franchissent le pas, abandonnent un mari, des parents trop présents ou une vie qui ne leur convient plus sans vraiment qu'elles puissent se l'expliquer.



Ce sont des femmes qui, à un moment de leur vie, doutent et décident de suivre un autre chemin pour construire ou se laisser bousculer par le hasard. Les hommes sont souvent à l'origine de ces remaniements qui sont parfois des fuites en avant, mais l'essentiel n'est pas là car ces femmes sont à la recherche d'elles-mêmes, de leur vérité plus que de tout autre chose.



Même si elle malmène ses personnages en ironisant sur leurs faiblesses et leurs difficultés sur un ton tantôt léger et drôle, tantôt féroce (pour notre plus grand plaisir), Alice Munro montre avec une ensorcelante finesse à quel point des âmes torturées, insatisfaites ou un peu désespérées peuvent être audacieuses et vaillantes.
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Trop de bonheur

♫Qu'est-ce-qu'elle veut cette conasse

le beurre ou l'argent du beurre

que tu vives ou que tu meurs?



Faut qu'elle crève de bonheur

ou qu'elle change de godasses

faut qu'elle croule sous les fleurs

(prendre ta douleur

je vais prendre ta douleur)

change de couleur...

je vais jouer au docteur♫

Ta douleur - Camille - 2005 -



"Cite-moi une seule femme vraiment importante, disait-il. Une qui ait fait tant soit peu changer le monde autrement que par la séduction ou le meurtre des hommes. Elles sont congénitalement arriérées et égocentriques, et pour peu qu'elles s'emparent d'une idée, une quelconque idée convenable à laquelle se consacrer, elles deviennent hystériques et fichent tout en l'air tant elles sont présomptueuses." page 378

Ainsi parlait Vladimir Kovalevsky (1842-1883), savant paléontologue russe époux par "convenance" de Sofia Kovalevskaïa, éminente mathématicienne russe (1850-1891)...

Théorie des équations aux dérivées partielles,

l'amour n'est pas un sentiment de la vie réelle,

fonctions elliptiques et abéliennes,

catalyseur à la Relativité restreinte d' A. Einstein.

Poète à propos des sciences mathématiques

Intuitions, éclairs qui illuminent des chiffres mythiques

La vie peut être satisfaisante sans grands accomplissements

Tout bien tout honneur, tiédeur des sentiments,

Première Universitaire à sévir dans l'enseignement...



Trop de bonheur, recueil de 10 nouvelles

Exigences de vie, combats existentiels

Alice Munro-2013- Littérature - Prix Nobel

Prix Bordin 1888 Sofia Kovalevskaïa

le Nobel de mathématiques n'existe pas !

LE BON ELEVE REVE LE NOBEL

palindrome comme pour Trop et Port

Jamais gauche en amour, c'est que t'es adroit

alors Hashtag Balance ton Porc

Bonheur jamais sans douleur

Sofia, nom d'un cratère de Lune donné en son honneur...
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Trop de bonheur

Trop de bonheur ? Si vraiment il y a trop de bonheur dans ce livre, alors je veux bien écrire une théorie sur les dérivées complexes ou empoisonner mes invités avec des tiges de rhubarbe !



J'ai découvert les nouvelles d'Alice Munro avec 'Un peu, beaucoup, pas du tout' qui m'avait séduite par sa justesse et sa douceur. 'Trop de bonheur' est assez différent, nettement plus dérangeant dans ses thèmes et parfois bizarre. Meurtres d'enfants, meurtres d'enfants par des enfants, histoires glauques d'accidents, de maladies, d'amour tordu ou de souffrances, ces 10 nouvelles sont sombres et plutôt désespérées.



Pour autant, elles ne sont pas désespérantes, car le talent d'observation et d'écriture d'Alice Munro suffit à les éclairer. J'ai notamment beaucoup aimé l'astuce ironique de la veuve des 'Radicaux libres' et été ravie de découvrir le destin de Sofia Kovalevskaïa, mathématicienne de génie et première femme professeure d'université. Me voilà revenue à ma rhubarbe et aux dérivées, c'est qu'il est temps de m'arrêter...



Challenge Variétés
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Un peu, beaucoup... pas du tout

'Un peu, beaucoup... pas du tout' ? Pour moi, ça serait plutôt passionnément ou à la folie. Alors même que j'apprécie d'habitude assez peu les nouvelles, j'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce recueil tout en finesse et en émotions contenues.



Il y est question de femmes et d'amour, et aussi un peu des hommes et des enfants qu'elles aiment... Ce qui m'a touchée dans ces histoires, c'est qu'elles ressemblent à la vie, ni toutes blanches, ni toutes noires, plutôt dans la palette des gris, avec parfois des sentiments doux-amers, des bonheurs tristes ou des incompréhensions apaisées... Certes, il y a des instants tragiques dans ce recueil, la mort, la maladie,Lea souffrance y rôdent, mais il y a aussi des instants magiques, remplis de compassion, de sérénité ou de complicité.



Des neuf histoires, j'ai particulièrement apprécié le quiproquo amoureux avec Johanna, le coup de foudre bizarre de la maison de retraite et l'escapade sensuelle de Meriel. L'une ou l'autre m'ont parfois semblé obscures ou un peu absurdes, mais aucune ne m'a lassée ou ennuyée, aucune ne m'a paru être une redite de la précédente, toutes m'ont semblé justes et beaucoup m'ont donné envie de mieux connaître leurs héroïnes et de m'en faire des amies. Je pense d'ailleurs que ces nouvelles ne s'epuisent pas à la première lecture et que j'y reviendrai.



Livre lu dans le cadre du challenge Nobel de Gwen21.
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Fugitives

Comment ce livre a atterri dans ma bibliothèque ? je m’aperçois en l’ouvrant qu’il s’agit de nouvelles, or je n’aime pas ce genre ! Alors c’est sans doute à cause du thème de ce recueil de nouvelles qui m’a incité à accueillir ce livre chez moi. Effectivement, le thème de la fuite , de la fugue, m’ intrigue, m’interpelle.

Je l’ouvre donc sans a priori puisque je ne connais pas l’auteur et que le sujet vient contrebalancer la forme littéraire ; Mais voilà, très vite, je dois reconnaître que je n’adhère pas au style.

Toutes les femmes de ces nouvelles cherchent à fuir leur quotidien, leur vie mais pas de façon brutale, elles s’évadent sur la pointe des pieds, avec hésitation et pas de façon ferme et définitive. J’ai particulièrement apprécié « subterfuges » mais je n’ai guère été touchée par les autres nouvelles , sans doute pas le temps de faire assez connaissance avec les personnages ou alors de façon trop distanciée.

Et puis, était-ce le bon jour pour me lancer dans ce livre aux sujets sombres, tristes, déprimants ? je précise que nous sommes le 7 juin mais en regardant par la fenêtre, on pourrait croire que nous sommes le 11 novembre :-(

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Fugitives

J'avais bien senti, en lisant mon premier recueil de nouvelles d'Alice Munro (il s'agissait de "Les lunes de Jupiter"), qu'il allait me falloir du temps pour pénétrer son univers et l'apprécier à plein. Mais je n'aurais pas cru que cela arrive si vite, si fort, dès la deuxième lecture : cette fois-ci c'est un coup de foudre, ou plutôt une sensation de symbiose totale et d'immersion absolue dans ces huit nouvelles dont chaque phrase, chaque mot, chaque mouvement, chaque détail m'ont intéressée, interpelée, ont résonné en moi.

Cela ne va parler à personne d'évoquer en quelques mots maladroits ces histoires de femmes marquées par des lignes de fuite, des bifurcations, des retours en arrière, des voies sans issue. Cela ne sert à rien de parler du départ avorté de Clara, femme battue, des instantanés de vie de Grace que l'on retrouve à plusieurs reprises (mais est-ce bien la même?) éloignée de ses parents, son enfant s'éloignant d'elle, ou emportée dans une fugue, ni de Laureen éperdue face au secret familial ni encore de Robin, dont le hasard a fait bifurqué le destin.

Pour les sentir, ces femmes, leurs histoires, tout ce quelles portent de souffrances, d'espérances ou d'occasions manquées, tout ce qu'elles recèlent d'universel, il faut s'immerger avec elles, porté par la plume infiniment délicate de l'auteure et par son oeil qui voit tout et éclaire leurs ombres autant que leurs lumières. Je vous souhaite de tout coeur que cette expérience soit aussi enchanteresse, nourrissante, méditative et au final apaisante qu'elle l'a été pour moi.

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Trop de bonheur

Le prix Nobel récompense annuellement, depuis 1901, un écrivain ayant rendu de grands services à l'humanité grâce à une œuvre littéraire qui, selon le testament du chimiste suédois Alfred Nobel, « a fait la preuve d'un puissant idéal .

Il est sans doute vain d’essayer de chercher, pour un auteur donné ce qui a pu convaincre les jurés, en ne lisant qu’un seul ouvrage. Et ce n’est pas Trop de bonheur qui me livrera les clefs de ce Nobel 2013.

Chaque nouvelle est centré sur un personnage qui à travers une singularité physique ou contextuelle devient le centre d’un récit. Peu de repères temporels, une situation géographique imprécise : est-ce cela qui les prive d’une réalité crédible ? Difficile en tout cas de s’y attacher, d’autant que la longueur de chaque nouvelle (une trentaine de page), n’y incite guère. Les chutes ne permettent pas non plus de s’étonner et ainsi de mémoriser l’intrigue. Quant à la dernière, qui donne le titre au recueil, j’ai carrément eu du mal à la terminer : récit alourdi par des divagations oniriques de l’héroïne, qui sont autant de prétexte pour rétablir la vérité de l’histoire de cette mathématicienne, répétitions, phrases sans harmonie :



(« il avait eu le sentiment d'être ignoré. Lui qui n'était pas habitué à être ignoré, qu'il ne s'était probablement jamais trouvé dans un salon, ou une réception, depuis qu'il était devenu adulte, où ç’avait été le cas. Tel n’avait pas été le cas à Paris d’ailleurs. »).

Doit-on incriminer la traduction?





Le plaisir n’a donc pas été au rendez-vous : mauvais choix, ou encore une fois nécessité d’aborder l’ensemble d’une oeuvre, pour comprendre la nomination. Il semble d’autre part que les thèmes abordés et les engagements politiques soient plus important pour être élu, que la valeur littéraire proprement dite
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Fugitives

Elles partent, s’enfuient, s’en vont voir ailleurs, comme dit le résumé. Je rajouterais : pas toujours physiquement. Les femmes ont cette faculté de partir dans leur tête. Quand le quotidien devient trop insupportable, quand elles ont envie de changer de vie, elles essayent toujours d’améliorer tout ça, c’est-à-dire leur vie. J’ai mis un temps à comprendre, emportée par le titre de la première nouvelle qui est celui du livre. J’ai particulièrement aimé l’histoire d’amour ratée, elles sont toutes ratées, mais celle-là m’a touchée…Une occasion perdue dit l’auteur. Ces femmes ne fuient pas toujours pour du meilleur, pourtant toutes le croient et elles sont capables de faire beaucoup de chemin quand l’espoir s’en mêle.
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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Secrets de polichinelle

Huit nouvelles jalonnent ce recueil. Elles ont presque toutes pour cadre une petite ville de l’Ontario, Castairs et toutes ont pour héroïnes des femmes. Femmes de diverses époques et femmes qui ont réussi l’amalgame de leur vie de famille et leur vie intérieure.



La bibliothécaire, Louisa 25 ans, que l’on aurait qualifiée de vieille fille à l’époque (1917), s’émeut à la réception d’un courrier émanant d’un jeune soldat, pourtant inconnu d’elle, en mission sur le front...



Une vraie vie. Elles sont trois. L’une est mariée, une autre veuve et la troisième célibataire. Mais l’une d’entre elles aura une vraie vie...



La Vierge albanaise. Une histoire insolite, celle d’une femme égarée dans les contrées albanaises. Mais aussi celle d’une libraire et de ses clients. Le rapport ? Une histoire à écouter...



Secrets de Polichinelle. Heather Bell a disparu lors d’une randonnée. Des témoins ont cru voir ou comprendre quelque chose, mais...



L’hôtel Jack Randa. Une très belle histoirie d’amour qui vous emporte du Canada en Australie : « maintenant, c’est à toi de me suivre. »



Un endroit désert. Devenu au fil du temps une petite ville. Des souvenirs de dur labeur, de crime... mais sans doute la vieille Annie fait-elle des cauchemars.



Des vaisseaux spatiaux ont atterri. Ou comment s’attacher à quelqu’un de peu ordinaire.



Vandales. Un passé difficile et lourd qu’une certaine Lizzie essaie d’effacer à sa manière.





Des tranches de vie, une écriture soignée, des traits d’humour, de l’étrangeté planant sur les récits, de la douceur, des personnages extrêmement bien travaillés.

Si le premier récit m’a laissée un peu de côté, je dois avouer que les suivants m’ont subjuguée. La qualité de l’écriture y est pour beaucoup bien sûr, mais ce sont surtout les ambiances créées qui emportent le lecteur vers des ailleurs toujours renouvelés.

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Amie de ma jeunesse

J'ai été un peu décontenancée par ces textes-effet de la chaleur ? J'ai lu les nouvelles dans une sorte de moiteur de l'esprit, qui me les a rendues non pas fumeuses, mais un peu inaccessibles et nimbées de mystère. Néanmoins j'ai toujours été emportée par leur poésie et leur profondeur, même si celles-ci me demeuraient parfois inaccessibles. Ou peut-être est-ce encore le côté peste de madame Munro, qui aiguise notre curiosité pour finir en queue de poisson.

J'en ai adoré certaines : l'histoire de la femme poétesse un peu fleur bleue, d'éducation désuète, qui perd la tête quand la véritable violence du monde lui saute à la gorge. L'histoire des deux amies d'enfance, Margot et Anita, qui se retrouvent après bien des années pour rire des hommes qui les ont trahies -car il vaut mieux en rire. D'autres m'ont laissée perplexe, assoiffée de comprendre, alors que la peste d'auteure clôturait son histoire sur bien des questions non résolues : voyage en mer d'une mère mourante et d'une fille, sur fond de récit oblique du capitaine du navire ; un pasteur qui prend sa retraite à Hawaï, ou pas, et sa dame de compagnie -qu'est-ce qu'elle fiche, celle-là ? Des questions, mais pas de certitudes, et j'ai trop chaud pour réfléchir, madame.

Tout tourne autour des femmes, et c'est une bonne chose, dévoiler enfin leur intériorité non fantasmée par un auteur masculin. Femmes des années soixante et soixante-dix qui se libèrent, enfants, mariage, amants, amour, routine conjugale, rêveries, égoïsme, ras-le-bol, tout y passe, dans le brouillard des volontés personnelles. Que veulent ces femmes ? Sont-elles satisfaites de leurs vies, de leurs choix ? Peuvent-elles répondre à cette question ? La question se pose-t-elle ? Amies de ma jeunesse : elles sont là pour montrer les ruptures, les évolutions, les trahisons, les blessures, les réussites peut-être.

Pour moi qui apprécie énormément les nouvelles, la frustration qu'elles apportent à la lectrice par leurs ellipses, et les zones d'ombre où elles nous interrogent, ce recueil est une mine d'or, que je relirai sans doute cet hiver.
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Trop de bonheur

Ce recueil rassemble une dizaine de nouvelles, dont le personnage central est à chaque fois une femme. Mais ne croyez pas qu’il s’agisse de Trop de Bonheur, comme le suggère le titre, car chacune de ces femmes, incomprises, seules malgré la foule qui les entoure, est à la recherche de bonheur, de joie, d’équilibre.



Alice Munro a fait des nouvelles sa spécialité. Elle part d’un détail sans importance pour embarquer son lecteur vers une destination inattendue, parfois même déstabilisante. Cela a le mérite d’être efficace, techniquement parlant. Mais j’ai été laissée au bord de la route durant ce voyage et en refermant ce livre ai constaté que rien n’avait imprimé ma mémoire.









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Loin d'elle

Lu dans le cadre du Challenge Nobel



Fiona et Grant sont mariés depuis un demi-siècle. Malgré les infidélités de Grant, ils sont restés amoureux. Mais Alzheimer frappe à la porte, et la mémoire de Fiona part à la dérive. Son mari se résigne à la placer dans une maison de retraite, le Pré du Lac. Les médecins conseillent à Grant de ne pas rendre visite à Fiona pendant le premier mois de son séjour, le temps qu’elle prenne ses marques. Mais quand Grant vient enfin la voir, la maladie a progressé, Fiona ne se souvient pas qu’il est son mari, et semble même avoir le béguin pour Aubrey, un autre pensionnaire. Et quand ce dernier quitte le Pré du Lac, Fiona déprime et s’étiole. Pour retarder au maximum la déchéance mentale de l’amour de sa vie, Grant fera preuve d’un altruisme et d’une abnégation qu’on n’imagine pas lorsqu’on prononce les mots « pour le meilleur et pour le pire ».



Etrange comme cette histoire douloureuse m’a peu touchée. Elle est pourtant triste, parfois cocasse, terrible et terrifiante comme l’est la maladie d’Alzheimer.

Je vous entends déjà me dire que pour ressentir vraiment ce qu’Alice Munro dit dans cette nouvelle, il faut sans doute que cette maladie nous concerne de près.

Or justement, c’est mon cas, puisqu’un de mes parents en est atteint. Pas (encore) au point d’être placé dans un quelconque Pré du Lac, mais quand même. C’est d’ailleurs affolant d’assister au fil des semaines au détraquement du cerveau, en particulier celui de quelqu’un qui a été votre point de repère, votre référence pendant toute votre enfance. Inouï comme cette machine se court-circuite pour produire souvenirs, phrases et comportements aberrants.

Je ne peux pas dire que ce texte soit mal écrit, au contraire, c’est tout en douceur, tendresse, sensibilité et pudeur. Alors je ne vois que deux explications (complémentaires ?) à ma relative indifférence à « Loin d’elle ». La première, c’est que je n’accroche guère à ce genre littéraire qu’est la nouvelle. J’en lis peu, et je suis rarement emballée : à peine le temps de s’installer dans l’histoire qu’elle est déjà terminée, avant de passer à la suivante qui, la plupart du temps, n’a rien à voir. Ou alors, au contraire, le texte s’arrête alors qu’on semble au beau milieu de l’histoire. Dans les deux cas, c’est souvent déconcertant, frustrant.

L’autre explication, propre au thème cette fois, est que, sachant ce que je m’apprêtais à lire, j’ai d’abord revêtu ma cuirasse imperméable de « grande petite fille courageuse ». Ainsi blindée, je n’allais pas souffrir pendant cette lecture qui me ferait inévitablement penser à ma maman.

Bref, je suis passée à côté (et c’est peut-être mieux), et j’espère que vous excuserez ma psychologie de cafétéria…

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Trop de bonheur

Prix Nobel 6/12





Le titre est particulièrement bien choisi. L’Auteure explore les femmes dans une société basée sur l’infériorité de la femme ou plutôt sur la culpabilité enseignée dés le plus jeune âge même si on parle de liberté et d’émancipation en façade. Toutes pouvaient choisir une autre voie, changer de chemin, toutes sont restées pour vivre l’enfer jusqu’à une rencontre ou le destin qui se met en travers de leur vie. Le hasard, élément déclencheur fait bien les choses. L’acceptation de leur destin ne se veut qu’une recherche du bonheur. On va loin avec ces femmes : cruauté, violences sur les enfants, infidélité, elles supportent tout jusqu’au jour où ! L’auteure plonge ses lecteurs dans une inquiétude, une indicible angoisse avec le soulagement parfois et ils se demandent encore une fois, le livre fini, le choix de ce titre. La première nouvelle , l'histoire d'une femme qui rend visite à son époux alors qu'il a tué leurs trois enfants est particulièrement bouleversante. Cette mère n'a que lui à qui parler de leurs enfants, c'est la seule personne qui les connaissait...Une belle découverte. Pour l’instant Alice Munro est le prix Nobel le plus agréable à lire. Affaire à suivre.
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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Trop de bonheur

Oups ! Trop de bonheur pas vraiment ! Ne vous jetez pas là-dedans tout joyeux en pensant que c'est feel-good ! Ouh pas du tout ! Feel-good, mrs Munro, oh no ! Feel-pas-good !!! Feel life is a bitch (-si je puis me permettre huhuhu).

Donc dans ces quelques nouvelles tranchantes et acérées comme des lames de rasoir, nous suivons des femmes, des filles, en prise avec bien des cruautés de l'existence : mensonges, trahison, violence, silences, indifférence. Le tout sans pathos, parfois à glacer le sang.

Prix spécial pour la terrifiante histoire de Verna, ou le mal absolu et ordinaire, exercé sur une enfant handicapée mentale par deux autres petites filles -et pour l'histoire -vraie- de la mathématicienne Sophia Kovalevskaïa, génie de la fin du XIXème siècle, avec laquelle on traverse l'Europe par temps de révolution et de neige. Cette nouvelle où Munro change de continent et d'époque est remarquable et originale dans son œuvre.

Je recommande donc la lecture de ce recueil à ceux qui ne sont pas déprimés par les vicissitudes de la nature humaine, ou qui veulent se la faire confirmer, aux fans de Maupassant, dont voici la sœur de lait, version contemporaine.

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Rien que la Vie

Mon troisième recueil de nouvelles d'Alice Munro, et je ne me lasse pas. Chacun de ces courts récits est comme un diamant purement ciselé, sans un mot de trop, brillant pour la plupart d'un éclat froid et indifférent, comme la vie. Pas de réponse, pas de justice, pas de retour en arrière possible.

Il s'agit d'histoires de femmes (Alice Munro doit avoir la sagesse-peu partagée par nos amis les hommes-de savoir qu'elle ne peut pas se projeter de façon crédible dans un esprit masculin...) à un moment charnière de leur existence. Un départ, un nouveau travail, une rencontre, une coïncidence, et des vies banales peuvent être bouleversées. L'écriture et la structure des nouvelles rendent ces petits riens absolument fascinants.

Les quatre dernières "nouvelles" sont des textes que l'auteure nous annonce autobiographiques, et Alice, replongeant dans son enfance, perd un peu de sa distance assez glaciale. La petite peste de "Du côté de Castle Rock" reparaît, mais presque adoucie et mélancolique...et là l'écriture devient carrément sublime, à vous tordre le cœur : "de certaines choses on dit qu'elles sont impardonnables, ou qu'on ne se les pardonnera jamais. Mais c'est ce qu'on fait. On le fait tout le temps."

J'en suis toute retournée.
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